Le Supersport est un segment du marché moto abandonné des motards et des constructeurs. À qui la faute ? Peu importe, les promoteurs du British Superbike et du World Superbike vont tenter de réinventer cette catégorie en perte de vitesse en intégrant deux nouveaux modèles : Daytona 765 et Panigale V2... Explications.
L'an dernier en France, la meilleure vente de "Supersport" était la nouvelle ZX-6R 636, immatriculée à 441 exemplaires. Un score exceptionnel qu'elle doit à ses habiles mises à jour, à son tarif bien mieux placé que précédemment... et à l'absence de concurrence !
Dans le même temps en effet, seul Yamaha proposait une sportive 4-cylindres de 600 cc homologuée pour la route. Or en 2019, il ne s'est vendu que 199 exemplaires de cette machine titrée quatre saisons de suite en compagnie de Lucas Mahias (cocorico !), Sandro Cortese, Randy Krummenacher et Andrea Locatelli.
En élargissant le spectre des "sportives de moyenne cylindrée", Moto-Net.Com comptabilisait l'année dernière 678 ventes de CBR650F et R (année de transition entre les deux modèles) et 675 ventes de Ninja 650... Plus abordables financièrement, ces Honda et Kawasaki pêchent au niveau des performances : un gouffre les séparent des Superbike...
"Ces dernières années, le Supersport a été soumis à une réglementation visant à inclure des motos de 600cc quatre cylindres (R6, ZX-6R et CBR600RR, NDLR), 675cc trois cylindres (MV Agusta F3) et 750cc bicylindre (?)", rapportent collégialement les responsables du World Superbike et du British Superbike.
Dans les faits, les Yam et Kawa représentent actuellement le gros des - petites - troupes... Les promoteurs DWO (WSBK) et MSVR (BSB) collaborent donc avec la fédération internationale de motocyclisme afin de diversifier et densifier leurs plateaux...
"La catégorie intermédiaire pour motos de série est implantée depuis longtemps, mais avec la transformation du marché, il est clair que des ajustements sont nécessaires pour permettre à davantage de modèles de devenir éligibles", réalisent-ils... un peu tardivement ?
À l'instar de la "catégorie reine" Superbike il y a encore trois ans (avant l'arrivée du V4 dans la Panigale) et "sur la base de l’expérience récente de la catégorie junior Supersport 300 au sein de laquelle des machines de cylindrée et d’architecture différentes sont adaptées pour assurer une parité, le même principe pourrait être appliqué à l’orientation future de la catégorie senior Supersport".
Dès le printemps prochain, une Triumph 765 Daytona "expérimentale" sera engagée en British Supersport. Le prototype anglais - mais rien à voir avec les Moto2 munies du même moteur, d'accord !? - sera suivie en milieu de saison par une Ducati 959 Panigale V2.
En cas de réussite, cet élargissement de la catégorie Supersport pourrait être appliquée dès 2022 au niveau mondial. Mais le challenge s'annonce extrêmement difficile : niveler les performances de motos - très - différentes est excessivement compliqué, pour ne pas dire impossible.
Autre souci auquel font face les organisateurs : les choix commerciaux des constructeurs. Honda par exemple, met à jour sa CBR600RR pour 2021 mais ne la commercialisera qu'en Asie. Un choix qui désole Simon Buckmaster, patron du team PTR qui a fait rouler et gagner Eugene Laverty, Jules Cluzel, Sam Lowes ou Kyle Smith...
"Nous étions enthousiastes à l'idée de pouvoir utiliser la nouvelle CBR600RR, mais les circonstances ont joué contre nous et ce n'est pas possible. Pour résumer, la moto n'étant vendue que sur le marché asiatique, toutes les pièces neuves de la moto auraient du venir du Japon. En ces temps difficiles, Honda a estimé qu'il n'était pas possible de nous soutenir". Allo Mister Triumph, combien pour faire rouler une Daytona 765 ?!
Stuart Higgs, directeur MSVR (promoteur du British SBK) :
"La catégorie Supersport est extrêmement importante pour les structures de compétitions nationales et internationales. Auparavant, plusieurs constructeurs et configurations de machines ont roulé ensemble, mais ils se sont raréfiés en raison des changements du marché. La redéfinition de la catégorie apportera un coup de fouet et dessinera un bel avenir pour la catégorie intermédiaire dérivée de la série. Je suis très heureux et enthousiaste de coopérer et travailler en étroite collaboration avec nos amis de la FIM et de DWO sur ce projet".
Gregorio Lavilla, directeur exécutif Sport et Organisation du WorldSBK :
"Nous sommes toujours ouverts à de meilleures manières d’améliorer les sports mécaniques et je suis heureux de voir que nos idées correspondent à celles de tant de promoteurs au niveau national et de la FIM. C’est formidable d’avoir le soutien de MSVR qui nous aide à concrétiser cette idée et nous travaillerons en étroite collaboration avec toutes les parties concernées pour que cela soit une réussite, avec à l’avenir un règlement identique dans les deux championnats et peut-être dans d’autres compétitions nationales".
Franck Vayssié, directeur de la Commission des Courses sur Circuit de la FIM :
"Le sport mécanique est une grande famille mondiale, la FIM est plus qu’heureuse de voir tous les acteurs travailler ensemble pour améliorer la compétition, du niveau national au niveau mondial. Depuis la création de la catégorie, le Supersport a toujours offert un grand spectacle en piste avec des batailles incroyables pour le titre. En raison de la situation actuelle du marché, afin de maintenir ce même niveau d’intérêt et de préserver l’équité entre toutes les équipes et tous les pilotes, il est absolument nécessaire que le règlement de la FIM soit mis à jour. Toute la famille FIM soutient cette idée et travaillera en étroite collaboration avec les promoteurs, les organisateurs et les constructeurs pour faire avancer ce projet passionnant".
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