Coup de tonnerre au Red Bull Ring (Autriche), théâtre du GP de Styrie : Valentino Rossi annonce à 42 ans sa retraite des Grands Prix Moto GP dès la fin de la saison 2021 ! Le nonuple champion du monde, ému mais conscient de l'inévitable déclin de ses résultats, raccroche les gants pour se consacrer notamment à la compétition automobile et sa nouvelle équipe en catégorie reine... Explications et rétrospective.
La saison MotoGP 2021 restera dans les annales pour de multiples raisons : reports et annulations sur fond de coronavirus comme l'an dernier, fantastique domination de Fabio Quartararo avec à ses trousses notre compatriote Johann Zarco, retour laborieux et douloureux pour Marc Marquez et... retraite sportive de la plus grande icône du sport moto, Valentino Rossi, officialisée cet après-midi en amont du GP de Styrie (Autriche) !
"J'ai dit que je vous partagerai ma décision après la trêve estivale : nous y voilà et je vous annonce que je mettrai un terme à ma carrière en fin de saison. 2021 sera ma dernière année en mondial", a déclaré Rossi en préambule d'une conférence de presse exceptionnelle. Séquence émotion alors que ces mots résonnent en salle de presse du circuit Red Bull Ring : les yeux bleus perçants de l'italien reflètent quelques larmes contenues....
Bien qu'envisagée depuis plusieurs semaines (mois, années ?), cette annonce lâchée au sortir de la trêve estivale fait l'effet d'une bombe : Valentino Rossi, 42 ans, est de loin le pilote le plus populaire du plateau MotoGP malgré le déclin de ses performances. Envisager la catégorie reine sans le charismatique italien sera pour certains une véritable épreuve, tandis que les boutiques de produits dérivés vont voir leurs recettes copieusement dévisser...
Sa décision est cependant mûrement réfléchie : l'ultime réalisation d'un grand champion est de réussir sa sortie. Or Rossi ne peut que constater l'écart désormais toujours grandissant de vitesse et d'énergie avec, au hasard, l'actuel leader du championnat, Fabio Quartararo, de 20 ans son cadet. "El Diablo" pourrait être le fils du nonuple champion du monde !
Ironie du sort : le prodige niçois remplace justement la star italienne dans l'équipe officielle Yamaha, alors que Rossi a pris sa place sur la M1 privée de Petronas-SRT avec un soutien de l'usine. Hélas, ce "parachute doré" n'a pas suffi à éviter la chute : le n°46 pointe à une triste 19ème place au provisoire et n'est pas entré une seule fois dans le Top 5. Trois chutes et deux arrivées hors des points émaillent par ailleurs sa demi-saison, avec une 10ème place au Mugello comme meilleur résultat.
A ce stade, l'italien n'avait plus que deux possibilités : se retirer pour se consacrer à son autre passion des courses automobiles et à sa nouvelle équipe en MotoGP, ou rempiler une année supplémentaire dans sa propre structure aux côtés de son demi-frère Luca Marini, comme le souhaitent les argentés saoudiens qui soutiennent son team en Ducati.
"C'est un triste moment, une décision qui n’a pas été facile à prendre, d’autant plus que j’avais la possibilité de poursuivre dans ma propre équipe avec mon frère", confirme Rossi, pour qui cette possibilité était facile à mettre à exécution puisqu'il est son propre patron ! "Ce projet aurait été beau, mais je pense avoir fait le bon choix".
La pilote le plus titré de l'ère moderne des Grands Prix fait finalement le choix de la raison : raccrocher les gants plutôt que s'accrocher à sa gloire passée, alors que sa dernière victoire - au GP des Pays-Bas - remonte déjà à quatre ans. L'talien, 15ème du championnat l'an dernier, n'est plus monté sur le podium depuis le GP d'Andalousie au début de la saison passée...
"Les résultats obtenus jusqu’à présent sont en-deçà de mes attentes", regrette-t-il. "Bien évidemment, ma vie changera quelque peu : je m’en rendrai davantage compte d’ici deux ou trois mois. Quoi qu’il en soit, je me suis toujours donné à fond, j’espère avoir fait la fierté de mes fans. J’ai vraiment vécu de beaux moments en l’espace de 26 ans, avec toute mon équipe et mon entourage".
Si le retrait de Valentino Rossi provoque une vive émotion, sa décision apparaît pourtant sensée : la star transalpine n'est plus en mesure d'inverser la tendance, comme tant d'autres avant lui. Nul ne peut être et avoir été, y compris celui que d'aucuns considèrent comme un demi-dieu ou un complet prodige, au choix ! Ses ambitions de dixième titre de champion du monde resteront pourtant à l'état de rêves...
Rossi évite l'humiliation de la saison de trop - bien que 2020 était déjà limite et que 2021 soit un cauchemar -, tout en maintenant intacte cette popularité qui lui assure de confortables revenus via son immense empire VR46. Pas moins de 12,9 millions de fans le suivent sur Facebook, soit presque autant que la page officielle du MotoGP (16 millions d'abonnés) ! Yamaha ne s'y est pas trompé en lui proposant d'ores et déjà un rôle d'ambassadeur de la marque.
Aucun autre pilote ne rivalise il est vrai en notoriété : le champion du monde en titre, Joan Mir, ne fidélise que 171 000 abonnés sur le réseau social alors que Marc Marquez en compte "seulement" 4,5 millions. Rossi est à l'origine d'une forme élaborée de "star system" en sport moto, mais la relève est prête : Fabio Quartararo totalise déjà 674 000 abonnés et sa "cote" grimpe vite sur les réseaux.
"Ce que je ferai après ?", réagi l'italien à l'inévitable question sur ses projets. "Comme je l’ai toujours dit, j’adore courir avec les voitures, certes un peu moins qu’en moto. Je vais donc courir en voiture à partir de l’année prochaine : rien n'est encore décidé, mais j’ai le sentiment que je serai un pilote de moto ou un pilote de voiture durant toute ma vie".
Deux décennies de succès confèrent ce statut de légende à Valentino Rossi : l'italien remporte sa première victoire en championnat du monde en 1996 sur une 125 cc Aprilia, avant de coiffer sa première couronne l'année suivante. Fidèle à sa stratégie - "une année pour apprendre, une année pour gagner" -, le transalpin double la mise en 1999 en 250 cc.
L'appétit victorieux de l'ogre de Tavullia se maintient en catégorie reine : cinq titres consécutifs de 2000 à 2005 avec jusqu'à onze victoires par saison (2001, 2002 et 2005) ! Sa suprématie est totale, comme en témoigne par exemple le GP d'Australie 2003 : agacé d'avoir écopé d'une pénalité de dix secondes, il met gaz en grand pour s'imposer avec 15,2 sec d'avance !
Ses victoires et son panache lui assurent les faveurs du public qui prend goût à ses facétieuses mises en scène de célébration ainsi à ses répliques tantôt amusantes, souvent piquantes et parfois blessantes. Rusé, le n°46 maîtrise à comme personne "l'art" de la guerre psychologique et maintient la pression sur ses rivaux par médias interposés.
Au sommet de sa gloire, l'icône du MotoGP claque fin 2003 la porte du HRC pour rejoindre l'ennemi Yamaha : le transalpin veut prouver à Honda que le pilote est plus important que la moto. Jamais en phase avec le constructeur tokyoïte, Rossi prend le risque de troquer l'ultra performante RCV à moteur 5-cylindres contre une YZF-M1 et son "poussif" 4-cylindres...
Son pari, particulièrement osé, est gagnant : le n°46 conserve sa couronne en 2004 sur une M1 profondément remaniée, signant un succès mémorable dès sa première course en Afrique du Sud ! Yamaha, qui avait raté le passage au 4-temps, lui doit un spectaculaire retour au premier plan qui continue à inspirer tous les jeunes pilotes... et même certains constructeurs !
Cette trajectoire dorée fléchit au milieu des années 2000 : après avoir apporté un deuxième sacre à Yamaha en 2005, Valentino Rossi chute pour la première fois de son piédestal la saison suivante. Le titre lui échappe au profit du regretté Nicky Hayden lors d'une finale haletante à Valence (Espagne), où le champion mord la poussière !
Touché mais pas coulé, le Docteur fera mentir ses contempteurs qui le jugeaient fini en remportant de nouveau le titre suprême en 2008 et 2009 ! Rossi repousse alors avec panache une adversité venue de l'intérieur : celle de son nouveau coéquipier Jorge Lorenzo, sur lequel Yamaha place ostensiblement de grandes ambitions.
Le jeune majorquin représente l'avenir aux yeux de Yamaha, alors que l'expérimenté italien incarne un présent condamné à se conjuguer au passé... Vexé, Valentino Rossi quitte le blason d'Iwata pour rejoindre Ducati en 2011.
Mais le mariage du siècle tourne vite au fiasco : Rossi, 32 ans, n'est pas (plus ?) en mesure de rééditer l'exploit signé huit saisons auparavant sur la Yamaha. Les conditions sont différentes, la compétitivité des MotoGP s'est resserrée et la Desmosedici est une garce aussi sauvage que Casey Stoner, seul pilote à avoir obtenu le Graal à son guidon en 2007 !
Le fils de Graziano Rossi - pilote de vitesse au style et au tempérament "flamboyants" - subit deux années infernales durant lesquelles les chutes et les déceptions s'accumulent, à l'inverse des bons résultats. Trois podiums lui seront accessibles avec la Ducati : un en 2011 et deux en 2012.
Pourtant humilié par la presse italienne qui lui conseille - déjà ! - la retraite, il ne cédera pas à la facile tentation de fustiger son employeur et compatriote. Valentino Rossi boit son calice jusqu'à la lie avec une dignité qui force le respect. Rossi apprend à perdre après avoir tout gagné pendant quinze ans...
Yamaha - qui n'a pas oublié son impact sur ses résultats sportifs et économiques ! - lui offre une porte de sortie à la hauteur de son palmarès : Valentino Rossi retourne aux côtés de Jorge Lorenzo sur la M1 officielle en 2013. Ils forment le duo idéal pour contrer une nouvelle menace aux couleurs Honda : Marc Marquez !
L'expérience de Rossi alliée à la vitesse de Lorenzo n'y suffisent pas : le débutant espagnol assomme d'entrée de jeu la concurrence et devient le plus jeune champion du monde MotoGP. L'année suivante, en 2014, le n°93 efface des tablettes le record de victoires de Rossi avec treize succès - dont dix d'affilée ! - contre onze pour l'italien.
Valentino Rossi aura battu plusieurs générations de pilotes pendant sa longue carrière : de Max Biaggi à Jorge Lorenzo en passant par Sete Gibernau, Loris Capirossi, Carlos Checa, Marco Melandri, Dani Pedrosa et Casey Stoner. Mais, au final, seul Marc Marquez lui résistera : Rossi a remporté quelques belles batailles mais n'a jamais dominé le bouillant catalan - de 17 ans son cadet.
Est-ce pour cette raison que l'entente entre ces deux monstres sacrés s'est vite détériorée ? Toujours est-il que l'italien et l'espagnol se détestent cordialement depuis le tristement célèbre clash de Sepang, où ils se sont volontairement gênés jusqu'à la chute de Marquez.
Rossi, qui accuse son rival d'aider Lorenzo à accéder au titre depuis la course précédente en Australie, écope d'une sanction à la finale de Valence (Espagne) qui lui coûte potentiellement sa dixième couronne mondiale. Sa motivation en prend un rude coup, mais il se maintient pourtant dans la course au titre en 2016 (2ème derrière Marquez).
2017 marque le début de récurrents problèmes de motricité chez Yamaha : "Vale" recule à la 5ème place au championnat, remonte à la 3ème place en 2018 puis signe sa moins bonne saison en 2019 : 7ème, avec seulement deux podiums. A ces difficultés - partagées avec son équipier Viñales - s'ajoute une baisse sensible de sa vélocité...
2017 marque aussi et surtout l'année de la dernière victoire de Valentino Rossi dans la "Cathédrâle" d'Assen (Pays-Bas)... L'annonce de sa retraite signifie que son compteur restera bloqué à 115 succès en Grands Prix (à sept longueurs du record absolu d'Agostini !), dont 89 en catégorie reine. Chapeau, maestro !
Le départ en retraite de Rossi libère un guidon, et pas n'importe lequel : celui d'une M1 Petronas-SRT. Autant dire une moto très convoitée notamment par Marco Bezzecchi ou Raul Fernandez, que Yamaha souhaiterait récupérer malgré son contrat le liant à KTM. Jake Dixon et Xavi Verge - qui roulent en Moto2 pour le team malaisien - comptent aussi parmi les prétendants.
Valentino Rossi manquera, c'est certain, au MotoGP et le MotoGP manquera à Valentino Rossi, mais de nouveaux projets s'ouvrent à lui : assouvir ses ambitions en compétitions automobiles, s'investir pleinement dans sa VR46 Académy et... songer plus sérieusement à ce projet d'enfant que sa compagne Francesca Sofia Novello (27 ans) et lui évoquent régulièrement. Restez connectés !
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