Le Grand Prix de Styrie, deuxième course MotoGP consécutive disputée en Autriche, a de nouveau été marqué par des rebondissements au premier rang duquel le spectaculaire accident de Maverick Viñales, contraint de sauter de sa moto à plus de 200 km/h faute de freins ! Explications.
Après l'effrayant accrochage entre Johann Zarco et Franco Morbidelli lors du GP d'Autriche, source d'intarissables polémiques et d'une pénalité discutable envers le français, le Grand Prix de Styrie la semaine suivante a de nouveau connu un crash qui fait froid dans le dos : celui de Maverick Viñales dans le 17ème tour.
L'image restera dans les mémoires : l'espagnol a dû s'éjecter de sa moto à environ 220 km/h aux abords du premier virage, sa M1 poursuivant ensuite sa course seule vers les protections gonflables qui ont littéralement explosé sous la violence de l'impact. La vidéo ci-dessous traduit toute la vitesse et l'intensité du choc...
La raison de cette incroyable scène ? Les freins Brembo de la Yamaha officielle avaient rendu l'âme, victimes d'une inexorable surchauffe. Viñales n'a pas eu d'autre choix que de "sauter en marche" pour éviter de finir satellisé sur les bords de piste : ce réflexe salutaire lui permet de s'en tirer uniquement avec quelques brûlures dans le dos. Ouf !
"Je n'ai jamais eu ce sentiment auparavant : perdre complètement les freins au point de devoir sauter de la moto !", s'exclamait le n°12, pendant que les commissaires arrosaient sa moto en flammes. "Je comprends comment c'est arrivé : le frein a surchauffé, mais ce n'est certainement pas un problème courant", analysait-il en accusant à demi-mots le fournisseur de frein italien...
Sauf que Brembo a immédiatement réagi en rappelant que Viñales - tout comme Joan Mir - n'avait pas suivi ses recommandations : l'espagnol est resté fidèle à un format d'étriers et de plaquettes de taille plus réduite, alors que le fournisseur de freins du MotoGP avait instamment préconisé d'utiliser le dispositif 2020 de plus grand format !
"J’ai gardé les anciens étriers et ils ont très bien marché : en essais libres 4 il faisait très chaud et les freins ne m’ont posé aucun problème. Ils ne m’ont trahi qu’en course", affirme le pilote Yamaha, qui justifie son choix d'ignorer les conseils de Brembo par son manque de sensations avec le dispositif 2020...
Or les exigences du circuit de Spielberg en matière de freinage mettent à mal les plaquettes en raison du développement particulier du tracé : la piste autrichienne - la plus rapide du calendrier avec Philipp Island - ne compte que dix virages, majoritairement à droite, dont une cassure ! Les vitesses atteintes entre chaque courbe sont donc très élevées, soit autant d'énergie à canaliser au freinage !
Malgré leurs disques carbone, les freins MotoGP peuvent entrer en surchauffe face à des freinages longs et violents : des "becs" chargés de diriger l'air frais vers les étriers sont pour cette raison installés sur les circuits problématiques comme Spielberg, Sepang (Malaisie) ou Motegi (Japon). L'Aprilia RSV4 1100 est à ce jour la seule moto de série à proposer ces appendices entourés en rouge ci-dessous.
Le phénomène prend davantage d'ampleur en paquet, puisque le refroidissement des freins est contrarié par l'air chaud expulsé par les échappements des motos précédentes. Viñales, qui avait comme souvent rétrogradé après quelques tours, s'est justement retrouvé dans cette situation avant de connaître ses premières alertes dès la 4ème boucle...
Inquiet, le n°12 a même levé le bras pour signaler ses soucis... avant de replonger le nez dans sa bulle avec l'espoir que la situation s'améliore ! "Mack" était donc parfaitement conscient d'être confronté à un problème de frein, bien avant que ces derniers ne le lâchent une dizaine de tours plus tard.
Penaud, l'espagnol avoue après coup avoir forcé le destin en espérant pouvoir marquer quelques points : "Je ne voulais pas abandonner et j’ai continué à rouler jusqu’à ce que les freins me lâchent : à la fin il n’y avait plus de plaquettes et j’ai fini sans freins", reconnaît-il avant de faire son mea culpa.
"J’aurais dû m’arrêter plus tôt car je l'ai senti virage après virage, mais je ne le voulais pas. C'est entièrement de ma faute", confie le coéquipier de Rossi, qui espérait rebondir après un début de saison erratique : deux fois deuxième à Jerez, Viñales n'a ensuite inscrit que huit points lors des trois manches suivantes...
Le pilote officiel Yamaha, parmi les favoris pour le titre en l'absence de Marc Marquez, se voit par conséquent repoussé au 5ème rang au provisoire, loin derrière son futur coéquipier Fabio Quartararo : 48 points contre 70 pour son jeune rival, pourtant lui aussi à la peine depuis son fantastique doublé victorieux en Andalousie !
Sans surprise, Maverick Viñales s'est par ailleurs attiré les foudres de ses rivaux après son choix de continuer la course avec des freins défaillants : Alex Rins, notamment, n'a pas caché son mécontentement devant ce qu'il considère comme une prise de risques inacceptable.
"Si Maverick savait depuis quelques tours qu’il n’avait plus de freins, et c’est pour ça qu’il avait levé la main, il aurait dû rentrer au box par sécurité", estime le pilote Suzuki. "Je ne comprends pas pourquoi il continué : c'est un point que nous aborderons lors de la prochaine réunion de la commission de sécurité".
Valentino Rossi explique de son côté que le déficit de vitesse de pointe de la M1 est aussi à l'origine des déboires de son voisin de box : les Yamaha roulant moins vite que leurs rivales, ses pilotes sont obligés de freiner plus tard pour tenter de refaire leur retard !
"Les Yamaha souffrent encore plus parce que nous devons forcer sur les freins pour reprendre ce que nous perdons en ligne droite", développe le Docteur, qui a pour sa part adopté les nouveaux étriers et plaquettes de grand format sans se poser de question.
Autre problème pour Maverick Viñales : l'incendie qui s'est déclaré sur sa M1 après sa chute a pu endommager le 4-cylindres de sa Yamaha. Son moteur est actuellement examiné pour déterminer s'il peut ou non être ré-utilisé lors du prochain Grand Prix prévu à Misano (Italie) le 13 septembre...
Yamaha ne peut se permettre de perdre un nouveau moteur : Viñales n'a plus que quatre blocs sur les cinq à sa disposition après qu'un souci technique pendant les essais du GP d'Espagne a contraint à mettre son premier moteur de côté par précaution. Son 4-cylindres a aussitôt été renvoyé au Japon pour analyse, tandis que Rossi et Morbidelli ont ensuite tour à tour connu une casse en course qui a également amputé leur allocation !
Le constructeur japonais a depuis décidé d'abaisser le régime maxi des M1 pour prévenir d'autres risques d'avaries, ce qui explique leurs difficultés en termes de vitesse de pointe : les Yamaha ne sont déjà pas spécialement rapides d'origine, alors bridées...
Autant de difficultés qui s'accumulent au point même de pouvoir oublier les espoirs de titre selon Viñales : "il faut mettre de côté le championnat : nous devons vraiment faire progresser la moto", assure-t-il avec fatalisme... et une pointe de mauvaise foi : Yamaha n'y est a priori pour rien quant à ses soucis de frein.
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Plateau : Les pilotes et leurs motos 2024
10 mars : GP du Qatar
24 mars : GP du Portugal
07 avril : GP d'Argentine (annulé)
14 avril : GP des Amériques
28 avril : GP d'Espagne
12 mai : GP de France
26 mai : GP de Catalogne
02 juin : GP d'Italie
16 juin : GP du Kazakhstan (reporté)
30 juin : GP des Pays-Bas
07 juillet : GP d'Allemagne
04 août : GP de Grande-Bretagne
18 août : GP d'Autriche
01 septembre : GP d'Aragon
08 septembre : GP de San-Marin
22 septembre : GP d'Inde (annulé)
22 septembre : GP Kazakhstan (annulé !)
22 septembre : GP d'Emilie-Romagne
29 septembre : GP d'Indonésie
06 octobre : GP du Japon
20 octobre : GP d'Australie
27 octobre : GP de Thaïlande
03 novembre : GP de Malaisie
17 novembre : GP de la "Solidarité"
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