Qu'on le veuille ou non, le GP d'Argentine MotoGP 2018 marque une nouvelle étape dans la guerre plus ou moins froide qui oppose Marc Marquez et Valentino Rossi depuis 2015 et le "Sepang Clash"... Outre le comportement problématique de l'officiel Honda en piste, le fait que le Docteur n'ait pas daigné accepter ses excuses à l'arrivée jette incontestablement une nouvelle rasade de Motul - sponsor titre de l'épreuve - sur un feu qui couve toujours depuis deux ans... S'agit-il d'un nouveau "TermasClash" ou d'un simple fait de course qui a mal tourné ? Débriefing.
Valentino Rossi, Yamaha Movistar (11ème en qualifs et 19ème en course) : "Je vais bien, mais c'est une très mauvaise situation. Si on prend l'exemple de ce qui s'est passé ce week-end, un incident peut arriver à tout le monde. On peut faire une erreur au freinage, on peut toucher un autre pilote. Ca peut arriver, c'est la course. Mais depuis vendredi matin, Marquez a fait ça à Viñales et à Dovizioso, samedi matin à moi et aujourd'hui il a foncé directement dans quatre pilotes".
"Si on commence à courir comme ça, on augmente très dangereusement le niveau de risques. Si tous les pilotes se mettent à rouler comme ça, la moto va devenir un sport très dangereux et ça va mal finir. C'est une situation très dangereuse et j'espère que ce que j'ai dit à Mike Webb, le directeur de course, les incitera à prendre davantage leurs responsabilités. Il faut qu'ils fassent quelque chose".
"J'ai peur quand je suis en piste avec Marquez", assure le nonuple champion du monde. "J'ai eu peur aujourd'hui en voyant son nom sur mon panneau. Je ne suis pas la direction de course - c'est à eux de décider - mais en se comportant comme ça il détruit notre sport, car quand on roule à 300 km/h sur circuit il faut faire preuve de respect envers nos concurrents".
Pour Massimo Meregalli, directeur du team Yamaha, le GP d'Argentine se résume à "une journée spectaculaire et dramatique, dans le sens où il s'est passé beaucoup de choses qui échappaient au contrôle de l'équipe et de nos pilotes, mais qui ont joué un rôle crucial dans le dénouement de la course".
"La réorganisation de la grille de départ est quelque chose qu'on n'avait jamais vu en Grand Prix", poursuit le team manager. "Malgré la confusion et le chaos engendrés par cette procédure, Maverick et Valentino ont réussi à rester concentrés. Valentino était sixième derrière Maverick quand sa course a été compromise par Marquez".
"Nous respectons la décision de la direction de course d'imposer une pénalité de 30 secondes à Marquez, mais nous pensons que son style de pilotage dangereux devrait être plus sérieusement découragé (comprendre "plus sévèrement sanctionné", NDLR) pour des raisons de sécurité et pour le bien du sport", conclut Meregalli. "Maverick est remonté à la cinquième place, mais beaucoup de dégâts ont été faits puisque Valentino rate beaucoup de points au championnat. C'est une fin de week-end décevante pour lui, mais toute l'équipe se battra pour rattraper cette défaite lors du prochain GP des Amériques à Austin, où nous espérons ne voir que du fair-play en course"...
"C'est dangereux, inacceptable et ça mérite une sanction très forte", surenchérit Lin Jarvis, patron de l'équipe Yamaha en MotoGP en s'interrogeant sur les 30 secondes de pénalité "qui reviennent à lui imposer un deuxième "ride through". De notre point de vue, nous risquons les blessures d'un pilote et nous perdons de nombreux points"...
"Nous avons clairement exprimé notre point de vue auprès de la direction de course en leur demandant d'empêcher ce genre de comportement à l'avenir", poursuit Jarvis. "Comment ils feront et quelles pénalités ils décideront, ça les regarde"... Marquez devait naturellement "faire preuve d'agressivité pour remonter après son ride through", admet-il, mais "il avait été le plus rapide tout le week-end et il y a des endroits et des moments pour dépasser. Quand on est plus rapide au chrono que n'importe qui, il y a de nombreuses possibilités de doubler et ce n'est pas la peine de forcer le passage dans un virage en mettant un autre pilote en danger. C'est ce genre de comportement qu'on veut faire cesser"...
Marc Marquez, Honda Respsol (6ème en qualifs et 18ème en course) : "C'était une course difficile dans des conditions très difficiles, avec plusieurs points noirs. Juste avant le départ j'ai eu un problème avec le moteur qui a calé. On verra ça plus tard. J'ai levé la main, mais il n'y avait personne. J'ai réussi à redémarrer la moto et j'ai recherché de l'aide auprès des commissaires, car je ne savais pas si je pouvais reprendre ma place sur la grille puisque ma moto avait redémarré, ou si je devais retourner au stand. Un commissaire a levé les mains et un autre a levé le pouce, ce que j'ai interprété comme le signe que je pouvais rester".
"Quand j'ai vu le message de pénalité sur mon tableau de bord (passage au stand, NDLR) je n'ai pas compris, mais j'ai bien sûr obtempéré", poursuit le champion du monde en titre. "Puis j'ai naturellement tenté d'attaquer pour remonter et malheureusement j'ai commis des erreurs, la plus grosse à mon avis étant le choc avec Aleix (Espargaro, NDLR). Je n'ai pas réalisé que je roulais plus vite que lui en arrivant sur lui. J'ai fait de mon mieux pour éviter le contact, mais hélas je n'ai pas réussi. J'ai vu la pénalité (rétrograder d'une place, NDLR) et pour être sûr, j'ai rétrogradé de deux places au lieu d'une seule avant de recommencer à attaquer".
"Avec Valentino c'était différent, car c'était une conséquence des conditions de piste. J'ai roulé sur une partie humide, j'ai bloqué l'avant et j'ai relâché les freins. J'ai essayé de tourner, encore une fois en faisant tous les efforts pour éviter le contact. Quand il a chuté, je me suis immédiatement excusé. C'était un incident de course comme celui qui avait eu lieu un peu plus tôt entre Zarco et Dani, puis avec Petrucci et Aleix".
"C'était un dimanche risqué. Bien sûr j'ai commis des fautes et je le reconnais. D'autres erreurs ont été commises par la direction de course sur la grille, et d'autres étaient dues aux conditions difficiles, mais une chose est sûre : jamais au cours de ma carrière je n'ai eu l'intention de percuter un autre pilote".
L'analyse de Moto-Net.Com : S'il est un élément à peu près clair dans toute cette histoire, c'est que les relations entre Marc Marquez et Valentino Rossi vont de nouveau se crisper... Leur animosité, toujours latente depuis le GP de Malaisie 2015, va continuer à hanter les prochaines courses de la saison 2018 et risque malheureusement de pousser les - nombreux - fans du Docteur à continuer à siffler le champion du monde en titre dès qu'il montera sur ses - non moins nombreux - podiums...
Le Journal moto du Net se gardera bien de dire qui a raison et qui a tort. Côté positif, notons que les deux stars internationales de la moto sont désormais séparées de 4 petits points au championnat (Marquez 5ème avec 20 points devance Rossi 8ème avec 16 points), ce qui est de bon augure pour le spectacle - à condition, comme l'appelle de ses voeux Massimo Meregalli, que les courses restent fair-play...
Il ne faudrait pas en effet que les tribunes des circuits de Grands Prix se transforment en de vulgaires arènes de règlement de comptes, comme on le déplore parfois dans le football... Si la fébrilité de Marquez peut s'expliquer après une procédure de départ aussi calamiteuse et des conditions de piste aussi piégeuses, la colère et la déception de Rossi peuvent également se comprendre... Surtout si, comme l'assure le Docteur, Marquez "l'a fait exprès, ce n'était pas une erreur car il vise entre la jambe et la moto, de façon à ne pas chuter tout en espérant faire tomber l'autre"...
The moment everyone is talking about from #ArgentinaGP @marcmarquez93 and @ValeYellow46 CLASH!
Relive the #TermasClash https://t.co/uxrqBB0MdH pic.twitter.com/1F01kUpn05
— MotoGP™ (@MotoGP) 9 avril 2018
La sécurité des pilotes doit naturellement être la priorité des pilotes eux-mêmes - qui doivent rouler en respectant leurs adversaires - et celle de la direction de course - qui a sanctionné trois fois Marquez pour son comportement en course. Mais ne perdons toutefois pas de vue qu'il s'agit de sports mécaniques, où la volonté de vaincre dans un environnement par définition risqué, voire hostile, dépasse parfois le simple bon sens du spectateur de canapé ou du commentateur d'internet...
Dans un monde idéal, Marquez n'aurait peut-être pas pas fait chuter Rossi et Zarco n'aurait peut-être pas éliminé Pedrosa dès le premier tour, à l'issue de deux faits de course séparés qui présentent de nombreux points communs. Peut-être... Mais la vocation du sport en général - et du sport moto en particulier - est-elle d'offrir aux spectateurs une représentation du monde idéal ? Se réjouirait-on réellement d'assister chaque dimanche à 28 tours de circuit entrecoupés de priorités à droite, de feux rouges et de limitations de vitesse ?
"Valentino aussi attaque fort et lui aussi a eu 25 ans, tout le monde s’en souvient", ajoute Marquez... En attendant le GP des Amériques dans 15 jours, on peut à la fois regretter que Rossi ait ainsi été écarté d'un podium argentin qui était envisageable, mais aussi qu'il n'ait pas jugé bon d'aller ne serait-ce qu'écouter en personne - à défaut de les accepter - les excuses de Marquez à l'arrivée, qu'on ne peut s'empêcher de croire sincères...
Foi de MNC, la grandeur de l'illustrissime Docteur - qui prévoyait un week-end "surprenant" en Argentine mais ne s'attendait certainement pas à autant de "surprises" ! - n'en serait sortie que renforcée pour les années à venir...
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Plateau : Les pilotes et leurs motos 2024
10 mars : GP du Qatar
24 mars : GP du Portugal
07 avril : GP d'Argentine (annulé)
14 avril : GP des Amériques
28 avril : GP d'Espagne
12 mai : GP de France
26 mai : GP de Catalogne
02 juin : GP d'Italie
16 juin : GP du Kazakhstan (reporté)
30 juin : GP des Pays-Bas
07 juillet : GP d'Allemagne
04 août : GP de Grande-Bretagne
18 août : GP d'Autriche
01 septembre : GP d'Aragon
08 septembre : GP de San-Marin
22 septembre : GP d'Inde (annulé)
22 septembre : GP Kazakhstan (annulé !)
22 septembre : GP d'Emilie-Romagne
29 septembre : GP d'Indonésie
06 octobre : GP du Japon
20 octobre : GP d'Australie
27 octobre : GP de Thaïlande
03 novembre : GP de Malaisie
17 novembre : GP de la "Solidarité"
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