Du Grand Prix d'Autriche MotoGP 2020 remporté par Dovizioso, on se souviendra de l'énorme crash entre Zarco et Morbidelli mais surtout de l'incroyable chance de Rossi et Viñales, qui ont failli être pulvérisés par deux motos en perdition... Réaction des pilotes.
"C'est un mauvais résultat mais aujourd'hui on doit s'estimer heureux", résume Maverick Viñales qui termine certes à une décevante dixième place du GP d'Autriche... mais vivant après un terrible fait de course tandis que Franco Morbidelli, nettement moins conciliant, estime que "quelqu'un doit payer pour cette erreur" (lire ci-dessous)...
Llámalo Dios, llámalo suerte... gracias a lo que sea que ha puesto a Rossi justo entre las dos motos, y no un metro por delante o por detrás. pic.twitter.com/bBVM4wL7Aw
— MrAlexF1 (@MrAlexF1) August 16, 2020
"C'était vraiment très effrayant, mais les quatre pilotes ont eu beaucoup de chance, surtout Maverick et moi", confirme le Docteur dont on a pu voir le visage véritablement décomposé dans son box, lorsqu'il revisionnait les images du crash pendant l'interruption de course : "il faut prier quelqu'un ce soir car c'était une situation très dangereuse", poursuit le nonuple champion du monde qui multiplie traditionnellement les rituels superstitieux avant chaque départ de course...
Malgré sa frayeur bien compréhensible, Rossi parviendra à repartir le couteau entre les dents pour se classer 5ème à l'arrivée de la deuxième partie de course : "je pense qu'il faut être agressif bien sûr, tout le monde essaie de faire le maximum, mais pour moi il ne faut pas exagérer car on doit se rappeler que ce sport est très dangereux. Il faut avoir du respect pour les pilotes concurrents, surtout sur une piste où on roule toujours à 300 km/h".
"J'ai parlé avec Zarco et il m'a promis qu'il ne l'avait pas fait exprès (en même temps qui aurait pu raisonnablement en douter, NDLR ?!). Il est parti très large au freinage et a fermé la porte à Franco, or quand on arrive à 300 km/h on est dans l'aspiration du pilote de devant, donc Franco n’a pas pu ralentir. J'étais avec Maverick lorsque nous sommes entrés dans le virage 3 et j'ai senti quelque chose venir vers moi. Je pensais que c’était l’ombre de l’hélicoptère, car parfois il traverse la piste, mais la moto de Franco m'a dépassé à une vitesse incroyable puis celle de Zarco a sauté par-dessus Maverick !"
"Nous avons donc eu beaucoup de chance, mais j'espère que ce type de mésaventure incitera les pilotes à améliorer leur comportement à l'avenir", poursuit la star italienne par ailleurs très proche de Morbidelli via sa VR46 Riders Academy. "J'ai parlé avec Franco (évacué sur une civière mais conscient, NDLR) : il va bien, il essaie de ne pas y repenser mais quand il y repense il a peur. Ce qui fait la différence dans ce cas c'est que personne n'a été blessé, tous les pilotes vont bien donc ça change la donne. Si quelque chose de grave s'était produit, cela aurait été complètement différent".
"Zarco n'a pas causé intentionnellement un tel carambolage", admet Rossi, "mais cela reste une grave erreur d'appréciation qu'un pilote MotoGP ne peut pas se permettre, surtout dans un freinage à 310 km/h. En se déplaçant rapidement vers la droite et en freinant "à la face" de Franco, il ne lui pas laissé la place pour ralentir, donc Morbidelli n'a pu s'empêcher de le percuter à pleine vitesse"...
"Sincèrement c’était difficile de repartir, mais je n’avais pas beaucoup de choix", souligne Rossi. "J'ai donc repris le départ et j'ai fait une bonne course. Pour nous ce n'est pas facile ici avec la Yamaha. On souffre en vitesse de pointe donc c’est très difficile de se battre avec les autres motos (Ducati et KTM notamment, NDLR), mais j’avais un bon rythme. Malheureusement Binder m'a dépassé de façon très agressive dans le virage 9, j'ai dû élargir et j'ai perdu le contact avec le premier groupe. Mais j'avais encore un bon rythme et je pouvais terminer cinquième place. On peut faire mieux, mais c'était une bonne course".
"Aujourd'hui nous avons eu beaucoup de chance et c'est le plus important, je vais bien", philosophe Maverick Viñales qui perd une place au classement général après le GP d'Autriche. "Ce genre de choses peut arriver en course, il y a toujours des risques. Et ce virage 3, à chaque fois on répète qu'il est vraiment dangereux. Ils doivent faire quelque chose, car c'est vraiment facile de chuter ici. Pendant le warmup j'ai failli tomber, j'ai bloqué l'avant et je me suis dirigé vers les murs, c'était effrayant".
"Depuis ma moto, honnêtement je n'ai rien vu de l'accident de la première course. J'ai juste entendu les motos en perdition racler le bitume, puis j'ai senti l'impact de la moto de Johann quand elle a heurté le mur (elle a littéralement transpercé l'air fence, NDLR). Puis j'ai vu une moto venir sur moi, je me suis protégé la tête et elle m'est passée au dessus... C'est sûr que nous avons eu beaucoup de chance aujourd'hui ! Quelqu'un nous a sauvés et c'est le plus important. Ce n'est pas perdu pour le championnat car Fabio n'a terminé que deux places devant moi. Dans la deuxième course, j'ai eu de gros problèmes avec l'embrayage. C'est dommage que nous ayons perdu deux très bonnes occasions d'être en tête du championnat car je me sentais vraiment fort depuis le début. C'est vrai que dans la première course ma moto était assez lente, mais j'attendais le 15ème tour pour commencer à attaquer très fort. Dans la deuxième, après avoir découvert le problème, je pensais juste que ma course était finie mais au bout de trois ou quatre tours, l'embrayage s'est remis à fonctionner. J'ai juste essayé d'être patient et de remonter devant. C'est comme ça"...
"C'est vraiment dommage car j'ai fait une grosse chute en course avec Franco Morbidelli", regrette Johann qui pourrait bénéficier d'un guidon officiel chez Ducati l'année prochaine. "Au freinage il m'a touché et nous nous sommes envolés, il a été surpris parce que nous étions très proches et avec la vitesse ce n'était pas facile de ralentir. Ensuite on a eu peur parce que nos motos auraient vraiment pu heurter quelqu'un, mais finalement personne n'a été vraiment blessé et c'est le plus important".
"C'est dommage car je faisais un bon week-end, j'étais compétitif et je pouvais m'attendre à un excellent résultat en course", regrette le pilote français. "C'était peut-être la course où j'aurais pu avoir le meilleur rythme pendant les 28 tours, mais elle s'est terminée avant. C'est très important de courir la prochaine course au même endroit dès la semaine prochaine. Je dois progresser pour être en mesure de me battre pour le podium, alors je vais me reposer au maximum pendant les trois jours et bien travailler la semaine prochaine".
"J'ai un peu mal, mais tout va bien", confirme le pilote brésilien qui ne souffre que de légères blessures et a été déclaré apte pour le GP de Styrie dimanche sur ce même circuit.
"En revoyant les images de l'accident, je me dis que j'ai de la chance de m'en sortir comme ça et j'estime que j'ai été très chanceux. C'était un accident étrange parce que Johann m'a doublé dans la ligne droite et ensuite il a changé de trajectoire au freinage pour partir très large. Avec ce changement de traj' et l'aspiration, je n'avais aucune échappatoire et je ne pouvais pas l'éviter. Heureusement, on va tous les deux bien".
"C’était important de marquer des points ici car ce n’est pas un bon circuit pour Yamaha, donc je suis désolé pour mon équipe de ne pas avoir pu le faire", regrette le n°21. "J'ai fait de mon mieux pour faire ma course mais nous n'avons pas pu le faire cette fois et j'essaierai dimanche prochain".
"Il est certain que nous en reparlerons jeudi", ajoute Morbidelli sur Twitter en déplorant le fait "qu'à chaque fois que deux pilotes tombent, on appelle ça un "fait de course" et le problème est réglé... Sauf que ce "fait de course" s'est produit à 310 km/h et c'est une chance immense que nous soyons encore entiers, donc quelqu'un doit payer pour cette erreur"...
"J'ai perdu quelques positions au départ et j'ai senti que mes freins étaient assez mous dès les premiers tours, puis je n'avais carrément plus rien dans le virage 4", déplore le coéquipier de Franco Morbidelli... "Entre les deux courses nous avons décidé de changer les étriers et nous avons eu le même problème. Ce fut une course très difficile pour moi car cette piste est normalement entièrement consacrée au freinage dur et tardif. Heureusement, nous avons quand même réussi à terminer huitième donc ce n'est pas aussi mauvais que cela aurait pu l’être. Il va falloir étudier ce qui s'est passé car la prochaine course a lieu ici et je veux m'assurer que nous finirons à une meilleure place. Je sais que j'avais le rythme pour terminer dans le top 5 ce week-end, alors j'espère que nous pourrons y parvenir le week-end prochain. Après les deux chutes effrayantes d'aujourd'hui, je suis heureux que tout le monde aille bien et j'adresse mes encouragements à tous les pilotes impliqués, en particulier Franco".
"J'avoue que pendant l'interruption de course j'étais davantage préoccupé par mon choix de pneus, donc je n'ai pas trop pensé à l'accident à part vérifier que les gars allaient bien - Johann marchait et Franco était sur une civière mais faisait signe que ça allait".
"On souhaiterait ne jamais voir de chutes comme celle-ci, mais dès qu'on voit les pilotes bouger la réaction immédiate est de remonter sur la moto", poursuit le futur pilote officiel Ducati en MotoGP l'an prochain. "Ils auraient fait pareil si quelqu'un d'autre était tombé, ça fait partie de la course. Je veux dire que si on réfléchit raisonnablement, on ne monte pas sur une MotoGP qui prend 350 km/h en touchant les coudes, n'est-ce pas ?"
"J'espère que Morbidelli et ceux qui ont chuté vont bien", déclare le pilote allemand qui remplacera de nouveau le chef de file Honda ce week-end pour le GP de Styrie sur ce même circuit. "Je suis arrivé sur le lieu de la chute un peu après et des morceaux de moto volaient de partout, c'était effrayant. Je n'ai pas assisté à l'accident, mais voir les motos détruites à ce point est toujours inquiétant".
"Mais que se passe-t-il en MotoGP ?", s'inquiète le team manager du GMT94 en félicitant "Dovi, l'excellent Johan Mir, Jack Miller et Fabio qui reste en tête du championnat malgré ses problèmes de freins" au terme d'un GP d'Autriche "grandiose en termes de pilotage".
"Fini le fairplay, le respect mutuel et la bonne entente ?", s'interroge celui qui a toujours proné ces valeurs dans sa propre structure en championnat du monde d'endurance mondiale puis en WorldSBK. "Bien sûr, des rivalités ont toujours existé, mais depuis le début de saison on se critique, on s'accuse, on se juge", regrette Christophe Guyot : "d'Alberto Puig en passant par les frères Espargaro et même par Danilo Petrucci qu'on ne connaissait pas agressif et vulgaire, Miguel Oliviera enragé, ou encore Valentino Rossi et Franco Morbidelli qui accusent méchamment Johann Zarco, on entend trop de mépris et d'insultes parfois blessantes"...
On peut également se demander quelle mouche a piqué Dani Pedrosa, habituellement plutôt fair-play et réservé, qui juste après la terrible chute estimait sur Twitter que Zarco se trouvait "toujours au milieu de moments controversés"...
Toujours sur Twitter mais plus constructif, Xavier Simeon estime carrément que le circuit autrichien "ne devrait pas figurer au calendrier : si Spa n'y est pas, pourquoi celui-ci y est-il ?", s'interroge le pilote belge en estimant que cet accident "prouve que ce circuit n'est absolument pas fait pour la moto"...
Quelques minutes auparavant, la course Moto2 avait également été marquée par un accident très impressionnant : Enea Bastianini part en high side et Hafizh Syahrin percute sa moto de plein fouet, avant d'effectuer un spectaculaire vol plané avant de rester allongé sur la piste, heureusement sans trop de gravité (contusion pelvienne)...
Non classés
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Plateau : Les pilotes et leurs motos 2024
10 mars : GP du Qatar
24 mars : GP du Portugal
07 avril : GP d'Argentine (annulé)
14 avril : GP des Amériques
28 avril : GP d'Espagne
12 mai : GP de France
26 mai : GP de Catalogne
02 juin : GP d'Italie
16 juin : GP du Kazakhstan (reporté)
30 juin : GP des Pays-Bas
07 juillet : GP d'Allemagne
04 août : GP de Grande-Bretagne
18 août : GP d'Autriche
01 septembre : GP d'Aragon
08 septembre : GP de San-Marin
22 septembre : GP d'Inde (annulé)
22 septembre : GP Kazakhstan (annulé !)
22 septembre : GP d'Emilie-Romagne
29 septembre : GP d'Indonésie
06 octobre : GP du Japon
20 octobre : GP d'Australie
27 octobre : GP de Thaïlande
03 novembre : GP de Malaisie
17 novembre : GP de la "Solidarité"
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