Pierre-Yves Bian roule sur les traces de Peter Hickman, king du TT

OK, Julien Toniutti détient toujours le record français du tour de l’Ile de Man en 18’ 09... soit une moyenne de 200,5 km/h sur la "famous" Mountain Course. Pour rappel, le record absolu appartient depuis 2018 à Peter Hickman, auteur d’un stupéfiant tour en 16’ 42,778 soit une vitesse de 135.452 mph ou 217,99 km/h !

Le regretté Fabrice Miguet, le réfléchi Xavier Denis... Les lecteurs MNC - qui, comme chacun sait, ont un peu plus de chance que les autres - en connaissent d'autres, des "Frenchies" accrocs au "TiTi". Mais il en est un sur lequel la France - des amoureux de cette épreuve unique au monde - fondent de gros espoirs dans les années à venir. Et le King du TT aussi d’ailleurs...

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Champion de course sur route (en IRRC Superport 2021 notamment), Pierre-Yves Bian avait marqué les esprits une première fois en remportant la course Supersport du Manx GP 2019. Il devait alors enchaîner sur le Tourist Trophy, le "vrai", dès 2020 mais le coronavirus l’a contraint de marquer une pause, comme tout le monde... entier.

Dès 2021 toutefois, le "froggie" avait parfaitement rebondi en s’imposant à nouveau, cette fois en catégorie SuperTwin et en Irlande-du-Nord, sur la moins connue mais pas moins impressionnante North West 200. Une course où les pilotes ne partent pas en solo toutes les dix secondes (mode TT) mais tous en même temps (mode Grand Prix) !

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L’an dernier enfin, notre phénoménal compatriote a pu participer au TT de retour après trois ans d’absence. Sur sa fidèle Paton S1-R et soutenu par "son" team Martimotos, Pierre-Yves terminait quatrième de la course Supertwin, à un souffle du podium... mais à deux boulevards de son coéquipier - encore - vainqueur, "PeTTer" Hickman "Himself" !

Déçu de sa prestation en Supersport sur Kawasaki ZX-6R, Pierre-Yves Bian espère faire mieux en 2023 aux commandes d’une Street Triple "Daytona" 765 alignée par le team PHR Performance. Peter Hickman Racing... Oui parfaitement, "Hicky" a décidé de le prendre sous son aile ! Vu l’envergure du patron, son poulain a effectivement les moyens de viser beaucoup plus haut.

Nous avons contacté "PYB" alors qu’il mettait le cap vers l’Espagne pour rejoindre son "boss" et rôder sa nouvelle machine. Il lui reste trois mois avant de s’aligner au TT et a prévu comme échauffement de participer aux deux premières épreuves du championnat anglais BSB, puis à la NW200... à condition que la course nord-irlandaise soit maintenue ?

MNC lui souhaite de mettre du bon gros gaz, mais de faire gaffe aussi quand même. Si l’Ile de Man s’apparente à un petit paradis pour grosses fortunes fans de golf et pour grosses burnes fondues de moto, son tracé trop "mortel" (plus de 200 virages sur 60 km !) a coûté la vie à six pilotes l’an passé...

Moto-Net.Com : Comment vas-tu, et qu’est-il arrivé à ton genou ?
Pierre-Yves Bian : Ca va nickel, je pars en entraînement en Espagne, j’ai hâte que la saison commence. Le genou ? J’ai chuté en juillet dernier aux Pays de Galles avec Honda Wilson Craig, et je me suis fait ligaments croisés et ménisque...

MNC : Tu as été pris en charge rapidement et tu as du passer quelques semaines bien pourries !
P.Y. B. : Oui, j’en ai vraiment chié pendant deux mois. L’opération s’est passée fin août et j’ai commencé à marcher sans les béquilles à la mi-octobre. C’était vraiment galère mais j’ai été bien soigné. Je suis rentré il y a deux semaines de Cap Breton au centre de rééducation pour les sportifs et c’est génial, je suis en super forme !

MNC : Nous avons eu l’honneur de rouler avec Peter Hickman sur les nouvelles Street Triple, cette semaine à Jerez. Tu n’étais pas invité ?!
P.Y. B. : Non, je roule pour Peter mais je n’ai pas de lien avec Triumph pour le moment. Lui a le statut d’ambassadeur de la marque, c’est pour ça qu’il roulait.

MNC : Il y a déjà du monde sur place, en Espagne. Ça n’arrête pas en fait !
P.Y. B. : Ouais, ça roule tous les jours là-bas. "Hicky" a laissé son camion avec les motos cet hiver en Espagne, il voulait que je vienne plus tôt mais c’était impossible à cause de ma jambe. Il en est à huit ou dix journées de roulage, entre Valencia, Cartagène, Almeria, etc.

MNC : Quand roderas-tu ta nouvelle machine de Supersport ?
P.Y. B. : Samedi 4 mars, après-demain, sur le circuit de Calafat ! Ensuite nous irons à Aragon. Je suis impatient de monter dessus. J’ai refait de la R3, de la 125, mais je veux rouler avec la Supersport ! C’est la même configuration qu’en Mondial : la Street Triple 765 et des carénages de Daytona. Et c’est le moteur fourni au Moto2 !

MNC : Quand vas-tu courir avec ? Car la North West 200 est très compromise à cause de la flambée du prix des assurances... Quelles sont les dernières nouvelles ?
P.Y. B. : Pour la North West, ça devrait le faire, il y a 80 % de chance. Le problème est le coût des assurances qui a triplé : c’est passé de 150 000 livres à 450 000 ! Bon, la NW200 génère plus de 10 millions de chiffre d’affaire, donc ça peut encore passer. Mais pour les autres courses d’Irlande du Nord moins populaires, c’est inconcevable.

MNC : Tu vas faire d’autres courses avant cela ?
P.Y. B. : Oui, début avril à Silverstone en BSB. On verra après le TT si j’effectue la saison complète, ou si je roule en Superstock. Ce n’est pas encore décidé.

MNC : Cette année, tu changes de machine en Supersport mais aussi de casque et de cuir : Arai et RST sont les marques partenaires du TT ! C’est la classe.
P.Y. B. : Oui aussi ! Je suis vraiment content car ce sont les équipementiers phare au Tourist Trophy. Ils avaient vraiment à coeur d’avoir un pilote français, c’est vraiment cool !

MNC : En termes de budget, ça te libère ?
P.Y. B. : Oui bien sûr, c’est un cap de franchi. J’ai acquis le statut de pilote professionnel, j’ai ma propre société.

MNC : Au Tourist Trophy, tu rouleras en Supertwin bien sûr, avec ta fidèle Paton ?
P.Y. B. : Oui bien sûr, avec l’objectif d’aller chercher un podium...

MNC : ...Podium qui t’a échappé d’un rien l’an dernier ?
P.Y. B. : Voilà exactement, c’est mon principal objectif en 2023 !

MNC : Tu réserves le Superstock et le Superbike pour un peu plus tard ?
P.Y. B. : Oui, pour après le TT. Je monterai tout de suite sur les 1000 cc pour préparer Macao en fin d’année et le TT 2024. J’aurais pu le faire dès cette année, mais je préfère me concentrer à 100 % sur les moyennes cylindrées, plutôt que tout faire à moitié.

MNC : Sur les traces de Hickman toujours, sur BMW ?
P.Y. B. : Exactement. On en a déjà parlé mais je n’y pense pas trop. Chaque chose en son temps. En 2022 j’ai vraiment été mauvais en Supersport... enfin je me suis trouvé mauvais en tout cas, nous n’avons pas résolu nos problèmes avec la ZX-6R. Cette année je veux vraiment confirmer et faire une belle édition 2023.

MNC : Tu t’es rendu au Salon de Lyon. C’était sympa, tu as vu du monde ?
P.Y. B. : Oui franchement, il y avait beaucoup de monde. Le samedi c’était hallucinant ! D’habitude j’en profite pour faire une tournée de tous mes partenaires. Cette année, j’ai préféré ne pas trop bouger tellement c’était la cohue dans les allées. Mais ça fait plaisir à voir, ça contredit tous ceux qui prétendent que la moto est en crise... C’est totalement faux !

MNC : Tu as vu McGuinness, 51 ans et toujours au départ ! Il est incroyable...
P.Y. B. : Oui j’ai pu discuter avec lui un moment. Je m’entends bien avec lui, il est marrant : il est venu signer un de mes posters, il a dessiné une bi** dessus, un vrai gamin. Je crois qu’il est déjà retourné rouler en Andalousie. On ne l’arrêtera pas.

MNC : Il est comme tous les pilotes anglais - et les petits vieux aussi ! -, il migre vers l’Espagne l’hiver venu.
P.Y. B. : Oui car ils ne peuvent pas rouler chez eux. Ils ont bien raison de descendre dans le Sud. Les français font pareil d’ailleurs.

MNC : Tu as croisé Matthieu Lagrive aussi, qui sera un "rookie" cette année... mais le bonhomme a 43 ans, 4 titres en Endurance, 99 départs en WorldSBK et SSP surtout, catégorie où il a gagné deux titres en IRRC.
P.Y. B. : Ah oui attention, c’est loin d’être un manche Matthieu (rires) ! Il débute au TT mais tu verras, il va vraiment faire de belles courses. C’est un mec qui met du gaz , qui sait s’adapter à n’importe quelle moto, de toute catégorie, et sur n’importe quel circuit. Que ce soit à la North West ou au TT, il devrait faire de belles choses.

MNC : Matt Lagrive s’est même alignée au Dakar il y a 10 ans. Toniutti l’a tenté aussi, Hillier l’a terminé cette année. Ça te botterait, toi ? On sait que tu débrouilles bien en TT, en tout-terrain.
P.Y. B. : Oui, j’ai la chance d’avoir SW Motech comme partenaire et on s’est fait une sortie le mois dernier. On s’est vraiment régalé.

MNC : Ton pote Gregg Black a roulé très, très fort sur la V-Strom 1050 DE...
P.Y. B. : Oui, à la fin on a mis un peu de gaz (rires) ! J’étais aussi concentré qu’au TT ! J’ai adoré rouler sur des motos différentes, sans la pression du chrono, et partager avec les autres. C’était bizarre de rouler pour le plaisir, pas pour la course. Même si le naturel revient toujours au galop (rires) !

MNC : On vient de l’apprendre, Michael Dunlop roulera sur Fireblade au sein de l’excellent team Hawk. Il peut revenir au top face à Hickman, Harrison ou Cummins ?
P.Y. B. : Il en a gagné deux l’année dernière, dont une course de fou, vraiment. Mais c’était en Supersport et tu as raison, en Superbike il était en léger retrait face à des gars comme Hicky qui roule toute l’année en BSB et possèdent un rythme affolant. Et en Superstock... non, il ne fait pas podium non plus.

MNC : C’est bien ça, il reste l’un des tous meilleurs, on ne remet clairement pas en question son talent ni son engagement... mais pour jouer la victoire en 1000 cc, il faut vraiment s’accrocher !
P.Y. B. : Je pense que Hicky va être vraiment très, très difficile à battre ces prochaines années à la régulière. Et il y a des gars qui montent aussi, comme Davey Todd notamment. Après Michael est tellement imprévisible, tout peut arriver ! Mais je les vois plus se battre pour la deuxième place, à mon avis et malgré tout le respect que je leur porte.

MNC : Qu’est-ce qu’il a de plus ce PeTTer Hickman ? Ou de moins, un instinct de conservation moins développé...
P.Y. B. : Disons qu’il arrive à mettre le coup de collier où il faut. Et puis il a un gros rythme dans l’absolu : cette année il court quand même après le titre en British Superbike en tant que pilote officiel BMW ! Il connaît par coeur, par coeur la BMW et il a vraiment confiance en lui. Du coup ça fonctionne. Mais il est vraiment spécial, quand tu vois qu'en SuperTwin en 2022, il se bat à coups de dixièmes de seconde contre Michael Dunlop sur la même Paton, sauf que Peter n’avait parcouru que quatre tours avant la course... Bah, tu réalises !

MNC : Le TT est dans trois mois. C’est à la fois lointain et très proche... Quel est ton programme d’ici là ?
P.Y. B. : J’ai commencé par m’entraîner plus que d’habitude parce que je me suis aperçu que les courses au TT sont longues. J’ai le BSB qui commence le mois prochain, quelques tests et la North West. Ca va s’enchaîner vite mais j’arriverai avec beaucoup plus de roulage sur la 600. Enfin la 765...