La participation tant attendue de Mickaël Pichon a enfin eu lieu ce week-end à Uzerches et le champion du monde de motocross n'a pas déçu le public : premier Grand Prix et première victoire en GP d'enduro ! Compte rendu.
Sixième manche du MAXXIS WEC 2008 (championnat du monde d'enduro), la ville d'Uzerches, au coeur du Limousin, a été le temps du week-end des 26 et 27 juillet la capitale de l'enduro mondial !
En provenance directe du Pays de Galles (lire Moto-Net.Com du 23 juillet 2008, toute la caravane du WEC a retrouvé dans la campagne française une météo estivale où soleil et chaleur étaient au rendez-vous.
Le Moto Club uzerchois, après avoir organisé des enduros régionaux, la coupe de France et plusieurs manches du championnat de France, s'était lancé dans l'organisation d'une épreuve du championnat du monde... Le parcours de liaison n'a donc pas été une surprise pour la plupart des pilotes français, mais les spéciales ont fait l'unanimité auprès des pilotes avec une mention "très bien" pour l'extrême, mi-naturelle mi-artificielle...
Si les bons résultats de la semaine dernière au Pays de Galles, dans des conditions quasi hivernales, pouvaient faire espérer un peu d'humidité pour laisser aux pilotes français habitués à rouler dans le gras un avantage, la météo en a décidé autrement : le soleil, agréable pour les spectateurs, a rendu la course éprouvante pour les pilotes pris dans la poussière et devant résister à une chaleur dépassant les 30 degrés...
Sans grande difficulté technique, ce Grand Prix de France poussiéreux et défoncé a donc offert son lot de surprises...
Enduro 1 : plein gaz pour Ivan Cervantes
La clémence de la météo n'a pas offert à Marc Germain les conditions de course qu'il affectionne et dont il sait tirer avantage, comme lors du GP du Pays de Galles. La poussière et le terrain sec ont au contraire donné à Ivan Cervantès les moyens de laisser s'exprimer son "pilotage de sudiste".
Samedi, Ivan Cervantès et Mika Ahola, se livrent un duel d'une belle intensité. L'espagnol, comme dans l'arène, n'a donné son coup de grâce que dans le dernier tour : il remporte toutes les spéciales et gagne sur ce seul tour (15 secondes sur les 20,95 secondes d'écart total avec Ahola). Marc Germain n'a jamais baissé les bras : sur les talons des deux hommes forts, il termine 3ème en devançant la révélation espagnole 2007, Cristobal Guerrero, ainsi que Simone Albergoni.
Dimanche, seule la première spéciale échappe à Ivan Cervantès (KTM). Mika Ahola (HM Honda), pourtant à l'affût, ne parvient pas à inquiéter le pilote KTM et termine second à presque une minute de l'espagnol. Le jeune Cristobal Guerrero, sur un terrain similaire aux terrains du championnat espagnol, suit l'exemple de son compatriote : il termine 3ème en réalisant son meilleur résultat de l'année. Marc Germain, 4ème devant Simone Albergoni, se rapproche doucement de l'italien et de la troisième marche du podium final...
Ivan Cervantès sort donc en grand vainqueur du GP d'Uzerches avec deux victoires magistrales. Il reprend ainsi 6 points au leader du provisoire, Mika Ahola, et revient par la même occasion dans la course au titre... Mais l'homme est motivé et ses propos laissent présager une fin de championnat tumultueuse : "ce n'est jamais facile de gagner en E1 car Mika Ahola et Marc Germain sont toujours très rapides ici en France. Après toutes les erreurs que j'ai commises en Grande-Bretagne, je voulais rouler ici le mieux possible. Désormais pour le championnat, je ne pense qu'à une chose : gagner, gagner et encore gagner !"
Enduro 2 : Pichon gagne son premier GP
et Aubert assure sa première place au provisoire
Première participation et première victoire en GP d'enduro pour Mickaël Pichon (KTM) : l'événement est de taille, même si cette victoire vient perturber le duel entre les leaders du championnat.
La participation de Mickaël Pichon sur le WEC était très attendue depuis l'année dernière et le multiple champion du monde de moto cross n'a pas déçu le public : samedi, dès la première spéciale, Mickaël annonce la couleur en se montrant plus rapide de 4 secondes que Johnny Aubert (Yamaha).
Mais la victoire ne sera pas facile ! Johnny sort le grand jeu et reprend l'avantage dès les deux spéciales suivantes... Mickaël et Johnny sont quasiment à égalité jusqu'à l'avant-dernière spéciale, en terminant la spéciale extrême dans la même seconde ! Mais dans la spéciale cross, le double champion du monde s'impose en toute logique de 6 secondes et 49 centièmes !
Le pilote KTM Mickaël Pichon remporte donc son premier GP d'enduro avec 5,53 s d'avance sur le pilote Yamaha Johnny Aubert, leader au championnat. Distancé en milieu de journée, Juha Salminen (KTM), malgré ses efforts en fin de course, reste à distance des deux hommes et termine 3ème devant le rookie Antoine Méo (Husqvarna) et Rodrig Thain (TM).
Mickaël, pourtant un habitué des victoires, est loin d'être blasé : "je n'en reviens pas, parce que je savais que ça allait être dur ! Même si je suis spécialisé dans les chronos, face à Johnny et Juha je n'y croyais pas, car je n'ai aucune expérience en Grand Prix. J'ai fait des erreurs dans les premiers tours, puis je me suis un peu calmé. Je me suis dit que c'était aujourd'hui ou jamais, car physiquement je ne peux pas suivre sur deux jours de course. Je gagne mon premier et dernier Grand Prix, c'est extraordinaire !"
Dimanche, comme on pouvait s'y attendre, les douleurs omniprésentes n'ont pas permis pas à Mickaël Pichon de rééditer sa performance : il prend le départ, s'octroie même un meilleur temps dans la Cross Test, mais plusieurs chutes, la fatigue et les douleurs le contraignent à l'abandon à la fin du 3ème tour.
Juha Salminen (KTM), profite de la situation et prend les commandes dès les premiers tours de roue. Comme si Johnny laissait faire, le pilote KTM remporte toutes les spéciales à l'exception d'une seule spéciale cross. Johnny Aubert, comme la veille, termine second devant Antoine Méo 3ème et Rodrig Thain 4ème.
Le pilote Yamaha UFO Corse est toujours en tête du provisoire avec 16 points d'avance sur le pilote officiel KTM Factory, Juha Salminen. Après le GP du Pays de Galles avec David Knight et Paul Edmondson et le GP de France avec Mickaël Pichon, KTM a de la ressource en pilotes locaux pour venir distraire le public et épauler son champion en titre Juha Salminen !
On peut désormais se demander qui KTM Factory va trouver comme pilote italien retraité ou préretraité de l'enduro pour venir jouer les trouble-fêtes et priver Johnny Aubert de précieux points lors du GP d'Italie les 26 et 27 septembre à Piediculo !
Enduro 3 : ça chauffe entre Nambotin et Guillaume !
Sans la panne de Christophe Nambotin en spéciale dimanche, on aurait pu assister à une répétition du GP du Pays de Galles, avec un partage des points entre Sébastien Guillaume et Christophe Nambotin.
"J'ai de l'eau jusqu'aux épaules, il y a du courant, mais je dois pointer dans les temps..." |
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Samedi, Christophe Nambotin et Sébastien Guillaume alternent le leadership, avec un Stefan Merriman en embuscade prêt à saisir la moindre faute. Sébastien Guillaume passe très près de l'abandon, après avoir heurté une roche qui a envoyé sa moto 10 mètres plus bas dans la rivière (lire encadré ci-contre)... Sans une détermination extraordinaire de Seb et l'aide d'un commissaire, la Husqvarna aurait dû finir totalement noyée, mais l'officiel Husqvarna réalise l'exploit de repartir et de finir la liaison dans les temps !
En fin de journée, à nouveau dans la course, Sébastien Guillaume chute dans l'Xtrem et perd 8 secondes... Christophe Nambotin emporte donc la journée pour 3,96 secondes devant un Sébastien Guillaume dépité... Stefan Merriman, 3ème, confirme son retour dans le top 5 depuis le GP d 'Espagne.
Samuli Aro est légèrement en retrait depuis les deux derniers GP : son avance acquise en début de championnat, grâce notamment à sa double victoire en Suède, fond comme neige au soleil. Encore gêné par sa blessure au doigt en entraînement, avec deux mois de pause avant le GP d'Italie, Samuli Aro devrait avoir le temps de se rétablir totalement.
Durant la nuit, Sébastien Guillaume n'a pas digéré sa chute de la veille : il prend le départ dimanche le couteau entre les dents, avec la ferme intention de passer devant Christophe Nambotin !
Dès le 1er tour Seb prend l'avantage. A l'inverse, chez Gas Gas, la journée s'annonce "poisseuse", avec pour commencer une chute de Christophe Nambotin et un 12ème temps de spéciale. Loin de baisser les bras, Nambot' remonte sur Sébastien pour être à moins d'une seconde de l'officiel Husqvarna. Mais un coup du sort frappe la Gas Gas : son câble de gaz se décroche en pleine spéciale ! Christophe perd 8 minutes et termine le GP de France à la 16ème et avant-dernière place... Marko Tarkkala et Stefan Merriman en profitent en terminant respectivement second et troisième.
Sébastien a fait ses premières armes en tant que leader sur un GP, expérience stressante à son goût : "je me suis couché hier avec quelques regrets, ce matin j'avais donc le couteau entre les dents ! J'ai fait la différence dès les premières spéciales et d'entrée j'ai bénéficié d'une petite avance au classement. J'ai essayé de gérer par la suite, même si je n'y suis pas habitué, et j'avoue que la journée a été particulièrement longue et stressante !"
Christophe Nambotin a beaucoup perdu ce week-end, et principalement sa 3ème place au provisoire au bénéfice de Sébastien Guillaume : quatre points séparent les deux pilotes, tout peut encore arriver !
Junior : Thomas Oldrati ne fait pas de quartiers !
C'était prévisible : en l'absence de Marc Bourgeois sur la piste, l'italien Thomas Oldrati a continué son show. Samedi et dimanche, le pilote KTM prend l'avantage dès le matin et remporte les deux jours avec au moins une minute d'avance. Quant à Marc, c'est le poignet dans le plâtre qu'il est venu encourager ses amis enduristes et observer son adversaire...
Les pilotes français ont occupé les avant-postes, sans toutefois parvenir à vraiment inquiéter Thomas Oldrati.
Samedi, Romain Boucardey (KTM), de retour sur le WEC après une longue absence pour blessure, reprend ses marques et sort de bons chronos, talonnant l'espagnol Oriol Mena. L'abandon sur casse mécanique de l'espagnol dans le second tour ouvre les portes à Romain Boucardey, mais une chute dans la spéciale extrême le bloque 30 secondes de trop... Yannick Bossi (TM) prend la seconde place à 1 minutes 20 d'Oldrati, devant Romain Boucardey qui réalise quand même le premier podium mondial de sa jeune carrière.
Dimanche, Thomas Oldrati se montre imbattable sur terrain sec. Oriol Mena, énervé par son abandon de la veille, s'accroche pour terminer second à 59"84 de l'italien. Yannick Bossi prend la 3ème place à 2 minutes du leader tandis que Romain Boucardey chute dès la première spéciale et abandonne la partie, blessé à la cheville.
Dans l'équipe de l'Armée de terre, l'entraîneur Fred Weill n'a pas eu la satisfaction d'avoir tous ses pilotes en course : après la longue absence des circuits de Benoît Fortunato, c'est Adrien Metge qui ne peut pas prendre le départ ! Mais le bilan est positif puisque Benoît Fortunato signe pour son retour une belle 8ème place les deux jours, derrière Jérémy Joly.
Prochain rendez vous pour le Grand Prix d'Italie à Piediculo, les 26 et 27 septembre. Restez connectés !
Classement provisoire World Enduro Shampionship 2008
Catégorie E1
Catégorie E2
Catégorie E3
Catégorie Junior
Classement du GP de France, samedi et dimanche
Classement GP de France, catégorie E1 :
Classement GP de France, catégorie E2 :
Classement GP de France, catégorie E3 :
Classement GP de France, catégorie Junior :
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