La Fédération internationale de motocyclisme (FIM) prévoit plusieurs mesures pour réduire les accidents au Dakar et en rallye-raid en général : brider l'admission d'air des moteurs, améliorer les road books et généraliser l'airbag, notamment. Explications.
Le Dakar 2020 a hélas de nouveau été endeuillé par deux morts à moto : le portugais Paulo Gonçalves et le néerlandais Edwin Straver, respectivement les 20ème et 21ème motards décédés sur le "Roi des Rallyes"... A ces tragiques disparitions s'ajoutent aussi plusieurs grosses chutes éliminatoires, dont celles d'Adrien Van Beveren (Yamaha) et de Sam Sunderland (KTM).
Parmi les causes de ces accidents figurent les vitesses moyennes extrêmement élevées de cette première édition en Arabie saoudite, avec des spéciales négociées à plus de 120 km/h de moyenne ! Les motards ont également dû faire face à la difficulté de la découverte de nouveaux terrains dans les vastes étendues désertiques du Moyen-orient.
La Fédération internationale de motocyclisme (FIM) a par conséquent décider de réunir les organisateurs de rallye-raid - dont l'ASO qui chapeaute le Dakar - ainsi que des pilotes et des constructeurs dans l'optique de définir de nouvelles stratégies pour améliorer la sécurité de tous, concurrents comme spectateurs.
Objectifs : "réduire le nombre d'accidents impliquant à la fois les pilotes et le public, et augmenter la sécurité dans toutes les épreuves de rallye, avec un accent particulier mis sur le Dakar", explique la FIM, qui a identifié plusieurs facteurs de risques dont la fatigue, l'excès de vitesse, la précision du road book et les erreurs de navigation, très fréquentes lors de la dernière édition.
Après avoir consulté l'avis de toutes les parties, la fédération propose différentes mesures pour tendre vers davantage de sécurité comme de par exemple tracer "tous les parcours des championnats FIM en collaboration avec un ancien pilote moto". Des variations de styles de parcours seront également prévus pour réduire la vitesse moyenne.
Par ailleurs, une "équipe d'inspecteurs" sera nommée pour réaliser le road book afin que pilotes et équipes "aient le même niveau d'information et une interprétation plus fidèle du niveau réel de difficulté du parcours", annonce la FIM, qui développe en parallèle une nouvelle plate-forme d'instrumentation avec davantage d'alertes "visuelles et sonores".
Enfin, deux mesures clés vont entrer en vigueur à court terme : la première concerne l'adoption d'airbags "dès que possible" pour les motards, sur le modèle notamment du MotoGP où tous les pilotes portent un airbag électronique à déclenchement autonome (sans raccordement filaire ni capteurs sur la moto).
"Une réunion imminente est prévue avec les fabricants concernés, 2020 étant utilisé pour le développement en vue d'une mise en œuvre en 2021", prévoit la fédération, qui va devoir sélectionner un dispositif particulièrement avancé en matière d'aération pour éviter les "coups de chaud" pendant les longues étapes sous le soleil brûlant d'Arabie saoudite !
D'autre part, la prochaine édition du Dakar se disputera sur des motos bridées via des "restricteurs d'admission d'air comme en championnat du monde WSBK 300 ", dans le but de "réduire la puissance du moteur et également de réduire la vitesse", prévient la FIM, qui annonce qu'une "période de test s'appliquera jusqu'en juin".
Ce système de bride renvoie à l'édition 2010 du Dakar, lorsque la limitation de la cylindrée des motos à 450 cc est entrée en vigueur : les pilotes hors classe élite pouvaient alors continuer à utiliser des monocylindres de plus forte cylindrée - jusqu'à 690 cc chez KTM -, à condition de brider leur admission d'air.
Cette mesure vise directement les constructeurs phare du rallye-raid qui sont parvenus à extraire une puissance impressionnante de leur moteur, tout en assurant la fiabilité nécessaire pour couvrir les 9000 km d'un Dakar. Les véloces Honda dépassent régulièrement les 180 km/h, tout comme les puissantes KTM !
"Je suis satisfait de cette réunion très constructive destinée à tenter de réduire le nombre d'accidents en rallye, une priorité pour la FIM notamment sur le Dakar", commente le président de la FIM, Jorge Viegas. "Nous testerons les solutions dès le début de cette saison et nous ferons un bilan à la fin de la saison pour ajuster au besoin".
"La participation d'ASO, KTM, Husqvarna, Hero, Honda, Yamaha ainsi que des pilotes Sam Sunderland et Adrien Van Beveren nous a permis de travailler main dans la main pour relever ce défi afin assurer la pérennité de ce championnat spectaculaire et unique", conclut-il avec optimisme.
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