Au premier semestre 2022, le marché français du motocycle s’est rétracté de -6%, chutant même de -21 % en juin. Les motos et scooters résistent malgré de nombreux bâtons dans les jantes : pénuries de composants, Covid-19 et confinements en Asie, transport maritime saturé, livraisons compliquées... et d’autres menaces guettent ! Bilan.
Entre le 1er janvier et le 30 juin 2022, 102 348 immatriculations de motocycles ont été enregistrées par l’administration française. Comparé à l’an dernier, cela constitue une baisse de -6,0 %. De froids analystes pourraient donc qualifier ce premier semestre 2022 de "négatif". MNC n’est pas de cet avis...
Certes, les ventes de motos et scooters de 125 cc et plus (hors cyclomoteurs de 50 cc) ont fléchi par rapport au premier semestre 2021. Mais le Journal moto du Net n’oublie pas que l’année dernière avait été excellente pour "notre" marché national : aussi mémorable que la saison de MotoGP, remportée par Fabio Quartararo !
Les lecteurs Premium MNC - qui, on les remercie tous, soutiennent activement leur journal moto préféré, son indépendance et son (im)pertinence ! - se souviennent effectivement que sur les six premiers mois de l’année 2021, les ventes de motocycles en France avaient atteint 108 908 unités.
En dépit de la troisième vague de Covid-19, de ses couvre-feux et confinements locaux, les gros cubes avaient inscrit un nouveau record d’immatriculations sur Moto-Net.Com (20 ans d’archives pourtant) et les 125 cc signé leur meilleur performance en 10 ans...
Les motos et maxiscooters de plus de 125 cc fléchissent de -7,6 % (Vs 2021). Mais avec 70 627 immats au compteur à l’issue de ce premier semestre 2022, les grosses cylindrées entrent dans leur Top 3 (sur MNC toujours qui étudie le marché depuis 2004). Magnifique, non ?
Idem pour les scooters et petites motos de 125 cc dont les ventes reculent dans l’Hexagone mais égalent quasiment leur meilleur score de la décennie, instauré l’an dernier. La baisse de -2,4 % par rapport aux 32 500 de référence et exemplaire, est donc loin d’être catastrophique.
Moto-Net.Com doit cependant souligner que sur le dernier mois du semestre - le sixième, juin ! -, les deux secteurs ont fortement décliné : -21,2 % donc moins de 7000 petits engins pourtant tellement pratiques en ville, et -20,6 % donc moins de 13 500 grosses machines.
Que nous réservent l’été et le reste du second semestre 2022 : un rebond via de tardives livraisons puis une consolidation grâce à une industrie enfin redémarrée ? Ou bien une chute confirmée et une fin d’année encore et toujours grippée ? Impossible de prédire de quoi l’avenir sera fait...
Il est déjà extrêmement ardu d’expliquer ce qui se passe actuellement dans les concessions, mois après mois. L’étude des cieux (météo) et des calendriers (jours ouvrables ou fériés, vacances et week-ends prolongés) ne suffit plus - du tout, du tout - à expliquer ou prévoir les soubresauts du marché.
Scruter les sorties des nouveautés ne permet pas davantage de s’y retrouver : comme en 2021, de nouveaux modèles 2022 qui se hissent dans un Top 15 mensuel, disparaissent subitement du Top 100 le mois suivant ! Est-ce du à des livraisons dans le réseau puis à une panne à l’allumage l’étalage ? Ou est-ce en raison d’un lancement réussi, au point de liquider rapidement tous les stocks ? Mystère et boule de pneus.
D’autres facteurs déterminants continuent de brouiller les pistes, comme les annonces ou entrées en vigueur de nouvelles normes, lois et décrets qui impactent directement les ventes. À l’instar du tout récent Euro5, le stationnement payant municipal, le contrôle technique national, la fin du thermique continentale voire une guerre nucléaire mondiale peuvent stopper, ralentir, accélérer ou balayer nos chers deux-roues...
De même, une nouvelle vague de Covid-19 ou une nouvelle mode - de modes - de transports (trottinettes électriques dernièrement) remettraient en question l’attrait des français pour les motocycles. De manière tantôt soudaine, tantôt durable, parfois les deux !
MNC observe que l’ensemble de la chaîne logistique est rouillée : les fournisseurs font face à des pénuries de composants et matière premières, en fonction desquelles les constructeurs cherchent à adaptent leur production, et les distributeurs livrent leurs clients au coup par coup. Quant aux confinements en Asie, ils grippent le tout !
Réjouissons-nous toutefois car jusqu’ici, le marché français a survécu aux obstacles dressés en travers de sa route. Certains tournent même à son avantage : la flambée des carburants par exemple, contribue selon la grande majorité des constructeurs au succès de leurs deux-roues plus sobres que les quatre-roues !
"Le niveau d’immatriculation traduit davantage une capacité à maintenir tant bien que mal l’activité de production et une chaîne logistique opérationnelle qu’un niveau de la demande", analysait la CSIAM en mars dernier au cours de son point presse.
La majorité des français doivent encore se déplacer pour vivre, et beaucoup apprécient toujours vivre pour se déplacer... à moto ! Cela fait notamment les affaires de Honda : le nouveau "Numéro Un" en France a immatriculé 18 838 motocycles sur notre territoire, soit un recul de -10 %.
Avec leurs 17 338 immatriculations, les Bleus d’Iwata s’en sortent "relativement" mieux... Toujours deuxièmes, leur repli limité à -1,4 % leur permet de reprendre un peu de terrain sur les Rouges de Tokyo : les deux grands rivaux croquent respectivement 18,4 et 16,9 % des parts de - notre - marché.
Dans la même situation que Yam, BMW recule en valeur absolue (-2,5%) mais progresse en PDM (de 10,8 à 11,2%). La marque allemande monte à nouveau sur le podium malgré l’absence de 125 cc dans son catalogue... mais fort du succès de son maxiscooter électrique (15 ch ou Full). Sans parler des écrasantes GS, bien sûr.
Alors que les japonais ont atteint environ 54 % de leur score 2021 et l’allemand 56,5 % (la belle saison est dernière nous, a priori), Triumph se place sur les bases d’un nouveau record en France, encore ! Un tiers de ventes en plus cette année et la firme d’Hinckley passera définitivement de moyen à grand constructeur de motos en France.
À l’inverse, Kawasaki boucle un premier trimestre très décevant, ses ventes baissant d’un tiers par rapport à l’an dernier. Pour mémoire, les Verts d’Akashi avaient écoulé 14 023 motos - et quelques scooters - en 2020, 13 008 en 2021 (-7,2%). Il va falloir remettre les gaz... ou mettre les watts ?
KTM suit la même tendance que le troisième japonais, avec une chute de ses ventes de -30,5 % par rapport au premier semestre 2021. La marque autrichienne est un - tout petit - peu victime du succès de sa frangine d’origine suédoise : quinzième à fin juin, Husqvarna progresse de +7,1 % avec ses bécanes remaquillées.
Toujours septième du classement des "125 et plus", Piaggio pourrait encore prétendre à la cinquième place en ajoutant ses 2707 MP3 (-15,1%). À 9 longueurs de Kawasaki au premier semestre 2021, le groupe de Pontedera (la marque Vespa n’est pas comptabilisée à part, contrairement à Aprilia et Guzzi) se trouve à deux centaines d’immats de Triumph cette année.
Comme Piaggio et ses maxiscooters, Harley-Davidson et ses customs - sans oublier son maxitrail ! - ont effectué la moitié du chemin parcouru en 2021. La firme de Milwaukee cumule 2732 immatriculations à fin juin soit une légère hausse de +1,7% par rapport à une année 2021... noire, dépourvue de "petites" cylindrées.
Onzième la saison dernière, Ducati pointe à la neuvième place à mi-2022, avec les six dixièmes de sa performance totale de 2021 déjà atteints... mais 20 immatriculations de moins qu’au premier semestre 2021. Pour avancer, les Rouges de Bologne profitent surtout du recul des Jaunes d’Hamamatsu.
Suzuki perd effectivement une place par rapport au classement final 2021. Dixième avec 2504 immatriculations, la marque nippone va devoir réaliser un très bon second semestre pour égaler son précédent et faible score (5004 immats). Hélas, seul un Bandit pourrait réussir un tel hold-up, non ?
Alors que la première moitié du Top 20 des constructeurs de motocycle est majoritairement en retrait, la seconde moitié du tableau se montre globalement plus dynamique. À commencer par Royal Enfield qui quitte - momentanément - le Top 10 malgré un bon début d’année : +8,1 % grâce à son nouveau petit mono 350.
Fort de ses 2146 immatriculations en six mois, Aprilia égale quasiment son score de 2021... son score annuel et non semestriel ! Le Lion de Noale que l’on croyait assoupi et engourdi, bondit ainsi de la 15ème place en 2021 à la 12ème place provisoire de 2022.
Treizième avec 1693 immatriculations, Kymco est mieux parti que l’an dernier (+4,6 %). Il lui faudra surtout terminer plus fort qu’en 2021 (-26% Vs 2020). Or son trois-roues CV3 (classé parmi les tricycle, comme le MP3 quoi !) risque de faire baisser les ventes de ses deux-roues... mais grimper son chiffre d’affaires ?!
Sym a immatriculé une petite centaines de scooters en plus qu’au premier semestre 2021. Le second taïwanais attendait sans doute mieux de la part de ses nouveaux maxiscooters et de ses petites motos 125... et de sa garantie 5 ans proposée depuis 2015, bien avant Honda donc !
Nouveau venu dans le Top 20 en 2022, Zontes se classe directement 16ème derrière Husqvarna. Non loin derrière, puisque la marque chinoise totalise 1160 immats contre 1277 pour l’austro-suédoise. Beta se démarque également des "autres" constructeurs et grimpe à la 17ème place avec 1075 motos vendues ces six premiers mois.
Moto Guzzi perd une place par rapport à l’ensemble de l’année 2021, mais les écarts sont très faibles en bas de tableau : cela se joue à quelques containers, voire quelques camions près entre les italiens Beta, Guzzi et Benelli 20ème en 2021 et 19ème à mi-2022.
Victime de l’absence de son entrée de gamme tant appréciée des apprentis "bikers" - et du retour de Harley-Davidson sur le même créneau, cela tombe mal ! -, Indian ferme le Top 20 : ses ventes ont chuté de -36,8 % sur notre vieux continent pays.
Enfin, Moto-Net.Com note que les deux seules marques françaises présentes dans le Top 20 à fin 2021 s’inclinent sur ce premier semestre 2022 : Mash et Orcal sont pénalisées par la provenance de leurs bécanes... Le "Made in China" coûte cher en ces temps troublés !
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