Pixel impression
  • L'essentiel
  • -
  • En savoir plus...
INTERVIEW
Paris, le 22 août 2001

Yves Contassot répond aux questions de Moto-Net

Yves Contassot répond aux questions de Moto-Net

La nouvelle municipalité parisienne s'élève contre la circulation des motos sur les voies de bus, mettant fin à un usage très répandu et toléré par les forces de l'ordre. Yves Contassot, adjoint écolo du maire de Paris, s'explique sur Moto-Net.

Imprimer

Yves Contassot, adjoint Vert au maire de Paris chargé de l'environnement, de la propreté, des espaces verts et du traitement des déchets, vient d'être renversé par une moto alors qu'il circulait rue de Rivoli sur l'une des nouvelles voies de bus réaménagées en site propre. Paris a en effet vu fleurir cet été des "banquettes" de béton séparant la chaussée avec d'un côté les bus, les taxis et les vélos, et de l'autre les automobiles et les deux-roues motorisés.

Yves Contassot, vous venez d’être renversé par une moto alors que vous circuliez à vélo sur un couloir de bus "nouvelle formule". Cet accident, heureusement sans gravité, explique-t-il votre volonté de ne plus tolérer les motos sur ces couloirs ?
Tout d’abord, permettez-moi de préciser que mon discours n’est absolument pas dirigé contre les motards ! Je suis moi-même un ancien motard, j'ai eu une Honda 250 ancien modèle, et je reconnais volontiers l'intérêt et le plaisir de la moto. Quant au motard qui m'a heurté (blessé à l'avant-bras, NDLR), j'ai eu de très bons rapports avec lui à l'hôpital. Il était sincèrement désolé, et m'a expliqué qu'il avait justement emprunté la voie de bus parce que la rue de Rivoli était engorgée.

Alors pourquoi tenez-vous tellement à ne plus voir de motos circuler sur les nouveaux couloirs de bus ? N'est-ce pas justement un bon moyen de limiter les embouteillages, et donc la pollution ?
Tant qu'il n'y avait pas de séparation physique entre la voie de bus et le reste de la chaussée, les motards pouvaient zigzaguer d'une file à l'autre et c'est vrai que cela pouvait permettre de fluidifier le trafic. Aujourd'hui, en raison du muret en béton qui sépare les couloirs de bus, les motards empruntant une voie de bus courent moins le risque d'être heurtés par une voiture déboîtant brusquement. Or c'est là, à mon sens, que se trouve le danger : Cette impression de sécurité accrue, qui n'est à mon avis pas fondée, risque de les inciter à rouler plus vite. Je ne compte plus le nombre de fois où, circulant à vélo sur la voie de bus, j'ai été doublé par des motos roulant visiblement à plus de 80 ou 90 km/h...

Faut-il pour autant généraliser, et contraindre l'ensemble des motards à ne plus utiliser la voie la moins engorgée ?
Je ne conteste pas le fait que, comme partout, il s'agit d'une minorité, et que 80% des motards se comportent correctement. Et il est vrai que sur les nouvelles voies de bus, plus larges (4,5 m contre 3,5 auparavant), les motos ne gênent absolument pas le trafic. Mais la différence de vitesse, de puissance d'accélération et de freinage entre une moto et un vélo m'amène à penser qu'il faut séparer ces deux types de véhicules.

N'aviez-vous pas autant de risques de vous faire renverser par un bus ou un taxi ?
Je ne crois pas. D'ailleurs, plusieurs bus étaient derrière moi lors de mon accident. Le problème est différent pour les taxis, mais les chauffeurs de bus sont actuellement très fortement sensibilisés à la circulation des vélos lors de leur formation. Ils ont râlé au début, mais maintenant ils font extrêmement attention aux cyclistes.

Comment justifiez-vous votre distinction entre bus et vélos d'une part, et automobiles et motos de l'autre ? Un vélo est à votre avis plus proche d'un bus que d'un deux-roues motorisé ?
Oui, même s'il est vrai qu'en termes d'encombrement de la chaussée, les deux-roues motorisés et les vélos sont tout à fait comparables. Mais encore une fois, je crois qu'il faut plutôt raisonner en termes de vitesse, et la sécurité doit être notre principal souci. Je souhaite appliquer au trafic urbain les principes de la mécanique des fluides, en faisant circuler dans une même voie les véhicules roulant sensiblement à la même allure. La vitesse moyenne d'un bus à Paris est actuellement de 13 km/h, et celle d'un vélo se situe entre 12 et 20 km/h. Quant aux taxis, ils sont obligés de suivre les bus. Je trouve donc normal de réserver une voie commune à ces trois types de véhicules.

Au risque d'augmenter la pollution, en contraignant les motos à se fondre dans un trafic de plus en plus engorgé ?
La pollution des motos est un thème très important, et je compte y travailler en collaboration avec Yves Cochet, le ministre de l'environnement. Car à vitesse identique, les motos polluent davantage car dans leur immense majorité, elles ne sont pas équipées de pots catalytiques. En outre, leur vitesse est généralement plus élevée. Nous devons donc entamer un dialogue avec les constructeurs de motos pour parvenir à un parc de deux-roues motorisés moins polluants qu'aujourd'hui. D'autre part, en réduisant la chaussée à deux voies au lieu de trois en raison de l'élargissement des voies de bus (rue de Rivoli mais aussi boulevard Sébastopol et boulevard de Strasbourg), il reste malgré tout la place pour une "troisième voie" non matérialisée pour que les motos puissent se frayer un passage.

Autos et motos, même combat ?
A pollution identique, il est vrai que je préférerais voir plus de motos et moins de voitures circuler dans Paris ! Mais ce n'est pas encore le cas. Et si toutes les voitures étaient remplacées par des motos, la situation ne serait pas non plus idéale !

Pourquoi ne pas avoir créé de pistes cyclables à l'intérieur des nouvelles voies de bus ? Les vélos auraient ainsi été davantage à l'abri, et les motos pouvaient continuer à emprunter les voies de bus en cas d'embouteillage sur la chaussée...
Il s'agit d'un désaccord avec les associations de cyclistes. Je suis personnellement favorable à la création d'une piste cyclable située à gauche de la voie de bus (entre la voie de bus et la chaussée), encore une fois pour des raisons de sécurité liées aux descentes de bus et aux piétons qui souhaitent traverser et n'entendent pas arriver les vélos. Mais les cyclistes souhaitent que la voie réservée aux vélos se situe à droite (entre la voie de bus et le trottoir), car ils n'ont pas l'habitude de se trouver au centre du trafic en se faisant doubler des deux côtés. Et puis vous savez, c'est aussi une question de coût, nous parlons là d'infrastructures de plusieurs millions de francs ! Je suis également favorable à la matérialisation à l'aide d'une bande de peinture d'une voie réservée aux deux-roues motorisés sur la chaussée.

Euh... N'avez-vous pas l'impression d'avoir déjà entendu ce genre de proposition de la part de l'ancienne majorité municipale, à propos justement des pistes cyclables, avec l'insuccès que l'on sait ?
Je ne dis pas que c'est la solution idéale ! Mais je compte mettre en oeuvre une réflexion à ce sujet, en concertation avec mon collègue Denis Baupin (adjoint au maire chargé des transports)... La moto dans Paris offre des avantages, et c'est notamment une bonne solution en termes d'encombrement et de fluidité. Mais les problèmes de pollution ne doivent pas pour autant être oubliés. Encore une fois, je suis favorable à une répartition des véhicules sur différents canaux en fonction de leur vitesse de déplacement, et non pas en fonction de leur nombre de roues.

Tout à fait entre nous... comptez-vous faire pression sur la Préfecture pour que soit levée la tolérance permettant aux motards d'emprunter les voies de bus ?
Je crois qu'ils réfléchissent à ce sujet, et nous allons voir ce qui va se passer dans les prochaines semaines. Mais vous savez, la Préfecture ne semble pas réellement décidée à faire bouger les choses...

.

.

Commentaires

Ajouter un commentaire

Identifiez-vous pour publier un commentaire.

.

Les derniers essais MNC

Essai Mash K750 : le côté sportif de la force Jedi !

Hors budget les Daytona 660, GSX-8R et autres R7 ? Poussez la porte d'une concession Mash : la marque SIMA et son partenaire chinois Jedi Motor lancent une sportive sexy et efficace de 75 ch à moins de 7000 euros ! Essai de la nouvelle K750, accessible A2.
Routière 1 commentaire
Kawasaki Z1100 2026 : l'essai vidéo de MNC

Après la Versys et la Ninja SX, c'est au tour de la ''Zed'' de recevoir la dernière génération du gros 4-cylindres Kawasaki ! La Z1100 conserve la partie-cycle de l'ancienne Z1000 mais hérite de l'électronique de la récente Z900. MNC a pu tester le maxiroadster vert (en version SE, noir en standard) en Vallée de Chevreuse… et en combinaison de pluie. Zut.
Roadster 1 commentaire
Kawasaki Ninja ZX-6R 2025 : le Petit test MNC en moins de 6 min

Pas le temps, le courage ou le besoin de visionner notre duel ultra-complet des sportives ZX-6R Vs R9 ? Optez pour notre formule allégée : le Petit test Moto-Net.Com ! Quelques minutes suffisent pour vous placer au guidon de la Ninja 636 de Kawasaki en allant directement à l'essentiel.
Essai routière GT750 2025 : une trop grosse Mash ?

Avec ses 275 kg, la Mash GT750 est la plus grosse moto de la marque SIMA. Cette nouveauté construite par Jedi est aussi la plus confortable avec son carénage intégral, son pare-brise électrique et ses valises. Mais son "petit" bicylindre de 730 cc et 74,8 ch suffit-il pour emmener dignement cette authentique routière ? Réponses.
Routière 1 commentaire

A lire aussi sur le Journal moto du Net

Les nouveautés moto Honda 2026 à l'EICMA de Milan en vidéo

Honda expose ses nouvelles motos pour l'an 2026 au salon Eicma ! Moto-Net.Com s'est rendu sur le stand du constructeur japonais pour s'informer sur sa routière CB1000GT (son prix !), sa moto électrique WN7, son prototype V3R 900 E-Compressor, le déploiement de son E-Clutch sur les 500 et 750cc, et sa néo-rétro CB1000F. Interview...
EICMA 2025 : nouveaux coloris et nouvelles ambitions pour Harley-Davidson 

Harley-Davidson occupe un vaste stand au salon de la moto de Milan (Italie), pour la deuxième année consécutive, pour exposer entre autres ses nouveaux coloris 2026. Les visiteurs de l'EICMA peuvent aussi admirer les Road Glide des championnats de BaggerGP et même passer au guidon sur un simulateur testé par Moto-Net.Com !
BSA dévoile un nouveau trail de 350 cc : la Thunderbolt

BSA, propriété du groupe indien Mahindra, présente une importante nouveauté au salon de la moto de Milan : le trail Thunderbolt. Cette nouveauté de 334 cc reprend le monocylindre de 39 ch de la récente Bantam, avec de grands débattements, une fourche inversée de 41 mm, une roue de 21 pouces et un poids de 185 kg avec 15,5 l. Sa disponibilité est annoncée pour mi-2026, à un prix non communiqué. 
Nouveautés 2026 Suzuki : SV-7GX, l'alternative routière V-Twin

En voilà une idée qu'elle est bonne : Suzuki dévoile au salon EICMA de Milan une version routière à grand guidon de sa cultissime SV650. Cette concurrence désignée des Tracer 7 et Versys 650 s'en démarque par son joyeux bicylindre en V de 73 ch, aux normes Euro5+. Présentation de la SV-7GX 2026.
Roadster 1 commentaire
Kawasaki veut faire redécoller sa Ninja ZX-10R en 2026

Meilleure vente 2016 de Superbike en France, la ZX-10R n'est plus montée sur le podium. Pour décoller de ses cinquièmes places obtenues depuis 2022, la Ninja évolue en 2026 : Kawasaki lui greffe des ailerons - forcément - et un nouveau carénage, un moteur Euro5+ et un nouvel écran connecté. Découverte de la Verte.
Nouveautés 2026 Yamaha : une R7 plus confortable et sophistiquée

Yamaha étend à sa R7 les évolutions technologiques apportées sur sa dernière génération de MT-07, sa donneuse d'organes. La sportive d'Iwata reçoit au passage l'IMU, un châssis et une ergonomie retravaillés ainsi que des jantes forgées. Présentation  de la R7 2026.
Triumph dégaine une Trident 800 à moins de 10 000 balles

Après ses salves de motos électriques TXP et de Modern Classics renouvelées, Triumph continue de canarder ses nouveautés 2026 ! Dans le chargeur se trouve cette fois-ci un roadster inédit qui reprend l'esprit de la Trident 660 et pique le moteur de la Tiger Sport 800. Présentation de la Trident 800 !
Roadster 1 commentaire
  • En savoir plus...