Kymco a immatriculé 3103 deux-roues (-10,3%) et 968 trois-roues (!) en France en 2022. Pour Moto-Net.Com et ses lecteurs Premium, le directeur général dresse le bilan : Covid long, occasions en ébullition, location mise en avant, stationnement payant, deux-roues électrique, contrôle technique... Interview MNC de Stéphane Goeury.
Moto-Net.com : Le marché français du motocycle est en baisse... comparé à une année 2021 déconfinée. Le bilan 2022 est donc positif ?
Stéphane Goeury (directeur général Kymco Lux) : Hélas, nous n’avons pas eu l’ensemble des véhicules en nombre suffisant en 2022. Nos prévisions et la demande de notre réseau étaient bien au-delà car nous n’avions pas ressenti de ralentissement dans la demande pour nos scooters et nos quads.
MNC : Les multiples effets de la pandémie de Covid-19 restent sensibles. Lequel est le plus handicapant pour votre marque ?
S. G. : Kymco est une marque taïwanaise avec des unités de productions sur l’île mais aussi en Chine, or cette dernière a continué à subir des confinement partiels et localisés. Nous avons donc été pénalisé par les soucis d’approvisionnement en composants et la production de véhicules qui n’était pas à pleine capacité.
MNC : À quel point les concessionnaires sont-ils bridés ? Leurs clients sont-ils compréhensifs ?
S. G. : Cette situation a été pénalisante pour nos revendeurs c’est certain, même si l’amélioration est à venir. Les ventes qui ont été manquées ne pourront pas toutes être rattrapées. En contrepartie, nous disposons aujourd’hui dans notre gamme de modèles très attractifs sans de véritables équivalents chez d’autres constructeurs.
MNC : Quels modèles ont particulièrement bien marché... pardon, roulé commercialement chez vous en 2022 ?
S. G. : Les quads Maxxer 300 et le MXU 700 EPS ABS, ainsi que notre CV3 côté maxiscooter font l’unanimité auprès des clients, ce qui aide à patienter. Malgré l’arrivée un peu tardive de notre 3-roues (juillet 2022) dans les concessions, le démarrage est positif pour notre réseau avec des ventes qui sont au rendez-vous.
MNC : Lesquels ont été le plus impacté par les ruptures de stock ?
S. G. : En quad, nous avons été pénalisés par un manque de MXU 550 et 550 EPS cette année, les quantités réceptionnées n’étaient pas suffisantes pour satisfaire pleinement les commandes. Côté scooters nous avons manqué de DTX360 en 125 cc sur le premier semestre mais les stocks sont remontés à mi-année.
MNC : Le marché de l'occasion est-il toujours en ébullition ?
S. G. : Nous ne pouvons pas répondre précisément...
MNC : Pour la première fois en France, les particuliers ont davantage loué qu'acheté leur nouvelle voiture (51 % LOA/LDD en 2022, Vs 10 % en 2012). Quelle est cette proportion dans la moto ? Quelle incidence a cette évolution sur votre activité ?
S. G. : Nous commençons à l’observer chez Kymco. Le financement progresse aussi, comme vous le signalez.
MNC : En conséquence et d'après AAAdata, le prix moyen d'une voiture neuve est passé de 19800 euros en 2010 à plus de 32000 cette année. La valeur des motos montent aussi en flèche, non ? Les motards montent en gamme, en cylindrée ? Ou est-ce un effet pervers de la LOA ?
S. G. : Peut-être achètent-ils moins, mais mieux. Tout en sachant que la montée des prix trouve en partie son explication par les surcoûts de transport et l’augmentation du coût des matières premières, toujours bien présent en 2022.
MNC : À quel point le stationnement payant dans Paris a touché vos concessionnaires franciliens ?
S. G. : Le marché parisien est freiné depuis l’automne 2021, pour ne pas dire arrêté. Nos revendeurs ont eu le CV3 à livrer, mais la situation de Paris reste préoccupante tant que nous n’avons pas de produits électriques de type scooter GT. La situation politique dans la capitale avec la grande transformation (environnementale, sociétale et économique) enclenchée à marche forcée, perturbe les positions et retardent les prises de décisions, autant pour les professionnels que les particuliers. Peut-être l’offre - pour répondre à l’ensemble des critères souhaités par les clients - n’est-elle pas encore là ?!
MNC : D'autres grandes villes ne perçoivent pas davantage l'intérêt du deux-roues motorisés ?
S. G. : Le deux-roues est plus généralement entraîné malgré lui dans le tourbillon de l’automobile (thermique) qui connaît sa période la plus difficile au profit d’un paradigme autour du transport collectif/commun/partagé, ce dernier étant vu comme la seule et unique solution à tous les maux actuels. Et ce sentiment semble trouver écho dans beaucoup de nos métropoles, ce qui n’aide pas notre secteur.
MNC : Chez les 125cc, certains équivalents électriques pointent dans les meilleures ventes. Mais ce sont des marques chinoises qui s'illustrent. Comment l'expliquez-vous ?
S. G. : Il y a une quinzaine d’années nous avions une situation analogue avec des scooters 50-125cc chinois thermiques... Aucune marque n’a percé. Aujourd’hui ce sont des véhicules électriques aux performances limitées qui sont importés par de petits distributeurs. Ce sont bien souvent des marques jeunes avec des gammes étroites, elles n’ont pas la taille et ne réalisent pas les volumes des constructeurs généralistes internationaux, elles n’ont donc pas les mêmes contraintes à l’échelle mondiale. Elles se sont spécialisées dès le début afin de répondre à la demande de leur marché national encouragé par l’impulsion d’un état Chinois qui a fait de l’électrique un projet majeur pour lutter contre une pollution bien plus élevée. En attendant Kymco fonde de grands espoirs sur l’électrique, l’usine est active et prépare le futur avec des produits qui permettront de répondre véritablement aux besoins des européens.
MNC : Le contrôle technique peut-il servir notre cause ? En coinçant les rares motos et scooters trop bruyants, par exemple.
S. G. : Il est trop tôt pour se prononcer sur le bien avéré ou non du contrôle technique. L’avenir sera certainement instructif.
MNC : Le contrôle technique permettra aussi de mieux connaître le parc roulant français. Ces statistiques globales doivent intéresser les constructeurs, non ?
S. G. : Idem, il faut attendre.
MNC : Quelles sont vos bonnes résolutions pour 2023 ?
S. G. : Réussir le lancement de la nouvelle génération de notre maxiscooter AK 550 Premium que nous commercialiserons au printemps. Nous sommes persuadés qu’il saura profiter du même dynamisme que le CV3.
MNC : Vous croisera-t-on au Salon de Lyon, qui lance traditionnellement la saison ?
S. G. : Kymco a confirmé sa participation pour le salon de Lyon en février prochain. Ce sera pour nous l’occasion de faire essayer notre trois-roues CV3 et de montrer nos nouveautés.
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