Les responsables du championnat du monde Superbike ont récemment annoncé qu'ils réfléchissaient à imposer un boitier électronique unique. Bonne ou mauvaise idée ? Moto-Net.Com a demandé leur avis aux sept constructeurs engagé dans la lutte pour le titre 2017... et dans celle de la survie du WSBK ?
Actuellement premier du classement provisoire 2017 des constructeurs avec 330 points, Kawasaki joue constamment le titre depuis cinq ans et domine nettement le WorldSBK depuis l'arrivée en 2015 de Jonathan Rea auprès de Tom Sykes. L'avis des Verts est simple : on ne change pas un championnat qu'on gagne !
"La décision a été prise en 2015 de conserver le statut actuel durant cinq ans. Cela signifie que sa prochaine modification devrait intervenir en 2020", calcule le responsable communication des Verts d'Akashi, Martin Lambert. Mais il semble que les responsables du WorldSBK veuillent prendre un peu d'avance...
Grâce à Chaz Davies, Ducati est quasiment revenu à son plus haut niveau... et à celui de Kawasaki surtout ! Archi-dominatrice en fin de saison 2016, la Panigale n°7 a été moins constante que les ZX-10R "Number One" et n°66 sur la première moitié de saison 2017. Un changement de règlement lui serait-il bénéfique ? Ou faut-il carrément ajouter deux pistons à son moteur ?
Revenu à la compétition l'an dernier avec sa toute récente R1, Yamaha peine encore à concurrencer Kawasaki et Ducati. Les Bleus terminent fréquemment au pied du podium cette saison, alors que les Verts et les Rouges les collectionnent. Du coup Yamaha se trouve actuellement à 162 points des premiers et à 100 des deuxièmes.
BMW n'aligne plus de S1000RR officielles depuis qu'il est passé tout près du titre mondial en 2013 avec Marco Melandri. Depuis deux ans, la stratégie de la firme allemande repose sur un vaste programme de soutien d'équipes engagées dans des championnats nationaux et internationaux. Mais les résultats en WSBK restent décevants (108 points seulement)...
"Tout d'abord selon nous, les 6000 euros en Superstock et les 8000 euros en Superbike (hors câblage) sont déjà des plafonds acceptables, lorsque les règles sont respectées", répond à MNC Marc Bongers, directeur technique BMW Motorrad Motorsport. "Deuxièmement, nous ne croyons pas que le boitier électronique unique ou contrôlé rapprocheront les pilotes sur la piste".
"Troisièmement, et c'est peut-être le plus important, nous développons des systèmes qui sont employés ensuite sur nos motos de route : c'est la raison même de ce genre de développement. Si nous perdons cela, nous perdrons l'intérêt de concourir en WorldSBK" estime le boss allemand. "L'anti-wheelie, le traction-control et l'ABS ne sont que quelques-uns des systèmes de sécurité et de contrôle qui ont bénéficié du développement en course et continuent d'améliorer la sécurité des motos de série. Ils évolueraient peut-être moins vite sans la compétition".
"Nous considérons que les Superbike devraient être proches de celles vendues dans le commerce et que l'utilisation l'électronique d'origine est la voie à suivre. Ce serait une bien meilleure solution, mais il faudrait l'appliquer correctement. Développer un ECU "standard" pour chaque championnat mondial et national serait plus coûteux à long terme car il n'existe actuellement aucune règle commune aux différentes séries".
Au sommet de la hiérarchie mondiale durant les années Biaggi - puis Guintoli, cocorico ! -, Aprilia s'est fait déposer en deux saisons. De retour en MotoGP depuis l'an dernier, l'usine de Noale peine à mener ses deux projets de front : l'autrefois glorieuse RSV4 et la "toute-nouvelle-plus-rien-n'à-voir" RS-GP...
"Il nous faudrait savoir de quel ECU il s'agit et quel type de logiciel sera utilisé", s'interroge Romano Albesiano. "Chez Aprilia, nous courrons avec un système électronique développé en interne, mais nous ne nous opposerons pas à l'adoption d'un système différent".
"Nous verrons bien", lance le patron d'Aprilia Racing avant de conclure : "ce qui est certain en revanche, c'est que nous continuerons de développer des technologies sur piste afin de les proposer sur nos motos de série".
Engagé officiellement en World Superbike - au même titre que Kawasaki, Ducati et Yamaha -, MV Agusta ne fait toutefois rouler qu'une seul pilote : Leon Camier qui entre cette année presque toujours dans le Top10, mais presque jamais dans le Top 5... Le développement de la F4 est - deux fois ? - plus long et dur que ceux des concurrentes. Un boitier commun à toutes serait une bonne chose pour elle ?
"A priori, la position de MV Agusta sur ce sujet varie entre neutre et éventuellement favorable", estime la firme de Varese. "Cela dépendrait beaucoup du logiciel qu'ils (les organisateurs du championnat, NDLR) ont l'intention de proposer, de ses caractéristiques". À définir donc...
Enfin, "last but not least", Honda a sûrement son mot à dire ! Le numéro un mondial - des ventes de deux-roues motorisés - est à l'heure actuelle dernier du tableau des constructeurs WSBK avec 71 malheureux points (89 pour MV, 98 pour Aprilia). Plus que l'ancienne (3ème meilleure moto en 2016), la nouvelle Fireblade patine dans le riz vinaigré. Mais que fait le HRC ?!
"Honda est ouvert à toute discussion au sujet de la réglementation en WorldSBK avec la FIM et Dorna", assure Marco Chini, responsable WorldSBK chez Honda Motor Europe. "Grâce à nos différents programmes en sport mécanique, nous bénéficions d'une vaste expérience avec différentes spécifications d'ECU et sommes convaincus que nous pouvons nous adapter à tout changement qui pourrait être adopté pour la saison 2018".
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