La 43ème édition du Dakar se prépare à arpenter les pistes d'Arabie saoudite du 2 au 15 janvier, nonobstant les menaces d'annulation liées au coronavirus. 108 motards seront au départ à Jeddah, dont 33 en malles-moto sans assistance, avec devant leur guidon plus de 7500 km à parcourir...
Alors que tous les sports mécaniques sont affectés par la crise sanitaire, le coup d'envoi du deuxième "Dakar" en Arabie saoudite s'apprête à être donné ce samedi 2 janvier 2021 à Jeddah, deuxième ville du royaume. Les 321 véhicules - 21 de moins que l'an dernier - disputeront un prologue de 11 km qui déterminera l'ordre de départ de la première "vraie" étape le lendemain.
La tenue de cette 43ème édition paraît pourtant délicate au regard de l'inquiétante évolution de la pandémie de Covid-19 : les autorités saoudiennes ont fermé leurs frontières pour contrer la nouvelle vague de contaminations au moment même où de nombreux pilotes - majoritairement européens - s'apprêtaient à rejoindre l'Arabie saoudite ! Tous les accès aériens, maritimes et terrestres sont suspendus jusqu'à nouvel ordre...
Cette décision semblait précipiter l'annulation pure et simple du rallye, à l'instar de l'Africa Eco Race qui devait se dérouler du 5 au 17 janvier en Afrique (oui, comme son nom l'indique contrairement au Dakar !) : "des facteurs extérieurs et hors de contrôle nous imposent de prendre une décision immédiate car annuler à la dernière minute serait inconcevable et catastrophique tant au niveau sanitaire que financier", regrette son organisateur, l'ancien pilote Jean-Louis Schlesser.
It's been a long trip for the vehicles as well! Reactivating motors at the bivouac 0 today before verifications begin #Dakar2021
A.S.O. / @charlylopezph pic.twitter.com/wzt92wji1h— DAKAR RALLY (@dakar) December 31, 2020
Le Dakar échapperait - pour l'instant ? - à cette menace grâce à une dérogation accordée par le gouvernement saoudien : selon nos confrères de Dirtfish, des vols charters ont été mis en place sous étroite surveillance pour assurer le transit des équipes jusqu'à Jeddah. Les véhicules et le matériel sont eux déjà sur place après avoir été acheminés comme d'habitude par voie maritime depuis Marseille.
Un protocole strict est par ailleurs mis en place en accord avec les autorités du pays : obligation de présenter un test négatif 96 heures avant l'arrivée en Arabie saoudite, isolement pendant 48 heures sur place puis second test PCR pour accéder au bivouac, dont l'accès est limité à 2400 personnes.
Etonnamment, l'organisateur ne s'est jamais étendu sur la possibilité d'une annulation : ASO semble même écarter toute menace puisque une visioconférence s'est tenue hier mercredi, durant laquelle les principaux concurrents se sont exprimés sur leurs objectifs pendant trois heures. Tous sont dans les starting-blocks à deux jours du départ !
"On entend souvent que prendre le départ du Dakar représente déjà une victoire : c’est certainement ce sentiment qui nous animera tous le 3 janvier à Jeddah", souligne son directeur sportif, David Castera.
Le tracé de ce Dakar 2021 comprend 7 646 km - dont 4767 de spéciales - avec départ et arrivée prévus le long de la mer Rouge à Jeddah ("Djeddah" en arabe). La course s'articule comme l'an passé autour de 12 étapes, entrecoupées d'une journée de repos samedi 9 janvier.
L'organisateur promet un parcours totalement renouvelé et inédit, bien que cet itinéraire en forme de boucle laisse craindre un caractère limité et répétitif... Certes, l'immense désert saoudien est riche de paysages assez variés, mais sa diversité ne peut égaler la variété de difficultés qu'offrait la traversée de plusieurs pays lors des anciennes éditions du Dakar. Surtout celles en Afrique !
Dans la catégorie des motos, 108 pilotes sont engagés sur cette 43ème édition qui étrenne de nouvelles mesures en faveur de la sécurité : les motards doivent désormais porter un gilet airbag tandis que leurs prototypes sont bridés à l'admission. Le quota de pneus est davantage limité et d'inédites alertes sonores doivent signaler les zones dangereuses.
La distribution des road-books s'effectuera de nouveau juste avant les spéciales, comme l'an dernier, pour limiter la préparation d'itinéraires aux "petits oignons" par les puissantes équipes officielles. Une manière aussi de limiter les différences de vitesse sur le parcours entre pilotes confirmés et amateurs, tout en faisant la part belle aux talents de navigation.
Du côté des favoris, Ricky Brabec défendra sa plaque de numéro 1 sur sa Honda officielle face à une armada de KTM revanchardes : le constructeur autrichien s'est incliné l'an passé après 18 victoires successives ! Ses pilotes Toby Price, Sam Sunderland et Mathias Walkner - chacun victorieux au Dakar - ne pensent qu'à renouer avec la gagne.
Le HRC pourra toutefois compter sur l'excellent Kevin Benavides pour épauler Brabec, tandis que le rapide et expérimenté Joan Barreda fera à coup sûr parler la poudre sur certaines étapes. Difficile toutefois de classer l'inconstant espagnol parmi les favoris pour la victoire finale...
Chez Yamaha, le malchanceux Adrien Van Beveren conserve son statut de chef de file malgré ses abandons sur chute ou casse ces dernières années : "VBA" possède le potentiel pour s'imposer, même si sa moto paraît en léger retrait face aux puissantes Honda et KTM. Cela n'a cependant pas empêché le nordiste de remporter les Bajas de Ha'il le mois dernier !
Le triple vainqueur du Touquet sera accompagné par Franco Caimi (8ème en 2020) et Andrew Short, qui remplace son ancien coéquipier Xavier de Soultrait : le français rebondit chez Husqvarna (marque KTM) aux côtés du redoutable Pablo Quintanilla, deuxième derrière Brabec l'an dernier et qui compte quatre arrivées dans le Top 5. Chez les féminines, la talentueuse espagnole Laia Sanz sera sur une Gas Gas.
La catégorie des malles-motos (renommée "Original by Motul") opposera quant à elle 33 motards dont le favori et vainqueur de la précédente édition, Emanuel Gyenes, le français Benjamin Melot et le tchèque David Pabiska. Le tricolore Willy Jobard sera aussi à surveiller avec sa moto "hybride", partiellement alimentée par de l'eau sous pression !
"Cela fonctionne grâce à un boîtier de 4 kg au-dessus du carter d’embrayage", explique ce pilote-inventeur porté par les modes de propulsion alternatifs. "Il faut juste s’assurer qu’il y ait toujours de l’eau, car environ 1 litre est consommé tous les 250 km". Pas évident dans la mesure où les étapes comptent environ 600 km, avec une pointe à 813 km autour de Riyadh...
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