Essai Caponord 1200 : le trail sportif selon Aprilia

Balayées par un fort vent de mer et inondées de soleil (!), les routes de Sardaigne sèchent à grande vitesse... Le rythme de l'essai grimpe donc en flèche et l'on tire enfin sur le bicylindre de la Caponord 1200, sa partie cycle et son électronique !

Côté moteur, ce n'est pas une surprise, la Caponord 1200 séduit complètement. Le moulin de la Dorsoduro a beau avoir perdu 5 chevaux pendant le transfert, il possède toujours ce caractère enjoué en mode T, qui vire au caractère bien trempé, car plus réactif, en mode S (Sport).

La Caponord n'est pas un monstre de puissance comme la RSV4, mais les chevaux du bicylindre cavalent extrêmement bien et déboulent avec force après 4000 puis 6500 tr/min. La harde atteint à 8250 tr/min les 125 têtes, soit 500 pattes qui martèlent à grand coup le bitume sarde !

De plus, la sonorité du pot (en position basse avec les valises, voire notre "Point technique") est tout à fait grisante. Notons au passage qu'Aprilia emploie la même feinte que sur la RSV4 : une valve à l'échappement met la sourdine lorsque l'engin est au point mort, mais libère les décibels lors que la première est enclenchée !

Dans le sinueux, on se délecte principalement des 115 Nm décrochés dès 6500 tr/min. La sélection de la boite de vitesse n'est pas à proprement parlé douce, mais sa synchro est suffisamment bonne pour ne pas recourir au dur levier d'embrayage. Même en ville, on se passe volontiers de la commande gauche !

Dans ces conditions de roulage plus sûres et plus sympas, les accélérations en sortie de virage sont déclenchées nettement plus tôt... Resté en mode 3 suite à la pluie matinale, l'Aprilia Traction Control retient un peu trop la moto : il faut impérativement la redresser pour que la centrale daigne libérer les chevaux.

125 chevaux... sauvages

Un court arrêt - l'arrêt sera long si vous n'avez pas bien suivi la démonstration de votre concessionnaire Aprilia concernant les manipulations de l'électronique... - s'impose donc pour réenclencher le mode 1 de l'ATC. Ceci fait, la Caponord 1200 accepte comme toute bonne moto de prendre ses tours quelque soit l'angle d'inclinaison !

Comme toute bonne moto également, la nouvelle Aprilia accepte que l'on reprenne un peu des freins sur l'angle, sans se redresser brusquement ou tracer tout droit. MNC a pu le vérifier à plusieurs reprises en cherchant à mettre la pression sur l'ouvreur pour qu'il presse - toujours un peu plus ! - le pas, ou dans quelques virages espiègles...

Pour compliquer le tout, d'incessantes bourrasques de vent viennent frapper le pilote, la moto, ses valises, sa bulle et ses protège mains. Malgré cela, la tenue de cap de l'Aprilia ne nous déçoit nullement. Mieux, le large guidon facilite les petites corrections de trajectoire.

À l'abri des rafales cette fois, la moto fait preuve d'une remarquable stabilité, que ce soit en ligne droite ou bien calée sur l'angle. La confiance est telle que la centrale finit par racler ! Dans les enchainements rapides, la maniabilité est appréciable : là encore, le grand guidon est bien pratique pour balancer la Caponord 1200 d'un angle sur l'autre... Mais ce n'est pas son seul atout en la matière !

D'après les ingénieurs Aprilia, le fait que la moto saute d'un virage à un autre sans rebondir, dévier de sa trajectoire ou fatiguer son pilote est principalement dû à son système de suspensions semi-actives montées sur la version "Travel Pack" de la Capo' (voire la partie "Travel Pack" de notre Point technique).

Cette opération - ainsi que toutes les autres, qu'elles soient dictées par le pilote ou par la route - est supervisée par le système ADD (Aprilia Dynamic Damping). Or force est de reconnaître que les suspensions Sachs travaillent formidablement bien !

Les aptitudes à l'attaque de la Caponord 1200 sont à la hauteur des espérances : la bécane tient la route, elle ne se bascule pas trop lors des gros freinages et encaisse parfaitement les relances musclées du bicylindre. Les amateurs de petites arsouilles en auront pour leur compte.

Un trail sportif et confortable

Les gros rouleurs sont également copieusement servis puisque le confort de selle se confirme au fil des kilomètres, tandis que les suspensions absorbent merveilleusement bien les déformations de la chaussée. À l'affût du moindre trou, MNC n'a pas épargné la Caponorod qui, en retour, a parfaitement ménagé nos lombaires : pas rancunière cette Italienne !

Même sur de longues séries de petites bosses, les suspensions et leur centrale électronique ne perdent pas le nord et assurent au pilote un confort et une sérénité appréciables. Le mode automatique de la gestion de la précontrainte du ressort d'amortisseur - en complément des détente et compression - se montre fort convaincant : inutile de tester les autres réglages (solo, duo, avec ou sans bagages), l'Aprilia se gère comme une grande !

Si les mains et les genoux sont correctement protégés du vent, voire des intempéries, on ne peut pas en dire autant du buste et de la tête... On s'en doutait : la bulle ne dévie pas le vent des épaules ni de la tête, même relevée au maximum !

Le réglage de la hauteur de l'écran se fait au moyen de deux molettes : il est donc plus prudent de s'arrêter pour varier la position de la bulle. Un dispositif mécanique réglable en roulant comme sur la nouvelle BMW R1200GS aurait été bien plus pratique... On apprécie tout de même la possibilité de la modifier au millimètre près et non par crans, ce qui peut avoir du bon en cas de sifflement intempestif du casque.

Compris dans le fameux "Travel Pack", l'Aprilia Cruise Control permet de conserver une vitesse donnée que l'on se trouve en montée ou en descente, le vent dans le pif ou vent arrière. Pas fastoche en revanche d'atteindre le bouton avec le pouce sans reculer la paume. On change donc involontairement de vitesse. L'exercice demande du doigté.

Sur le 6ème rapport à 4000 tr/min, la Caponord galope à 105 km/h, et ne transmet aucune secousse à son cavalier. La vitesse est parfaitement lisible sur l'écran tout digital de l'Aprilia : niveau informations d'ailleurs, il ne manque que la consommation (voire la partie instrumentation de la fiche technique).

"Cette donnée et de nombreuses autres peuvent être renseignées par votre smartphone (iPhone ou Androïd) via une application que nous avons spécialement développée pour cette machine qui dispose d'une connexion Bluetooth", nous font remarquer les Italiens !

D'après les données récoltées par leur pilote maison, la Caponord 1200 consommerait en moyenne 6,8 l/100km... Mais la moyenne des journalistes essayeurs lors de cette présentation tournait davantage autour des 8,5 à 9 l/100km !

Moto-Net.Com pour sa part, a parcouru 196 km avec 14,95 litres d'essence, soit une consommation sur ce test d'environ 7,5 l/100km. À surveiller donc, lors d'un prochain comparo face aux Multistrada 1200, Versys 1000 ou Tiger 1050 Sport ? Restez connectés !