Suzuki tente en 2019 un audacieux pari sur le segment des roadsters en lançant une nouvelle Katana. Une moto basée sur la mésestimée GSX-S1000, à l'appellation culte mais au look contesté. Moto-Net.Com a pu l'essayer au Japon et à deux mois de sa sortie en France. Banzai !
Avec sa boucle arrière courte et assez basse, la Katana se laisse enjamber très facilement. On pose les fesses sur une selle assez dure et un peu haute (825 mm) mais la finesse de sa partie avant permet au pilote d'1,80 m d'ancrer ses deux pieds - ses talons même - fermement sur le sol.
Le réservoir compact et bas donne l'impression de chevaucher une moyenne cylindrée. Les cuisses se plaquent contre l'habillage en plastique - brut et non peint, dommage - et les genoux se calent naturellement juste au dessus du cadre. Ils ne sont donc pas trop écartés.
Le guidon élimine toute pression au niveau des poignets. Si certains puristes peuvent regretter la présence de ce haut et large appendice au dépens de demi-guidons plus esthétiques, le gain en ergonomie est colossal. Autre bon point : les jambes ne sont pas pliées !
Contact, moteur : le 4-pattes émet un ronronnement sourd et régulier au ralenti, mais ne rechigne pas à prendre des tours. De courtes rotations de la poignée se traduisent par de belles vocalises : le duo admission et échappement connaissent parfaitement leur gammes. Très bien vu entendu de la part des motoristes !
En saisissant le levier d'embrayage, certain(e)s motard(e)s regretteront peut-être l'absence de réglage. L'écartement du levier de frein, lui, peut être modifié. Sur une moto de cette catégorie, on aimerait disposer du double réglage... Dommage.
Sans surprise en revanche, le moteur fait preuve d'une merveilleuse souplesse : déambuler en centre-ville sur le sixième rapport ne lui posera aucun problème. Moto-Net.Com est toujours chagriné par les à-coups à la remise des gaz - jamais à la coupure. La nouvelle poignée de gaz semble toutefois avoir diminué ce désagrément.
Si la boite de vitesses est toujours aussi rapide et précise, la sélection nous parait un brin sèche. Un constat à modérer en raison du faible kilométrage de notre modèle d'essai (290 km au départ) : Moto-Net.Com fait partie du premier groupe de journalistes à essayer la Katana !
Les premiers tours de roues de MNC sur la route privatisée par Suzuki pour son lancement presse mondial s'effectuent sur un bitume humide et froid. En parallèle du caractère du bon "gros" moteur de la Katana, ces délicates conditions mettent en valeur sa bonne "petite" partie-cycle...
D'aspect plus compacte que la GSX-S1000, la nouvelle "lame" de Suzuki tranche la route avec la même efficacité. Le train avant neutre est évident de prise en main, les mises sur l'angle et le grip assurés par les Dunlop RoadSport 2 - monte d'origine de la Katana, ces nouveaux pneus débarqueront au printemps dans le commerce - sont tout aussi rassurants, voire entrainants.
Occasionnellement, l'antipatinage réglé sur 3 (niveau maxi) par nos prévenants hôtes se charge de réduire discrètement la puissance à la roue arrière. MNC est la plupart du temps à l'origine de ces interventions : en accélérant délibérément - un peu - fort sur le mouillé, le Journal moto du Net s'assure que le système sauvera effectivement la mise de ses "Kataneurs"...
Le parcours proposé par Suzuki pour cette présentation est aussi original que court, intense et instructif : il s'agit de 10 km d'une petite route de montagne que Moto-Net.Com parcourt huit fois (quatre allers-retours), dont la moitié du temps sous un beau soleil.
Sur piste route sèche justement, la traction est si bonne que l'antipatinage calé sur 2 (niveau moyen) n'intervient plus. La rapide et bonne montée en température des gommes Dunlop permet à MNC de mettre du - très - gros gaz sur "sa" route japonaise.
Acclamé pour sa parfaite rondeur dans les bas régimes, le 4-cylindres gagne en vigueur dans les mi régimes : à compter de 4500 tr/min sur les trois premiers rapports, les reprises demandent déjà un bon contrôle de soi, une bonne anticipation des virages ou changements d'adhérence et de la retenue aux abords de petites bosses ou sommets de col. La roue avant reste le plus souvent scotché au sol, mais prudence !
Pour tirer le meilleur de son moteur, le Journal moto du Net monte les quatre premiers rapports lorsque la puissance commence à plafonner. Soit quand le - trop - petit barographe du compte-tours approche des 10 000 tr/min. MNC retient au passage que le sélecteur de la boite n'est pas si dur à manier, y compris à la descente des vitesses.
Les suspensions en revanche se montrent un poil sèches sur les quelques raccords et défauts de notre "spéciale" japonaise. À l'avant, l'apprenti sorcier pilote aura la possibilité et le risque de (dé)régler complètement sa fourche. Le travail sur le mono-amortisseur est plus limité : il ne permet pas de régler la compression.
Pour info, Moto-Net.Com (essayeur de 1,80 m et 75 kg tout équipé, beau et musclé) n'a pas eu à modifier les réglages par défaut des japonais : 4 lumières visibles en précontraite sur la fourche, compression fermée à fond moins 7 clics et détente fermée à fond moins deux tours, deuxième cran "soft" au niveau du ressort de l'amortisseur arrière et détente fermée à fond moins 2 tours. À vos outils !
Dans cette configuration, la Katana impressionne par sa stabilité, même à pleine charge sur des sorties de virages imparfaitement revêtues. L'accord de la fourche et de l'amortisseur est "majeur" : aucune fausse note ne vient perturber la bal(l)ade que MNC mène à une cadence élevée...
Au guidon de la Katana, Moto-Net.Com prend en effet un malin plaisir à mettre la pression sur son prédécesseur improviser : une reprise du frein avant en pleine courbe, une louchette de gaz anticipée en sortie... La Suz est tout bonnement imperturbable !
La garde au sol est tout aussi satisfaisante : à aucun moment les repose-pieds munis de proéminents ergots ne sont venus lécher le bitume lors de notre essai. Les camarades d'arsouille perchés sur de radicales sportives n'ont qu'à bien se tenir : dans le sinueux, la Katana et son "grand" guidon seront redoutables d'efficacité.
Malheureusement pour tenir le rythme de motos plus puissantes, il faudra consciencieusement cravacher les 150 chevaux..; et les abreuver ! Or le joli petit réservoir de la Katana n'embarque que 12 litres d'essence, contre 17 sur la fausse jumelle GSX-S1000...
Quel motard acceptera de modérer ses accélérations pour atteindre les 200 km avant la réserve voire la panne sèche... Pour Moto-Net.Com, l'autonomie trop réduite de la Katana est sa principale faiblesse (Points forts et points faibles dans la colonne de droite pour les lecteurs sur PC, dans "En savoir plus" sur portables....)
Autre critique que le Journal moto du Net formulait à l'encontre de la "Géxesse" et qu'il a pu entrevoir dans les rares bouts droits de notre roulage : des vibrations apparaissent dans les pieds vers 110 km/h et montent aux fesses lorsqu'on croise à plus de 130 km/h sur le 6ème rapport.
L'endurance du pilote de la Katana 2019 risque donc d'être mise à l'épreuve sur les longs parcours, malgré les arrêts fréquents à la station service ! L'épreuve sera-t-elle surmontable ou trop rude ? Seul un futur duel MNC - face à la Honda CB1000R ou à la Kawasaki Z900RS ? - sur plus de 80 km (longueur de notre roulage en cinq heures !) permettra de statuer.
La selle aussi parait un peu dure : un bon point pour ceux qui cherchent à percevoir le travail du train arrière, un mauvais pour ceux qui aimeraient parcourir de longue distance sur cette moto qui offre une positioin de conduite très relax, certes, mais aucune protection au vent. C'est un roadster !
En termes de freinage, le nouveau maxiroadster offre des prestations "maxisportives" : bien calé contre la selle qui remonte sur le réservoir, son pilote peut planter des freinages puissants... ou progressifs grâce aux étriers Brembo aussi mordants que dosables !
La pédale de frein permet de ralentir efficacement la moto en utilisation plus calme. Le toucher n'est pas aussi bon qu'au levier : l'ABS est parfois amené à intervenir pour conserver la roue arrière dans l'axe. Devant, le seul reproche concerne la consistance du levier qui tend à devenir un peu spongieuse en usage - très - sportif, proche du circuit. À valider sur un parcours plus varié que MNC ne finit pas par connaitre presque par coeur...
Pas besoin de contre-visite en revanche pour critiquer l'espace sous le selle : il est nul, archi nul ! Pas moyen donc de loger le moindre gilet jaune pourtant obligatoire en France en cas de pépin sur la route... et préconisé pour montrer son mécontentement - envers toute la classe politique - le samedi sur les ronds-points !
Le verdict de ce premier essai ? La rédaction de Moto-Net.Com a toujours aimé la GSX-S1000 sur le plan dynamique, mais n'a jamais été vraiment charmé par ses courbes... Dans le cas de cette Katana 2019, la situation est plus claire : Matt l'apprécie désormais sur les deux plans et pourrait se porter acquéreur (malgré le réservoir riquiqui), alors qu'Alex ne la calculerait même pas tant elle est laide n'a pas un physique facile !
Reste que lancer sur le marché une moto rendant hommage aux années 80 apparait à tous comme une chic idée. Il serait d'ailleurs aussi chouette - sinon plus ? - de célébrer les 35 ans de la GSX-R750 l'an prochain avec un nouveau modèle explosivo-néo-rétro... Face aux petites YZF-R6 et ZX-6R 636, à l'onéreuse 959 Panigale et à l'attendue Daytona 765, Suzuki aurait une belle carte à jouer !
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CONDITIONS ET PARCOURS | ||
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POINTS FORTS KATANA 2019 | ||
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POINTS FAIBLES KATANA 2019 | ||
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