Les premiers tests d'intersaison MotoGP à Jerez (Espagne) tournent de nouveau à l'avantage de Ducati et de Francesco Bagnaia, qui profite de nombreuses évolutions pour repousser Fabio Quartararo à presque une demi-seconde. Le champion du monde en titre, inquiet, déplore à l'inverse le manque de progrès de sa Yamaha d'usine… Compte rendu et classement.
Les MotoGP ont pris le chemin de l'Andalousie et du sélectif circuit de Jerez de la Frontera pour les deux premières journées d'essais officiels de l'intersaison. Deux jours extrêmement importants pour valider avant la trêve hivernale les nouveautés 2022 découvertes deux mois auparavant au test de Misano (Italie).
L'absence de Marc Marquez - qui souffre de diplopie depuis sa chute en tout-terrain - est donc un sérieux handicap pour Honda, dont les rangs étaient d'autant plus clairsemés que son deuxième pilote officiel Pol Espargaro souffrait toujours le martyr suite à son violent high side pendant les essais de la finale à Valence (Espagne). L'espagnol n'a d'ailleurs pas roulé le premier jour à cause de ses douleurs aux côtes.
Le HRC - qui a enregistré à Valence son premier double forfait en MotoGP 4-temps - est contraint de faire évoluer sa RC213V sans son chef de file, avec le risque de suivre une mauvaise direction face aux ressentis différents de Takaaki Nakagami, Alex Marquez et Pol Espargaro. Trois pilotes certes rapides, mais qui n'ont pas gagné une seule course en 2021… contrairement à Marc "mi-temps" Marquez qui s'est imposé trois fois malgré son bras faiblard !
Le blason ailé se montre cependant satisfait de ces deux jours à Jerez, puisque ses trois pilotes en piste auraient détecté de grands progrès sur la Honda 2022, notamment en matière de motricité. La nouvelle RC213V, jugée très prometteuse par Marc Marquez lorsqu'il l'a découverte à Misano, serait à la fois plus performante et moins exclusive.
Pol Espargaro - premier pilote Honda de ces tests - termine au 4ème rang devant Maverick Viñales sur l'Aprilia et Joan Mir sur la Suzuki. Takaaki Nakagami, leader de la première journée devant les Ducati de Zarco et Bastianini, place une deuxième RCV dans le top 10.
Mais le constructeur le plus en verve est de nouveau Ducati, qui a tout raflé à Jerez : le meilleur chrono grâce à Francesco Bagnaia et les évolutions les plus remarquées avec un nouvel échappement et un nouveau carénage. Sans parler de l'introduction du nouveau team de Valentino Rossi avec, comme prévu, ses pilotes Luca Marini et Marco Bezzacchi !
Notons que cette équipe "VR46 Racing Team" n'associe toujours pas l'Arabie saoudite et sa compagnie pétrolière Aramco sur ses carénages, ni dans son appellation. L'accord serait pourtant scellé depuis plusieurs mois pour faire du royaume le principal sponsor de la structure du "Docteur à la retraite". Mais force est de constater que ce sponsoring n'est toujours pas affiché…
A noter également que Luca Marin - demi-frère de Rossi - pilotait une Desmosedici 2021, et non une 2022 comme prévu par son contrat : la marque de Bologne se justifie en évoquant le manque de temps pour préparer les huit motos - le plus fort contingent en MotoGP - qui défendront ses couleurs l'an prochain, avec l'ajout du team Gresini qui passe d'Aprilia à Ducati.
Johann Zarco, sur une Desmosedici 2022, signe pour sa part une lointaine 17ème position devant son coéquipier Jorge Martin : les deux pilotes Pramac se sont davantage concentrés sur la découverte des nouveautés que sur les chronos en première partie de journée, alors que l'arrivée du vent dans l'après-midi ne permettait plus d'améliorer.
"Un bon test dans l'ensemble", estime pourtant Johann qui a été gêné vendredi par le vent. "C'était plus dur que le jeudi car le vent allait dans une direction différente : j'ai eu des difficultés dès le premier run, mais j'ai pu encore faire beaucoup de tours sans chuter, ce qui est important pour bien terminer l'année et être assez constant."
Inquiet des avancées de Ducati, Fabio Quartararo faisait grise mine après ces deux journées d'essais… Le nouveau champion du monde s'inquiète davantage du surplace constaté sur sa moto que des 0,452 sec concédés à Francesco Bagnaia, qui a par ailleurs su tirer parti des meilleures conditions le matin pour claquer son chrono.
"J'espère qu'on fera des progrès à Sepang, parce qu'on a testé beaucoup de choses et que je n'ai pas vraiment senti de progrès", regrette le jeune niçois qui s'est montré peu emballé par le nouveau châssis et encore moins par la configuration 2022 du moteur.
"C'est exactement le même qu'à Misano et ce n'est pas suffisant : nous avons besoin de plus de puissance pour nous battre avec les Ducati. Yamaha sait sur quels aspects ils doivent travailler, qui sont pour moi au nombre de trois : le grip, la vitesse de pointe et les wheelings que nous avons par rapport aux autres motos".
Déçu par le manque d'avancées de sa M1, Fabio Quartararo n'hésite pas à conditionner son renouvellement de contrat avec ses attentes techniques : "Ils savent très bien ce qu’il faut faire pour me garder : ce qui est en jeu est mon avenir et je veux avoir la meilleure moto possible", prévient-il.
"Les portes sont ouvertes", rappelle le n°20 qui a récemment révélé que son manager Éric Mahé était à l'écoute de toutes les propositions. En clair, si la Yamaha ne franchit pas l'étape désirée, Fabio pourrait changer de crèmerie à la fin de son contrat fin 2022...
Lucide, le jeune français reconnaît néanmoins les mérites de son équipe et de sa moto et rappelle à juste titre que c'est lui le patron : "je rentre chez moi en champion, c'est moi qui ai gagné le championnat. Certes, ce n'était pas le test qu'on espérait, mais je ne suis pas inquiet car je sais que Yamaha va énormément travailler".
Reste que ce test en faveur de Ducati s'ajoute à une fin de saison dominée par les Rouges : la marque championne du monde des constructeurs s'est adjugée les six dernières pole positions et Bagnaia quatre des six dernières victoires. Clou de cette démonstration : le GP de Valence a vu le premier triplé Ducati en qualifications puis en course, alors que Fabio Quartararo limitait la casse (5ème) !
Frustrant pour le français, qui a vécu à l'inverse un dernier tiers de saison moins productif : Fabio ne s'est plus imposé depuis son cinquième succès au GP de Grande-Bretagne fin août. Son dernier podium, au GP des Amériques à Austin (Etats-Unis), remonte à début octobre : fort heureusement, le n°20 a su gérer son avance en marquant de gros points même dans la difficulté.
Pendant ce temps, Ducati s'est illustré aux avant-postes pour finalement inscrire au total le plus grand nombre de victoire (7), de podiums (24) et de pole positions (11) : illustration aussi de la compétitivité de ses pilotes - Zarco et Martin ont bien participé à cette moisson -, alors que seul Fabio a performé cette année chez Yamaha.
Suzuki, plus discret que Ducati, avait également un nombre important de nouvelles pièces à tester sur les GSX-RR : Joan Mir et Alex Rins avaient du pain sur la planche entre le nouveau moteur, le bras oscillant et le châssis redessinés, la nouvelle aérodynamique et les nouveaux réglages électroniques.
Les deux pilotes espagnols n'ont pas caché leur satisfaction devant les avancées et l'investissement réalisés par Suzuki, à qui ils avaient justement reproché cette saison d'avoir fait du surplace face à leurs rivaux. La 3ème place de Rins et la 6ème de Mir sont perçues comme de bons indicateurs pour l'an prochain.
Satisfaction aussi pour Aprilia, qui place son nouveau top pilote Maverick Viñales dans le top 5 à 0,750 sec du leader : la marque italienne testait un nouvel échappement SC Project, des évolutions châssis et des ailettes redessinées. Le pilote d'essai Lorenzo Savadori étrennait pour sa part un nouvel embrayage et un autre carénage.
Chez KTM, châssis et aérodynamique étaient les priorités pour ce test alors que la marque Orange a accusé le coup pour sa première saison sans concession réglementaire. Son premier pilote, Brad Binder, se hisse à la 11ème place.
A noter que Darryn Binder, cadet du pilote KTM, termine ses premières journées sur sa KTM Tech3 à la 26ème position après une chute dans le virage 9, la seule à déplorer de la journée. Fabio di Giannantonio, 19ème, est le premier débutant de ces essais avec sa Ducati-Gresini millésime 2021.
Le prochain test d'intersaison MotoGP est prévu à Sepang (Malaisie) en février prochain : restez connectés !
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Plateau : Les pilotes et leurs motos 2024
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07 avril : GP d'Argentine (annulé)
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26 mai : GP de Catalogne
02 juin : GP d'Italie
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04 août : GP de Grande-Bretagne
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08 septembre : GP de San-Marin
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22 septembre : GP Kazakhstan (annulé !)
22 septembre : GP d'Emilie-Romagne
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20 octobre : GP d'Australie
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