Moto-Net.Com a profité de la venue du WorldSBK 2017 à Magny-Cours pour s'entretenir avec le directeur exécutif du championnat, Daniel Carrera. À l'ordre du jour notamment : le futur règlement du Superbike, l'avenir du Supersport 600, l'essor du Supersport 300... Interview en piste !
Moto-Net.Com : La Dorna a fait en juin un point sur les réunions de la commission Superbike au sujet du futur règlement. Où en êtes-vous aujourd'hui ?
Daniel Carrera, directeur exécutif WorldSBK : Les discussions restent ouvertes. Nous les avons entamées très tôt dans la saison, comme toujours, avec la Fédération internationale de motocylisme (FIM) et l'association des constructeurs (MSMA). Naturellement, beaucoup de rumeurs ont circulé sur le sujet. Nous restons fidèles à nos objectifs : trouver le meilleur équilibre entre chaque constructeur et modèle de moto, contenir les coûts, réduire les écarts entre les équipes officielles et les privées... Nous souhaitons que nos régulations reflètent le plus possible la réalité du marché, car notre championnat repose sur des modèles de série. C'est notre principal souci. Nous voulons intervenir sur tous ces plans car nous sommes convaincus que cela nous permettra de générer le meilleur spectacle, le meilleur divertissement aux fans.
MNC : Quels sont les changements prévus pour 2018 ?
D. C. : Nous évoquons la possibilité de brider les moteurs à certains régimes. La majorité des constructeurs soutiennent cette idée, car ils considèrent que cela pourrait équilibrer un peu le plateau. Nous recherchons actuellement, avec notre directeur technique, quel pourcentage de tr/min supplémentaires nous pourrions accorder au moteur de course, comparé au modèle vendu dans le commerce. Nous travaillons parallèlement sur des plafonds budgétaires concernant les "packages" des équipes officielles, afin que les équipes privées puissent accéder au même matériel. Nous réfléchissons aussi à introduire un système de points de concession, l'idée étant la suivante : les teams qui font de bons résultats marquent des points et n'ont pas le droit de développer leur moto ou d'intervenir sur le moteur, tandis que les autres en retrait ne sont pas limités. Voici les principales propositions abordées au sein de la commission Superbike. Nous échangeons encore nos avis, mais un accord devrait être rapidement trouvé car les constructeurs veulent commencer à travailler !
MNC : Étudiez-vous toujours la possibilité d'intégrer un boîtier électronique unique (ECU), comme en MotoGP ou en BSB notamment ?
D. C. : Oui, mais contrairement aux précédentes réflexions qui pourraient aboutir dès 2018, la question de l'ECU a été reportée car elle exige des évaluations approfondies sur les capteurs, les logiciels, le type de boîtier qui pourrait correspondre à toutes les marques. Nous devons encore travailler.
MNC : Souhaitez-vous diriger le Superbike davantage vers le Superstock ?
D. C. : Nous voulons coller au marché. Mais nous savons que les machines de course ne peuvent être complètement stock, auquel cas la meilleure moto dans le commerce raflerait tout. Nous devons trouver le juste équilibre entre les deux.
MNC : Le Superstock 1000 ne risque-t-il pas de disparaître à moyen terme ?
D. C. : La catégorie sera au programme l'an prochain, c'est certain. Ensuite il faudra réétudier la question, en fonction du nouveau règlement Superbike.
MNC : Etes-vous satisfait de la fusion entre le Supersport et le Superstock 600 ?
D. C. : Oui, car nous avons de nombreux inscrits. Nous allons aussi travailler sur le règlement, il y a des progrès à faire en termes de coûts. Mais nous sommes heureux car la catégorie est bien portante et le spectacle est au rendez-vous. Nous considérons que le 600 est la catégorie intermédiaire parfaite entre le WSSP 300 et le WSBK.
MNC : Sauf que mis à part Yamaha, les constructeurs se désintéressent de cette cylindrée...
D. C. : D'ici trois à quatre ans en effet, nous serons confrontés à ce problème car certaines marques prévoient d'interrompre leur production. Nous étudions dès maintenant, avec les constructeurs, si d'autres modèles sur le marché pourraient les remplacer, offrant le même type de performances et pouvant correspondre à cette moyenne catégorie.
MNC : Songez-vous à une révolution du Supersport, plutôt qu'à une évolution ? Pensez-vous aux roadsters, ou pourquoi pas aux néo-rétros ?!
D. C. : (Sourire) Nous écouterons les constructeurs pour savoir quels sont leurs plans, leurs productions et leurs intérêts. Ces produits devront s'adapter à un usage sur circuit et rester bien placés entre les Supersport 300 et les Superbike 1000. Techniquement, ils devront convenablement préparer les pilotes au Superbike.
MNC : La domination de Kawasaki et de Ducati ne se limite pas au plan technique. Les moyens financiers et humains qu'ils emploient sont tout aussi décisifs. Comment comptez-vous inciter les autres constructeurs à s'investir davantage ?
D. C. : Il n'existe pas de solution miracle. Avant tout, nous souhaitons proposer aux constructeurs un règlement équitable car nous savons qu'ensuite, leur professionnalisme, leur expérience, l'aptitude des équipes et le talent des pilotes suivront. Je sais qu'en ce moment, on peut considérer que Jonathan Rea mènerait le championnat quelles que soient les règles. Notre rôle est de créer la meilleure base possible, puis les marques, les teams et les pilotes se battent pour atteindre le sommet.
MNC : Il faudrait contraindre Jonathan Rea à conduire à l'envers pour pimenter les choses ?
D. C. : Quand on suit un sport, on ne veut pas connaître le résultat à l'avance. Mais Jonathan Rea est si courageux, il est au sommet de son art ! Nous avons déjà eu le cas de pilotes qui dominaient le championnat mais ils ne l'ont pas tué pour autant. En tant que fan, il est certain qu'on souhaiterait voir plus de bagarre. L'imprévisibilité des courses est importante pour nous également.
MNC : Les pilotes britanniques écrasent le championnat Superbike depuis plusieurs saisons, et les spectateurs français n'ont même plus de représentant cette année... N'y a-t-il pas moyen d'assurer une place pour chaque "grande" nation en championnat du monde ?
D. C. : Oui, c'est justement dans cet objectif qu'a été créé la nouvelle catégorie Supersport 300 afin de promouvoir les jeunes talents via une plateforme accessible qui leur permette de débuter leur carrière à l'international. Nous observons que beaucoup de pays et de fédérations nationales comptent adopter cette catégorie. C'est pour nous la garantie, dans un avenir proche, de garnir le plateau WSBK.
MNC : Pourriez-vous mettre sur pied une sorte de "Ligue des champions", comme celle organisé dans le football par l'UEFA ? Un championnat où se rencontreraient les champions et vice-champions de chaque pays ?
D. C. : Nous avons effectivement abordé le sujet avec des fédérations nationales afin de trouver un accord de ce type. Que les meilleurs pilotes des championnats nationaux puissent accéder au championnat du monde FIM Supersport 300 l'année suivante.
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