Annulé en 2020 à cause de la pandémie de Covid-19, le Mondial de la Moto à Paris Porte de Versailles pourrait être de retour en 2022. Une majorité de filiales françaises y serait favorable, mais sous certaines conditions car selon la CSIAM, les grands salons d’antan sont terminés... Explications et réflexions.
Lors de son dernier point presse - le premier depuis février 2020 en raison de la crise sanitaire ! -, la CSIAM a évoqué la possible tenue d’un salon de la moto à Paris en 2022 : "nous avons eu une réunion à ce sujet il y a trois semaines et pas mal de nos adhérents y sont favorables", a indiqué son président délégué Thierry Archambault.
Selon la Chambre syndicale internationale de l'automobile et du motocycle (CSIAM, qui fédère et représente les intérêts des filiales françaises des constructeurs étrangers), les motards auraient toujours envie de se réunir autour de leur passion commune, de voir et toucher les dernières nouveautés... et de les acheter ?!
Les responsables des grandes marques moto et scooters le (ré)clament depuis de nombreuses années : le modèle économique du Mondial de la Moto est à revoir. Pour qu’il soit réellement "intéressant", le futur salon parisien devra certainement devenir marchand, mais sans être pénalisant.
Il est en effet hors de question de court-circuiter des concessionnaires parisiens rudement touchés par la crise sanitaire - ses confinements principalement - et toujours affectés par la normalisation du télétravail. Les ventes générées par la potentielle foire parisienne devront donc être supplémentaires. Mais comment savoir ?
Il est quasiment impossible de quantifier et qualifier les retombées d’un salon. Les constructeurs se trouvent d’ailleurs dans le même embarras lorsqu’on leur demande d’estimer le manque à gagner en 2021 en raison des difficultés de production (pénuries de semi-conducteurs, plastique, faisceaux, etc.) et de la saturation des transports (maritimes surtout).
Ces tensions engendrent des surcoûts qui, pour le moment, ne sont pas sensibles pour les clients : "nous sommes constamment confrontés à ce type de problématique avec les changements du cours des monnaies", illustre Jean-Luc Mars, directeur de Triumph et précédent président de la branche moto de la CSIAM.
"Si une hausse intervient sur trois mois seulement, nous pouvons absorber l’écart... En revanche si la hausse dure trois ans, il y a des répercussions", complète-t-il. "En l’occurrence, nous observons déjà une réduction du tarif des containers en provenance de Chine car la production de certains produits là-bas sont également en baisse". Ouf ?!
"Le client qui recherche une moto actuellement en rupture de stock va contacter plusieurs concessionnaires autour de chez lui", illustre l’actuel président, Vincent Thommeret. À moins d’enregistrer les identités de tous les prospects et de tenir à jour une liste régionale - voire nationale -, une marque ne peut pas comptabiliser précisément les ventes loupées ou retardées.
L’augmentation des recettes n’est pas la seule condition nécessaire au retour - et au succès ! - d’un salon dans la capitale. Diminuer les coûts est une autre nécessité qui pourrait d’ailleurs mener le salon à s’affranchir d’une grosse contrainte : la mairie de Paris, de plus en plus hostile aux autos et aux motos.
La tendance dans l’auto |
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Les responsables français des marques de moto et scooter imaginent mal leurs clients se rendre à "leur" salon en métro ou en trottinette... A priori donc, le prestigieux et central mais onéreux et bancal Parc des expositions de Porte de Versailles où devait se dérouler le Mondial de la Moto 2020 ne part pas en pole position. À moins que...
À moins que le Mondial salon parisien décide de s’adresser en priorité ou en exclusivité aux Franciliens ! Dans ce cas, les organisateurs (à définir ultérieurement) pourraient axer leur événement sur la mobilité en Ile-de-France, un sujet porteur chez les médias - généralistes - et une problématique épineuse à laquelle doivent répondre les constructeurs.
Les ventes en France de deux-roues électriques - équivalents de nos motos et scooters, hors vélos, trottinettes ou gyropodes donc - n’ont progressé que de +13 % sur les neuf premiers mois 2021 (Vs 2020). Si "les cyclos sont portés par les flottes de livraisons, sharing ou BtoB", souligne la CSIAM, les particuliers sont bien moins branchés motos à pile. Et pour cause(s).
Selon la CSIAM, "le prix des produits actuellement sur le marché, l’offre quasi inexistante chez les marques leader et la législation pas encore "trop" dure envers les deux-roues classiques - quoique le stationnement sur Paris ne soient plus offert qu’aux électriques" freinent le "secteur"... S’ajoutent à cela des infrastructures insuffisantes et la question du réel intérêt de ce type de machines !
Sous sa casquette de directeur général de Yamaha Motor France cette fois, Vincent Thommeret rappelle que les Japonais ne sont toujours pas convaincus qu’un deux-roues électrique équivalent à un 50 cc et facturé 3000 euros soit plus vertueux et pertinent qu’un engin thermique qui dégage 35 g de CO2/km et se vend deux fois moins cher.
La CSIAM et ses adhérents qui souhaitent la neutralité technologique - ne pas tout miser sur l’électrique ! - suivent d’ailleurs de près les travaux de Bosch et de Porsche en matière de carburants de synthèse. "Les constructeurs moto sont pour certains en phase d’attente et d’observation car ils ne veulent pas miser sur le mauvais cheval et choisir une technologie trop vite dépassée", analyse M. Archambault.
"Il n’ y a pas d’offre car l’équation économique n’y est pas", rebondit le boss de Triumph France. "La moto électrique représente un investissement majeur de longue durée qui demanderait d’essuyer 40 % de pertes sur ces nouveaux produits durant 4 ou 5 ans". Inenvisageable pour les Anglais... et peine perdue pour Harley-Davidson et sa LiveWire ?
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