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MOTOGP - VALENCE (18 SUR 18)
Paris, le 9 novembre 2015

Déclarations et analyse du GP de Valence MotoGP

Déclarations et analyse du GP de Valence MotoGP

Après chaque course Moto GP, retrouvez les déclarations des principaux pilotes de la catégorie reine et l'analyse de leurs succès (et de leurs échecs) par la rédaction de Moto-Net.Com. Débriefing du Grand Prix de Valence, finale du championnat 2015.

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GP de Valence MotoGP : déclarations et analyse

Jorge Lorenzo, Yamaha-Movistar Factory (1er en qualifs et 1er en course) : "Ca a été l'une des courses les plus dures, si ce n'est la plus dure, de ma carrière. La tension et la pression étaient très élevées dès le premier virage et j'ai essayé de pousser à la limite, comme je le fais d'habitude. J'ai fait tout ce que j'ai pu sur les premiers tours, lorsque le pneu était encore neuf. Nous avons ensuite commencé à avoir des petits soucis avec le pneu arrière, qui perdait en grip, surtout à droite, et la moto commençait à bouger et à patiner à l'accélération".

"Je devais vraiment faire attention en entrée de virage parce que je ne voulais pas tomber. C'était très difficile de rester dans les 31,5, voire plus haut. J'ai commencé à tourner dans les 1'32 sur les derniers tours. Il était très difficile de maintenir ce rythme. J'avais aussi beaucoup de mal à voir mon pit-board, je ne le voyais pas un tour sur deux. J'ai poussé au maximum et j'ai tout donné dès le départ, du premier virage au dernier".

"Je ne pensais à rien d'autre qu'attaquer et donner le maximum. Je voyais Marc et Dani revenir et je savais que je devais continuer à attaquer. Mes efforts valaient la peine puisque nous pouvons maintenant dire que nous sommes quintuple champions du monde, trois fois en MotoGP. C'est fantastique et nous allons fêter ça cet après-midi, ce soir, cette semaine... Ces moments sont difficiles à atteindre et ils seront difficiles à atteindre à nouveau".

"Pendant les 17 courses précédentes, je n'ai pas pu prendre d'avance mathématique sur Valentino, Et finalement je remporte le championnat dans la dernière course. Je suis super ému, super heureux et super fier. Je vais le savourer avec ceux qui ont rendu cela possible. On a probablement façonné la meilleure moto pour 2015. Je suis très fier de faire partie de cette équipe".

"Je pense que je mérite vraiment ce titre. Je l'ai battu (Rossi, NDLR) au nombre de victoires, de pole positions, de meilleurs tours, de tours passés en tête des courses et aussi de séances d'essais dominées. Il n'y a qu'en termes de nombre de podiums et de régularité qu'il m'a battu (Rossi est le seul pilote avec Bradley Smith à avoir terminé les 18 courses en 2015 : le Docteur est monté 15 fois sur le podium, quand Lorenzo l'a raté six fois dont une fois sur chute à Misano, NDLR)".

L'analyse Moto-Net.Com : Sur le plan de la performance, la saison de Jorge Lorenzo est une réussite incontestable puisqu'il compte le plus de victoires (7, soit presque 39%), dont quatre consécutives en solitaire. Magnifique à regarder du bord de piste, la "machine Lorenzo" est capable - quand chacune de ses pièces s'emboîtent correctement - d'afficher une vélocité et une constance sans équivalent.

Pour autant, le majorquin a déjà fait mieux en termes de succès : huit victoires en 2013 quand il termine vice-champion derrière Marquez et surtout neuf en 2010, année de son premier titre en MotoGP. Mais à l'époque, les pilotes aux avant-postes n'étaient pas aussi nombreux : cette année, Rossi, Marquez et Pedrosa jouaient la gagne à chaque course, tandis que Dovizioso et surtout Iannone ont très largement animé les débats même s'ils échouent finalement à atteindre l'objectif de victoire brigué par Ducati.

Bref, même s'il lui faudra à l'avenir peaufiner ses débuts de saison et vaincre ses appréhensions sur le mouillé, Jorge Lorenzo est parfaitement légitime dans son rôle de champion du monde, comme le confirment sa pole record à Valence - sa première toutes catégories confondues - et ce final mené de bout en bout, malgré la pression du titre.

Signalons au passage qu'il bat tous les records en vigueur sur le tracé Ricardo Tormo d'environ deux dixièmes : 1'30.011 en qualifs contre 1'30.237 pour la précédente référence fixée par Marc Marquez en 2013 et 1'31.367 en course contre 1'31.515 par le même Marquez l'an passé.

Dernier record dans son escarcelle, et pas des moindres : le n°99 a bouclé les 30 tours de course en 45'59.364 min, soit 40 secondes plus vite que le vainqueur 2014 (Marc Marquez en 46'39.627). Une donnée qui en dit long sur le rythme imprimé dimanche !

Et pourtant, si Jorge Lorenzo est le plus admiré des pilotes pour sa maestria en piste, il est aussi depuis dimanche le plus détesté en dehors... Cela commence, naturellement, par son équipier Valentino Rossi et ses millions de fans, qui ne lui pardonneront jamais ses propos vindicatifs tenus depuis Sepang et ses demandes répétées de sanctions plus fortes.

Plus préoccupant, son employeur s'est dit à deux reprises - publiquement - en désaccord avec le majorquin : une première fois après ses déclarations acides après la clash ("Ce n'est pas le travail de Jorge de juger ces événements", rappelait Lin Jarvis, directeur du département course Yamaha), puis une deuxième quand Lorenzo et son avocat ont déposé - sans en informer Yamaha - une requête auprès du Tribunal arbitral du sport (TAS) contre Rossi.

Emporté par sa volonté de détruire son coéquipier, Lorenzo s'est aussi mis à dos les dirigeants des Grands Prix et le promoteur Dorna en dénonçant la complaisance accordée selon lui à Rossi à Sepang grâce à sa formidable notoriété. "Un autre pilote aurait été éliminé de la course sur drapeau noir", a-t-il affirmé haut et fort. N'aurait-il pas été plus sportif et avisé de savourer en silence ce titre qui lui tendait les bras ?

Enfin, le n°99 ne s'est pas fait que des amis en déclarant avant la course, avec une mauvaise foi assez évidente, "qu'un titre de plus ou de moins ne changerait rien à sa vie". De quoi voir rouge pour certains pilotes qui ont passé ou passeront leur carrière à courir vainement après un sacre mondial...

Hué sur le podium par de nombreux mécontents, Lorenzo est resté digne pendant toute la cérémonie du podium, évitant de revenir les polémiques passées et ses rapports futurs dans son équipe. Mais quand il a pris connaissance des accusations de Rossi, selon qui Marquez aurait protégé Lorenzo toute la course et même ralenti Pedrosa, "Por Fuera" est de nouveau sorti de ses gonds, à l'instar du HRC (lire encadré ci-dessous)...

Le HRC voit - encore - rouge !

Shuhei Nakamoto, vice-président du HRC, est encore une fois monté au créneau contre Valentino Rossi dans un communiqué de presse où il exprime toute sa froide colère suite à l'analyse d'après-course du Docteur, qui estime que Marc Marquez a servi de lieutenant à Lorenzo...

"Ce n'est pas l'ambiance que nous souhaitions avoir à la fin d'un championnat inoubliable. Nous savons que c'est une journée très difficile pour Valentino, avoir mené le championnat durant 17 courses et perdre de seulement cinq points dans la dernière doit être une énorme déception. Cependant, de l'autre côté, nous ne pouvons pas accepter ses accusations au sujet de nos pilotes et de Honda, faites ces dernières semaines et aujourd'hui après la course en conférence de presse. Comme pour l'allégation qu'il avait faite après Phillip Island, il n'y a aucune preuve pour soutenir ces accusations, seulement le fait que Marc ait pris cinq points au concurrent de Valentino pour le championnat, Jorge".

"Aujourd'hui Valentino a affirmé que Marc n'avait jamais essayé de doubler Jorge, qui a clairement eu un très bon rythme tout le week-end et l'avait démontré en décrochant la pole position en qualifications. Marc s'est battu pour le suivre en course et lui et Dani ont fait un excellent travail pour ne pas se faire distancer par Jorge. Marc prévoyait d'attaquer dans le dernier tour, et nous l'avons souvent vu essayer par le passé à chaque fois qu'une opportunité s'est présentée. Le rythme de Dani s'est accéléré en fin de course et il a doublé Marc, mais est parti trop large et Marc a tout de suite pu repasser devant mais c'est la course. (...) Nous ne pouvons pas accepter que ces accusations continuent à faire surface parce qu'il s'agit de la perception d'une personne - que nous respectons- mais ce n'est pas la réalité"

"Valentino est un grand champion et clairement quelqu'un d'intelligent et nous espérons qu'à un moment donné, avec du recul, il pourra réévaluer ce qui s'est passé et accepter que ce fut une autre excellente course d'une fantastique saison, et qu'il est dommage de la gâcher. Marc et Dani ont pris des points à Valentino comme à Jorge cette année, c'est la nature de la course".

"Toute cette polémique et ces commentaires ne seraient pas là si Valentino avait eu la vitesse de Marc et la mienne, et s'il avait gagné plus de courses. Il est évident qu'il y a des pilotes plus jeunes qui sont plus rapides que lui et les statistiques le prouvent", a déclaré, glacial, le majorquin avant d'enfoncer le clou : "ça doit être un peu frustrant de perdre ce qui est peut-être sa dernière chance d'être champion" a-t-il déclaré au quotidien espagnol Marca".

Des propos très durs que Lorenzo a aussitôt tenté d'amoindrir : "le championnat qu'a disputé Rossi a été impressionnant en ce qui concerne son évolution en tant que pilote, je ne me lasserai jamais de le dire : faire ce qu'il a fait à 36 ans et après avoir tout gagné est admirable".

Top tard, le mal est fait : ça promet pour 2016 !

Marc Marquez, Honda-Repsol Factory (2ème en qualifs et 2ème en course) : "Nous perdions beaucoup à l'accélération et au freinage, j'étais trop loin. Les virages 5 et 6 étaient les seuls endroits où nous pouvions revenir sur Lorenzo. J'ai essayé de passer à quatre tours de l'arrivée mais j'ai été prudent. Dani est ensuite arrivé comme une roquette ! À deux tours de l'arrivée, je savais que ça allait être dur, nous perdions du temps et Jorge avait réussi à prendre une demi-seconde d'avance. J'ai essayé de combler l'écart mais ça n'a pas suffi".

"Jorge est finalement le champion qui méritait le titre. Lui et Valentino le méritaient tous les deux, l'un a été plus rapide et l'autre, plus régulier. Lorenzo avait gagné en vitesse sur la fin de l'année mais Valentino a fait une excellente saison et il aurait aussi mérité de gagner. Je me suis senti un peu mal à l'aise sur le podium parce que des spectateurs huaient. C'est compliqué pour un pilote mais j'ai la conscience tranquille et mon team aussi..."

"Nous avons fait le maximum, nous nous sommes donnés à 100% à chaque course. Nous avons eu du mal à marquer le maximum de points et nous voulions finir l'année avec une victoire. Ça n'a pas été possible, mais au final je ne voulais pas voir un champion du monde hué. Il est clair qu'il y avait déjà de la tension, on ne peut pas le nier. La semaine dernière a été très tendue et nous n'étions pas vraiment préparés pour venir ici".

"Ça a été dur de me concentrer et ça ne nous a pas aidés. Pour cette course j'avais la pression de finir parce que j'avais déjà eu six abandons cette année. Il y avait aussi la pression de faire la course tout seul, je pense que Dani l'a aussi sentie. Il est clair que les paroles de Valentino et de ses fans pèsent beaucoup".

"Valentino s'est forgé un charisme au long de sa carrière et c'est une référence pour n'importe quel pilote. Pour moi qui suis un pilote avec une mentalité de gagnant, c'est une insulte lorsqu'on dit que je n'ai pas voulu remporter la course parce qu'à chaque fois que je sors en piste, c'est pour gagner et faire le meilleur travail possible".

L'analyse Moto-Net.Com : Troisième du classement final avec 88 points de retard sur Lorenzo, Marc Marquez le reconnaît sans peine : sa saison n'a pas été à la hauteur de ses espérances, à cause des problèmes d'équilibre de sa Honda et de son obstination à vouloir malgré tout s'imposer.

A seulement 22 ans, le double champion du monde MotoGP estime avoir "appris beaucoup de choses", notamment que finir "troisième ou quatrième était parfois bon pour le championnat". La leçon a cependant été longue à être assimilée puisque son "carnet" totalise pas moins de six "zéro" : Argentine, Italie, Catalogne, Grande-Bretagne, Aragon et Malaisie. Soit un résultat blanc toutes les trois courses en moyenne !

En parallèle, force est de constater que le prodige du HRC n'a rien perdu de sa vélocité : il s'adjuge pour la troisième année consécutive le trophée "BMW M Award", qui récompense le pilote ayant réalisé les meilleurs performances en qualifications en MotoGP. Grâce à ses 8 pole positions (trois de plus que Lorenzo), l'espagnol s'est vu remettre les clés d'une BMW M6 Convertible.

Ce petit joujou doté d'un V8 Turbo de 560 ch va-t-il permettre à l'espagnol d'effacer sa déception et sa colère provoquées par les accusations de Valentino Rossi ? Pas sûr... D'autant que le Docteur en a remis une louche devant les caméras, accusant Marquez d'avoir sciemment évité toute attaque sur Lorenzo, voire d'avoir éloigné volontairement Pedrosa !

De nouvelles accusations encore une fois difficiles à prouver : certes, Marc Marquez n'a pas attaqué une seule fois Jorge Lorenzo, ce qui peut étonner de la part d'un pilote qui tente toujours au moins une fois sa chance depuis ses débuts en Grands Prix en général, et en MotoGP en particulier.

Mais rappelons que le majorquin a imprimé une cadence infernale - 40 secondes plus vite qu'en 2013 sur le total de la course -, se maintenant sous les 1'32 jusqu'au 25ème tour. Difficile de poser une attaque dans ces conditions... D'autant que le n°93 n'avait pas envie de terminer sa saison à plat ventre, voire en emmenant Lorenzo avec lui dans les graviers !

Voila probablement pourquoi Marc Marquez n'a pas réagi quand Lorenzo - à l'agonie avec son pneu arrière - a brutalement ralenti à partir du 26ème tour, passant de 1'31.781 à 1'32.097 puis 1'32.331 dans le 29ème tour. Soit une demi-seconde de perdue (0,550 sec exactement). Et pourtant, l'officiel Honda avait de la réserve, puisqu'il a bouclé son 30ème et dernier tour en 1'31.945...

Ce ralentissement est à l'origine de la spectaculaire remontée de Pedrosa : le n°26 n'a pas accéléré, son rythme est simplement resté constant entre 1'31.5 et 1'31.8. "Ca n'a pas été la course la plus rapide de ma vie, mais la plus importante", avoue d'ailleurs Jorge Lorenzo, conscient de l'affaissement de ses chronos.

Notons que Marquez et Rossi - autrefois en excellents termes, même en privé - ne se sont plus adressés la parole depuis Sepang, mais que l'espagnol a promis d'aller s'expliquer "plus tard". Une promesse que l'officiel Yamaha ne semble guère disposé à faciliter...

Dani Pedrosa, Honda-Repsol Factory (3ème en qualifs et 3ème en course) : “Je suis très content de ma dernière course parce que l'année a globalement été très dure. Il a été très difficile pour nous de sortir de la situation dans laquelle nous étions en début d'année. Mon team, mes sponsors, mes proches et moi-même savent l'effort qui a dû être fourni. Il est très dur de comprendre l'énergie nécessaire pour revenir fort après avoir dû prendre le risque d'une opération comme la mienne".

"J'ai dû me concentrer sur moi-même à 100%. Ça m'a coûté ma saison, alors c'est forcément fantastique de la finir l'année. Je dois à mes fans une grande partie de mon énergie et je me suis beaucoup amusé aujourd'hui, surtout sur les derniers tours. J'ai retrouvé le feeling et je suis fier de ma performance".

"Je n'étais pas au niveau des deux premiers durant toute la course et je pensais finir troisième. Je me suis concentré pour donner le meilleur de moi-même, j'ai gardé mon rythme et puis j'ai commencé à rattraper les deux autres. Quand j'ai vu sur mon panneau qu'il ne restait que deux tours, j'ai voulu essayer mais je n'avais pas assez de grip pour me battre. Je rentre chez moi content de ce que j'ai fait et d'avoir fini la saison quatrième".

"Le championnat a été très disputé. Nous n'avions jamais vu deux rivaux se battre comme ça mais ils ont tous deux eu un championnat différent. Je suis très content d'être monté sur le podium, d'avoir récupéré et c'est pour moi un final dont je me souviendrai"

L'analyse Moto-Net.Com : L'homme le plus admirable de cette fin de saison est indubitablement Dani Pedrosa ! Revenu au sommet de sa forme après une année en demi-teinte, le n°26 s'adjuge deux victoires et un podium en quatre courses. Grâce à cette fin de parcours rondement menée, il termine finalement 4ème au général devant Andrea Iannone, pénalisé par un deuxième pépin technique à Sepang et sa chute à Valence.

De quoi se rassurer sur son niveau de compétitivité pour l'an prochain, après son douloureux forfait pendant trois Grands Prix occasionné par son opération du syndrome des loges. Refusant de prendre part à toutes les polémiques nées du "SepangGate", Dani a mis gaz en grand jusqu'au bout, sans calcul : rappelons en effet que si les deux officiels Honda dépassaient Lorenzo, le titre revenait à Rossi...

Au final, le coéquipier de Marc Marquez démontre que Honda a parfaitement raison de lui conserver sa confiance. Surtout que l'expérience du catalan - arrivé en MotoGP au HRC en 2006 -va être très précieuse pour la mise au point de la Honda 2016, désormais en pneus Michelin et dotée d'une ECU commune à toutes les autres moto du plateau...

Valentino Rossi, Yamaha-Movistar Factory (12ème en qualifs mais rétrogradé dernier, 4ème en course) : "Nous avions commencé à construire cette saison dès la première course et au final ça a été une superbe saison. J'ai toujours été compétitif et je n'ai jamais commis d'erreur. Après le Motegi je pense que j'avais le potentiel pour remporter le championnat mais quelque chose a malheureusement changé à Phillip Island et lors de ces trois dernières courses nous avons été témoins de quelque chose que nous n'avions jamais vu dans notre sport".

"Je trouvais que la situation était déjà mauvaise mais aujourd'hui ça a été gênant pour tout le monde, le comportement de Márquez a été très mauvais pour tout le monde et en particulier pour notre sport. C'est quelque chose que personne n'attendait, voir un pilote Honda aider un pilote Yamaha puis faire le maximum pour éloigner son propre coéquipier est quelque chose que personne ne s'attend à voir... Je pense que c'est une très, très mauvaise nouvelle. Mais c'est comme ça et nous devons l'accepter.

"Je suis content parce que maintenant tout le monde voit ce que j'avais dit en Australie. Je ne comprends pas le comportement de Márquez et sincèrement il m'est très difficile de lui dire quoi que soit parce que j'aimerais qu'il comprenne ce qu'il a fait sur ces trois courses, pour le futur de sa carrière J'ai parlé aux dirigeants jeudi et je leur avais dit ce qui allait se passer aujourd'hui. Ils avaient dit que c'était impossible... et pourtant c'est arrivé".

"Les Honda étaient clairement plus rapides. Nous savions qu'elles avaient un meilleur potentiel sur la seconde partie de la course mais Márquez ne faisait que protéger Lorenzo, comme il l'avait fait à Phillip Island et aussi à Sepang. Au final je crois que Lorenzo ne peut pas être heureux de ce titre parce que ce championnat n'a pas été remporté sur la piste. Mais chacun en gardera ses propres souvenirs"...

L'analyse Moto-Net.Com : Bernard Ansiau, fidèle mécanicien belge de Valentino Rossi, a confié ce week-end que si le Docteur avait les traits si tirés depuis vendredi, ce n'est pas à cause de la fatigue ou du stress, mais de l'amertume...

Profondément déçu d'avoir vu le TAS rejeter sa demande de report de sa sanction, le n°46 avait posé un genou un terre avant la course, conscient que son destin ne lui appartenait plus suite à cette décision officialisant son départ depuis la dernière place.

Balayant d'une main les rumeurs annonçant son retrait ("j''ai beaucoup de passion pour ce que je fais et je ne vais pas changer mes projets d'avenir à cause de ce qui s'est passé"), Rossi s'est concentré sur le seul objectif à sa portée : faire la meilleure remontée possible. Tout en sachant qu'à la régulière, il n'avait aucune chance d'atteindre le podium car le rythme de Lorenzo et des Honda d'usine était bien trop élevé.

Cette remontée indispensable, le génie des alpages l'a parfaitement exécutée, prenant des risques calculés pour revenir de la 26ème à la 4ème position. Du grand art pour ce pilote dont le dernier départ depuis la dernière place s'était soldé par une chute : il s'agissait du GP du Qatar 2004, quand il avait été rétrogradé de la 8ème à la 23ème place sur la grille après une réclamation de Honda et Sete Gibernau !

Mais comme il le craignait, cela n'a pas suffi. Pire : faute de parvenir à descendre sous les 1'32, l'écart n'a fait que grandir entre Lorenzo et lui, passant de 12,775 sec au moment de son arrivée en 4ème position au douzième tour à 19,789 sec sous le drapeau à damiers. Autrement dit, quelle que soit la façon dont aurait pu se passer la course, Valentino Rossi ne l'aurait a priori pas remportée.

Dépité par ce qu'il considère être une nouvelle tricherie de Marquez, Valentino Rossi a refusé de se rendre à la cérémonie de remise des prix dimanche soir à Valence : un affront pour l'organisateur et la FIM. A la place, il a multiplié les petites phrases assassines, notamment à l'égard de son coéquipier...

"Lorenzo a été bon et, en piste, il a mérité ce titre. En dehors de la piste, il aurait pu être beaucoup plus intelligent et ne pas commenter cette situation. S'il l'a commentée, c'est peut-être qu'il est particulièrement stupide ou qu'il n'a pas la conscience tranquille. Notre cohabitation l'année prochaine ne sera pas, je pense, un gros problème. Mon problème, à l'heure actuelle, c'est que j'ai perdu".

Dommage qu'un champion de ce calibre, dont la sportivité et l'attitude envers ses rivaux a été exemplaire jusqu'à Sepang, ne fasse pas preuve de cette pondération qu'il réclame à son coéquipier... D'autant qu'au final, toutes ces sorties verbales ne font qu'alimenter un brasier que Rossi a lui-même allumé un certain jeudi après-midi en Malaisie...

Et à l'heure du bilan, le plus grand champion de l'ère moderne doit se rendre à l'évidence : son dixième titre n'a pas été volé par Marquez comme il cherche à s'en convaincre, mais c'est bien lui qui l'a perdu en écartant délibérément la RCV à Sepang. "Je le regrette, j'aurais dû suivre ma trajectoire", reconnait le vice-champion du monde, battu pour seulement 5 petits points... Faute avouée, à demie pardonnée ?

Maverick Vinales,Suzuki-Ecstar Factory/Open (11ème en qualifs et 11ème en course) : "Je suis un peu déçu parce que j'étais bien parti, mais quelqu'un m'a poussé dans le deuxième virage et j'ai perdu plusieurs places. Quand j'ai pu rouler à mon rythme, j'allais aussi vite que les pilotes qui roulaient aux cinquième, sixième ou septième places. Au final nous avons marqué quelques points et je finis la saison bien placé (12ème du classement général). Nous espérions faire un peu mieux mais j'ai beaucoup appris. La saison a été positive et sans mes deux chutes j'aurais pu finir dans le Top 10, ce qui me rend assez optimiste pour l'an prochain. Maintenant nous allons nous concentrer sur la saison à venir, nous connaissons nos points faibles et nous avons beaucoup d'informations de cette année à utiliser".

L'analyse Moto-Net.Com : Suzuki a eu le nez creux en recrutant Maverick Vinales, pilote dont le talent exceptionnel s'est immédiatement révélé sur une GSX-RR en retrait en termes de puissance et de sophistication (la MotoGP japonaise est par exemple l'une des rares dépourvues de boîte seamless).

Rapide et surtout constant, Maverick signe deux superbes 6ème places cette année (Catalogne et Australie) et décroche la douzième place au championnat à seulement 8 points de son expérimenté coéquipier, Aleix Espargaro (97 points contre 105). En toute logique, le n°25 est nommé "Rookie of the Year" (débutant de l'année) et sera à ne pas douter l'un des protagonistes de la saison 2016.

Hector Barbera, Ducati-Avintia Open (14ème en qualifs et 16ème en course) : "Je suis très content parce c'était génial de remporter la course (en catégorie Open, NDLR) et le championnat Open chez moi. Je me suis fait plaisir tout le week-end et les fans ont été incroyables. Je tiens à remercier le team parce qu'ils ont fait le maximum toute la saison pour que nous puissions atteindre nos objectifs. Nous nous sommes donnés à 200% sur les dernières courses et je pense que nous ne pouvions pas demander plus. Nous allons maintenant fêter ça comme il se doit et commencer à penser à 2016 mardi. C'est une année où il va y avoir beaucoup de changements et j'espère que nous pourrons à nouveau nous battre".

L'analyse Moto-Net.Com : Une saison constante et solide de la part de Barbera, dont le meilleur résultat cette année est une 9ème place au Japon sur la Ducati Open Avintia. L'espagnol remporte le dernier "titre" Open de la catégorie reine (avec 5 points d'avance sur Loris Baz), qui adoptera l'an prochain un règlement unifié avec Ecu commune, sept moteurs et réservoir de 22 litres pour toutes les motos.

Loris Baz, Yamaha-Forward Open (15ème en qualifs et 19ème en course) : "Je suis vraiment déçu car on a eu un problème de pneu arrière pendant toute la course. Dès le début, j'ai senti que ça manquait de grip sur le côté gauche, mais à droite aussi. J'ai essayé d'attaquer au maximum et de trouver des solutions. Mais c'était de pire en pire, le pneu se dégradait vraiment vite à droite et je n'ai rien pu faire".

"Je suis d'autant plus déçu que je pense qu'il y avait un bon coup à jouer... Ça ne l'aurait pas fait pour le titre en Open, mais ça l'aurait fait pour gagner la course dans cette catégorie. Mais c'est comme ça. Je vais garder le positif de cette saison et essayer d'oublier cette course. C'est décevant de terminer comme ça, mais ça aura quand même été une super saison et ça il ne faut pas l'oublier".

L'analyse Moto-Net.Com : En lutte pendant une bonne partie de la course avec Hayden et Barbera pour la première place Open de la course, Loris Baz a été trahi par un manque d'adhérence à l'arrière. Vraiment dommage, car le haut-savoyard avait réalisé des essais particulièrement prometteurs sur le Ricardo Tormo et s'était qualifié 15ème.

Pas aidé par les démêlés judiciaires de son team qui lui coûtent une course, le débutant français n'a pas démérité cette saison au guidon de la Yamaha Open, avec laquelle il termine second de cette "sous-catégorie" avec 28 points contre 33 pour Barbera. Suite au retrait de Forwards du MotoGP (ou plutôt son éviction...), le n°76 a trouvé refuge dans le propre team de son rival espagnol, chez Ducati Avintia.

Son arrivée dans le team espagnol, au guidon d'une Ducati GP14.2, sonne hélas le départ de son compatriote Mike di Meglio, actuellement en négociations très avancées avec Aprilia pour devenir pilote d'essais sur la RS-GP du blason de Noale.

Résultats du Grand Prix MotoGP de Valence 2015

  1. Jorge LORENZO Yamaha 45'59.364
  2. Marc MARQUEZ Honda +0.263
  3. Dani PEDROSA Honda +0.654
  4. Valentino ROSSI Yamaha +19.789
  5. Pol ESPARGARO Yamaha +26.004
  6. Bradley SMITH Yamaha +28.835
  7. Andrea DOVIZIOSO Ducati +28.886
  8. Aleix ESPARGARO Suzuki +34.222
  9. Cal CRUTCHLOW Honda +35.924
  10. Danilo PETRUCCI Ducati +39.579
  11. Maverick VINALES Suzuki +39.746
  12. Michele PIRRO Ducati +47.053
  13. Yonny HERNANDEZ Ducati +54.081
  14. Alvaro BAUTISTA Aprilia +56.646
  15. Scott REDDING Honda +57.278
  16. Hector BARBERA Ducati +57.363
  17. Nicky HAYDEN Honda +58.742
  18. Stefan BRADL Aprilia +59.086
  19. Loris BAZ Yamaha Forward +1'04.339
  20. Toni ELIAS Yamaha Forward +1'04.413
  21. Jack MILLER Honda +1'05.212
  22. Anthony WEST Honda +1'27.281

Non classés

  • Mike DI MEGLIO Ducati 6 Tours
  • Eugene LAVERTY Honda 7 Tours
  • Broc PARKES ART 9 Tours
  • Andrea IANNONE Ducati 28 Tours
  • Conditions de piste : Dry | Air : 23°C | Humidité : 63% | Sol : 29°C

Classement du championnat MotoGP 2015

  1. Jorge LORENZO Yamaha SPA 330
  2. Valentino ROSSI Yamaha ITA 325
  3. Marc MARQUEZ Honda SPA 242
  4. Dani PEDROSA Honda SPA 206
  5. Andrea IANNONE Ducati ITA 188
  6. Bradley SMITH Yamaha GBR 181
  7. Andrea DOVIZIOSO Ducati ITA 162
  8. Cal CRUTCHLOW Honda GBR 125
  9. Pol ESPARGARO Yamaha SPA 114
  10. Danilo PETRUCCI Ducati ITA 113
  11. Aleix ESPARGARO Suzuki SPA 105
  12. Maverick VINALES Suzuki SPA 97
  13. Scott REDDING Honda GBR 84
  14. Yonny HERNANDEZ Ducati COL 56
  15. Hector BARBERA Ducati SPA 33
  16. Alvaro BAUTISTA Aprilia SPA 31
  17. Loris BAZ Yamaha Forward FRA 28
  18. Stefan BRADL Aprilia GER 17
  19. Jack MILLER Honda AUS 17
  20. Nicky HAYDEN Honda USA 16
  21. Michele PIRRO Ducati ITA 12
  22. Eugene LAVERTY Honda IRL 9
  23. Katsuyuki NAKASUGA Yamaha JPN 8
  24. Mike DI MEGLIO Ducati FRA 8
  25. Hiroshi AOYAMA Honda JPN 5
  26. Takumi TAKAHASHI Honda JPN 4
  27. Toni ELIAS Yamaha Forward SPA 2
  28. Alex DE ANGELIS ART RSM 2

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@MNC : Ca doit être la première fois depuis que je suis sur le site - en 2003 ou 2004 je crois - que je critique ouvertement un de vos articles, qui d'habitude sont irréprochables, mais là... Je veux bien que vous fassiez ce que vous pouvez pour rester "neutres" et donner un peu de calibre à cette fin de saison gâchée, mais pas en avançant des arguments qui n'en sont pas pour légitimer une finale ridicule. Oui, Lorenzo a mis quarante secondes de moins à boucler les trente tours que faisaient le GP de Valencia par rapport à 2014, et a indéniablement mérité (en vitesse pure) d’être champion du monde. Oui, Rossi était effectivement plus lent que les trois leaders une fois esseulé à la quatrième place... Mais en quoi seraient-ce des arguments ? Que Lorenzo ait été plus rapide que l'an dernier est un fait, mais en aucun cas Marquez n'était moins rapide que lui. Vous avez bien vu la course comme nous tous, et ça transpire l'évidence : on n'a jamais vu Marquez ne rien tenter face à un rival, que ce soit pour la victoire ou pour une simple position à gagner avant l’arrivée. Souvenez-vous Jerez 2013 face à ce même Lorenzo ! Et bien entendu, il est hors de question de parler ici de fair-play vis-à-vis du titre, puisque ce fair-play, Marc l'a piétiné à pieds joints à Sepang en détruisant la course de Rossi (et en Australie mais je n'ai même pas envie d'en reparler). Pourquoi là ça devrait être différent ? Parce que c’est la finale ? Vous pensez peut-être que si c'était Rossi qui aurait mené la course Marquez aurait attendu comme ça ? Un peu d'objectivité quand même, il n’y a pas besoin de « preuves » pour savoir ce qu’il en serait... Quant au rythme de Rossi, là encore c'est un faux argument : on ne roule pas de la même façon lorsque l'on part des avants-postes que lorsque l'on se retrouve dernier sur la grille à devoir dépasser 22 pilotes pour retrouver le quatuor de tête. Arrivé quatrième, Rossi avait déjà ONZE secondes de retard, et savait qu’en forçant il n’aurait jamais pu combler un tel gouffre, encore moins si ça ne bagarrait pas devant... Qu'aurait-il eu à gagner en prenant tous les risques, à part celui de se mettre au tas ? On l'a vu aux essais et notamment en FP3, et même au warm-up : Rossi AVAIT le rythme pour se battre en tête de peloton. Les chronos alignés par Lorenzo ce dimanche n'était pas plus rapides que ceux que Rossi alignaient aux essais. Bref, même si je comprends votre désir de ne pas rajouter de l'huile sur le feu, vous devriez quand même prendre exemple sur de nombreux autres sites qui n'ont pas hésité à se faire plus saignants sur les circonstances franchement déplacées de cette course. Il n'est pas normal que Marquez n'ait jamais tenté de passer Lorenzo alors qu'il en avait les moyens. Il n'est pas normal qu'il ait en revanche manqué de flanquer par terre Aleix Espargaro au départ, puis (et c’est le plus grave) Dani Pedrosa par deux fois en début et en fin de course pour être sûr que personne ne puisse s’attaquer à Jorge. Il n’est pas plus honnête de sa part de prétendre qu’il comptait attaquer ce dernier alors que TOUT dans son pilotage nous démontre l’inverse de manière flagrante. Il n’y a pas de preuves direz-vous ? Pour moi il y a en a des dizaines et des dizaines : le nombre de courses de Marquez depuis ses débuts en GP. Et celui de Valence est inclus dedans.
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GP59 : je pense qu'on est d'accord. On peut parler de ce qui s'est passé sur les derniers grands prix sans pour autant le faire à coup d'insultes etc. De toute façon, on pourrait en parler des années, que les 2 "clans" (pardon je n'aime pas le mot mais je n'en trouve pas d'autres là) ne seront jamais d'accord. Cela étant, autant en parler sereinement et en essayant, autant que faire se peut, d'échanger de vrais arguments.

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