Les teams d'endurance venus préparer les 24 Heures Moto du Mans ont profité d'un grand soleil pendant deux jours. Au moment où Michelin s'engage en endurance en son nom propre, Moto-Net.Com en a profité pour prendre la température : c'est chaud !
Dans le box d'à côté, ça roule aussi Honda et Michelin : Honda France et sa CBR1000RR n°111 sont de retour cette année pour le Mans et le Bol, avec aux manettes Sébastien Charpentier, Matthieu Lagrive et... Steve Plater !
À l'origine, le troisième homme devait bien être Jean-Michel Bayle, mais une mauvaise chute au ski a rendu le double champion de motocross, triple champion de Supercross américain - et vainqueur des 24 Heures Moto 2002 - indisponible...
Finalement, le nouveau trio s'accorde bien : "ils font le même gabarit et il n'y a pas 10 kg d'écart entre eux, ce qui facilite les compromis", nous précise Bernard Rigoni, le team manager et responsable de la compétition chez Honda France.
Après un premier roulage "très prometteur" les 17 et 18 mars, Sébastien et Matthieu ont poursuivi leur travail sur l'accord châssis/pneus tandis que Steve s'est vite adapté au pilotage de sa nouvelle monture.
"Les gars de Ten Kate ont fait du bon boulot, car ils ont dû repartir de zéro : ils connaissaient la moto, mais sur des Pirelli", observe Matthieu Lagrive, actuellement 6ème du championnat du Monde de Supersport au guidon d'une Honda Althea. "J'ai un peu de mal avec la 600", nous avoue pourtant Matthieu : "la 1000, çà c'est une vraie moto avec laquelle je me fais plaisir !"
"Lagrive a tourné dans les 1'38 et ses coéquipiers ont enchaîné les 1'40", témoignent de leur côté les ingénieurs Michelin. "Matthieu a bouclé un tour en 1'37.3, soit une seconde en dessous de la pole de l'an dernier", nous dévoile même le boss de la 111 !
Les autres teams officiels sont donc prévenus... Mais le SERT (sur Dunlop) et le GMT94 (sur Pirelli), présents eux aussi pendant ces deux jours d'essais, ont pour le moment d'autres préoccupations...
Ainsi, l'équipe de Christophe Guyot doit mener de front ses préparations pour les 24 Heures Moto, les championnats du monde et de France Superbike et le Trophée Pirelli Junior !
"Avec Christophe, on a décidé de mettre la priorité sur les 24 Heures", nous explique David Checa pendant que son team manager quitte sa combi de cuir après ses tours de piste...
Le GMT94 va donc profiter de son week-end à Valence pour avancer sur les réglages "endurance" de la toute nouvelle Yamaha R1, reçue il y a à peine deux mois. "C'est speed", reconnaît David : "là par exemple, on n'a toujours pas de feu avant !"
Mais le pilote espagnol ne s'en plaint pas, bien au contraire : "l'équipe doit être à fond... comme en course, en fait ! C'est un rythme de travail qui me va et je suis souvent meilleur dans ces cas là", nous assure-t-il !
Confiant, David Checa fera bien sûr équipe aux 24 Heures avec son acolyte inséparable Sébastien Gimbert, ainsi qu'avec Erwan Nigon "qui roule très bien", atteste David. La moto, chaussée de Pirelli, fonctionne bien également : "elle est tout de suite allé très vite, aujourd'hui j'ai tourné en 1'39 et je suis plutôt confiant pour la suite", nous livre David, pour qui la principale différence entre les deux derniers modèles de R1 réside dans le pilotage moins physique de la 2009. Quant à la sonorité originale de son 4-cylindres "Cross Plane", Checa connaît déjà : "bah, c'est le même bruit que la M1 (de MotoGP, NDLR), ce qui est sympa surtout c'est de piloter sans bouchons d'oreille, on dirait une moto de route !"
Chez Suzuki, le début de saison est plus calme mais pas moins compliqué : le SERT n'engage plus qu'une seule moto et ne disputera que les manches françaises du championnat du monde d'endurance (lire Moto-Net.Com du 11 décembre 2008), mais avec une GSX-R1000 K9 tout juste sortie de caisse, les 24 Heures arrivent un peu tôt...
"On a reçu la moto le mois dernier et les pièces arrivent au compte-goutte", regrette Vincent Philippe, équipier cette année de Guillaume Dietrich et de Barry Veneman.
"Il est difficile de se jauger les uns les autres, mais Michelin semble un ton au-dessus", concède le pilote franc-comtois, pas mécontent toutefois de ces essais et curieux de savoir si les Bibendums parviendront à conserver leur rythme sur deux tours d'horloge...
De leur côté, les hommes de Dominique Méliand arrivent "pour le moment à être constants", souligne Vincent Philippe qui regrette juste l'absence de pluie : "prendre le départ sans jamais avoir roulé sur le mouillé n'est pas facile"... Une remarque que partagent la plupart des concurrents... Peut-être les essais - les vrais - des 24 Heures offriront-ils quelques averses ?
Le team officiel de Kawasaki France, géré cette année par Gilles Stafler (lire Moto-Net.Com du 3 mars 2009) était absent, mais le team suisse Bolliger était là pour défendre les couleurs des Ninja !
Et contrairement à la R1 et à la GSX-R, la ZX-10R n'a pas évolué cet hiver. Pourtant, Éric Mizera assure à Moto-Net.Com que "le moteur marche très fort, beaucoup mieux que l'an dernier". "Bon, c'est vrai que ça fait un certain temps qu'on est pas monté dessus, donc cette impression va peut-être passer...", relativise-t-il !
D'une manière générale, le pilote français - qui fera équipe avec l'autrichien Saiger, le suisse Muff et l'allemand Penzkofer - se montre très satisfait de sa Ninja n°8 : "les pneus, la moto, tout marche très bien : les mécanos ont bien bossé !"
Éric Mizera vise donc le top 5 car pour le podium, ça risque d'être un peu plus délicat : "à la régulière, le SERT, Honda, Kawa, Michelin et le GMT sont devant... mais on n'est pas à l'abri de surprises !", note malicieusement Éric.
Et c'est en effet l'un des attraits majeurs de l'endurance : "les outsiders peuvent monter sur le podium, ça se voit régulièrement", observe le pilote Bolliger, pour qui "le potentiel est là". Les suisses seront donc à surveiller de près...
Vainqueurs de la Coupe du monde d'Endurance Superstock, le QERT était là avec ses quatre pilotes : "l'équipage course n'est pas encore fait, nous faisons rouler notre nouveau pilote japonais Shinjo", nous explique Erwan Coadou, responsable technique du team qatari désormais basé à... Lannion, dans les Côtes-d'Armor !
"On a eu pas mal de boulot, notamment pour déménager l'atelier en Bretagne", raconte Erwan. Contrairement au SERT et au Junior Team qui ont reçu la K9, le team n°95 roulera avec sa bonne vieille K8 sur les deux ou trois premières manches du championnat.
"Là, on se contente donc de peaufiner les réglages, on ne veut pas claquer le budget là-dessus", estime judicieusement le responsable breton. D'autant que "pour des stocks, les chronos de nos pilotes sont bons. Et puis ce n'est pas le tout d'être rapide, la course dure 24 heures !", rappelle Erwan Coadou...
Les sapeurs pompiers du Team 18 rouleront eux aussi sur leur K8, mais légèrement modifiée cette année : "nous avons changé le kit faisceau et monté le boîtier Yoshimura", nous informe Olivier Guionnet, chef de stand.
Auparavant, les rouges se contentaient du boîtier d'origine : "pour des raisons de consommation notamment", indique Olivier. D'après lui, l'économie réalisée permettait d'éviter deux, voire trois ravitaillements. "Or un ravitaillement, c'est plus d'un tour !"
"Ça nous a même valu de fréquents contrôles sur la capacité de nos réservoirs !", évoque d'ailleurs le responsable dont la stratégie restera malgré tout axée sur la conso cette année, contrairement à d'autres équipes qui "font une moto qui marche très fort et s'arrêtent quand il n'y a plus d'essence".
Le charismatique Stéphane Molinier absent, l'équipe découvrait son nouveau membre : Jérôme Tangre. "La moto est saine et les chronos sont plus rapides encore que l'an dernier", observe le pilote parisien, visiblement ravi d'intégrer ce team.
On retrouvera donc tout ce petit monde dans deux semaines pour la 32ème édition des 24 Heures Moto. Et comme chaque année, toute l'équipe de Moto-Net.Com vous faire vivre en direct la course et ses à-côtés. Restez connectés !
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