Rossi 8ème, Viñales 10ème, Zarco 14ème et Syahrin 18ème : le GP d'Aragon s'est révélé catastrophique pour le clan Yamaha, dont les pilotes semblent avoir perdu la notice leur M1 après 23 courses sans victoire... "C'est une honte", déplore Hervé Poncharal pour Tech3 tandis que pour le team officiel, Massimo Meregalli admet que "terminer dans le top 10 n'est pas un bon résultat"... Débriefing.
Le GP d'Aragon 2018 marque la 23ème course sans victoire pour Yamaha, qui ne s'est plus imposé depuis le GP des Pays-Bas 2017 : une première depuis plus de 20 ans en MotoGP... Un nouveau week-end à oublier pour Yamaha, dont le meilleur résultat dimanche est une triste 8ème place de Valentino Rossi...
Le Docteur - qui avoue ne pas apprécier ce circuit - accuse 15,199 secondes de retard sur le vainqueur, Marc Marquez, tandis que Viñales (10ème) et Zarco (14ème) sont à respectivement + 22,457 et + 32,345 secondes...
Si l'on reprend le - bientôt célèbre ? - théorème des montagnes russes développé par Jorge Lorenzo, il est clair que Yamaha se trouve actuellement dans le creux de la vague en championnat du monde des Grands Prix...
Mais que se passe-t-il donc chez le constructeur dont les pilotes, les team managers et l'ensemble du staff semblent pétrifés devant ce manque de résultats ?
Valentino Rossi, Yamaha-Movistar (17ème en qualifs et 8ème en course) : "Nous avons beaucoup modifié la moto et essayé de travailler autrement aujourd'hui. Ce matin, je me suis senti un petit peu mieux sur la moto et nous avons pu faire quelques ajustements. La fin de course a été meilleure que ce à quoi je m'attendais, car je n'étais pas particulièrement rapide mais mon rythme était constant. J'ai pu récupérer beaucoup de positions - car je suis parti loin sur la grille - et marquer des points au championnat. D'un certain point de vue, c'est mieux qu'hier. Mais d'un autre côté, notre situation est assez difficile parce que nous nous battons au maximum pour être dans le top 10 en ce moment"...
L'analyse Moto-Net.Com : Valentino Rossi est laborieusement parvenu à inscrire les points de la 8ème place au GP d'Aragon malgré un départ depuis la 17ème position, sa pire qualification depuis sa rétrogradation au GP de Valence 2015...
Cet écart abyssal est d'autant plus préoccupant qu'il s'est considérablement élevé par rapport à l'an dernier : Viñales, 4ème et premier pilote Yamaha en 2017, n'était alors qu'à 5,256 sec du leader (Marc Marquez, déjà). "Mack" devançait d'une très courte tête son coéquipier (+ 5,882 sec) et Zarco pointait à 13,002 secondes au 9ème rang. Pratiquement du simple au triple... Dans le team officiel comme chez Tech3, personne n'est en mesure d'expliquer les raisons de ces contre-performances répétées : "on ne voit pas de solutions", déplore Hervé Poncharal, team manager de Tech3, qui se résigne peu à peu à faire le deuil de ses objectifs de podiums, voire de victoires, pour sa dernière saison avec Yamaha...
La prochaine campagne chez KTM sera-t-elle plus favorable à l'équipe de Bormes-les-Mimosas et à Johann Zarco, qui embrassera en 2019 le statut de pilote d'usine ? Pas sûr, du moins dans un premier temps, car la RC16 doit encore progresser. En cela, c'est une maigre consolation pour Johann d'avoir été dépassé par Smith en milieu de course !
L'expérimenté Valentino Rossi, troisième au provisoire mais qui n'a jamais connu une telle période de crise chez Yamaha, estime qu'un "profond changement" est nécessaire, exactement comme la marque l'avait fait fin 2003 quand le Docteur avait débarqué de chez Honda...
A l'époque, le département course avait été totalement revu par Yamaha qui avait placé à ses commandes Masao Furusawa, l'un des principaux artisans de la réussite de la M1, auquel Rossi vouait beaucoup de respect. "Je ne crois pas qu'il y ait un problème de pilotes : Maverick et moi sommes rapides et compétitifs", soutient le n°46 qui souhaite désormais des changements plus vastes que les quelques retouches apportées ça et là depuis 2016.
"Ce qui m'ennuie, c'est que ça fait au moins 30 fois qu'on discute de ces choses avec eux", regrette le nonuple champion du monde qui montre de plus en plus d'impatience face à l'immobilisme du constructeur d'Iwata... A 39 ans, le génie des alpages n'a plus de temps à perdre pour accéder à son rêve de 10ème titre mondial !
A cette mauvaise conjoncture s'ajoute la perspective de ne pas progresser suffisamment pour corriger le tir l'an prochain, comme il le craint après avoir testé le prototype du moteur 2019 : "il faut qu'ils l'améliorent encore, car le moteur constitue une partie du problème", martèle Rossi... Il faudra bien plus - et plus vite - pour donner la réplique en 2019 au rouleau compresseur que risque de constituer le terribe binôme Marquez-Lorenzo chez Honda !
L'incompréhension et la déception se lisent également sur le visage de Maverick Viñales, 5ème au provisoire à égalité de points avec Jorge Lorenzo : "je suis déçu de la façon dont les choses se passent", souffle le n°25 les dents serrés. "Je vais juste rentrer à la maison, essayer de me détendre et commencer à penser à la prochaine course"...
Pour le coéquipier de Rossi , ce GP d'Aragon 2018 constitue tout simplement sa pire expérience au guidon de la M1 : une véritable douche froide alors que le team officiel avait réalisé des essais privés convaincants quelques semaines auparavant sur ce même circuit.
"Impossible de reproduire le rythme de nos essais, malgré des pneus identiques", peste l'espagnol qui explique n'avoir jamais pu descendre en 1'48 pendant la course, alors qu'il tournait en 1'48.592 en essais libres 4 avec les mêmes pneus !
"C'était une course très difficile", souffle le pilote français. "J'ai pris un bon départ et j'ai pu me battre avec Petrucci au début, mais très vite ce premier groupe devant moi est parti. Il était impossible de les suivre et plus je faisais de tours, plus la sensation était mauvaise. Nous avions trop de glisse, nous nous battions trop et nous n'avions aucune solution".
"J'ai essayé beaucoup de choses avec mon pilotage, mais je n’ai rien trouvé qui ait aidé. C’est très difficile de terminer une course comme ça parce que je suis épuisé et que j’étais très lent... J'espère donc que nous aurons de meilleurs week-ends sur différentes pistes, également sur des circuits où les autres pilotes n’ont pas fait de tests. J'espère que cela peut être une chance pour moi de faire de bons résultats afin de bien terminer la saison"...
"On a eu un week-end de course très difficile", regrette le directeur du team Movistar Yamaha. "Terminer juste dans le top 10 n'est pas un bon résultat, mais c'est ce qui était dans nos possibilités vu nos positions sur la grille. Vale et Maverick ont ajusté leurs réglages pendant le warm-up du matin et ils ont trouvé quelques petites améliorations".
"C'est normal que nos deux pilotes aient perdu du temps dans les premiers tours de course car ils essayaient de remonter aux avant-postes, mais ils ont fait le maximum qu'ils pouvaient faire aujourd'hui et ils ont continué à se battre. Ce week-end difficile est terminé, donc maintenant on se prépare pour la prochaine course avec les données collectées lors du test de pré-saison à Buriram".
"Nous sommes arrivés à Aragón optimistes et confiants, sans viser le podium mais nous pensions que nous pourrions nous battre pour un résultat dans le top 10, ce qui est actuellement le niveau que nous avons", souligne le team manager de Tech3. "Malheureusement, nous quittons Aragon avec un sentiment d'amertume... C'est vraiment dommage. Je pense que c'est le pire résultat de Johann quand il a terminé une course, sauf peut-être Misano l'année dernière quand il a manqué de carburant dans le dernier tour. Cela montre à quel point nous sommes loin...
Fondamentalement, nos deux gars ont pris un bon départ, ils ont eu un bon rythme dans les premiers tours, puis ils ont perdu le rythme, plus dramatiquement pour Hafizh puis pour Johann, mais ils ont tous les deux perdus de la vitesse. Honnêtement, c'était difficile de suivre la course. Nous sommes des compétiteurs, nous sommes des combattants et voir une telle course est quelque chose qui vous fait réfléchir et vous rend vraiment triste.
Johann a dit qu'il était épuisé comme il s'était battu pour la victoire, alors qu'il fini 14ème... Je pense que toute l'équipe ressent la même chose. C'est un moment très difficile. Je ne me souviens pas et je ne peux pas croire que nous nous sommes battus pour la pole position, pour les podiums au cours de la même saison et que nous nous battons maintenant pour des points. C'est incroyable. Je ne pense pas que la situation des pneus ait quelque chose à voir avec cela parce que le vainqueur de la course était sur un pneu arrière tendre, Iannone était sur medium-soft comme nous, alors sur cet aspect je pense que nous étions au point.
Mais il reste des choses à comprendre. J'étais aussi très excité de voir Johann passer Petrucci et combattre dans un groupe où je pensais qu'il resterait longtemps. J'ai été ravi de voir Hafizh prendre un bon départ et être avec Valentino et devant les autres rookies, mais cela n'a malheureusement pas duré longtemps et nous avons juste perdu du terrain. C'est plus que dommage, c'est quelque chose que nous devons comprendre car je ne pense pas que Johann et Hafizh méritent ce résultat. Je suis désolé pour nos partenaires et pour les personnes qui nous suivent et sont derrière nous.
Clairement, nous sommes en situation de crise pour le moment. Je ne pense pas que nous ayons les outils pour récupérer rapidement. Nous pouvons juste espérer que les prochains circuits seront plus favorables... Johann et Hafizh ont fait d'excellents tests en Thaïlande cet hiver, mais c'était il y a longtemps alors je ne sais pas. Nous devons nous recentrer et continuer à attaquer, mais là on doit faire nos valises pour les quatre courses outre-mer et le sentiment est que tout va être très lourd à emballer...
Je suis malheureux, je suis triste et je suis en colère parce que nous ne sommes pas là où nous devons être et je ne pense pas que le niveau de l'équipe soit ce que nous voyons. Mais clairement, course après course, c'est presque le même commentaire, presque le même résultat. Nous avons vu Johann dans le passé être très agressif et faire des dépassements incroyables pendant la course, mais nous avons perdu ça. Nous n'avons plus vu cela depuis de nombreuses, très nombreuses courses. Il semble juste souffrir et lutter. Il semble que nous ne soyons pas à notre place. C'est une honte"...
"Nous travaillons pour 2019 et nous avons déjà fait un test à Aragon pour tester le nouveau moteur et des changements sur l'électronique, mais il est difficile de dire quand la version finale arrivera", a indiqué le team manager Yamaha en MotoGP à nos confrères italiens de Sky Sport. "Le prochain test aura lieu après le dernier Grand Prix à Valence et nous savons bien que nous ne pouvons pas commencer la saison prochaine dans ces conditions. Nous avons quatre à cinq mois devant nous pour développer la moto".
"Je ne peux pas dire s'il faut un changement radical comme celui de 2004 (avec l'arrivée de Rossi, NDLR), car la situation était complètement différente il y a quatorze ans", rappelle Lin Jarvis. "Mais nous devons certainement faire des investissements importants car nous avons besoin de nouvelles personnes avec de nouvelles idées pour élever le niveau de nos ingénieurs. Nous traversons une crise grave".
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Plateau : Les pilotes et leurs motos 2024
10 mars : GP du Qatar
24 mars : GP du Portugal
07 avril : GP d'Argentine (annulé)
14 avril : GP des Amériques
28 avril : GP d'Espagne
12 mai : GP de France
26 mai : GP de Catalogne
02 juin : GP d'Italie
16 juin : GP du Kazakhstan (reporté)
30 juin : GP des Pays-Bas
07 juillet : GP d'Allemagne
04 août : GP de Grande-Bretagne
18 août : GP d'Autriche
01 septembre : GP d'Aragon
08 septembre : GP de San-Marin
22 septembre : GP d'Inde (annulé)
22 septembre : GP Kazakhstan (annulé !)
22 septembre : GP d'Emilie-Romagne
29 septembre : GP d'Indonésie
06 octobre : GP du Japon
20 octobre : GP d'Australie
27 octobre : GP de Thaïlande
03 novembre : GP de Malaisie
17 novembre : GP de la "Solidarité"
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