Le Dakar célébrera sa 40ème édition du 6 au 20 janvier 2018 avec un parcours de 9000 km dont 4500 de spéciales chronométrées sur les pistes d'Amérique du Sud, où le "Roi des rallyes-raid" aura lieu pour la dixième fois faute de pouvoir retourner en Afrique. Explications, parcours et enjeux.
Comme chaque année, le directeur du Dakar Etienne Lavigne a présenté le parcours du plus important rallye-raid lors d'une conférence de presse à Paris. Et comme à chaque fois, le dirigeant français a été interrogé sur l'éventualité d'un retour en Afrique, pays d'origine du "Roi des rallyes"...
"Le retour en Afrique, ce n'est aujourd'hui malheureusement pas envisageable, parce qu'il y a des conditions géopolitiques extrêmement complexes avec du terrorisme, des conflits larvés voire clairement ouverts comme au Mali, au Niger ou au Tchad", a répondu Etienne Lavigne cité par l'AFP.
"Ce sont des régions qui sont soumises à une tension sur la sécurité extrêmement forte. Avant d'imaginer le retour de notre événement dans ces régions-là, ce ne sera pas d'ici demain. Il va se passer un peu de temps", précise le patron du Dakar au nom de l'organisateur, Amaury Sport Organisation (ASO).
Créé en 1978 par le regretté Thierry Sabine, le Dakar - alors appelé "Paris-Dakar" - a parcouru pendant 30 ans le continent africain jusqu'à ce que des menaces de sécurité en Mauritanie ne provoquent l'annulation de l'édition 2008. L'organisateur s'est alors tourné vers l'Amérique du Sud, qui accueille le rallye sans discontinuer depuis 2009.
Mais ce changement de pays n'est pas du goût de tous : certains sont nostalgiques de la dimension "sauvage" de la course africaine, critiquant l'aspect "balisé" et parfois rectiligne du tracé sud-américain. D'autres s'étonnent surtout que le rallye conserve son appellation "Dakar", alors qu'il se court à des milliers de kilomètres de la capitale sénégalaise...
En cela, le business passe avant la logique : "Dakar" est une marque déposée, aussi prestigieuse que rémunératrice grâce à ses droits d'exploitation et sa myriade de produits dérivés. En changer serait commercialement risqué : imaginez que Coca-Cola prenne une autre identité !
Par ailleurs, les pilotes sont majoritairement favorables à la tenue du rallye en Amérique du Sud : la plupart apprécient la diversité des paysages et des pistes, ainsi que l'accueil chaleureux que leur réservent les spectateurs sud-américains, très portés sur les sports mécaniques.
Il est vrai qu'entre les portions à très haute altitude sur l'Altiplano (jusqu'à 3500 m !), les splendides - mais piégeurs - lacs asséchés de Bolivie et les parties ensablées du Pérou et de l'Argentine, le tracé ne manque pas de variété. L'an dernier, les concurrents étaient passés des très fortes chaleurs de Buenos Aires (entre 35 et 40°C) aux chutes de neige des monts boliviens : exigeant, surtout pour les motards !
Espérons en revanche que les conditions météo seront moins problématiques que l'année dernière, quand des pluie torrentielles avaient provoqué le décès de deux habitants du village de Volcan et des dégâts importants dans des contrées reculées. Face aux coulées de boue, l'organisation avait plusieurs fois été contrainte de modifier le parcours à la dernière minute, avec à la clé une certaine confusion et un manque de lisibilité.
"Il y a encore beaucoup de projets en Amérique du Sud", positivise Etienne Lavigne : "il y a des géographies exceptionnelles, des potentiels à explorer. Il y a aussi des pays qui tapent à la porte du Dakar pour que, de nouveau, on puisse l'organiser chez eux. Je pense au Chili, par exemple" (qui s'était désisté en 2016 suite à des tremblements de terre, NDLR).
Pour sa 40ème édition, le Dakar s'élancera de Lima (Pérou) samedi 6 janvier 2018, avec pour objectif de rallier Cordoba (Argentine) le 20 janvier. La première étape, longue de 272 km avec seulement 31 km chronométrés, servira de mises en jambes pour les 337 concurrents inscrits, dont 167 motards.
Vainqueur l'an passé, Sam Sunderland (ci-dessus) sera le premier à partir sur sa KTM officielle frappée du n°1. Son coéquipier Matthias Walkner (2ème en 2017) sera à ses trousses, tout comme le troisième pilote d'usine Orange, le français Antoine Méo. Chez Yamaha, les espoirs portent sur Adrian van Beveren, excellent 4ème en 2017, avec comme coéquipiers l'argentin Franco Caimi et le français Xavier de Soultrait.
Chez Honda, Paulo Gonçalves fera jouer son expérience tandis que Joan Barreda tentera une nouvelle fois de convaincre que son talent et sa vitesse peuvent se concrétiser en succès. Ces deux pilotes polyvalents seront en outre chargés de former la jeune garde : les talentueux Kevin Benavides et Ricky Brabec.
De son côté, Husqvarna fait appel au chilien Pablo Quintanilla et à l'américain Andrew Short.
Les premières étapes seront typées "franchissement" dans les dunes péruviennes, avant que l'entrée en Bolivie n'amène son lot de conditions climatiques et atmosphériques extrêmes. Puis le rythme de la course augmentera dans son dernier tiers sur le territoire argentin : une montée en puissance soigneusement élaborée par Marc Coma, directeur sportif du Dakar - et accessoirement quintuple vainqueur de l'épreuve avec KTM !
"Le retour au Pérou, pour un séjour plus long qu’en 2012 et 2013, nous a ouvert la possibilité d’explorer des secteurs encore inconnus, de façon à goûter à tous les sables du pays et de lancer le Dakar sur des bases élevées", explique l'ancien champion espagnol qui s'est longtemps partagé les victoires avec son rival français Cyril Despres, désormais passé sur 4-roues dans le team rallye de Peugeot.
"Le Dakar atteindra théoriquement son pic de difficulté sur l’étape de Super Fiambala : c’est là qu’il faudra briller pour triompher à Córdoba", prévient le traceur du Dakar 2018. Enfin, une journée de repos est prévue vendredi 12 janvier à La Paz (Bolivie).
.
.
.
Commentaires
Ajouter un commentaire
Identifiez-vous pour publier un commentaire.