L'ancien pilote français Jean-Michel Bayle dresse un premier bilan après trois courses MotoGP aux côtés de Johann Zarco dans le team officiel KTM. "JMB" met toute son expertise et sa rigueur au service du talentueux double champion du monde Moto2 pour l'aider à s'épanouir sur la RC16. Paroles de champion.
"Priorité à la performance sur la piste et pas à la parole", tranche Jean-Michel Bayle pour expliquer son silence autour de sa nouvelle collaboration avec Johann Zarco : "désolé si vous n'avez pas trop de commentaires de moi dans la presse, mais je garde la ligne de conduite que j’ai toujours eue", affirme-t-il sur Facebook.
L'ancienne star du motocross dans les années 90, titrée en mondial et aux États-Unis, n'a pas changé d'approche : travail, concentration et efforts, puis efforts, travail et concentration. Pas une surprise, finalement, que Zarco sollicite ses conseils depuis le GP de France : les deux aiment d'abord "faire" avant de "dire".
A 50 ans, "JMB" relève toutefois un challenge compliqué : aider son compatriote de 28 ans à dompter la jeune et rétive KTM RC16, après deux années pleines de succès sur la Yamaha. Mais Bayle est un homme de défis : il l'a prouvé en allant battre chez eux les crossmen américains, puis en repartant de zéro en Grands Prix de vitesse.
Cette spectaculaire reconversion, jamais tentée depuis à un si haut niveau, lui a valu plusieurs coups d'éclats notables dont trois pole positions : au GP d'Argentine 1995 en 250 cc, puis en République tchèque (1996) et en Italie (1998) sur une Yamaha 500 cc 2-temps, moto exigeante s'il en est !
Bayle, également passé dans le team Modenas sur la GP500 "KR3", compte aussi à son riche palmarès deux victoires au Bol d'Or (2002 et 2003) et un succès aux 24H Motos du Mans (2002). Bref, un talentueux "touche-à-tout" au sens noble du terme !
Cette capacité à surmonter les obstacles est précieuse pour Johann Zarco, en manque de repères dans le team officiel KTM : le n°5 ambitionnait de prendre les rênes du projet autrichien pour le tirer vers le haut... mais il se retrouve en queue de peloton pendant que son coéquipier Pol Espargaro collectionne les Top 10.
Certes, "Polito" entre dans sa troisième année avec la RC16 et en retire une expérience d'autant plus précieuse que l'espagnol a développé la moto selon son style de pilotage, à l'opposé de celui - plus coulé - de "Zarco-corico".
Mais le constat brut est à ce jour sans appel : Espargaro a offert à KTM son meilleur résultat en MotoGP (6ème en France) et occupe une flatteuse 9ème place au général. Zarco, lui, navigue entre la 13ème et la 17ème place avec une seule entrée dans le Top 10 en Catalogne, où les chutes de onze pilotes ont favorisé sa performance.
"La catégorie MotoGP est le summum de la compétition moto, le niveau n’a jamais été aussi homogène avec beaucoup de motos très compétitives, même les motos des années passées sont parfois plus performantes que leurs nouveaux modèles", analyse Jean-Michel Bayle à qui il n'a pas échappé qu'un certain Fabio Quartararo fait davantage d'étincelles que Rossi et Viñales sur leur M1 officielle !
"Dans ce contexte, il n'est pas étonnant de voir des pilotes en difficultés d’adaptation avec leurs motos et Johann en fait partie", estime l'ancien champion français après trois courses passées aux côtés du cannois, en plus des journées d'essais privés et officiels : les GP de France, GP d'Italie et GP de Catalogne.
"JMB" a exprimé une réelle admiration devant les MotoGP qui abordent à plus de 340 km/h le redoutable freinage de San Donato au Mugello... même si ce GP d'Italie a valu à Johann de terminer dernier, suite à son choix de pneu arrière tendre contre l'avis de son équipe...
"C'est quand même pas un sport de... ! Plus de 340 avant de freiner au virage 1 du Mugello en Italie", s'enthousiasme Jean-Michel Bayle qui précise que sa mission consiste "à aider Johann à passer ces étapes". On se doute que cette 17ème place en Toscane a été particulièrement dure à digérer...
"Le message passe bien et Johann travaille de son coté pour réussir cette adaptation", décrit néanmoins le coach tricolore, par ailleurs ambassadeur pour Honda. Le rôle de Bayle consiste notamment à aider Zarco à accepter le fait de ne pas être aujourd'hui en situation de jouer devant et de garder le recul nécessaire pour mener à bien sa mission.
"Il m' aide à avoir une vision globale et ça m'aide à ne pas me détruire", développe Johann Zarco, qui apprécie ce soutien quand survient "l'impression tout ce qu'on fait ne sert à rien".
"C'est bien que tu veuilles gagner me dit-il", poursuit le cannois, "ne l'oublie pas, mais mets ça de côté pour plus tard".
De nature intransigeante et perfectionniste, Jean-Michel Bayle n'est pas du genre à se retrancher derrière des excuses matérielles pour justifier des contre-performances. Pour autant, le nouveau coach de Zarco approuve à 100% son poulain dans son souhait de rendre la KTM moins exclusive.
"Une précision technique quand même : aucun constructeur ne veut et ne fait une moto pour un seul pilote, le but est de faire une moto performante qui sera capable de gagner avec n’importe quel pilote a son guidon", assure Bayle en réponse à ceux qui reprochent à Zarco de vouloir transformer la RC16 au lieu d'imiter la façon de faire de Pol Espargaro.
"La palette de réglages d’une MotoGP est suffisamment grande pour pouvoir adapter les réglages en fonction des préférences des pilotes et de leurs pilotages", rappelle Jean-Michel Bayle, sous forme d'un appel du pied à KTM qui semble plutôt penser que c'est au pilote de s'adapter à sa moto.
D'où certains points de conflits entre la volonté de changement exprimée par Joahnn et une forme d'entêtement du constructeur autrichien, qui défend mordicus ses solutions comme son cadre treillis et ses suspensions "maison" WP alors que toutes les autres MotoGP utilisent un châssis périmétrique et des suspensions Öhlins.
"Johann doit continuer à travailler pour réussir à comprendre et à adapter sa moto pour pouvoir se sentir confortable et pouvoir aller chercher la dernière seconde de performance. Je suis ravi d’être à ses côtés et de l’aider dans ce challenge", conclut le nouveau conseiller du n°5, qui suivra avec attention le GP des Pays-Bas ce week-end à Assen.
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Plateau : Les pilotes et leurs motos 2024
10 mars : GP du Qatar
24 mars : GP du Portugal
07 avril : GP d'Argentine (annulé)
14 avril : GP des Amériques
28 avril : GP d'Espagne
12 mai : GP de France
26 mai : GP de Catalogne
02 juin : GP d'Italie
16 juin : GP du Kazakhstan (reporté)
30 juin : GP des Pays-Bas
07 juillet : GP d'Allemagne
04 août : GP de Grande-Bretagne
18 août : GP d'Autriche
01 septembre : GP d'Aragon
08 septembre : GP de San-Marin
22 septembre : GP d'Inde (annulé)
22 septembre : GP Kazakhstan (annulé !)
22 septembre : GP d'Emilie-Romagne
29 septembre : GP d'Indonésie
06 octobre : GP du Japon
20 octobre : GP d'Australie
27 octobre : GP de Thaïlande
03 novembre : GP de Malaisie
17 novembre : GP de la "Solidarité"
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