Dans un document officiel adressé aux préfets que Moto-Net.Com s'est procuré, la Direction de la sécurité routière (DSR) affûte déjà ses arguments pour faire passer en janvier la limitation de vitesse à 80 km/h sur le réseau secondaire... Éléments de langage.
Décidément, le piège se met en place et ne devrait pas tarder à se refermer sur les motards et automobilistes français : alors que le premier ministre a personnellement annoncé qu’il était favorable à la baisse de la vitesse à 80 km/h au lieu de 90 sur les "routes bidirectionnelles sans séparateur central" mais que le ministère de l'intérieur assure qu'aucune décision n'est prise, la Direction de la sécurité routière (DSR, qui dépend... du ministère de l'intérieur !) vient d'adresser aux préfets un document que Moto-Net.Com s'est procuré.
Objectif : porter la bonne parole gouvernementale dans les régions...
"Après 12 années consécutives de baisse de la mortalité routière, le nombre de morts est reparti à la hausse en 2014 (+3,5 %) et 2015 (+2,3 %) avant de se stabiliser en 2016 (+0,5 %) et en 2017 (+0,9 % sur les 11 premiers mois de l’année)", rappelle d'abord la DSR aux préfets avant de leur marteler qu'avec "plus de 1000 décès par an, les excès de vitesse sont la première cause de mortalité sur les routes françaises (32%)" devant l'alcool (19%) et les stupéfiants (9%).
Passons sur la différence pourtant cruciale entre "excès de vitesse" et "vitesse excessive" que les gouvernements successifs continuent à faire semblant d'ignorer - et pire, de mélanger, puisque deux paragraphes plus loin la DSR affirme que "la vitesse excessive ou inadaptée aux circonstances est présente dans 32% des accidents", ce qui est tout à fait différent d'un excès de vitesse - pour nous concentrer sur les éléments de langage - pardon, les arguments - que les préfets seront priés d'apprendre et de répéter jusqu'à la nausée.
Les préfets sont notamment invités à rappeler d'une part que "plus on roule vite, plus on met du temps à freiner" - interrogée à l'instant par MNC, une lectrice de CM2 nous signifie également que l'eau mouille et le feu brûle - et que d'autre part "plus on roule vite, plus on va vite mais pas tant que ça"... Notre interlocutrice étant subrepticement retournée devant Gulli, nous ne pourrons malheureusement qu'imaginer sa moue dédaigneuse à la lecture de ce nouvel argument.
Pour ceux qui suivent, sachez que la DSR conseille aux préfets d'apprendre par coeur les distances de freinage et surtout de rappeler que la vitesse non seulement c'est sale, dangereux, bête et méchant, mais que surtout ça sert à rien : pensez-donc, calculent les fonctionnaires de la DSR, en roulant à 90 km/h au lieu de 80 entre Cluny et Taizé (véridique !), vous gagnez à peine 45 secondes sur 8 minutes de trajet. Idem pour rallier Châteauroux à Lignières, où le gain de temps à 90 ne serait que de 3 mn 20 sur 31 mn de trajet...
Enfin, argument massue à délivrer au bon peuple pour animer les débats du réveillon : la DSR estime à "120 euros par an en moyenne" les économies de carburant réalisées en roulant à 80 km/h au lieu de 90, tandis que les émissions de polluants baisseraient dans le même temps de "30%"... Régime moteur optimal ? Connaît pas !
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