L'âge légal pour conduire - seul - va être abaissé de 18 à 17 ans à partir de janvier 2024. Cette mesure étonnante ne concerne toutefois que les futurs automobilistes : motards et scootéristes devront toujours patienter jusqu'à leur majorité pour le permis A2 !
"Je vous confirme qu’à partir de janvier 2024, on pourra passer le permis de conduire à partir de 17 ans et on pourra rouler à partir de 17 ans", annonce de façon officielle la première ministre, Élisabeth Borne, dans l'émission Brut de nos confrères de FranceInfo.
Cette distinction entre "passer" le permis et "capacité de conduire" est importante dans la mesure où l'épreuve pratique du permis B (voiture) est déjà accessible à 17 ans, après deux ans de conduite accompagnée (AAC). Mais ses titulaires ne sont réellement autorisés à conduire seuls qu'à leur majorité, à 18 ans... comme tous les français depuis 1922 !
Objectif de cette nouvelle mesure ? Améliorer l'autonomie des jeunes pour leur ouvrir des perspectives, notamment sur un plan professionnel. Élisabeth Borne précise à ce titre que l'aide de 500 euros actuellement accordée aux élèves en apprentissage devrait être étendue aux élèves de lycée professionnels.
La jeunesse des milieux ruraux est particulièrement visée : "77%" des 18-24 ans à la campagne sont titulaires du permis contre "65%" en ville, indique l’Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire (Injep). A Paris et ses agglomérations, ce pourcentage chute à "50%" : logique dans la mesure où les transports publics répondent - en grande partie - aux besoins de déplacements !
Pour autant, ce projet divise… et pour cause : les jeunes conducteurs sont historiquement les mauvais élèves de l'accidentologie routière ! En 2022, l'Observatoire national interministériel de la sécurité routière (Onisr) relève ainsi un taux de "101 tués par million d'habitants pour les 18-24 ans" contre "52 tués par million pour les 35-44 ans". Soit pratiquement du simple ou double !
Autre statistique notable : les jeunes français concernés par cette réforme de l'âge du permis de conduire avoisine le million, avec quelque "860 677 personnes" qui auront 17 ans en 2024 d'après les calculs de l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee). Sacrée flopée d'autocollants "A" en perspective…
Ce nouveau projet de mesure fait grincer des dents à plusieurs niveaux, y compris dans les écoles de conduite : les listes d'inscriptions sont déjà pleines actuellement - délais interminables à la clé -, abaisser l'âge d'accès ne va pas arranger les choses. Beaucoup s'interrogent aussi sur la maturité d'un(e) ado de 17 ans et, fatalement, de son rapport aux risques…
"Il n'y pas plus d'accidents dans les pays qui ont le permis de conduire à 17 ans", répond la première ministre en faisant notamment référence aux à l'islande, la Slovaquie, l'Irlande et le Royaume-Uni. Aux États-Unis, l'accès à la conduite est ouvert dès 16 ans dans la plupart des états.
Motards et scootéristes ne sont pas concernés par cette réforme en cours puisqu'elle ne devrait n'affecter "que le permis auto uniquement", précise le cabinet de la première ministre. Autrement dit : le permis B, pas le permis A2.
L'accès à une moto ou un scooter de grosse cylindrée reste bloqué à 18 ans (A2), tandis que la 125 cc est accessible à 16 ans (A1). Exemple typique du "deux poids deux mesures" des pouvoirs publics, qui considèrent les deux-roues motorisés au mieux comme une bête curieuse, au pire dangereuse !
Preuve en est avec le bridage des motos et scooters à 47,5 ch imposé aux motards et scootéristes débutants - quel que soit leur âge depuis 2013 -, quand les apprentis automobilistes peuvent prendre le volant de n'importe quelle voiture sans aucune restriction de puissance !
Pour résumer : "Junior" va désormais pouvoir conduire la berline sportive paternelle dès 17 ans (avec 4 potes…), pendant que son père fera potentiellement ses armes avec une moto cinq à dix fois moins puissante pendant deux ans avec son - complexe - permis moto A2 !
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