Le divorce entre Jorge Lorenzo et Ducati paraît inévitable au regard de l'échec de cette coûteuse association débutée en 2017... Le triple champion du monde MotoGP, seulement 14ème cette année avant le GP d'Italie, assure néanmoins poursuivre sa carrière les deux prochaines saisons aux commandes d'une bonne moto. Comme une Yamaha M1, par exemple ?
Alors que Jorge Lorenzo s'apprête à disputer sa 24ème course sur la Ducati lors du GP d'Italie 2018, ses performances restent inversement proportionnelles à son énorme rémunération annuelle de 12,5 millions d'euros (!) : malgré quelques débuts de courses tonitruants, le n°99 n'affiche aucune victoire et seulement trois podiums... tous signés en 2017 !
Le triple champion du monde MotoGP - dont le meilleur résultat 2018 est sa 6ème place au Mans - doit se rendre à l'évidence : son pilotage coulé est incompatible avec la Desmosedici, moto puissante et stable mais en contrepartie très physique. Le nom de Lorenzo semble prêt à rejoindre la longue liste de pilotes "broyés" par l'italienne, aux côtés entre autres de celui de Valentino Rossi...
La Ducati a pourtant incroyablement progressé, comme en témoignent les six victoires signées l'an dernier par Andrea Dovizioso, puis son succès au Qatar lors de l'épreuve d'ouverture de la saison 2018. Ou encore les réguliers coups d'éclats de Danilo Petrucci et de Jack Miller, 2ème et 4ème du Grand Prix de France, sur la Desmosedici Pramac.
Mais la mayonnaise ne prend pas avec Lorenzo, qui pointe à une anonyme 14ème place au provisoire avec seulement 16 points inscrits sur les cinq premiers Grands Prix. Soit une moyenne de 3,2 points par course ! Pire : "Jorgeuil" n'est que le cinquième pilote Ducati du classement, derrière trois pilotes satellites et son coéquipier Dovizioso !
Danilo Petrucci est en effet le premier représentant de Bologne au 5ème rang du provisoire devant son équipier Jack Miller, tandis que Andrea Dovizioso et Tito Rabat pointent respectivement 9ème et 11ème. Lorenzo, lui, est dominé par Pol Espargaro sur la KTM (13ème avec 18 pts) et se retrouve à égalité de points avec le débutant Franco Morbidelli !
La séparation entre Lorenzo et Ducati apparaît donc inévitable, d'autant que le n°99 n'entend pas brader ses émoluments. Or, la marque Rouge est résolue à baisser son salaire fixe, mais propose de gonfler ses primes de résultats. Autrement dit : pour continuer à percevoir un gros chèque de Ducati, Lorenzo devra remporter des courses. Logique, finalement !
"Lorenzo est un grand pilote, qui n'a pas réussi à extraire le meilleur de notre moto. Une moto qui a de grands points forts et quelques faiblesses", commente le big boss des Rouges, Claudio Dominecali. "Malheureusement, ni lui ni les techniciens n'ont réussi pour l'instant à faire en sorte qu'il exprime au mieux son talent. C'est une pointe d'amertume qui nous reste".
Faute de trouver un accord et d'entrevoir des progrès, les relations entre le majorquin et son employeur italien se dégradent fortement, et ce depuis la fin de saison dernière... Certains membres de l'équipe n'ont toujours pas digéré le GP de Valence 2017, quand Lorenzo avait délibérément ignoré les consignes lui demandant de laisser passer son équipier...
Dovizioso, en lice pour le titre mondial face à Marquez, était alors longtemps resté bloqué dans la roue de Lorenzo, avant de partir à la faute peu après la chute du majorquin. Un "double zéro" en forme de cruelle déception pour Ducati et "DesmoDovi", même si l'italien s'était sportivement gardé de jeter la pierre à "Loren-Show"...
Dans une moindre mesure, le scénario s'est de nouveau reproduit cette année au GP d'Espagne : Dovizioso s'est retrouvé bouchonné par Lorenzo, dont le rythme baissait progressivement après une superbe entame de course.
Et là encore, la scène s'est terminée avec les deux Ducati officielles dans les graviers : après avoir été dépassé par "Dovi", Lorenzo s'était fait percuter par Pedrosa en revenant à la corde, heurtant dans sa chute la Desmosidici de Dovizioso. Certes, cet accrochage est un malheureux fait de course, mais tout de même...
Jorge Lorenzo, piqué au vif par la déclaration de Dominecali, a donné son point de vue avec sa modestie habituelle : "je ne suis pas un grand pilote, je suis un champion : le chef peut dire ce qu'il veut, ça ne me déconcentre pas", a-t-il fait savoir, en admettant néanmoins qu'il devait "respecter l'avis du chef". Ambiance !
Au vue de cette situation, la question n'est finalement plus de savoir "si" Lorenzo reste chez Ducati, mais plutôt "quand" sera annoncée la fin de cette chaotique collaboration ! Les deux parties sont naturellement interrogées à ce sujet depuis leur arrivée au GP d'Italie, sur les terres du constructeur transalpin.
"Je peux vous assurer que je disputerai ces deux prochaines saisons au guidon d’une moto compétitive : je ne me retirai pas", a répondu Jorge Lorenzo en réaction aux nombreuses questions concernant son avenir. "C’est tout ce que je peux vous dire à l’heure actuelle sur mon futur. Peut-être que vous aurez plus d’informations sur ce sujet à Montmeló (lors du GP de Catalogne le 17 juin, NDLR).
Car aussi fou que cela puisse paraître, l'éventualité que le quintuple champion du monde de 31 ans se retrouve sans guidon en 2019 a pris corps ces dernières semaines ! Tout simplement car ses possibilités de repli sur une bonne moto ne sont pas légion : rebondir chez Honda à la place de Dani Pedrosa, récupérer le guidon de la Suzuki d'Andrea Iannone ou tenter sa chance dans une équipe satellite.
"Difficile de savoir ce que sera le futur de Jorge", commente de son côté Lin Jarvis. "La situation n’est pas simple : il fait encore partie du clan Ducati, du moins officiellement car beaucoup de personnes annoncent un divorce imminent. Et il a toujours été habitué à évoluer au sein d’un team officiel", souligne le dirigeant du team officiel Yamaha où a longtemps couru Lorenzo.
Problème : les portes des équipes officielles semblent claquer au nez de Lorenzo. Ainsi, concernant l'éventualité qu'il intègre le HRC, il semble que ni Honda-Repsol et encore moins Marc Marquez n'y soient favorables. Quant à Suzuki, le guidon de Iannone serait en passe d'être attribué à Joan Mir, champion en titre en Moto3 sur lequel Honda avait également des vues pour remplacer Pedrosa.
"Il n’y a pas de secret : oui, nous sommes en train de travailler pour finaliser un accord avec Joan Mir", a confirmé ce vendredi Davide Brivio, team manager du team Suzuki Ecstar. "L’accord n’est pas encore conclu, nous avons besoin d’un peu plus de temps. J’espère que ça sera le cas rapidement".
Reste la possibilité de récupérer l'Aprilia de Scott Redding, totalement transparent chez le blason de Noale. Mais ce scénario paraît peu crédible : malgré l'implication admirable d'Aleix Espargaro, la RS-GP n'est pas au niveau. Pas question pour Lorenzo de poursuivre sa carrière sur une moto "en chantier", incapable en l'état actuel de l'amener sur le podium.
Autre alternative à la fois étonnante et logique : Lorenzo pourrait quitter l'équipe d'usine Ducati pour passer dans un team... satellite. Comme celui de Marc VDS, qui aimerait justement troquer ses Honda contre des Yamaha en remplacement de Tech3 ! Jorge "Aspar" Martinez - actuellement lié à Ducati - serait lui aussi sur les rangs pour récupérer les M1, et par extension Lorenzo. Ce qui signifie que le majorquin deviendrait un pilote privé, comme l'est par exemple Johann Zarco !
Sauf que d'aucuns suggèrent que le blason d'Iwata pourrait décider d'apporter un soutien officiel à son ancien pilote vedette, comme le font Honda avec Crutchlow chez LCR et Ducati avec Petrucci chez Pramac. Soit exactement le type de montage que réclamaient Johann Zarco et son managerà Yamaha... En vain.
Recruter Lorenzo par le biais d'un team privé - Aspar ou Marc VDS - serait-il envisageable pour Lin Jarvis ? "Ça se pourrait", a répondu l'intéressé qui y voit sans doute un double intérêt : la possibilité de récupérer un top pilote et celle - peut-être encore plus séduisante - d'avoir les retours de Lorenzo à propos de la M1, sur laquelle butent encore Rossi et Viñales.
"J’ai été son coéquipier durant neuf saisons : c’est un très, très, bon pilote, capable de piloter la Yamaha à merveille", répond Valentino Rossi à propos d'un potentiel retour de Lorenzo chez Yamaha. Démarche par ailleurs identique à celle du Docteur, revenu chez Yamaha en 2013 après son passage raté chez Ducati !
"Je pense que ce sera compliqué si Jorge revient dans notre clan", reconnaît toutefois avec franchise le nonuple champion du monde, conscient de la vélocité de son ancien voisin de box. "Mais vous savez, la situation sera assez similaire à celle de cette année, car nous avons déjà Johann (Zarco, NDLR). D’un côté, ça risque d’être plus difficile, mais d’un autre côté il y a aussi plus de motivation".
Maverick Viñales, qui remplace - sans convaincre - Jorge Lorenzo dans le team officiel Yamaha, estime lui aussi qu'un retour du majorquin sur la M1 pourrait permettre d'apporter des évolutions positives sur la moto du blason d'Iwata. Pour autant, l'espagnol considère cette possibilité avec une certaine réserve, pour ne pas dire de la méfiance...
"Je pense que c’est toujours important d’avoir de grands pilotes avec nous, car ils nous aident à améliorer la moto", assure "Mack", actuellement deuxième au provisoire derrière Marquez. "Avec Jorge nous avons des styles assez différents, mais ça peut être intéressant".
"De cette manière, il serait possible de voir si la moto fonctionne dans les deux cas. Pour moi en tout cas, avoir Jorge et Valentino à mes côtés serait positif. C’est motivant et ça pousse à se dépasser", assure le n°25 qui doit secrètement se demander si Jorge Lorenzo n'envisage pas de reprendre sa place au sein du team officiel à plus ou moins brève échéance !
Notons enfin que Maverick Viñales songerait à se défaire de Ramon Forcada, l'ancien chef-mécanicien de Jorge Lorenzo resté chez Yamaha lors du départ du majorquin chez Ducati. Dès lors, il est facile d'imaginer vers qui Forcada serait "recasé" dans le cas d'un hypothétique retour de Lorenzo sur une Yamaha M1 : on ne change pas une équipe qui gagne, n'est-ce pas ?!
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Plateau : Les pilotes et leurs motos 2024
10 mars : GP du Qatar
24 mars : GP du Portugal
07 avril : GP d'Argentine (annulé)
14 avril : GP des Amériques
28 avril : GP d'Espagne
12 mai : GP de France
26 mai : GP de Catalogne
02 juin : GP d'Italie
16 juin : GP du Kazakhstan (reporté)
30 juin : GP des Pays-Bas
07 juillet : GP d'Allemagne
04 août : GP de Grande-Bretagne
18 août : GP d'Autriche
01 septembre : GP d'Aragon
08 septembre : GP de San-Marin
22 septembre : GP d'Inde (annulé)
22 septembre : GP Kazakhstan (annulé !)
22 septembre : GP d'Emilie-Romagne
29 septembre : GP d'Indonésie
06 octobre : GP du Japon
20 octobre : GP d'Australie
27 octobre : GP de Thaïlande
03 novembre : GP de Malaisie
17 novembre : GP de la "Solidarité"
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