Rencontre avec trois "Bikers" de différents horizons : Philippe Vidal, Marc Opat et Jean-Yves Fabiano.
Rencontre avec trois Bikers de différents horizons : Philippe Vidal, Marc Opat et Jean-Yves Fabiano, dans le cadre de notre Dossier spécial Harley Davidson.
DOSSIER SPECIAL HARLEY |
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Philippe Vidal préside aux destinées du "Paris Sud-Est Chapter France" dont la concession de référence est celle de Michel Borie à Ivry-sur-Seine. Fort de 160 membres (titulaires et associés), ce chapter n’est pas le plus ancien – devancé de quelques mois par le Sun South Coast Nice Chapter de la Côte d’Azur – mais il se porte plutôt bien.
Le chapter : d’abord une affaire de copains
Philippe, ainsi que cinq autres affiliés, sont là depuis le début (1993), fidèles au poste. L’organisation est structurée comme dans tous les chapters avec un "director", un "road-captain", un "assistant-director", un responsable des ladies, un webmaster et même un historien !
Que font-ils exactement ? "Des balades. De celle d’une journée où on va en forêt de Fontainebleau à un week-end prolongé sur les plages du Débarquement en passant à des voyages d’une semaine dans un autre pays européen. Dans ce cas-là, on donne la priorité à des événements Harley" précise Philippe, hôtelier à Paris dans "le civil".
Tenant une permanence, chaque samedi après-midi dans la concession, le chapter ne réclame aucune "initiation" ou "obligation" mais plutôt une furieuse passion de se retrouver entre copains. Chez Borie, l’ambiance est assez motarde. "On a des gens qui roulent. En moyenne, 15 000 kilomètres par an" souligne Philippe Vidal, 48 ans. Pour preuve de cette envie de "bouffer du kilomètre", ce chapter a déplacé 65 Harley au rassemblement européen de Saint-Tropez, en juin dernier. La première étape, Paris-Montpellier (700 kilomètres) a été menée tambour battant et d’une traite.
Philippe Vidal est avec son Harley comme Obélix avec la potion magique. Non seulement il est tombé dedans tout petit mais chaque fois il en redemande. "Mon Electra a 140 000 kilomètres et je roule tout le temps avec. Certes j’ai gardé mon 4 pattes de mes 18 ans - une F2 avec 4 en 1 -, mais je suis 100% Harley. Ma Harley way of life, c’est, par exemple, préférer acheter une chemise griffée à la marque plutôt qu’une Oxbow". En 2003, il a fait le pèlerinage du centenaire à Milwaukee : "Il y a eu une petite parade avec 10 000 motos. C’est eux qui ont dit "petite", c’était de la folie pure ! Ca a commencé à 4 heures du matin et duré toute la journée" raconte, encore ému, Philippe.
Le trip du chapter réside ailleurs que dans la moto elle-même. "Pour beaucoup, c’est comme une soupape. Ils viennent là, personne ne sait, sauf le bureau, ce qu’ils font dans la vie, s’ils ont du fric ou pas. Et ils roulent. Ils nous disent qu’en venant avec nous, ils ont trouvé un truc qu’ils cherchaient depuis longtemps. Où on est tous habillé pareil".
Marc Opat : sous le signe du custom
Motard dès l’âge de 18 ans, Marc Opat, 40 ans, a commencé par une XT 500 puis une autre Yamaha, une 650 XS, "un truc qui ressemblait à une Triumph" qui ne manque pas de révéler ce puriste, résidant dans un petit village de l’Oise. Les finances étant plutôt limitées, ce tourneur-fraiseur customise un peu sa Yam.
"Naturellement, dès que j’ai pu, j’ai acheté une Harley mais après avoir sérieusement économisé" explique ce passionné de tout ce qui vient des États-Unis. En 1990, le voilà qui achète une 1340 Softail FXST neuve : "On l’a gardé d’origine pendant un an ou deux à peu près. Et puis, comme tout le monde, on a commencé par mettre des accessoires. Mais ça devient vite cher et puis ta bécane ressemble celle de tout le monde" raconte Marc avec son accent picard.
En bon artisan qui se respecte, Marc coupe, façonne puis assemble. "De ma Softail d’origine, il ne reste que le moteur et les tubes de fourche. Le reste, c’est du fait maison". Pot, moyeux de roue, cadre... Marc s’est fabriqué "sa" moto que tous les potes envient. Lui, il fait pas ça pour frimer : "Chez Harley, t’as les pros qui font même des pubs dans des magazines pour leurs transformations et des "show bikes", un peu partout en Allemagne, en Italie. Moi, j’ai fait deux fois le salon de Pecquencourt à côté de Douai, un truc spécialisé pour les choppers. Mais c’est tout. A partir d’un certain moment, ça pue le fric. C’est la course à l’armement. Plus t’en mets, mieux c’est. Au niveau de mon pneu arrière, j’ai un 200. Mais t’as des types, ils mettent des 300 ou même des 350. Ca veut plus rien dire".
Dans la rue, les gens l’arrêtent et lui posent toujours les mêmes questions. Celle de savoir combien ça a coûté : "J’en sais rien", glisse Marc, "j’ai jamais compté mes heures et pris le temps qu’il fallait. Côté fric, quand tu fabriques toi-même, c’est bon. Ensuite, ils demandent comment j’ai fait telle ou telle chose. Je leur dis sans arrêt qu’il faut que ce soit beau, bien fini. Et que le reste ne compte pas beaucoup".
Roule-t-il beaucoup ? "Pas trop en ce moment car on a un bébé. On prend plutôt les voitures". Les voitures ? "Oui, j’ai aussi une Buick Le Sabre de 1968 et une Dodge Challenger de 1974. Deux V8". Quand on vous dit qu’il aime tout ce qui vient des States.
Jean-Yves Fabiano "roule moins vite"
A 45 ans, Jean-Yves Fabiano a eu envie de se faire plaisir. Cet invariable propriétaire de Kawasaki (650, Ninja, GPZ, GTR), qui avait commencé – comme tout le monde – sur un 103 Peugeot puis une 125 Yamaha, roulait sur une 1200 ZZR... et "s’emmerdait sans le savoir" comme il le dit en rigolant.
En juillet, l’épouse de ce Parisien, père de famille (trois enfants) réussit à le traîner devant une concession Harley dans les Hauts-de-Seine. Une démarche pas tout à fait innocente de la part de la sempiternelle passagère mal installée derrière et qui lui avait glissé à l’oreille que la prochaine serait une machine de Milwaukee.
"Passer à la Harley, pour moi, c’était un truc bizarre. Se dire qu’on vieillit" admet Jean-Yves. Il pousse la porte, l’accueil est sympa. Comme toujours, il demande à essayer sur le champ. Et là, Bingo. "J’ai trouvé les sensations sympa, raconte-t-il. T’es tranquille, les pieds en avant. En fait, t’as l’impression d’avoir un truc entre les mains. Quand je suis reparti avec la ZZR, je l’ai trouvé petite alors qu’elle est plus haute. Aujourd’hui, je ne reviendrais pas en arrière".
Séduit, il craque en juillet dernier pour un Softail De Luxe. L’addition est quand même assez salée : "En l’achetant, j’ai trouvé tout très cher. En plus, t’es obligé de mettre des accessoires : une selle, un pare-brise. Les prix sont un peu abusifs mais la qualité est là. T’as envie d’acheter".
Côté conduite, Jean-Yves a changé ses habitudes : "On roule moins vite, la tension est différente et je m’aperçois que c’est moins fatiguant. De temps en temps, on pense au paysage et on a plus la tête dans le guidon. C’est plus facile à manier que mon ZZR et puis y’a les radars. Je me suis fait bouffer trois points avec le Softail cet été. Avec la ZZR, le permis y passait" conclut ce motard gros rouleur qui laisse la voiture aux enfants.
Ce qui le bluffe le plus, c’est sans aucun doute l’image dégagée par sa "chiotte" comme lui disent les autres clients de la concession. Jean-Yves trouve que l’image du motard change en Harley : "Je me fais accoster pas des gens et je me suis même fait draguer par des nanas, qui m’ont accosté alors que ma femme était là ! C’est dingue, tout est prétexte à discussion avec cette bécane. Avec la Kawa, j’avais jamais vu ça. Et puis, les autres gars en Harley, tu sens des gars plus mâtures. C’est vraiment un mythe et c’est flatteur. A la limite, on est gêné".
Tout nouveau dans ce monde-là, il en profite pour essayer tout ce qui bouge. "Quand la moto va en révision, ils me prêtent des trucs. J’ai tâté du VRod, une Fat et même une Buell. Celle-là, elle était super dure : super puissante, freinant bien mais très inconfortable, un truc d’image. Finalement, la mienne est bien adaptée à mon gabarit avec un poids bien réparti".
"Le chapter ? J’ai pas encore essayé. Y’a un côté qu’à l’air sympa sans rivalités apparentes entre les mecs. Je découvre. On a eu un peu l’impression que certains étaient bourrés de fric avec six motos chacun. En réalité, il paraît que les gars, ils les vendent jamais leurs motos".
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