Une nouvelle assistance intègre le logiciel unique des MotoGP depuis le Grand Prix d'Autriche 2025, sous la forme d'un contrôle de stabilité chargé de limiter les highside. Casey Stoner estime que tous ces contrôles électroniques nivelent le pilotage et nuisent autant au spectacle qu'à la sécurité. Explications.
"Le MotoGP s'engage à améliorer la sécurité dans le sport : le développement du contrôle de stabilité a été introduit dans cette optique puisque celui-ci réduit encore davantage le risque de highside", explique le promoteur des Grands Prix, Dorna Sports, pour présenter la dernière mise à jour de la centrale électronique unique (ECU) fournie par Magnetti-Marelli.
Objectif ? Limiter la puissance en cas de glisse latérale du pneu pour prévenir les highside. En cela, son fonctionnement diffère du "classique" contrôle de traction qui, lui, agit sur le patinage de la roue sur l'axe. Cette nouvelle fonctionnalité s'appuie sur la centrale à inertie (IMU), comme le font notamment Ducati et Yamaha sur leurs motos sportives de série avec les Ducati Slide Control (DCS) et Slide Control System (SCS).
Sans surprise, l'introduction de cette nouvelle technologie - durant le Grand Prix d'Autriche mi-août - suscite des réactions pour le moins contrastées. Certains y voient un filet de sécurité bienvenu en cas de situation critique, à l'image de Brad Binder : "ça ne fonctionne que quand on surpilote vraiment, donc ça ne fait pas une énorme différence", assure l'officiel KTM.
D'autres, comme son coéquipier Pedro Acosta, font un constat moins positif : "à chaque fois qu'on lance une aide supplémentaire, je pense qu'il faudrait faire l'inverse : essayer d'en enlever", estime le pilote espagnol qui, à 21 ans, fait pourtant partie de cette nouvelle génération souvent décrite comme "technophile" et dépendante des assistances.
Marc Marquez voit aussi cette technologie d'un mauvais oeil : "en tant que pilote, je n'aime pas ça", grogne le leader du championnat, en développant l'idée que la technologie en générale et l'électronique en particulier uniformisent le niveau au détriment du talent pur. Ce ne sont pas les courses en procession de ces dernières saisons, sans confrontation directe, qui vont lui donner tort. A quand remonte la dernière "vraie" bagarre entre plusieurs pilotes en tête de course ?
"Plus on ajoute des choses sur les motos, ici l'électronique, moins le pilote peut faire la différence", analyse le n°93, qui doit aussi s'interroger sur la capacité de l'électronique à égaler - voire supasser - son propre talent à déjouer la gravité... Ce contrôle de stabilité rend les MotoGP "plus faciles à piloter", regrette-t-il.
Cette "facilité" toute relative - on parle tout de même de prototype de 300 ch ! - fait sortir de ses gonds un ancien champion du MotoGP : Casey Stoner. Le retraité de 39 ans était justement au Red Bull Ring dans le cadre d'une cérémonie officielle. Son avis sur ce nouveau contrôle de stabilité est pour le moins tranché, comme souvent avec l'ancien double champion MotoGP (2007 avec Ducati puis 2011 avec Honda) !
"Ce week-end, ils sont passés à un tout autre niveau dans l'électronique", note l'australien. "Quand j'en parle aux pilotes, ils me disent qu'on peut littéralement mettre les gaz à fond : on a près de 300 chevaux et on peut accélérer à fond, rien ne se passe !", s'indigne l'ancien porteur du n°27.
Résultat, selon Casey Stoner, la catégorie reine regroupe désormais "les meilleurs pilotes au monde sur les motos les plus faciles à piloter au monde, et ça ne m''intéresse pas". Le natif de Southport accuse les dirigeants du MotoGP de faire les mêmes erreurs qu'en Formule 1 : "nous suivons des directions qui n'ont pas fonctionné en F1, dont ils ont mis des années à se débarrasser".
"Il y aura toujours un conflit entre ce que veulent les pilotes et ce que développent les ingénieurs et les constructeurs", reconnaît Stoner, conscient de l'inévitable marche en avant du progrès et de l'aspect vitrine technologique du MotoGP. "Mais ces prototypes ne servent pas à créer des motos de route, alors que je ne pense pas qu'il soit nécessaire d'aller aussi loin dans l'électronique".
"À l'arrière, jusqu'à un certain stade - disons un pourcentage de glisse de 20% - il faudrait travailler sans électronique pour ce que soit le pilote qui gère cet aspect", propose l'ancien pilote. "Le contrôle de wheeling qui empêche la moto de cabrer en sortie de courbe, ce n'est pas de la sécurité : c'est du confort", affirme-t-il !
Au-delà de ce bon vieux débat entre pilotage et électronique, Stoner pointe également les dangers selon lui attribuables aux évolutions technologiques. Son analyse est simple : plus l'arrière de la moto est sous contrôle de l'électronique, plus le pilote prend des risques faute d'être retenu par l'appréhension.
"Alors tout le monde force de plus en plus sur l'avant et cela provoque des accidents catastrophiques, surtout quand on perd l'avant et que la moto revient en piste", décrypte-t-il, non sans justesse : la plupart des chutes surviennent désormais de l'avant, quand la dérobade de l'arrière était autrefois la sanction la plus fréquente.
"Les MotoGP d'aujourd'hui ne sont pas plus sûres", insiste l'ancien pilote."Je pense que nous avons eu les pires chutes que j'ai pu voir. Je ne vois pas en quoi elles sont sûres !". L'australien se montre également circonspect sur le nouveau règlement 2027, qui prévoit pourtant de supprimer les variateurs de hauteur et de réguler l'aérodynamique.
"Ils auront encore des ailettes et ils auront probablement des vitesses de passage en courbe plus élevées, donc cela va créer des turbulences sur des motos plus légères (car la cylindrée baisse de 1000 à 850 cc et le réservoir passe de 22 à 20 l, gains de poids à la clé NDLR). Ils vont encore avoir des problèmes de stabilité et des problèmes de température des pneus", anticipe le retraité.
"Je ne comprends pas que personne ne voit le problème : chaque pas qu'ils font dans cette direction est mauvais", conclut Casey Stoner, par ailleurs récemment aperçu aux côtés de Francesco Bagnaia pour tenter d'aider l'italien a retrouver le mode d'emploi de sa Ducati. MNC l'imagine bien dire à Pecco :"Bon, écoute, c'est simple : tu débranches tout le bigniou et tu mets gaz. Tu vas voir, ça va vite te montrer les limites" !
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Plateau : Les pilotes et leurs motos 2025
02 mars : GP de Thaïlande
16 mars : GP d'Argentine
30 mars : GP des Amériques
13 avril : GP du Qatar
27 avril : GP d'Espagne
11 mai : GP de France
25 mai : GP de Grande-Bretagne
08 juin : GP d'Aragon
22 juin : GP d'Italie
29 juin : GP des Pays-Bas
13 juillet : GP d'Allemagne
20 juillet : GP de République Tchèque (sous réserve)
17 août : GP d'Autriche
24 août : GP de Hongrie (sous réserve)
07 septembre : GP de Catalogne
14 septembre : GP de Saint-Marin
28 septembre : GP du Japon
05 octobre : GP d'Indonésie
19 octobre : GP d'Australie
26 octobre : GP de Malaisie
09 novembre : GP du Portugal
17 novembre : GP de Valence