L'Observatoire national interministériel de la sécurité routière (ONISR) fait état d'une baisse de la mortalité routière chez les motards en 2019 avec 613 morts contre 627 en 2018. Cette diminution s'inscrit dans un bilan provisoire historiquement bas de 3239 morts, tous usagers confondus. MNC analyse ces chiffres.
Bonne nouvelle : l'année 2019 enregistre le "chiffre de mortalité sur les routes de métropole le plus bas de toute l'histoire des statistiques de la Sécurité routière", se réjouit l'ONISR en dénombrant "3239 morts" toutes catégories confondues, dont "613" conducteurs de motos et scooters (hors cyclomoteurs).
Les motards et les scootéristes contribuent de manière significative à ces résultats puisque le nombre de morts au guidon d'un deux-roues motorisés baisse de -2% de décembre 2018 à décembre 2019, contre seulement -1% pour les automobilistes ! Mieux encore : cette valeur est la plus basse de la décennie, à égalité avec 2013.
D'autant plus positif que l'année 2019 s'est avérée excellente en matière de ventes de motos et scooters en France, comme le savent déjà nos abonnés Premium : les esprits "motophobes" ne pourront pas prétexter un repli de la pratique du deux-roues motorisés... Mais gageons que d'autres biais seront rapidement trouvés pour diaboliser la moto !
Exemple avec l'Observatoire national interministériel de la sécurité routière, qui néglige étrangement tous ces indicateurs favorables pour se livrer à une pirouette linguistique : "la mortalité des deux-roues motorisés baisse également avec 747 décès (en incluant métropole et outre-mer, NDLR), tout en restant élevée". Bref c'est bien... mais bof, pas tant que ça !
"Après quatre années de hausse et de stagnation de la mortalité routière en France entre 2014 et 2017, 2019 confirme donc la rupture constatée en 2018 (-6,1% entre 2017 et 2019)", préfère souligner l'organisme gouvernemental en décrivant le bilan provisoire global qui fait apparaître une légère baisse des autres indicateurs : accidents corporels (-1,1%) et blessés (-0,6%).
Aussi encourageants soient-ils, ces chiffres révèlent toutefois une inflexion assez modérée de la courbe d'accidentologie en France : 2019 marque certes un record, mais reste très proche de l'année précédente (3488 décès). Soit un écart de seulement neuf morts (-0,3%) entre 2019 et 2018. Positif, certes, mais nettement insuffisant pour atteindre les ambitieux objectifs des gouvernements successifs...
Rappelons qu'en 2012, le ministre de l'intérieur de l'époque Manuel Valls prévoyait d'atteindre la barre des "2000 morts d'ici à 2020". Cinq ans plus tard, en 2017, Bruno Le Roux qui lui succédait jugeait toujours cet objectif "réaliste et accessible" . Sans surprise, plus personne n'ose désormais l'évoquer alors que l'échéance arrive à son terme !
A la place, la bonne parole gouvernementale prêche les effets positifs de l'abaissement à 80 km/h sur le réseau secondaire ! Cette mesure impopulaire - sur laquelle reviennent plusieurs départements - serait naturellement, à en croire l'ONISR, à l'origine des baisses successives de mortalité en 2018 et 2019...
"En comparaison des cinq dernières années, 209 vies ont été épargnées lors de la première année de la mesure (juillet 2018-juin 2019) sur le réseau hors agglomération et hors autoroute, concerné par la baisse à 80 km/h de la vitesse maximale autorisée", rappelle la sécurité routière.
"La mortalité routière sur ce réseau est équivalente le second semestre 2019 à celle du second semestre 2018, ce qui confirme l'effet de la mesure, et ce, bien que ce réseau ait été fortement impacté par la dégradation du parc des radars depuis la fin de l'année 2018", conclut l'Observatoire national interministériel... qui n'est décidément pas à une contradiction près !
Rappelons que "60%" des radars étaient dégradés au 10 janvier 2019 d'après par le ministre de l'intérieur Christophe Castaner et que cette proportion aurait même atteint "75%" au plus fort du mouvement des "Gilets jaunes". Or leurs réparations courent encore en ce début 2020 avec de nombreux radars neutralisés - pardon, en "maintenance technique"...
Pour résumer, le passage à 80 km/h aurait donc impacté favorablement la mortalité routière en 2019... alors même que la plupart des radars censés le faire appliquer étaient inopérants. Mais alors, cela signifie que moins il y a de radars, moins il y a de morts sur les routes ? CQFD !
Pas sûr que cette analyse soit au goût du délégué interministériel à la sécurité routière, qui a répété à l'envi cette année que la dégradation des radars était à l'origine d'excès de vitesse et de morts supplémentaires. Emmanuel Barbe l'avait même réaffirmé quand la mortalité avait dramatiquement bondi de 17,9% en août.
"J'attribuerais le relâchement des comportements à la destruction des radars qui se poursuit, même si c'est à un rythme beaucoup moins rapide", avait-il réagit sur Europe 1 avant d'assurer que des radars en bon état contribuaient à "faire respecter les limitations de vitesse : sur les routes à 80 km/h, ils ont entraîné l'an dernier une baisse importante de la mortalité".
A la lecture du bilan 2019 et de son record historique, force est de constater que ce prétendu "relâchement" n'impacte pas la mortalité dans les proportions négatives qui lui ont été commodément attribuées. Pensez-vous que le gouvernement révisera pour autant sa politique répressive en matière de sécurité routière ?! Le suspense est insoutenable...
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