Le nombre d'accidents mortels sur les routes de France est en légère hausse pour l'année 2024 avec un triste bilan de 3139 décès (+0,8%). Parmi eux, 720 étaient cyclomotoristes, motards ou scootéristes. Analyse des chiffres-clés.
Le bilan définitif de la mortalité sur les routes de France métropolitaine en 2024, délivré par l'Observatoire national interministériel de la sécurité routière (ONISR), fait état d'une augmentation de "+0,8%" du nombre de décès suite à un accident de la route : 3193 morts, contre 3167 en 2023 (+ 26 morts). Sur cinq ans, la tendance reste toutefois à la baisse : "-1,6%" sur la période 2019 à 2024.
"Le nombre total de blessés est estimé à 236 000, en augmentation de + 0,3 % par rapport à 2023, alors que le nombre de blessés graves estimés reste stable (près de 16 000)", souligne l'ONISR. Le nombre de blessés reste par ailleurs lui-aussi sur une tendance baissière depuis cinq ans : "-2%" sur la période 2019-2024.
La mortalité 2024 concerne 2465 hommes et 728 femmes, soit respectivement "77%" et "23%". Cette proportion confirme la traditionnelle surexposition masculine dans la mortalité routière : certains feront le lien avec la prudence naturelle de la gente féminine, à l'opposée de "l'agressivité" qui sommeillerait dans chaque mâle (dégrossi ?!). D'autres remarqueront que les hommes sont plus souvent au volant, notamment en famille. Un schéma un rien machiste, certes, mais pourtant bien réel.
Transposée à la moto, cette statistique "genrée" grimpe en flèche : "94%" des tués à moto ou en scooter sont des hommes. "Les deux-roues motorisés représentent le mode pour lequel la surmortalité masculine est la plus prononcée, quel que soit l’indicateur analysé", ne manque pas de souligner l'instance gouvernementale… avant de concéder que la faible proportion de motardes joue un rôle déterminant dans ce constat !
"C’est toutefois attendu, au vu du faible nombre de femmes conductrices de deux-roues motorisés (2RM)", reconnaît l'Observatoire national interministériel de la sécurité routière. Il suffit de se rendre dans une moto-école pour observer que le nombre de candidates, certes en hausse depuis 20 ans, reste marginal. Allez les filles : la moto, c'est permis !
Hélas, ce ne sont pas les freins volontairement actionnés pour compliquer l'obtention du permis moto qui vont inverser cette tendance : code spécifique moto (ETM), parcours lent et rapide à réaliser en une fois, bridage A2 à tout âge, etc. Et dire qu'un(e) jeune permis automobiliste accède à la conduite d'une voiture de puissance illimitée après une formation bien plus simple et moins chère !
Concernant les "2RM", justement, ce bilan consolidé dénombre 720 décès en 2024, soit 14 de plus qu'en 2023 ("+2%"). Forte de ce triste constat, l'instance gouvernementale assène son habituel coup de massue à l'encontre de ces usagers : "ces derniers représentent 22 % des personnes tuées, 34 % des blessés graves et 36 % des blessés qui garderont des séquelles 1 an après l’accident, pour moins de 2 % du trafic motorisé".
Dangereux, la moto ? Oui, sans aucun doute. Cependant, Moto-Net.Com regrette que toutes les catégories de "deux-roues motorisés" soient sciemment mélangées de façon, selon nous, à brouiller les cartes. Alors que ce bilan dresse des statistiques extrêmement détaillées pour chaque typologie de véhicules, les "2RM" rassemblent pêle-mêle les "motos, scooters, cyclomoteurs à 2, 3, 4 roues" nous apprend un (tout petit) encadré sur les définitions !
La "vraie" mortalité des motard s'élève en réalité à 495 morts sur une moto ou un scooter de grosse cylindrée, tandis que 123 décès se sont produits au guidon de cyclomoteurs (50 cc) et 81 avec des motocyclettes légères (125 cc). On est d'accord : 495 morts, c'est toujours 495 de trop. Mais la proportion n'est plus du tout la même par rapport au reste du trafic !
Le fait qu'il faille éplucher les 68 pages (!) du rapport définitif pour pouvoir faire le tri entre mobylettes et motos n'est pas innocent : placer tous les deux-roues dans le même "panier", sans distinction de permis et d'âge, permet de conclure que la pratique est dangeureuse, voire nuisible. Un discours ensuite repris en boucle par les médias généralistes qui, bien souvent, arrêtent leur lecture aux gros titres du bilan de l'ONISR.
Cela étant, cette catégorie fourre-tout du "2RM" reste pourtant à la baisse sur cinq ans : "-4%" de 2019 à 2024. Soit le double de la moyenne toutes catégories confondues ("-2%"). Sur dix ans, ce recul atteint même "- 24%" contre "-20%" de moyenne pour toutes les catégories de véhicules.
Les deux catégories soumises à la plus forte hausse en 2024 sont les piétons avec 456 morts, soit 17 décès supplémentaires pour une hausse de "+4%". Les conducteurs de voitures sans permis passent de 23 morts en 2023 à 34 morts en 2024 (+ 11 décès), soit une hausse de… 48% !
L'explication ? L'accès aux "voiturettes" accordé aux jeunes de 14 ans avec le permis AM (ex-BSR). La prolifération des Citroën AMI dans le parking de nombreux collèges ne pouvait rester sans conséquences... Les mêmes réserves peuvent être adressées contre la décision d'abaisser l'âge du permis de conduire de 18 à 17 ans. Une aberration alors que la tranche 18-24 ans est historiquement la plus exposée à la mortalité routière !
La Sécurité routière illustre ce risque avec un ratio par millions d'habitants : ce taux atteint 97 tués sur les routes par millions d'habitants pour 18-24 ans contre 57 pour les 25-34 ans. Ce taux grimpe à nouveau chez les seniors : 74 tués par millions d'habitants pour les 75-84 ans et 84 tués par million pour les 85 ans et plus.
Des résultats qui renforcent la conviction des militants de la suppression du permis de conduire chez les vieux seniors, ou a minima de conditionner sa conservation à une visite médicale. Vaste débat...
Dernière donnée essentielle à connaître de ce bilan de mortalité 2024 : la forte proportion des victimes de la route. "Parmi les 3 193 personnes décédées dans un accident en 2024, 2 019 étaient présumées responsables et 1 174 étaient non présumées responsables", calcule la Sécurité routière.
Des personnes dont le seul tort est de s'être trouvé au mauvais endroit au mauvais moment, face à un chauffard, une conductrice trop pressée, un jeune inattentif ou encore une personne alcoolisée ou sous stupéfiants. Pour info, l'alcool est en cause dans "22%" des accidents mortels 2024 et la drogue dans "14%". La vitesse, elle, est incriminée dans "29%" des cas, souvent en lien avec les deux causes précédentes.
"En 2024, on estime que près de 1 250 personnes sont décédées dans un accident où au moins un conducteur était positif à l’alcool et/ou aux stupéfiants, soit 40 % des décès", souligne l'ONISR. "Dans la moitié des cas, il s’agissait de consommation d’alcool seul, un quart des cas de stupéfiants seuls, et dans un quart des cas le conducteur était à la fois alcoolisé et sous stupéfiants".
Parmi les 1174 victimes répertoriées "non responsables" de ce bilan, "16%" étaient des conducteurs de deux-roues motorisés et "26%" des piétons : les deux catégories "mécaniquement" les plus exposées aux erreurs et excès des autres. Rappelons que de nombreuses études confirment qu'en cas de collision entre une voiture et une moto, l'automobiliste est en tort dans la majorité des cas.
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