Évoquées début octobre sur Moto-Net.Com par le directeur exécutif Daniel Carrera, les modifications du règlement WSBK censées rééquilibrer le championnat ont été retenues. De quoi renouer avec les années fastes du World Superbike, comme 2002 par exemple ? Explications.
La Commission Superbike s'est de nouveau réunie le 24 octobre pour mettre à jour le règlement technique de son championnat du monde, largement dominé par les Kawasaki ZX-10RR et Ducati Panigale R officielles et écrasé par Jonathan Rea.
Car ces trois dernières saisons, trois hommes se sont partagés l'essentiel des victoires : Rea, Davies et Sykes ont fait retentir leur "God Save The Queen" national à 23 reprises en 2015 (sans compter les deux victoires de Haslam), 25 fois en 2016 et 23 en 2017 (sur les 24 courses disputées à ce jour). De quoi écoeurer Elizabeth II herself, non ?!
À lui seul, Jonathan Rea a empilé quatorze victoires en 2015, neuf en 2016, et il pourrait bien battre son record en 2017 : lors de la traditionnelle finale nocturne de Losail (les 3 et 4 novembre au Qatar), le pilote Kawasaki n°1 visera les 16 victoires !
En cas de doublé, l'impitoyable - et néanmoins respectable - "JR" battrait un autre record encore plus considérable : celui du nombre de points inscrits par un seul pilote en une seule saison WorldSBK ! Les lecteurs de Moto-Net.Com - qui, comme chacun sait, ont un peu plus de mémoire vive que les autres - se souviennent que Johnny était passé tout près il y a deux ans...
Colin Edwards demeure à ce jour le recordman : la "Texas Tornado" et sa Honda VTR-1000 SP1 aux couleurs de Castrol avaient amassé 552 points en 2002. Au cours des 26 courses de cette légendaire saison, le duo américano-japonais avait collectionné onze victoires, dix deuxièmes places, quatre troisièmes et une quatrième.
Cette même année, un autre pilote avait trusté la plus haute marche du podium sur les deux premiers tiers de la saison : Troy Bayliss, au guidon de sa Ducati 998 (quatorze victoires et sept deuxièmes places notamment). Un seul autre homme avait réussi à s'imposer en course : le remarquable "wild-card" Makoto Tamada, chez lui au Japon !
Trois autres concurrents du WSBK 2002 - Hodgson, Haga et Xaus - avaient régulièrement accompagné Bayliss et Edwards sur les podiums... Mais contrairement à aujourd'hui, ce manque de diversité et l'outrageuse domination du champion du monde en titre puis du vice-champion n'avaient pas lassé les fans.
Bien au contraire : la remontée de Colin sur Troy en fin de saison et la lutte pour le titre mondial lors de l'ultime course à Imola - chez Ducati ! - avaient captivé les foules et maintenu le suspense jusque dans le tout dernier tour. Cette seconde manche italienne était d'ailleurs instantanément devenue culte...
C'était le bon vieux temps, avec lequel les responsables actuels du World Superbike comptent renouer en remaniant certains points techniques du championnat 2018. Évoquées en marge de l'épreuve française WorldSBK 2017 sur Moto-Net.Com avec le directeur exécutif du championnat, Daniel Carrera, ces modifications viennent d'être confirmées.
"Le règlement 2018 a été approuvé suivant l'examen de plusieurs aspects de la catégorie", rapporte diplomatiquement la commission. "Une analyse détaillée a été effectuée en collaboration avec les équipes, les pilotes et les constructeurs avec une attention particulière sur la parité, l'abordabilité (terme approximatif, mais on voit ce qu'ils veulent dire, NDLR !)et la compétition".
Ce nouveau règlement permettra-t-il d'éviter que, comme cette année, la lutte entre le champion en titre Jonathan Rea et le vice-champion - enfin presque - Chaz Davies ne soit pliée dès la 21ème manche, cinq courses avant la fin de saison ?
De nouvelles règles encadrant le développement des moteurs, notamment, auront des incidences directes sur la saison 2019 également. D'ici là, le World Superbike devra statuer sur l'éventuel recours à un boîtier électrique unique, solution employée avec succès dans la catégorie "impératrice" MotoGP... Affaire à suivre, sur Moto-Net.Com bien évidemment : restez connectés !
Nouvelles limites de régime moteur
Le "système d'équilibrage" entre les 4-cylindres et les Twins utilisant des restricteurs d'admission d'air est remplacé par un système limitant le régime moteur. Cette limite pourra être réglée à tout moment durant la saison et s'applique distinctement à chaque constructeur.
Pour mémoire, le régime maxi des 4-cylindres - qu'ils soient en ligne, en V ou à calage "Crossplane"... - était jusqu'à maintenant fixé à 15 000 tr/min. Les Twins - "le" bicylindre Ducati dans les faits, qui sera remplacé par le V4 "Desmosedici Stradale" en 2019 - étaient bridés à 12 700 tr/min.
En début de saison 2018, il est prévu que les moteurs Aprilia, BMW, MV Agusta, Suzuki et Yamaha puissent prendre 14 700 tours. Le moteur Honda - qui mouline moins que ces compères en version stock ? - ne pourra monter qu'à 14 300 tours. Quant aux engins Kawasaki et Ducati - trop performants ?! -, ils seront désormais respectivement bridés à 14 100 et 12 400 tr/min.
Points de concessions
Un inédit système de points de concession sera introduit l'an prochain afin de limiter le développement des moteurs des machines les plus rapides. Une victoire vaudra 3 points, une deuxième place 2 points et une troisième place 1 point.
À la fin des trois premières courses - épreuves ? -, les équipes qui se trouveront à neuf points ou plus de la meilleure machine seront autorisées à introduire des mises à jour. Sur le même principe, des évolutions pourront - ou pas - être introduites en cours de saison.
Avantage secondaire selon la commission : les équipes privées auront accès à des pièces moteur (distribution principalement, voir le tableau ci-dessus) dont le coût sera plafonné dans le but de les aider à atteindre le même niveau de performance que les teams soutenus par les usines.
En fin de saison, les constructeurs qui seront à moins de 36 points du leader - attention, 36 points "de concessions" toujours, très différents des points du championnat constructeur ! - devront débuter la saison suivante avec le même moteur.
Nouvelles pièces approuvées
Un plafonnement des prix et un processus de validation ont été appliqués à plusieurs pièces clés du châssis, du moteur et des suspensions. Elles sont appelées "pièces approuvées" et sont listées dans le tableau ci-dessous avec dans l'ordre en français : bras oscillant, tés de fourche, biellettes d'amortisseur, carter d'huile, kit électronique Superbike.
Procédant de la même façon que le règlement existant - "et très bien accueilli", garantissent les Gentils Organisateurs ! - concernant les suspensions et les freins, cela permet d'assurer l'accès et la disponibilité à toutes les pièces pour toutes les équipes avec un encadrement des coûts.
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