La deuxième épreuve du WorldSBK 2019 s'est disputée ce week-end à Buriram. Moto-Net.Com fait les comptes à l'issue des trois courses Superbike afin d'établir le podium global de ce rendez-vous thaïlandais. Avec trois nouvelles victoires sur sa Ducati, Alvaro Bautista continue d'impressionner...
Cette année, les pilotes du World Superbike disputent trois courses par épreuve ! Une première manche le samedi, la nouvelle course "Superpole" de 10 tours le dimanche matin, suivie l'après-midi de la traditionnelle seconde manche. Beaucoup d'action donc, beaucoup de points distribués (62 maxi)... Mais au final, qui a gagné ?
Afin d'établir le podium de chacune des treize épreuves du championnat WSBK 2019, Moto-Net.Com additionne les scores de chaque pilote. Ce week-end à Buriram, la nouvelle terreur du World Superbike a de nouveau frappé : Alvaro Bautista et sa Ducati ont connu un week-end plus que parfait...
Il y a un mois en Australie, Bautista s'était incliné face à Rea durant les qualifications. Vainqueur des trois courses - tout de même - , le pilote Ducati n°19 avait également tourné un soupçon moins vite que le "Number One" de la discipline pendant la course Superpole (10 tours).
Ce week-end en Thaïlande, le "rookie" espagnol a inscrit son nom en haut de toutes les feuilles de temps et en face de tous les meilleurs chronos, en essai comme en course. Il prouve ainsi que ses succès à Phillip Island n'étaient pas juste le fruit de sa bonne connaissance du circuit ou d'une exceptionnelle forme...
Pour mémoire, Alvaro avait terminé quatrième du Grand Prix d'Australie 2018, en remplacement de son compatriote Jorge Lorenzo sur la Desmosedici officielle. Mais trois semaines plus tôt, il ne s'était classé "que" 8ème du GP de Thaïlande aux commandes de son prototype GP17. Cette année en World Superbike, il a tout raflé !
En ce - tout - début de saison WSBK 2019, Bautista collectionne les victoires et les récompenses. Il affole d'autant plus les statistiques que les organisateurs du championnat ont décidé de considérer les courses Superpole comme des manches à part entière...
"Nous nous sommes rendu compte que la qualité d'une course aussi serrée que la Course Tissot-Superpole était la définition parfaite de notre expérience de course palpitante, justifie Gregorio Lavilla, directeur exécutif sport et organisation du WorldSBK. "C'est pourquoi nous avons décidé de valoriser davantage la Course Tissot-Superpole et d'inclure ses résultats dans les statistiques et les données historiques".
Ainsi, "le départ de la course Tissot-Superpole sera compté comme un départ en WorldSBK", indiquent les responsables du WSBK. Idem pour les victoires, les podiums et les tours les plus rapides ! En revanche, la pole position accordée pour la seconde manche au vainqueur de la course Superpole n'est pas comptabilisée comme une Superpole... Le pilote victorieux devra se contenter d'une montre.
À l'issue des deux premières épreuves 2019 outre-mer et grâce à ses six victoires de rang, Alvaro Bautista bat donc déjà le meilleur début de saison de Jonathan Rea. En 2017 pour rappel, le pilote Kawasaki avait enchainé cinq victoires de suite avant d'être battu par Davies durant la seconde manche à Aragon.
La domination de Bautista cette année est d'autant plus éclatante que le garçon possède un superbe style au guidon de sa Panigale. Ses entrées en courbe notamment sont de toute beauté, tout en glisse, tout en contrôle. En comparaison, Rea se montre - doit se montrer ? - bien plus académique, moins esthétique aux commandes de sa ZX-10RR.
Dans le box, sur la grille ou sur le podium - tout en haut ! -, Bautista séduit tout autant : toujours souriant et enjoué, il marque aussi de gros points auprès du public. On devine que sa réussite - il n'est que le quatrième espagnol à remporter une pole après Carlos Checa (10), Ruben Xaus et Fonsi Nieto (1 chacun) - vont inciter ses compatriotes à davantage suivre le World Superbike... sans décrocher du MotoGP bien sûr !
Certains observateurs font toutefois remarquer que la Ducati simplifie grandement la tâche de l'ancien pilote de Grand Prix... Le bras droit de Rea, Kevin Havenhand, gazouillait à la fin de la seconde manche : "Je ne dis pas que la Ducati est rapide en ligne droite, mais qu'elle décolle ses propres stickers", notait il, photo à l'appui.
La Panigale V4R accélère en effet - beaucoup ? - plus fort que ses concurrentes et atteint des vitesses de pointe nettement supérieures : 309,5 km/h en course pour Alvaro Bautista (le plus rapide du plateau), contre 302,5 km/h pour Jonathan Rea souvent largué malgré le phénomène d'aspiration...
"Dans la longue ligne droite, Ducati gagne près de 0,3 seconde sur Jonathan Rea et Kawasaki", examinait Kenan Sofuoglu du bord de piste. Or "le circuit compte deux longs bouts droits. Si vous disposez d'une moto rapide, c'est un avantage. Bautista compte près d'une demi-seconde d'avance uniquement sur les lignes droites".
La Ducati apporterait-elle à son pilote ses victoires sur un plateau argenté ? Certainement pas. Si tel était le cas, Chaz Davies, Eugene Laverty et Michael Rinaldi devraient briller aussi fort que Bautista. Ce qui est loin d'être le cas pour le moment...
Sans doute frustré de ne pas rouler aussi vite que son nouveau coéquipier, Davies est justement parti à la faute en première manche, perdant bêtement - facile à dire derrière son clavier ! - l'avant dans la grande épingle n°3. Le "Dragon gallois" a pu regagner la piste pour empocher le dernier point de la 15ème place.
Dépité samedi après-midi au retour dans son box, "Chazie" était encore plus déprimé le lendemain à cause d'un pépin technique qui l'a empêché de terminer la seconde manche. Huitième de la course Superpole, il est reparti de Thaïlande avec trois petits points de plus au compteur...
Là encore, certains fans - du n°7 - avancent le fait que le gabarit de Davies le dessert. Mais cela ne peut véritablement expliquer ses soucis : certes, Chaz est plus grand et plus lourd qu'Alvaro (1,83 m pour 70 kg contre 1,69 m pour 58 kg d'après les fiches MotoGP). Mais ces deux dernières années, le n°7 n'avait aucun mal à dominer le "jockey" Marco Melandri (1,66 m pour 62 kg)...
En revanche, Moto-Net.Com doit rappeler à ses lecteurs que Davies a été ralenti dans sa préparation cette hiver par deux blessures au dos. Or qui sait si le champion du monde Supersport 2011 ne souffre pas encore - en silence - de quelques séquelles ?
Furtivement ce week-end, comme au cours de son magnifique dépassement de Melandri et Van der Mark sur le même freinage (!), on a cru retrouver le vice-champion du monde Superbike (2015, 2017 et 2018), le grand rival de Rea... En vain.
"Si seulement les courses pouvaient ressembler à ça !", plaisante Chaz en postant sur les réseaux sociaux une photo de lui, loin devant son nouveau coéquipier... mais durant une séance d'essai ! "Quoi qu'en disent les feuilles de résultats, nous avons fait un pas en avant en Thaïlande".
L'ancien pilote de pointe du team Ducati Aruba reconnait que ce week-end a été "difficile de mon côté du garage mais, je remercie mes gars et l'équipe. Nous allons essayer d'avancer ce puzzle à Aragon !" Une piste sur laquelle il a obtenu d'excellents résultats, quelque soit sa monture : podium en 2012 sur la RSV4, doublé en 2013 avec la S1000RR et quatre victoires sur la 1199 Panigale...
Ce week-end à Buriram, le pilote qui se trouvait derrière l'imbattable Bautista en course était Rea, encore une trois fois ! Le n°1 Kawasaki continue ainsi d'engranger le maximum de points que le n°19 Ducati laisse à portée de ses adversaires...
Vainqueur des 11 dernières courses de la saison 2018 (!), Jonathan Rea se fait à l'idée que sa place est désormais sur la deuxième marche du podium ! Jamais depuis son transfert chez Kawasaki, l'impitoyable "JR" avait été pareillement désemparé.
"Il n’est jamais allé au delà de six courses sans succès", rappelaient samedi soir les statisticiens du championnat du monde Superbike. C'est arrivé deux fois, en 2016 : Rea avait été battu l'été par Davies, Sykes et le regretté Hayden, et dominé par Davies (6 victoires de suite !).
Que manque-t-il à Rea pour aller chercher Bautista ? L'électronique de sa Kawasaki n'est pas remise en cause : toujours très fine, elle permet par exemple à "JR" de réaliser d'excellents départs. Elle parait même plus fine que celle de la Ducati, comme tend à le prouver ses départs canon en première manche et en course Superpole.
La partie-cycle de la Ninja parait tout aussi valable : Rea semblait plus incisif dans les entrées de courbe, plus rapide au point de corde et pas beaucoup plus lent en sortie. Non, c'est dans le lignes droites que le bonhomme vert se faisait taxer par la fusée rouge...
Une fois n'est pas coutume, Kawasaki devrait accueillir favorablement les modifications des valeurs de régime maxi dans le tableau des officiels. Pour information et conformément au règlement, le V4 de Bologne a actuellement le droit de prendre 16 350 tr/min, la nouvelle version du 4-pattes d'Akashi 14 600 tr/min et le nouveau 4-en-ligne de Munich 14 900 tr/min...
À la fin de la première manche toutefois, Jonathan Rea indiquait devoir travailler sur son train avant : en raison des étouffantes températures (dans l'air comme sur la piste) et des deux éprouvants freinages que comptent le tracé thaïlandais, le pneu avant fatigué de sa Ninja ne lui permettait plus de rouler aussi fort que souhaité dans les portions sinueuses, là ou Rea refaisait justement son retard.
Rea lui-même apparaissait éreinté après son premier combat samedi après-midi. Un combat au corps-à-corps contre Bautista ! Après avoir repris son souffle et ses esprits sur les cordes du ring grilles du parc fermé, le "Number One" revenait sur le "clash" de ce week-end...
"Alvaro a élargi. Je me suis glissé à l'intérieur et malheureusement nos trajectoires se sont croisées. J'étais soulagé de voir qu'il était toujours en course", résumait le pilote Kawasaki. De son côté, le pilote Ducati ne cachait pas son étonnement : "J'ai freiné sur l'intérieur. Dans ce virage, on passe un peu large. Il est monté à la corde et m'a touché. Ca se voit clairement".
Wow! How on earth did @19Bautista keep the bike upright here? Incredible skills pic.twitter.com/0e1y13w6Mn
— Eurosport UK (@Eurosport_UK) 16 mars 2019
Le contact entre le "rookie" espagnol et le champion nord-irlandais dans le virage n°3 n'a finalement pas eu d'incidence sur le résultat... Mais si Bautista n'avait pas miraculeusement réussi à - eu la chance de - rester sur ses roues, Rea aurait gagné la course et ne compterait aujourd'hui qu'un petit point de retard.
Sur sa propre Panigale V4 R, Eugene Laverty a eu beaucoup moins de bol... Ou plus exactement, plus de freins du tout en déboulant dans le dernier virage du troisième tour ! Comme à Imola en 2017, le pilote irlandais a été obligé de sauter de sa moto. Gloups.
"Encore sous le choc", postait "Youdjine" quelques minutes plus tard. "Pour la quatrième fois de ma carrière, je suis arrivé dans un virage sans frein et j'ai dû sauter à 200 km/h", comptabilise malgré lui le pilote du team Ducati Go Eleven...
"Une fois dans la carrière d'un pilote, ça peut arriver", estime Laverty - qui en vaut deux fois deux, quatre... "Deux fois, c'est rare. Trois fois, c'est que j'ai dû être un vrai salaud dans une vie antérieure. Mais quatre fois !?", se demande-t-il perplexe. Serait-il le pilote le plus dégueulasse que la Terre ait jamais porté ?
"C'est dans des jours comme celui-ci que je réalise à quel point j'ai de la chance d'avoir Alpinestars et Shoei qui me protègent", glisse habilement le pilote irlandais qui célébrait le lendemain la Saint Patrick... mais n'a pas eu plus de chance pour autant !
Dimanche en effet, Eugene n'a pas pu rouler ! Sa moto explosée la veille n'était pas prête dimanche matin pour la course Superpole, malgré le soutien de l'usine Ducati. Remontée pour la seconde manche, sa Panigale n'a pas eu l'autorisation de rejoindre la piste en raison de problèmes techniques. Qui pourrait offrir un trèfle à quatre feuilles à Mister Laverty ?
À un niveau moindre, Alex Lowes aussi manque un peu de chance : sans ce phénoménal Bautista, le n°22 Yamaha serait à n'en pas douter la vedette de ce début de saison. Il est en effet le seul pilote - de l'an dernier - mettre la pression sur le quadruple champion du monde Jonathan Rea !
Fort de ses trois troisièmes places en Thaïlande, le champion de Superbike britannique 2013 se hisse à la troisième place du classement provisoire. Il cumule à ce jour 69 points, contre 124 pour Bautista (sur 124 maxi !), 98 pour Rea, 61 pour son coéquipier Van der Mark et 54 pour son collègue Melandri.
Comme le signale à juste titre Eric de Seynes, le directeur général - français - de Yamaha Motor Europe : "heureusement que Yamaha est là pour la bagarre !" Et on remercie la firme d'Iwata de fournir des R1 performantes à quatre pilotes de talent !
Melandri notamment, s'est encore fait remarquer ce week-end en tentant par exemple un dépassement original sur Davies dans le virage n°9 : le pilote italien a coupé au plus court et cassé la trajectoire du gallois, visiblement très surpris, pour ne pas dire irrité, par cette manoeuvre.
De même, les nouvelles bastons au coude à coude - littéralement ! - entre Marco Melandri et Leon Haslam ont réjoui le vaste public thaïlandais. Mais l'ancienne vedette des Grand Prix n'avait même pas besoin de concurrents pour assurer le spectacle : le voir gérer du mieux possibles les violents guidonnages de sa Superbike en bout de ligne droite était aussi divertissant qu'angoissant !
Heureusement pour les pilotes Yamaha, cette curieuse instabilité de la R1 à très haute vitesse ne concerne que la n°33. Melandri règlerait-il n'importe comment trop singulièrement sa moto ? MNC se souvient que le "Hérisson de Ravenne" avait été confronté au même problème sur sa Panigale "V2" l'an passé. Cela ne l'avait pas empêché de tenir la dragée haute à Rea à Philip Island... Mais à quel prix ?!
Titré l'an dernier sur la R6, Sandro Cortese a confirmé en Thaïlande qu'il avait la R1 bien en mains gants. À l'instar de ses collègues d'Iwata et de ses rivaux mieux placés, le pilote allemand a triplé sa mise à Buriram en bouclant le même Top 7 lors des trois courses. La hiérarchie du WorldSBK était claire, nette et respectée à Buriram !
Aux commandes de sa toute nouvelle BMW, Tom Sykes a trop brièvement semblé être en mesure de bouleverser l'ordre établi. Au tout début de la première manche, le n°66 est monté jusqu'à la troisième place ! Mais sa fin de course, comme sa fin de week-end d'ailleurs ont été bien plus discrètes.
Trahi comme Davies par sa mécanique en seconde manche, le champion du monde 2013 n'a pas ajouté de points aux sept récoltés samedi. Tom passe tout de même devant Chaz au championnat. Son coéquipier Markus Reiterberger a inscrit autant de points que lui sur l'ensemble des deux journées.
Le champion de Superbike allemand et de Superstock 1000 (l'an dernier, à l'occasion de la dernière année de cette catégorie) n'est pas encore au niveau, mais il est appliqué et sait qu'il peut mieux faire. Il l'a déjà fait : pour mémoire, "Reiti" avait terminé cinquième de la première manche 2016 de Buriram sur l'ancienne génération de la S1000RR.
Enfin, Honda fait toujours figure de lanterne rouge, malgré l'implication très officielle du HRC ! Mais que font les ingénieurs de Tokyo ? Et que font leurs pilotes ? Leon Camier a manqué de chance en Thaïlande : il n'a pu éviter le pilote invité Thitipong Warokorn, tombé devant ses roues dans le septième tour de la course Superpole (d'où le drapeau rouge).
Le n°2 anglais n'a pas pu se relever seul de sa chute et a du regarder la seconde manche de son box, "en raison d'une entorse du genou droit avec avulsion de la colonne tibiale", faisait savoir l'équipe médicale sur place. Touché à la colonne, le pilote thaïlandais aurait deux vertèbres cassés, mais sa moelle épinière serait indemne. Ouf !
Avec seulement 13 pilotes à l'arrivée de la seconde manche, il suffisait pour marquer trois points ce dimanche en WSBK, de rester sur ses roues et de rallier l'arrivée ! Bon, il fallait aussi se qualifier, ce qui n'est pas donné à tout le monde... Alessandro Delbianco et sa CBR1000RR (qui rend une vingtaine de km/h à bautista en ligne droite) l'ont fait !
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