Andrea Iannone - suspendu depuis le début de saison pour dopage aux stéroïdes - écope d'une peine extrêmement lourde de quatre ans (!) d'interdiction de participer à toutes compétitions moto, qui signe pratiquement la fin de la carrière du pilote de MotoGP italien de 31 ans... Rappel des faits et décryptage.
Le Tribunal arbitral du sport (TAS) a tranché en défaveur d'Andrea Iannone, qui avait lancé une procédure d'appel en réaction à sa suspension de 18 mois appliquée fin mars par la Cour disciplinaire de la Fédération internationale de motocyclisme (FIM) pour violation des règles antidopage.
Faute de preuves suffisantes en faveur du natif de Vasto (Italie), son appel a finalement été rejeté par le panel d'arbitres du TAS. Pire : la haute autorité sportive donne raison à l'Agence mondiale antidopage (AMA) qui avait également interjeté en appel pour que sa sanction soit carrément alourdie à quatre ans de prison suspension !
Andrea Iannone, qui clame son innocence depuis son test positif lors du GP de Malaisie 2019, ne pourra plus piloter en compétition avant fin 2023 (sa peine prend effet à partir du "17 décembre 2019")... Le transalpin - fantasque, excessif, mais bigrement talentueux et plutôt sympathique - aura alors 34 ans : rebondir en course moto lui sera très difficile, surtout avec une telle carte de visite...
Coup de grâce : tous ses résultats obtenus "à compter du 1er novembre 2019" sont officiellement invalidés avec toutes les conséquences qui en découlent : "perte de toutes médailles, points et prix", précise le Tribunal arbitral du sport, qui s'était réuni le 15 octobre pour délibérer sur ce cas épineux.
Rappelons que le n°29 avait été reconnu coupable d'ingestion de Drostanolone, un stéroïde anabolisant placé sur la liste des produits dopants de l'Agence mondial antidopage. Sanctionné par la FIM, l'italien s'est vu contraint de céder le guidon de son Aprilia RS-GP au pilote essayeur Bradley Smith et au jeune italien Lorenzo Savadori.
Fortement soutenu par Aprilia, "The Maniac" s'est toujours dit innocent de ces lourdes accusations : Iannone, par ailleurs auteur d'une superbe victoire sur Ducati au GP d'Autriche 2016, justifie la présence de cette substance interdite par une contamination venant d'une viande qu'il aurait mangé pendant son séjour en Malaisie.
Iannone défend l'idée d'une viande issue d'élevage gavé d'anabolisants pour accélérer leur croissance. Cette thèse de la contamination accidentelle n'est pas nouvelle : en février dernier, la fédération internationale de tennis a levé les poursuites contre Robert Farah - numéro 1 mondial en double - pour ce motif (un "steack" contaminé qui se serait pris dans les filets de la raquette du colombien).
Le cycliste Alberto Contador avait également été blanchi en invoquant une contamination accidentelle lors d'un contrôle positif au Clenbuterol, produit utilisé pour soigner l'asthme des chevaux de course. Et on peut compter sur les rois de la pédale pour ne pas se doper à "l'insu de leur plein gré" (spéciale dédicace à Richard Virenque !).
Andrea Iannone avait par ailleurs fait valoir les résultats d'un test capillaire négatif, ainsi que son parcours vierge de toutes formes d'accusations de dopage. Des éléments qui semblaient suffisamment probants pour justifier son appel auprès du TAS...
Mais deux problèmes se sont cumulés : d'une part l'évolution assez spectaculaire de sa masse musculaire, exhibée fièrement sur les réseaux sociaux. Ce développement - justifié par l'italien par d'intenses séances de musculation - joue en sa défaveur, tout en alimentant la suspicion d'un recours aux stéroïdes.
L'ancien pilote Suzuki (en 2017 et 2018) affirme pour sa part avoir soulevé de la fonte pour être au top sur sa MotoGP, mais également pour ses activités secondaires : le mannequinat. Sollicité par des marques de (sous)vêtements, Andrea pose en effet régulièrement en dévoilant ses impressionnants biscotos...
Autre souci, beaucoup plus compromettant aux yeux de la justice : le coéquipier d'Aleix Espargaro n'a jamais été en mesure d'apporter les preuves tangibles de son "intoxication" par une viande contaminée aux stéroïdes...
Or, aussi injuste que cela paraisse, c'est au sportif de d'étayer sa non-culpabilité dans ce type de procédure : la présomption d'innocence ne fonctionne pas. En clair : un athlète suspendu pour dopage est reconnu coupable tant qu'il n'a pas prouvé son innocence, chose que Iannone ne serait pas parvenu à faire.
"Le panel du TAS constate qu'Andrea Iannone n'avait d’une part pas mentionné le type précis de viande consommée", explique l'autorité officielle. "Par ailleurs, ni Andrea Iannone ni les experts ne pouvaient démontrer un quelconque problème de contamination de viande au Drostanolone en Malaisie. Le panel en a donc conclu qu’il y avait eu une violation des règles".
Le Tribunal arbitral du sport admet toutefois "la possibilité qu’une viande contaminée serait effectivement à l’origine de cette infraction", mais taille pourtant dans le vif au prétexe qu'il "appartient au pilote de fournir des preuves convaincantes et qu’Andrea Iannone n’est pas en mesure de démontrer qu’il ne s’agissait pas d’un acte intentionnel".
Le jury valide par conséquent la sentence de "transgression délibérée aux règles antidopage", à l'origine de ses quatre ans de suspension. "Le TAS annule la décision rendue par la Cour Disciplinaire Internationale FIM en date du 31 mars 2020 (qui lui avait infligé une suspension de 18 mois, NDLR) et impose une période de suspension de quatre ans à Andrea Iannone".
Cette triste affaire relance l'activité autour du dernier guidon disponible en MotoGP pour 2021 : celui de l'Aprilia, jusqu'ici "en pointillés" pour la saison prochaine. Deux pilotes sont sur les rangs : Cal Crutchlow, évincé de chez Honda-LCR par Alex Marquez, ainsi que Andrea Dovizioso, en partance de chez Ducati.
L'italien a cependant fait savoir au GP d'Europe qu'une reconversion en compétition de motocross faisait partie de ses pistes solides, écartant par ailleurs la possibilité de devenir pilote de développement MotoGP. "Aucune pilote ne rêve de devenir essayeur", tranche "Dovi". A suivre : restez connectés !
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Plateau : Les pilotes et leurs motos 2024
10 mars : GP du Qatar
24 mars : GP du Portugal
07 avril : GP d'Argentine (annulé)
14 avril : GP des Amériques
28 avril : GP d'Espagne
12 mai : GP de France
26 mai : GP de Catalogne
02 juin : GP d'Italie
16 juin : GP du Kazakhstan (reporté)
30 juin : GP des Pays-Bas
07 juillet : GP d'Allemagne
04 août : GP de Grande-Bretagne
18 août : GP d'Autriche
01 septembre : GP d'Aragon
08 septembre : GP de San-Marin
22 septembre : GP d'Inde (annulé)
22 septembre : GP Kazakhstan (annulé !)
22 septembre : GP d'Emilie-Romagne
29 septembre : GP d'Indonésie
06 octobre : GP du Japon
20 octobre : GP d'Australie
27 octobre : GP de Thaïlande
03 novembre : GP de Malaisie
17 novembre : GP de la "Solidarité"
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