Mauvaise nouvelle pour le gouvernement : les recettes des radars automatiques sont en baisse pour la deuxième année consécutive avec "seulement" 759,7 millions d'euros en 2019 ! A tel point que la Cour des comptes demande à la Sécurité routière de prendre en compte cette diminution de 12,1%, en partie liée au mouvement des Gilets jaunes... MNC décrypte le bilan des machines à cash.
Les lourdes conséquences économiques de la crise du coronavirus ne seront pas épongées par les recettes des radars : les 4094 machines à cash françaises - radars de vitesse, de feux rouge et de passage à niveaux inclus - n'ont rapporté "que" 759,7 millions d'euros en 2019, en baisse de "12,1%" selon la Cour des comptes.
Dans sa "note d'analyse de l'exécution budgétaire" (NEB) dédiée au compte d'affectation spéciale "Contrôle de la circulation et du stationnement routier", l'institution rappelle que cette importante manne financière était déjà en diminution en 2018 avec 864,3 millions contre... 1,013 milliard (!) d'euros en 2017. En clair : après plusieurs années de forte croissance, les radars rapportent de moins en moins à l'Etat.
Cette baisse s'explique par plusieurs facteurs, à commencer par l'augmentation massive du vandalisme sur les radars pendant le mouvement des Gilets jaunes : "la faible disponibilité des radars explique que le nombre d’avis de contravention n’ait été que de 12,55 millions, chiffre inférieur de moitié à l’estimation budgétaire", développe ce très détaillé rapport de 51 pages !
Mais le fait que de très nombreuses cabines aient été endommagées, brûlées ou repeintes n'explique pas tout : "la diminution des recettes des amendes était perceptible et continue dès le mois de janvier 2018, indépendamment des dégradations des radars", rappelle le plus ancien des grands corps d'Etat.
"Cette constatation pose la question d’une éventuelle tendance à la baisse de ces recettes sur le moyen terme, au-delà du contexte particulier créé par une mesure de sécurité routière pas toujours bien comprise et d’un mouvement de protestation sociale générale", estime la cour qui évoque un meilleur respect des vitesses pour expliquer cette baisse de rendement des cinémomètres.
La Direction à la sécurité routière est ainsi incitée à étudier de plus près ses chères statistiques pour mieux appréhender l'origine cette baisse des recettes des radars. Le gouvernement est donc invité à revoir sa copie en matière de sécurité routière, exclusivement basée sur la coûteuse et mal-aimée multiplication des outils de sanction.
"Il serait utile que la DSR effectue une étude pour comprendre ce phénomène, susceptible d’être lié à un plus grand respect des limitations de vitesse lorsque le parc de radars fonctionne normalement, et en tirer les conséquences budgétaires", insiste la Cour des comptes qui souligne que "les effets du vandalisme sans précédent subis par les radars en 2018 et surtout en 2019 ne doivent pas faire écran à ce type de réflexion de moyen terme".
Deux autres facteurs alimentent la chute des recettes : la proportion croissante de non paiement des amendes (25,2% contre 23,9% en 2018 et 22,3% en 2017) et le manque de rentabilité des voitures contenant des radars embarqués. Rappelons que ces fameuses voitures radars confiées à des opérateurs privés depuis 2018 offrent un bilan jusqu'ici peu convaincant...
La Cour des comptes mentionne notamment les conséquences économiques liées à la "prise de retard dans la mesure d’externalisation de la conduite des véhicules-radar", qui a débuté en Normandie avant de s'étendre à trois régions limitrophes : Bretagne, Pays–de-la-Loire et Centre-Val de Loire.
Enfin, ce rapport épingle la mauvaise gestion des fonds - publics, rappelons-le ! - alloués aux différentes antennes de la Délégation à la sécurité routière et notamment son Agence nationale de traitement automatisé des infractions (ANTAI). Cette dernière serait un véritable gouffre à subventions avec quelque 82 millions d'euros attribués en 2019 !
La Cour note que la DSR a certes réalisé un effort puisque "92 millions" étaient initialement budgétés pour 2019. Mais cette allocation à l'ANTAI est toutefois en "augmentation par rapport à 2018, malgré le niveau de trésorerie particulièrement élevé de l'agence", déplore-t-elle...
Car les disponibilités de ANTAI sont effectivement généreuses : son fonds de roulement représente "plus de huit mois d'activité" et cette énorme trésorerie a "pratiquement doublé en trois ans" ! Et pourtant rien n'est fait pour diminuer le taux de subvention de cette agence, malgré les recommandations de la Cour à ce sujet depuis plusieurs années...
Cette situation excédentaire autorisait pourtant une diminution de la subvention à l'ANTAI, d’autant que cette dernière avait moins de contraventions à traiter en 2019 et que cette situation était prévisible : "l’anticipation de la diminution de l’activité de l’agence était connue", martèle la Cour des comptes.
Le rapport appelle donc à accentuer les "efforts de rationalisation de la programmation budgétaire engagés en 2016, en s’appuyant sur des prévisions de recettes prenant mieux en compte les informations disponibles au moment du vote de la loi de finances initial". Cette demande intervient pour la deuxième année consécutive, souligne fermement ce document officiel.
Mais l'Etat n'a guère envie de réviser sa politique budgétaire... et encore moins de remettre en question l'utilité de son arsenal répressif ! Les radars rapportent moins ? "Installons-en davantage", rétorquent les adeptes du tout-répressif ! Après tout, seuls les contribuables sont impactés par la facture et les conséquences de ce déploiement frénétique...
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