Après chaque course Moto GP, retrouvez les déclarations des principaux pilotes de la catégorie reine et l'analyse de leurs succès (et de leurs échecs) par la rédaction de Moto-Net.Com. Débriefing du Grand Prix moto d'Allemagne 2016 au Sachsenring.
Marc Marquez, Honda-Repsol (1er en qualifs et 1er en course) : "À un moment donné j'ai cru que ma série sur ce circuit allait prendre fin, mais au final nous avons réussi à gagner. C'est un très bon résultat, surtout vu la façon dont Valentino (8ème, NDLR) et Jorge (15ème, NDLR) ont fini la course. Je suis très heureux de la manière dont nous avons travaillé aujourd'hui, le team avait très bien préparé ma moto après ma chute au warm-up et notre stratégie pour la course a été parfaite. La course a été très difficile puisqu'il y avait le drapeau blanc et des conditions de piste délicates. J'ai trouvé la première partie difficile avec les pneus pluie. Je n'avais pas fait le bon choix pour le pneu avant, mais j'ai ensuite pu passer sur slicks".
"J'ai vraiment fait attention sur les premiers tours parce que la trajectoire sèche était très étroite et il y avait encore pas mal d'eau sur la piste. C'est toujours difficile de décider quand changer de moto et nous avons peut-être procédé au changement très tôt - je crois que j'ai été le deuxième à le faire -, mais j'avais décidé de tenter ma chance et ça a marché. Nous finissons la première moitié de la saison avec une mission accomplie et sur une bonne course, mais nous ne devons pas oublier de bien nous préparer pour la seconde moitié de l'année".
L'analyse Moto-Net.Com : Deux ans après ses débuts en Grands Prix moto, Marc Marquez avait signé depuis la pole position son premier succès au Sachsenring en GP125. Depuis, le jeune espagnol de 23 ans reproduit chaque année la même performance en s'élançant de la position de pointe : deux fois en Moto2 (2011 et 2012) et désormais quatre fois en MotoGP (2013, 2014, 2015 et 2016)... Genre de domination totale !
A son aisance habituelle sur ce court tracé à la fois technique et physique, Marquez y a ajouté cette année une excellente perception de la course et une stratégie parfaite. Alors que ses rivaux ont trop attendu pour arrêter de courir en pneus pluie, l'officiel Honda est rentré aux stands dès le 18ème tour pour en ressortir avec son mulet chaussé en slicks.
Le pari était osé, mais l'espagnol le justifie en expliquant qu'il se méfiait de la gomme intermédiaire choisie par ses adversaires (entre autres Crutchlow, Dovizioso, Rossi et Lorenzo), dont il ne cerne pas bien les performances : "entre pneu pluie et slick, il est souvent difficile de choisir quand la piste sèche", argumente le champion dont l'avance sur Lorenzo et Rossi passe respectivement à 48 et 59 points.
Modeste, le n°93 avoue avoir aussi eu de la réussite : la première fois en rétablissant miraculeusement sa RC213V lors de sa sortie dans les graviers dans le virage n°8 ("j'ai pensé à mes entraînements en motocross et j'ai mis gaz en grand pour garder l'équilibre !"), la deuxième en rentrant aux stands assez tôt en raison d'un mauvais choix de pneu pluie à l'avant, trop tendre pour son style de pilotage.
"J'ai vu Rossi et Lorenzo monter l'extra-tendre à l'avant sur la grille, donc j'ai fait la même chose mais c'était une erreur : en course, j'étais en difficulté. Quand j'ai vu que le podium m'échappait et que je ne voyais plus Rossi devant, j'ai décidé de rentrer. Et après quelques tours avec le pneu slick, j'ai pu attaquer et passer en tête avec une vingtaine de secondes d'avance, ça m'a beaucoup surpris !".
Malgré une Honda encore rétive à l'accélération, le chef de file du HRC a réalisé une première moitié de saison quasi parfaite : huit fois sur le podium en neuf courses, dont trois fois sur la plus haute marche (à égalité de victoires avec Lorenzo). Son seul faux pas reste le GP de France, quand il avait perdu l'avant dans le sillage de Dovizioso et terminé 13ème.
Au regard des difficultés de ses rivaux et de leurs erreurs répétées (trois résultats blancs pour Rossi, notamment), le parcours du n°93 est enviable. "Quand on possède une telle avance, on peut se montrer confiant, mais pas trop. Je me rappelle qu'il y a deux ans j'étais tombé coup sur coup à Misano et Aragón alors que je menais largement le classement", tempère Marquez avec sagesse.
Ses adversaires peuvent cogiter pendant toute la pause estivale : le n°93 sait désormais mêler action et raison, apprenant de ses erreurs passées pour marquer de gros points quand la victoire lui échappe ! Et la rapidité avec laquelle il a effacé sa grosse chute au warm-up dimanche matin montre en outre qu'il n'a rien perdu de son audace ni de son esprit conquérant...
Cal Crutchlow, Honda-LCR (13ème en qualifs et 2ème en course) : "Cela aura été très délicat d'avoir une bonne gestion de la situation au départ, mais nous nous sommes efforcés de donner le meilleur de nous-mêmes comme à chaque fois. Je pense que je suis l'un des pilotes les plus forts dans ce type de conditions et j'ai fait partie des concurrents les plus rapides tout au long du week-end. J'avais simplement besoin de concrétiser en course et c'est ce que j'ai réussi à réaliser".
"J'aurais incontestablement dû repasser par les stands beaucoup plus tôt pour changer de moto, mais je n'arrivais pas à voir mon tableau de panneautage. Je suis donc rentré au même moment que Rossi et Dovizioso car ils menaient le Grand Prix. C'est une décision que je n'ai finalement pas à regretter et qui m'a permis de monter sur le podium»
"Je me réjouis maintenant de la petite fête que nous allons faire ce soir avec l'équipe LCR Honda car nous le méritons vraiment. Nous allons à présent pouvoir profiter de la pause estivale avec les bons souvenirs de cette course. Ma femme Lucy m'a également manqué ce week-end et c'est seulement la deuxième épreuve au cours de laquelle elle n'est pas à mes côtés depuis neuf ans. Elle va prochainement donner naissance, probablement juste avant le prochain Grand Prix en Autriche, et j'attends ce moment avec une immense impatience !"
L'analyse Moto-Net.Com : Samedi soir, Cal Crutchlow fulminait à cause de sa treizième place sur la grille, résultat selon lui de la - mauvaise - décision de disputer son dernier run en qualifications avec un pneu déjà éprouvé. "J'ai le potentiel pour entrer dans le Top 4", assurait alors le britannique, fort de plusieurs séries de chronos effectivement régulières et rapides.
En course, le représentant du team Honda-LCR a démontré que son analyse et ses ambitions n'avaient rien de présomptueux, en remontant de manière fulgurante dans un premier temps grâce à un bon choix sur ses pneus pluie : le n°35 est l'un des rares partis avec l'avant en gomme dure, contre extra-soft pour la plupart de ses rivaux (lire voir notre Point pneumatique au Sachsenring).
Suite à son changement de moto - réalisé trop tard car il était concentré sur les hommes de tête -, le natif de Conventry s'est ensuite transcendé pour revenir jusqu'à la deuxième place, taxant Dovizioso puis Redding qui se croyait pourtant à l'abri loin derrière la "fusée Marquez"...
Grâce à ce podium - son premier depuis le GP d'Argentine 2015 sur Ducati -, Cal Crutchlow ouvre enfin son compteur sur la RC213V, dont il assure prendre un peu mieux la mesure. Après quatre résultats blancs et une sixième place en Catalogne comme meilleur résultat, il était temps de concrétiser pour Crutchlow, dont l'épouse Lucy s'apprête à mettre au monde leur premier enfant. D'où son empressement à la contacter à l'arrivée !
Au championnat, son manque de régularité et son absence - jusqu'ici - des avant-postes se traduit par une modeste 14ème place au provisoire, à deux points de son ancien coéquipier Jack Miller (40 points contre 42). Espérons que cette deuxième place - sa meilleure perf' depuis 2013 - arrachée avec la combativité qui le caractérise donnera le véritable coup d'envoi de sa saison !
Andrea Dovizioso, Ducati (7ème en qualifs et 3ème en course) : "J'ai pris un bon départ et j'ai pu immédiatement me placer dans le groupe de tête. Après la chute de Petrucci, j'ai pris la tête de la course et je me suis efforcé d'enchaîner les tours rapides, mais en économisant mes pneus en évitant de brusquer l'avant et en redressant ma moto le plus tôt possible pour éviter d'user l'arrière"
"La piste s'est mise à sécher mais je suis resté concentré sur mes pneus (Dovi prenait d'ailleurs soin de passer le plus souvent possible dans les parties encore humides, NDLR) et c'est pour cette raison que j'ai manqué le meilleur moment pour rentrer aux boxes. Peut-être que si j'étais rentré deux tours avant, nous aurions célébré la victoire...".
"Mais regardons les choses de manière positive : nous décrochons un podium après avoir mené plusieurs tours au Sachsenring, circuit sur lequel les Ducati sont habituellement toujours en difficulté".
L'analyse Moto-Net.Com : C'est un Andrea Dovizioso oscillant entre joie et amertume qui est monté sur la troisième marche du podium du Grand Prix d'Allemagne, heureux bien sûr de revenir aux avant-postes pour la première fois depuis sa deuxième place au Qatar mais déçu d'être passé à côté d'une meilleure position selon lui à sa portée.
En tête de la course sur pneus pluie, l'italien a lui aussi trop tardé à changer de gommes, un choix qu'il justifie en avouant que "quand vous menez la course, l'envie de vous arrêter ne vous traverse pas automatiquement l'esprit !". D'autant plus que le n°4 a connu son lot de malchance depuis le début de la saison, percuté par son coéquipier puis par Pedrosa, avant de connaître une casse de pompe à eau à Jerez.
Et comme le rappelle l'officiel Ducati, choisir le bon moment peut sembler évident depuis l'extérieur... mais sur la moto, ça l'est nettement moins ! "Vous ne pouvez pas connaître avec exactitude l'état de la piste et surtout son évolution. Je pensais même finir la course sans passer par les stands", explique-t-il.
Son coéquipier Andrea Iannone décroche de son côté la cinquième position, forcément déçu de terminer dix secondes derrière la Ducati privée de Scott Redding...
A noter qu'à l'arrivée, ce même Redding tirait pourtant une tête de six pieds de long, dégoûté de s'être fait finalement taxer par Crutchlow et Dovizioso alors qu'il se voyait sur le podium pour la seconde fois d'affilée après Assen ! Pourtant, une cinquième place sur une moto privée dans ces conditions, ce n'est pas déjà pas si mal pour un pilote aussi jeune !
Dani Pedrosa, Honda-Repsol (10ème en qualifs et 6ème en course) : "Je n'avais pas un super feeling sur mouillé en course, à la différence du warm-up. J'avais choisi le pneu avant super soft et je ne m'attendais pas à ce que la piste sèche aussi vite. J'ai essayé de garder un rythme constant, sans faire d'erreurs"...
"Malheureusement, quand je suis passé sur la seconde moto, mon feeling n'était pas super jusqu'à ce que mes pneus montent en température. Au final, j'ai réussi à passer quelques pilotes pour terminer sixième. J'aurais aimé faire mieux, mais nous devons rester concentrés pour préparer les prochaines courses"
L'analyse Moto-Net.Com : Alors qu'il comptait logiquement parmi les favoris à l'entame du week-end en raison de l'habituelle réussite de la Honda au Sachsenring et de ses trois victoires consécutives en 2010, 2011 et 2012, Dani Pedrosa boit de nouveau le bouillon quand son coéquipier savoure le champagne...
Certes, l'officiel HRC limite les dégâts avec la sixième place à l'arrivée, mais il n'a jamais été dans le coup du week-end, à l'exception du warm-up qu'il a dominé sur une piste totalement détrempée. Lui aussi en manque de confiance avec les pneus avant Michelin ce week-end, "Pedro" sauve des points mais accuse 25,9 sec de retard sur son chef de file...
De plus en plus critique quant aux orientations techniques données par Marc Marquez cet hiver sur la RCV, Dani Pedrosa peine à tenir son rang : l'espagnol ne compte que deux apparitions sur la troisième marche du podium - en Argentine puis en Catalogne - à son bilan de mi-saison.
C'est évidemment nettement insuffisant pour un représentant officiel du clan Honda, même si sa constance lui permet tout de même de s'afficher au quatrième rang au provisoire à seulement 15 points de Rossi et 26 de Lorenzo. L'été sera chaud... à force de cogiter pour le talentueux et sympathique catalan !
Valentino Rossi, Yamaha-Movistar (3ème en qualifs et 8ème en course) : "C'est vraiment dommage pour nous parce que j'étais compétitif sur le sec et que dans d'autres conditions nous aurions pu faire une bonne course. J'ai aussi été compétitif sur piste mouillée et dans une course normale j'aurais pu me battre pour la victoire malgré la pluie, mais malheureusement ça a été une course en deux parties. Je m'en serais mieux sorti si j'étais rentré deux ou trois tours plus tôt et j'aurais pu finir sixième plutôt que huitième, mais j'ai été très lent quand je suis reparti".
"Je n'avais pas de feeling sur la moto et je n'étais pas assez fort. Dovizioso et Crutchlow étaient avec moi, nous nous sommes arrêtés en même temps, mais ils ont pu finir sur le podium. Il est impossible de savoir si ça se serait mieux passé sur slicks. Ça aurait aussi pu être pire. Peut-être que dans ces conditions, lorsque la piste est vraiment humide, notre moto est plus difficile et transmet moins de feeling".
L'analyse Moto-Net.Com : Chute à Austin puis aux Pays-Bas, casse moteur en Italie puis erreur de jugement en Allemagne : la première moitié de saison de Valentino Rossi manque clairement de réussite et de constance, alors que ses quatre podiums dont deux victoires prouvent son incontestable vélocité !
A croire que le Docteur ne fait plus la mesure entre vitesse et précipitation, comme trop désireux de s'imposer maintenant qu'il parvient à bien se qualifier (6 départs en première ligne dont 2 pole positions) et à surprendre ses jeunes rivaux par ses simulations de course extrêmement rapides. En Allemagne, encore une fois, le n°46 était effectivement le pilote le plus redouté du pourtant grandissime favori Marc Marquez.
Mais comme à quasiment fois que les conditions sont changeantes en course, Rossi s'est emmêlé les pinceaux : alors que son team lui indiquait de rentrer au box changer de moto depuis plusieurs tours, il s'est entêté à poursuivre en pneus pluie. Et pendant ce temps, Marquez remontait comme une torpille après avoir fait chauffer son slick...
Les mines contrites et les bras levés au ciel de ses mécanos à chacun de ses passages supplémentaires en pneus rainurés traduisaient toute leur impuissance face à la décision du n°46. Dans son box, ses équipiers voyaient les secondes perdues s'accumuler, comme lors du Grand Prix de Misano 2015 quand il avait terminé cinquième loin derrière le même Marc Marquez en restant trop longtemps en pneu pluie.
S'il s'avère redoutable sur le mouillé, Rossi manque régulièrement de discernement - et d'un peu de chance, aussi - quand les conditions développent un caractère séchant. Malgré son énorme expérience née de 20 années en Grands Prix, l'officiel Yamaha peine à saisir le bon moment pour changer de moto alors que l'histoire récente des Grands Prix montre qu'il est préférable de rentrer parmi les premiers dans ces conditions.
Rappelons en effet qu'en 2007, pour la première année avec le nouveau règlement "Flag to Flag" (course disputée de l'extinction des feux au drapeau à damiers, sans interruption en cas de pluie comme c'était le cas avant), Rossi s'était déjà fait piéger de la même façon lors du Grand Prix du Japon au Motegi...
Parti en tête avec un pneu pluie, il avait finalement terminé à la 13ème place, pénalisé par son passage trop tardif sur les gommes intermédiaires. Randy de Puniet, l'un des premiers à passer sur slicks, arrachait de son côté une fantastique deuxième place sur la Kawasaki ZX-RR derrière Capirossi ! Pour l'anecdote, Casey Stoner, sixième de la course japonaise, avait décroché ce jour-là avec Ducati son premier titre mondial en MotoGP...
Piteusement, le nonuple champion du monde évoquait dimanche soir la possibilité d'avoir recours à des transmissions radio entre le pilote et son équipe - comme en Formule 1 -, afin d'éviter ce genre d'erreurs stratégiques. "Cela m'aurait permis d'être informé de mon avance à Assen et d'éviter de forcer jusqu'à la chute", assure-t-il... sans réellement convaincre !
Car s'il est vrai que la réussite était du côté de Marquez, sa stratégie de rentrer dès les premiers signes d'assèchement du bitume pour repartir en slicks - établie avec le HRC avant le départ - était la bonne, à l'inverse de celle du clan Yamaha. Le n°46 accuse désormais 59 points d'écart avec le leader, un gouffre à la mi-saison : en terminant par exemple deuxième les neuf prochaines courses, Marquez serait titré même si Rossi ou Lorenzo l'emportait à chaque fois !
Jorge Lorenzo, Yamaha-Movistar (11ème en qualifs et 15ème en course) : "A l'issue du warm-up il était clair que nous n'étions pas en mesure de nous battre face aux meilleurs, mais en course nous étions finalement plus rapides par rapport à ce matin".
"Quand la piste a commencé à sécher, j'ai commencé à perdre des positions car je ne me sentais pas du tout en confiance avec le pneu avant, que ça soit au freinage ou en courbe. Puis je suis rentré aux stands quand l'équipe me l'a demandé mais c'était peut-être un peu trop tard, sans quoi nous aurions pu finir un peu plus haut dans le classement".
L'analyse Moto-Net.Com : On pensait que Jorge Lorenzo avait touché le fond aux Pays-Bas (10ème en qualifications comme en course), quand les conditions humides rencontrées sur la piste néerlandaise l'avaient littéralement paralysé au guidon de sa M1...
Mais le Grand Prix d'Allemagne souligne l'évident problème d'adaptation du champion du monde en titre quand les circonstances sont délicates à saisir : si Lorenzo est indubitablement le plus rapide sur le sec, sa vitesse s'effondre irrémédiablement sur du bitume mouillé ou séchant. Du moins cette année...
En cause : son manque de confiance avec les nouveaux pneus avant Michelin, qui l'empêchent d'exprimer tout son talent. Car le majorquin est parfaitement capable de rouler vite sur le mouillé, voire de remporter des courses dans des conditions mixtes : il l'a prouvé dès 2011 en s'imposant pour la première fois sous la pluie en MotoGP à Jerez ou encore en Aragon en 2014.
L'an passé, Lorenzo s'était aussi illustré à Indianapolis en conservant sa deuxième place derrière Marquez, malgré l'arrivée de la pluie dans les derniers tours. Lors du GP de Grande-Bretagne 2015, il avait aussi réussi à sauver les points de la quatrième place d'une course remportée sur le mouillé par son coéquipier Valentino Rossi.
Bref, s'il n'est pas forcément un équilibriste hors pair sur une piste à l'adhérence précaire - à l'inverse de Jack Miller, Danilo Petrucci ou Yonny Hernandez -, Jorge Lorenzo sait habituellement limiter la casse sur le mouillé. Mais cette saison, entre les nouveaux Michelin et l'électronique unique moins performante, le n°99 peine à assurer le service minimum : la preuve avec ses trois chutes durant les essais, chose extrêmement rare le concernant.
"La décision de repartir en intermédiaires n'était pas la bonne", s'agace en outre le champion du monde, mettant en cause le choix réalisé par son équipe alors que l'option slick avait selon lui été validée avant le départ de la course. Enfin, le n°99 pointe aussi une M1 pas à son aise dans ces conditions...
Rossi corrobore par ailleurs cette possible faiblesse de la Yamaha dans ces circonstances, analyse confirmée au regard du classement : Honda occupe les deux premières places à l'arrivée avec Marquez et Crutchlow, suivi de trois Ducati (celles de Dovizioso, Redding et Iannone) et de deux autres RCV (Pedrosa et Miller).
Valentino Rossi est le premier représentant de la marque d'Iwata, la deuxième M1 - celle de Bradley Smith - pointant à une anonyme 13ème place à plus d'une minute du vainqueur !
Toujours est-il qu'au championnat, Jorge Lorenzo cède beaucoup de terrain à Marquez, désormais en tête avec 48 points d'avance. Plus inquiétant pour le majorquin : son coéquipier est revenu à 11 petites longueurs, ce qui augure d'une deuxième partie de saison très intéressante à suivre entre les deux officiels Yamaha !
Loris Baz, Ducati-Avintia (20ème en qualifs et 17ème en course) : "C'était une course très compliquée dès le départ. Il pleuvait sur la grille et très logiquement nous avons pensé que la piste ne sécherait pas si rapidement. Nous avons commencé avec le pneu sur lequel je me sentais bien au warm-up, le plus tendre. Après quelques tours, la pluie a cessé et les pneus ont commencé à chauffer. À cause de cela, je n'avais plus aucun feeling sur l'avant".
"Il me tardait de m'arrêter pour changer de moto. Après être passé au box, je suis reparti avec un pneu slick à l'arrière. La piste changeait tour après tour et j'ai failli chuter à plusieurs reprises. Malheureusement, il y a eu une petite incompréhension sur le choix des pneus au moment où je devais m'arrêter. J'ai donc changé de moto de nouveau pour passer sur des pneus intermédiaires. Ayant deux tours de retard, je n'ai pas pris de risques inutiles jusqu'à l'arrivée".
"Ce n'est pas la course que j'espérais, surtout après avoir longuement mené le warm-up sur le mouillé. Nous avions trouvé de bons réglages pour la course et tout se profilait comme il fallait si les conditions avaient été les mêmes en course. Je pense que sans ces problèmes, j'aurais pu marquer des points"
"Je ne m'attendais pas à un week-end si difficile pour une reprise. Nous avons eu des soucis que nous avons pu résoudre. Ensuite, il ne fallait pas trop en demander à cause de mon pied. Nous allons profiter du test mercredi et jeudi en Autriche (sur le nouveau tracé du Red Bull Ring, NDLR) pour nous remettre sur le droit chemin. Ce test sera très important et conditionnera la deuxième partie de la saison".
"Après ce test, je continuerai l'entraînement tout en prenant quelques jours de repos. C'est assez simple de concilier les deux durant l'été pour revenir en pleine forme".
L'analyse Moto-Net.Com : Loris Baz termine 17ème avec deux tours de retard pour son retour à la compétition après deux courses suivies depuis son lit d'hôpital... Amer, le français estime être passé à côté d'une occasion de briller, d'autant qu'il se réjouissait dès vendredi de ne pas ressentir de douleur à son pied droit fracturé lors d'un accrochage avec Bautista en Italie...
La pluie faisait par ailleurs les affaires du haut-savoyard dans la mesure où la diminution de rythme qu'elle engendre lui était favorable pour une remise en jambes sur sa Ducati. Hélas, alors que le n°76 brille habituellement dans ces conditions changeantes, un changement de moto beaucoup trop long - dû à une incompréhension sur le choix pneumatique - l'a fait plonger au classement...
Pour "Baz-ooka", dans l'incertitude quant à son avenir en MotoGP l'an prochain, la pilule est d'autant plus dure à avaler que son coéquipier Hector Barbera a fait le spectacle tout le week-end sur leur "vieille" Ducati GP14.2. L'espagnol a tout d'abord décroché sa meilleure qualification en se hissant à la deuxième position sur le sec à l'aspi de Marc Marquez (au sens propre comme au figuré, puisque le n°8 a pris la roue du n°93 pour réaliser son chrono !).
Puis Barbera s'est montré aux avant-postes en début de course sur bitume humide, avant de finalement passer sous le drapeau à damiers à la neuvième position à seulement deux dixièmes de la Yamaha officielle de Valentino Rossi !
L'air de rien, malgré sa réputation peu flatteuse de "suceur de roue", Hector Barbera pointe actuellement à la septième place du classement provisoire, à sept points seulement du premier pilote privé, Pol Espargaro sur sa M1 pourtant nettement supérieure à sa Ducati âgée de deux ans (65 points contre 72).
Plus fort encore : l'espagnol achève la première moitié de la saison 2016 avec le statut de premier pilote Ducati du classement, juste devant les Desmosedici officielles de Iannone (8ème avec 63 points) et Dovizioso (9ème avec 59 points). De quoi voir rouge chez les Rouges, dont les pilotes ne cessent pourtant de vanter la progression de la dernière génération de la Ducati...
La prochaine course, le Grand Prix d'Autriche, se déroulera du 12 au 14 août sur le nouveau circuit du Red Bull Ring. Pour s'adapter à ce tracé inédit dans la programmation MotoGP, pratiquement toutes les équipes participeront cette semaine à deux jours de tests privés, à l'exception notable de Honda-HRC qui a préféré garder ces deux journées pour une autre occasion...
A la place, Marc Marquez et Dani Pedrosa ont découvert le Red Bull Ring à l'occasion d'un événement promotionnel sur des RC213V-S (la MotoGP Honda "de route"). Est-ce que cela suffira au n°93 pour conserver son avance après la pause estivale ? A suivre sur MNC : restez connectés !
Résultats et classement du GP d'Allemagne Moto GP 2016
Non classés
Classement provisoire du championnat du monde MotoGP 2016
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