La FEMA, principal lobby motard européen, vient d'élire son nouveau président. Le hollandais Kees Meijer, président du MAG Pays-Bas, remplace Erwin Renette, ancien secrétaire général du MAG Belgique. Interview.
Kees Meijer, 37 ans, président du Motorcycle Action Group (MAG) des Pays-Bas depuis 1999, a été élu nouveau président de la Fédération européenne des associations motocyclistes (FEMA) le 8 février 2003. Ancien rédacteur en chef d'un magazine moto, il fut pendant 12 ans officier d'infanterie dans l'armée hollandaise.
Qu'est ce qui vous a poussé à devenir président de la FEMA ?
La législation européenne a un impact croissant sur la manière dont nous pouvons faire de la moto, et je me suis aperçu que nous étions de plus en plus confrontés, au plan national, à des décisions déjà prises à Bruxelles. J'ai donc commencé à passer plus de temps dans la capitale européenne et en 2001 j'ai quitté la présidence du MAG Pays-Bas pour me consacrer entièrement à nos rapports avec la FEMA. Puis je me suis senti prêt pour un nouveau challenge, que je pouvais concrétiser en devenant président de la FEMA. D'un point de vue général, mes motivations pour la défense des droits des motards sont liées à mon fils de 5 ans et à ma fille de 3 ans : je veux qu'ils puissent encore faire de la moto comme ils veulent dans les années à venir, sur les machines qu'ils veulent et avec les vêtements qu'ils veulent !
Quels sont vos objectifs en tant que nouveau président de la FEMA ?
Un nouveau président ne signifie pas un bouleversement immédiat de notre organisation. Le comité de la FEMA, où sont représentées toutes nos organisations nationales, reste l'entité qui fixe les objectifs de la Fédération. A moyen terme, l'objectif principal est de favoriser l'intégration des pays candidats à l'entrée dans l'Union européenne. L'arrivée de ces pays va profondément modifier le fonctionnement des votes au sein du Parlement européen et du Conseil des ministres. En outre, nous considérons qu'il est important que les motards de ces pays candidats se fassent entendre. Or le meilleur moyen est d'agir avec la FEMA, qui défend les droits des motards depuis 15 ans au niveau de l'Union européenne et des Nations unies, sur des sujets comme les normes de construction des véhicules, la sécurité routière, les transports, l'environnement ou la protection du consommateur.
Quels sont les principaux thèmes qui devront être abordés par Bruxelles en 2003 ?
Le principal sujet de préoccupation de la FEMA cette année est la présentation par la Commission européenne de son Plan d'action pour la sécurité routière 2002-2012, avec une série de mesures destinées à réduire de 50% le nombre de morts et de blessés graves en Europe. Nous avons déjà préparé le terrain en nous assurant le soutien de plusieurs députés européens, afin que la moto soit correctement prise en compte lorsque le sujet sera débattu au Parlement. D'autres thèmes retiendront également notre attention, comme les questions d'environnement et la réglementation des émissions polluantes.
Le nouveau péage instauré pour l'accès au centre de Londres ne concerne pas encore les motos, mais peut-on craindre qu'il soit étendu aux deux-roues motorisés dans d'autres métropoles ?
Le risque existe, car il y a toujours des gens pour trouver injuste que certains types de véhicules ne soient pas touchés par des mesures restrictives. Mais je crois que les organisations nationales de défenses des motards sauront agir efficacement si cela devait se produire. Ce fut le cas à Londres, où les deux organismes membres de la FEMA, la British Motorcyclists Federation (BMF) et le MAG UK, ont pour l'instant réussi à faire en sorte que les motos ne soient pas concernées, en raison de leurs facultés à fluidifier le trafic. Lorsque j'étais président du MAG Pays-Bas, nous avons organisé une manifestation nationale pour combattre un plan gouvernemental visant à instaurer un système de péage électronique pour une "taxe d'embouteillage", qui concernait également les motos. 25 000 motards sont descendus dans la rue, et le gouvernement a fait machine arrière. Ces deux exemples montrent qu'on peut résister, à condition que les motards européens soient suffisamment mobilisés lorsque leurs organisations nationales lancent un appel à l'action. Il semble que cela pourrait bientôt s'avérer nécessaire, puisque la Commission européenne a proposé dans son Livre blanc sur la politique des transports 2010 une taxe sur tous les types de véhicules. Bruxelles promet que son nouveau système, qui sera présenté dans les prochains mois, sera "équitable" et qu'il prendra en compte le taux d'accident de chaque catégorie de véhicules, la consommation, la pollution, le bruit, l'encombrement et les dégâts causés aux voies de circulation. Les motos sont plutôt bien placées sur tous ces critères, mais sont souvent considérées à tort comme trop bruyantes et trop souvent impliquées dans les accidents. Or le bruit des motos est un problème lié à une minorité qui nuit à la majorité, et le taux d'implication dans les accidents doit être relativisé en fonction du réel responsable (la plupart du temps, un automobiliste). Pour l'instant, la FEMA a réussi à faire admettre au Parlement européen que la moto était un bon moyen pour fluidifier le trafic. Mais c'est maintenant à nous, motards, d'être vigilants lorsque le sujet sera à nouveau abordé.
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