S'il y a bien un segment de la production moto que les Japonais peinent à investir, c'est la catégorie custom. Éclipsées par Harley-Davidson, les motos nippones ont pourtant des arguments... La preuve avec notre essai de la Kawasaki VN900 Custom.
La présence d'une transmission finale par courroie pallie en partie ces lacunes, d'autant que les qualités offertes par ce dispositif (entretien nul, silence et souplesse de fonctionnement) se voient ici sublimées par le parfait calibrage de l'injection à double papillon : aucun hoquet ni à-coups ne viennent compliquer la prise en main du custom Kawa.
Cette prise en main s'avère d'ailleurs d'une simplicité enfantine : alors que la jante avant de 21 pouces, l'empattement et le poids conséquents (1645 mm et 278 kg) inspirent de prime abord une légitime perplexité quant au comportement dynamique, les premiers tours de roues dévoilent une moto bien équilibrée et évidente à piloter... pour un custom s'entend !
Car bien sûr, la direction "colle" à basse vitesse et tend à engager dans les virages serrés, les croisements et les ronds-points. Sans plus de surprise, le freinage offert par son disque avant manque de mordant et doit s'accompagner d'une pression sur l'accessible pédale de frein arrière (efficace et facile à doser). Sur ces points précis, la VN900 Custom n'usurpe pas son patronyme !
Mais contrairement à certaines de ses rivales, elle suggère gentiment la marche à suivre plutôt que d'imposer un mode d'emploi drastique : il n'est pas nécessaire d'être un familier de la conduite custom et de ses particularismes pour se sentir à l'aise à son guidon.
D'abord parce que la Kawasaki est auto-stable dès les premiers km/h et braque convenablement pour ce type de moto (36°), ce qui est aussi rassurant qu'agréable en ville. Ensuite parce que la VN900 Custom dispose d'une boîte cinq rapports relativement précise et silencieuse, qui tranche favorablement avec certaines transmissions concurrentes dignes du matériel agricole d'après-guerre.
Enfin, parce que son ergonomie a le bon goût de ne pas sombrer dans la caricature : la position "semi-pieds en avant" est certes typée mais n'exerce aucune contrainte désagréable sur les extrémités du corps. Attraper les épaisses poignées de l'imposant guidon chromé - droit et généreusement rehaussé - n'exige pas des bras d'orang-outan et les cuisses se lovent naturellement autour du large réservoir.
Confortablement (oui, confortablement !) calé au fond de l'épaisse selle à deux étages, les jambes pas totalement dépliées et les pieds légèrement relevés, le pilote domine rapidement les événements. Une fois lancée, la VN900 Custom dévoile alors une autre qualité insoupçonnée : l'appréciable efficacité de ses suspensions.
Le mono-amortisseur arrière réglable en précharge offre un filtrage des petites irrégularités assez satisfaisant, suffisant en tout cas pour ne pas enrichir votre kiné à chaque retour de balade ! Faute de débattement suffisant (100 mm), cet élément planqué derrière le moteur est plus à la peine sur les gros chocs et manque de progressivité sur les successions de bosses. Mais là encore, on connaît bien pire dans la catégorie.
Malgré son débattement important (150 mm) et sa forte inclinaison, la fourche de 41 mm s'acquitte elle aussi convenablement de sa tâche, même si ses ressorts sont tarés sans fermeté excessive (les tubes plongent rapidement dans les fourreaux au freinage).
Extrêmement stable, la VN900 Custom se guide naturellement en courbes, où elle se révèle nettement plus à l'aise qu'attendu : oubliez les clichés du custom "enclumesque" dandinant du croupion en virages et qui racle ses chromes dès que la prise d'angle dépasse 2,5° !
Dans son genre, la Kawasaki est étonnamment agile et jouit d'une garde au sol suffisante pour en profiter (presque) sans compter. Attention toutefois à ne pas dépasser la mesure : une fois les cale-pieds rétractés au contact du bitume, ce sont leurs fixations soudées sur le cadre qui touchent le sol ! A cet instant précis, la marge de manoeuvre devient aussi réduite que celle d'un présidentiable impliqué dans des affaires de mœurs !
Le bilan est somme toute assez enthousiasmant sur le plan dynamique, mais il manque un ingrédient essentiel pour parfaire cet alléchant tableau : un zest de caractère moteur. Cette "âme mécanique" qui rend une moto plus désirable qu'une autre et qui fait (ou non) de chaque tour de roue une expérience inoubliable...
Dès le démarrage, la sonorité étouffée du v-twin comprimé à 9,5 :1 laisse sur sa faim : la mélodie n'est pas désagréable mais bien trop policée et discrète pour ce type de moto. Le contraste avec le sourd et irrégulier "potato-potato" d'une Harley est méchamment saisissant...
Souple et très disponible, le bloc Kawa est du genre très (trop ?) bien élevé : il accepte les très bas régimes sans rechigner - rouler à 50 km/h sur le cinquième et dernier rapport est parfaitement envisageable - et délivre ses 50 ch et ses 78 Nm de couple avec constance et conviction tout au long de ses montées en régime.
Cette linéarité constitue justement son principal défaut : ses accélérations lisses ne provoquent pas d'émois particuliers, d'autant qu'elles s'accompagnent de vibrations une fois passés les mi-régimes. Pas des "good vibes" qui chatouillent les paluches au moment de changer de rapport, mais bien des fourmillements qui brouillent les rétros et fatiguent le pilote, surtout lorsque la vitesse dépasse 110 km/h.
En même temps, ça tombe plutôt bien : l'absence totale de protection et la position bras écartés et jambes tendues vers l'avant sont autant de bonnes raisons d'éviter les excès de vitesse ou les longues étapes sur voies rapides !
Verdict : le juste prix...
Agréable à regarder et facile à vivre, la Kawasaki VN900 Custom est une moto qui mérite le détour : la rigueur de sa partie cycle et ses performances mécaniques satisfaisantes (le twin est capable de dépasser 170 km/h compteur) en font une monture plaisante, voire attachante par ses côtés volontaires.
Les concurrentes de la VN900 Custom |
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Alors pourquoi ses ventes sont-elle aussi confidentielles ? D'abord parce qu'il est difficile de vaincre les a priori : pour bon nombre de bikers, un "vrai" custom provient obligatoirement des chaînes de Milwaukee. C'est une question de principe, mais aussi de légitimité : Harley-Davidson construit des customs depuis 1903, Kawasaki depuis le milieu des années 80.
Qui plus est, si les customs japonais ont longtemps mis en avant leur tarif attractif pour se distinguer de la production américaine, l'argument ne tient plus aujourd'hui : la VN900 Custom (comme la VN900 Classic) est actuellement affichée à 8899 euros, soit quelques centaines d'euros de plus qu'une Sportster à la fois mieux finie et plus charismatique...
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CONDITIONS ET PARCOURS |
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POINTS FORTS KAWASAKI VN 900 CUSTOM 2012 |
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POINTS FAIBLES VN 900 CUSTOM 2012 |
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