
Basée depuis ses débuts en 1984 à La Ferté Macé dans l'Orne, Bagster (rachetée il y a six mois par le groupe italien Acerbis) a profité de la semaine de l'intégration pour partager une belle histoire : celle de Saïd Abbas Amiri, couturier afghan qui met son précieux savoir-faire au service des selles et accessoires moto ''Made in France''. Découverte.
Depuis 41 ans, Bagster est le fier producteur de selles, protège-réservoirs et tabliers dans son usine normande. Et depuis 5 mois, le spécialiste "des accessoires pour le voyage et la mobilité en deux-roues" s'est assuré les services d'un employé un peu particuliers…
Il s'appelle Saïd Abbas Amiri. Ce couturier afghan a été "pistonné" (rien de péjoratif, nous sommes entre motards) par une association auprès de France Travail pour proposer ses services à Bagster qui cherchait des piqueurs chevronnés. Or après un mois de juin d'essai, le nouveau venu s'est vu proposer un CDI.
Domicilié à ses débuts à 50 km de son travail, Bagster lui a déniché un domicile à la Ferté Macé, à deux tours de jantes de "son" entreprise. Cette dernière a également joué l'intermédiaire avec les propriétaires et divers prestataires, car Monsieur Amiri ne parlait pas du tout français…

La barrière de la langue est-elle rédhibitoire ? "Sur des métiers artisanaux comme nous, où l'on demande des compétences manuelles, au contraire il faut s'ouvrir et intégrer ce genre de personnes pour qu'elles puissent s'épanouir dans leur vie", considère Fabrice Launay, responsable des ressources humaines chez Bagster, vraisemblablement comblé par le travail de son employé.
Saïd se serait vite intégré à sa nouvelle équipe, au tout début via le traducteur automatique du smartphone d'un collègue, mais grâce aussi au soutien de La Maison des Mots basée à Argentan. Chaque soir, ce travailleur immigré apprend à écrire, lire et parler notre langue. Il travaille aussi le code de la route… pour passer le permis moto ?
Par cette belle histoire, Bagster tient à rappeler que "le savoir-faire n’a pas de frontière" et que "l’inclusion est une richesse pour l’entreprise comme pour les équipes". Le message est passé, via MNC !

Moto-Net.Com : Pouvez-vous nous présenter Bagster en quelques mots?
Fabrice Launay, responsable Ressources Humaines : La marque Bagster est connue et reconnue de tous les motards pour ses articles de sellerie et de bagagerie motos. Nous fabriquons sur le site de La Ferté Macé dans l'Orne toute la sellerie motos : le prototypage, la conception de la mousse, le façonnage de la mousse, la coupe des différentes matières, l'assemblage par piquage des éléments du housse et le montage. Il en est de même pour la fabrication des protèges réservoirs et des tabliers. Nous sommes spécialisés dans la personnalisation de la selle et du protège réservoir de moto, personnalisation par les couleurs, la texture (aspect lisse, carbone, granuleux, ...), la broderie, le confort de la mousse, etc.
MNC : Il y a eu du mouvement récemment !
F. L. : Suite à la liquidation judiciaire de Bagster SAS, le groupe italien Acerbis a repris l'activité et créé Bagster France. Par sa présence mondiale, Acerbis a permis à Bagster France de retrouver une dynamique de production sur le territoire national et international. De ce fait, il nous a fallu recruter.

MNC : Quand Saïd est-il arrivé en France, quel est son statut ?
F. L. : Saïd est d'origine Afghane, où il exerçait le métier de piqueur textile avec son père. Suite à l'oppression des talibans, Saïd a quitté son village, traversé l'Europe et est arrivé en France en 2023 sous le statut de réfugié.
MNC : Saïd vous a été conseillé par une association. Ne risque-t-on pas de lui reprocher d'avoir piqué (hum) du travail aux français ?
F. L. : Suivi par une association d'aide aux réfugiés, Saïd a pu et continue de suivre des cours de français. Cette association, par le biais de l'offre d'emploi que nous avions déposé sur France Travail, a permis à Saïd d'y répondre. Comme tous les candidats que nous recevons pour un poste en piqûre, nous les mettons en situation de travail pour tester leurs réelles compétences. Saïd, comme 4 autres candidates françaises, ont réussi cet essai. Nous avons embauché les 5 prétendant(e)s.
MNC : Les bons piqueurs sont-ils dur à trouver ?
F. L. : Il est en effet très difficile de trouver de bon piqueur homme, qui sont plus habiles sur de grandes pièces comme les tabliers.
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