Marc Marquez et Valentino Rossi se sont exprimés individuellement en amont du Grand Prix des Amériques 2018, sans apporter de modifications à leurs déclarations faites après leur accrochage en Argentine. L'un et l'autre expriment néanmoins une volonté de tourner la page... au grand soulagement de leurs rivaux ! Debriefing tendu.
Comme expliqué hier sur MNC, Valentino Rossi et Marc Marquez ont été écartés de la traditionnelle conférence de presse d'ouverture du GP des Amériques pour éviter de nouveaux conflits, suite aux extrêmes tensions nées de leur accrochage sur le circuit de Termas de Rio Hondo (Argentine).
Dorna (promoteur du MotoGP) et la Fédération internationale de motocyclisme (FIM) ont par ailleurs vertement reproché aux deux stars de la catégorie leurs échanges de propos virulents par médias interposés ou sur les réseaux sociaux. En clair : il est demandé à Rossi et Marquez d'arrêter de jeter de l'huile sur le feu, un avis partagé par une majorité d'autres pilotes.
"Je pense qu’il faut un peu mieux contrôler les batailles, ça devrait rester en piste et pas dans les médias", a ainsi indiqué Jack Miller pendant la conférence de presse, expliquant que les faits ne sont pas toujours bien présentés lorsqu'ils sont collectés à chaud...
Le pilote australien, longtemps en tête du GP d'Argentine après s'être élancé depuis la pole, fait un parallèle avec le conflit qui a opposé Dani Pedrosa et Marco Simoncelli en 2011, quand la fougue mal contrôlée de l'italien faisait l'objet du courroux de l'espagnol. Pedrosa tenait à l'époque des propos très sévères sur "Sic", qui l'avait envoyé au tapis au GP de France.
"Regardez comment ça s'est terminé", se remémore "Jackass" en référence au tragique accident qui a coûté la vie à Simoncelli quelques mois plus tard, lors du funeste GP de Malaisie à Sepang. Pedrosa avait alors exprimé une profonde détresse auprès du père du n°58, sa colère cédant la place à de la tristesse et des regrets...
"On risque tous nos vies en courant et le que les gens prennent parti, se disputent, et que des pilotes aussi se disputent, je trouve que c’est idiot et immature. La vie est courte et on la risque sur la piste", rappele avec un certain bon sens Jack Miller.
Et les principaux intéressés, qu'en pensent-ils ? Rien de plus ou de moins qu'en Argentine ! Marc Marquez s'est livré hier après-midi à la même analyse que celle fournie à Termas de Rio Hondo, en mettant l'accent sur des conditions de course délicates.
"En course, les conditions étaient assez compliquées et plein de choses se sont produites", rappelle le tenant du titre. "Mais je suis un pilote qui aime progresser, qui aime apprendre dans ce cas précis de ses erreurs. J’en ai commis, j’ai été pénalisé et je suis allé m’excuser. Il n’y a plus de soucis de mon côté", estime Marc Marquez.
"Chacun a son opinion sur la course de Termas, toutes sont respectables", indique-t-il. "Mais moi je préfère me concentrer sur moi-même, sur mon pilotage et laisser le reste de côté. J’ai revu plusieurs fois la course, en tentant d’en ressortir le bien et le mal, de sorte que ça ne se reproduise pas à l’avenir", conclut le pilote HRC en faisant - vaguement - amende honorable.
Interviewé dans la foulée de Marquez, Valentino Rossi s'est montré toujours aussi remonté contre son rival espagnol qu'il accuse de venir volontairement au contact des autres pilotes et de lui faire "peur en piste"... Le Docteur avait par ailleurs indiqué sur Instagram que la course en Argentine avait été "détruite par un pilote dangereux" !
"J’ai revisionné la course et sincèrement je pense toujours ce que j’ai dit", attaque le pilote Yamaha dont la chute causée par Marquez lui coûte de précieux points au championnat. "Je confirme chacun de mes mots, mais il est préférable d’aller de l’avant […] Il faut regarder vers le futur et se concentrer sur ce week-end".
"Je pense que c’est important de revenir en piste, de retrouver mon équipe", poursuit la star transalpine qui pointe 8ème au classement provisoire. "Je suis d’ailleurs très content d’être là. Le tracé n’est pas évident, autant dire que du travail nous attend".
Cette volonté affichée d'essayer de laisser leur différend de côté est une excellente nouvelle, qui devrait abaisser de quelques crans l'énorme pression ressentie dans les paddocks. Pour autant, Rossi nourrit une profonde rancœur à l'égard de Marquez : la preuve avec sa réponse quand on l'interroge sur la possibilité d'aller s'asseoir à une table avec lui pour poser les choses à plat...
"Je ne sais pas, ce n’est peut-être pas encore le moment. Peut-être plus tard", a esquivé le n°46 qui reste campé sur ses positions et souhaite éviter au maximum son rival. Rappelons que Valentino Rossi est resté assis au fond de son box quand Marquez est venu lui présenter ses excuses après le GP d'Argentine, laissant son fidèle lieutenant envoyer paître l'espagnol...
Une attitude pas très constructive, d'autant qu'Uccio n'a pas la légitimité pour prendre parti dans ce cas de figure : les pilotes sont les seuls à pouvoir juger de manière précise ce qu'il se passe en piste, à plus de 300 km/h ou avec 60° d'angle. Que Lin Jarvis, directeur du team officiel Yamaha aussi présent dans le box, accueille "fraîchement" Marc Marquez aurait été beaucoup plus logique et compréhensible.
Enfin, Valentino Rossi a donné son avis sur l'accrochage survenu dans le premier tour entre Zarco et Pedrosa, qui s'est retrouvé au tapis après avoir écarté sous la - trop - forte insistance du français. Résultat : l'espagnol a dû subir une nouvelle opération pour réduire une fracture au poignet.
"Je pense que mon incident avec Marc est pire, mais ce qu’a fait Zarco à Pedrosa n’est pas correct", estime Rossi qui garde cependant un "chien de sa chienne" envers le pilote Tech3, suite à leur passe d'armes électrique du début de la saison précédente.
Bonne nouvelle : Dani Pedrosa a reçu le feu vert des médecins pour rouler ce week-end à Austin et tentera de combler une partie du retard pris en Argentine, où il n'a marqué aucun point suite à sa chute.
Interrogé sur le conflit opposant Marquez et Rossi, Johann Zarco s'est de son côté livré à une analyse partagée : "on touche à deux dieux, Vale et Marc, car il fait des choses impossibles", considère le français, troisième au provisoire derrière Crutchlow et Dovizioso.
Pour Johann Zarco, la situation est défavorable à Marc Marquez dans la mesure où ce dernier a été pénalisé et ne marque aucun point : le pilote Tech3, assez porté lui aussi sur les dépassements agressifs, y voit une sorte de double peine pour le pilote Honda.
"Il a eu une pénalité et n’a pas marqué de points en Argentine : c’est sans doute le pire pour lui", pense Johann en passant un peu rapidement sur le fait que Valentino Rossi - 19ème à l'arrivée derrière Marquez ! - repart lui aussi d'Argentine avec un bilan vierge, alors qu'il ne porte aucune responsabilité dans sa chute !
Le n°5 rappelle qu'en 2015, quand la percussion entre Rossi et Marquez avait déclenché le "SepangGate", l'italien n'avait reçu par ailleurs aucune sanction pour son action. "C'est donc difficile de trancher", conclut sagement Johann Zarco... qui se verrait bien succéder à Marc Marquez sur la première place du podium dimanche à Austin !
A noter que ni Maverick Viñales ni Andrea Dovizioso n'ont souhaité donner leur vision sur le clash entre Rossi et Marquez, "Dovi" expliquant ne pas vouloir se mêler de ce genres de situations. "Je ne l'ai pas fait en 2015, je ne le ferai pas aujourd'hui", indique l'italien qui préfère l'efficacité à l'esbrouffe. Comme sur la piste, en somme !
Cal Crutchlow : "Je ne sais pas si j’ai fait taire les critiques, mais oui, ne doutez pas de moi. Je pense que nous méritons cette place au championnat car mon équipe fait un excellent travail. Nous avons réalisé un très bon début de saison, que ça soit durant les tests ou en course. Nous avions un bon rythme en Argentine, j’espère que nous parviendrons à le conserver. Pour le moment, nous menons les classements pilotes et équipes, ceci étant il en sera peut-être tout autre à Valence. Alors nous prendrons les choses comme elles viendront, nous ajusterons nos attentes au fil des virages car tout ne se passe pas toujours comme on l’aurait souhaité. Mais oui, ça fait plaisir d’être aussi compétitif que les pilotes officiels, c’est bon pour le championnat".
Andrea Dovizioso : "Terminer sixième quand vous désirez vous battre pour le championnat ne nous enchante pas. Nous n’avions pas le rythme comparé à Jack, preuve que nous n’avons pas forcément travaillé de la meilleure des manières. Mais les conditions étaient délicates et beaucoup ont souffert. Au final, nous avons été chanceux d’inscrire autant de points, car ils nous permettent d’être bien placés au championnat […] Nous devons nous battre pour le podium ou le Top 5 et jouer la victoire lorsque c’est possible. Je pense que cette année sera différente comparé à 2017, car de nombreux pilotes sont rapides. Autant dire que vous devrez aborder les épreuves les unes après les autres".
Johann Zarco "Ça fait plaisir de figurer sur le podium dès la deuxième course et d’être aussi proche de la victoire. Dans le dernier tour, j’étais dans le sillage de Cal et je pensais pouvoir gagner, mais les conditions n’étaient pas évidentes. Alors cette deuxième place était la meilleure des solutions. Je suis également heureux d’occuper la troisième place du général. Seules deux épreuves ont été disputées, beaucoup de choses peuvent se passer, mais c’est bien. Finalement ce résultat confirme celui du Qatar […] Austin est un circuit où Marc est généralement très fort. Mais pourquoi ne pas continuer de rêver et se battre pour un podium. Après tout j’ai un an d’expérience derrière moi, je comprends davantage la moto".
Maverick Viñales : "Ces deux épreuves nous ont permis de comprendre plein de choses. Il était important de ne pas chuter et d’inscrire des points. Durant la deuxième moitié de la course, je me sentais d’ailleurs beaucoup mieux. Nous devons à présent réaliser de meilleures qualifications... Mais je suis confiant, je me suis toujours montré rapide par le passé à Austin. Je suis impatient de prendre la piste pour voir si nous pouvons progresser davantage. Nous ne sommes pas encore totalement prêts, j’ai beaucoup souffert cet hiver pour trouver le bon feeling. J’ai commencé à être à l’aise dans le dernier tour à Losail. Nous devons donc continuer de travailler. Je pense que si nous améliorons quelques détails, nous pouvons être aussi redoutables que l’an passé".
Alex Rins : "Nous avons fait du bon travail durant la pré-saison, résultat notre moto est bien plus compétitive. Le week-end fut parfait en Argentine, un peu comme au Qatar si ce n’est que je m’étais fait piéger. Nous avons grandement progressé comparé à la saison passée. Je suis également plus expérimenté. Je suis impatient de débuter, car c’est l’un de mes circuits préférés, j’y ai de bons souvenirs. Quoi qu’il en soit, nous devons nous maintenir au même niveau, travailler dur dès le début en essayant de figurer parmi les dix premiers en vue des qualifications".
Jack Miller : "Je suis frustré, mais en partie satisfait. Ce fut un week-end positif pour nous. J’ai retrouvé le feeling que j’avais en Thaïlande et en Malaisie, car au Qatar, nous n’étions pas suffisamment compétitifs. La course fut pourtant loin d’être évidente. J’ai mené une bonne partie de l’épreuve avec les autres derrière moi et puis je me suis fait surprendre à un endroit plus humide. Cette erreur m’a coûté le podium. Je m’en suis voulu durant la semaine, mais je pense avoir beaucoup appris […] Il y a tellement des pilotes compétitifs que vous ne pouvez douter de personne. Des équipes indépendantes qui gagnent et dominent le podium... ça va aller de mieux en mieux au fur et à mesure de la saison".
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Plateau : Les pilotes et leurs motos 2024
10 mars : GP du Qatar
24 mars : GP du Portugal
07 avril : GP d'Argentine (annulé)
14 avril : GP des Amériques
28 avril : GP d'Espagne
12 mai : GP de France
26 mai : GP de Catalogne
02 juin : GP d'Italie
16 juin : GP du Kazakhstan (reporté)
30 juin : GP des Pays-Bas
07 juillet : GP d'Allemagne
04 août : GP de Grande-Bretagne
18 août : GP d'Autriche
01 septembre : GP d'Aragon
08 septembre : GP de San-Marin
22 septembre : GP d'Inde (annulé)
22 septembre : GP Kazakhstan (annulé !)
22 septembre : GP d'Emilie-Romagne
29 septembre : GP d'Indonésie
06 octobre : GP du Japon
20 octobre : GP d'Australie
27 octobre : GP de Thaïlande
03 novembre : GP de Malaisie
17 novembre : GP de la "Solidarité"
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