La Motor Company monte au créneau contre l'Union Européenne qui prévoit une sur-taxation sur l'importation de ses motos à hauteur de 56% dès le mois de juin, en représailles aux droits de douane supplémentaires mis en place par l'ancien président américain sur des matières premières européennes. Décryptage.
Le bras de fer se poursuit entre l'Union Européenne et les États-Unis sur les taxes à l'importation de produits de part et d'autre de l'Atlantique, conflit dont Harley-Davidson est une des victimes collatérales. Dernier épisode en date : l'Europe prévoirait de porter à "56%" ces fameuses taxes punitives, dénonce le PDG de la Motor Company !
"S’ils sont mis en œuvre, ces tarifs accrus constitueront un désavantage concurrentiel ciblé pour nos produits par rapport à ceux de nos concurrents européens", s'insurge Jochen Zeitz, qui regrette l'impact "significatif" de cette décision de Bruxelles sur la capacité de son entreprise à "être compétitive en Europe".
Le revers serait d'autant plus préjudiciable que la marque de Milwaukee vient de lancer son tout premier maxi-trail Pan America 1250, avec l'ambition de séduire un nouveau profil de motards notamment parmi les européens friands de "motos sur échasses". Et, à la suprise générale, notre essai MNC révèle que cette Pan Am' possède de sacrés arguments pour y parvenir !
Jochen Zeitz ci-dessus sur la Pan America, justement, n'entend pas en rester là : le dirigeant américain annonce dans un communiqué son intention de "déposer un recours juridique avec effet immédiat" si la commission européenne persiste dans ses mesures de rétorsion.
L'Europe, elle, justifie sa décision par la stratégie d'évitement mise en place par Harley-Davidson pour échapper aux sur-taxes douanières : le constructeur avait délocalisé en dehors des États-Unis toute sa production moto à destination de l'Europe, en la dirigeant vers ses usines asiatiques pour contourner l'augmentation des droits de douane sur le "Made in America".
Rappelons que ce conflit dure depuis 2018 quand l'ancien président américain Donald Trump avait augmenté de 10% à 25% les droits de douane sur l'acier et l'aluminium européens. L'Europe avait aussitôt appliqué des représailles en sur-taxant les produits importés américains, dont les motos Harley-Davidson. Le tout sur fond d'éternels contencieux commerciaux entre Airbus et Boeing...
Pris en otage dans cette guerre "businesso-politique", Harley avait trouvé la parade en faisant fabriquer ses motos pour l'Europe dans ses usines au Brésil, en Inde et en Thaïlande, chose qui lui est sans surprise reprochée par l'Europe : "ce changement de lieu de production vise à éviter l'application des taxes européennes", fustige l'Union Européenne.
Pour accentuer sa pression sur les États-Unis, l'UE prévoit donc d'augmenter significativement ses pénalités sur les Harley, mais surtout de appliquer quelle que soit leur provenance : peu importe que les motos soient fabriquées en Asie ou à Milwaukee, 56% de taxes leur tomberont sur les chromes menace l'Europe !
Ironie de l'histoire : Harley-Davidson s'était par ailleurs mis à dos l'ancien locataire de la Maison-Blanche, qui dénonçait une trahison du constructeur lors de l'annonce de sa délocalisation vers l'Asie. Double peine, donc, pour H-D !
La solution pourrait provenir du nouveau président américain, Joe Biden, qui semble vouloir mettre un terme à ce conflit. Problème : si l'Union Européenne s'impatiente de voir se lever les barrières commerciales érigées par son prédécesseur, d'importants industriels américains font à l'inverse du lobbying pour qu'elles soient maintenues à leur avantage...
.
.
.
Commentaires
Ajouter un commentaire
Identifiez-vous pour publier un commentaire.