Cette année, c'est décidé : votre future moto neuve sera un roadster de moyenne cylindrée avec un budget d'environ 7000 euros. Oui, mais laquelle choisir parmi toutes ces "Naked" de 650 à 750 cc extrêmement prisées des jeunes motards et des nouveaux permis A2 ? En suivant ce Guide pratique MNC, pardi !
Le choix de cette catégorie ne doit rien au hasard dans la mesure où ces motos de moyenne cylindrée dominent le marché français grâce à leur statut de première moto. Simple, léger et économique : le roadster de 650 à 750 cc est plébiscité après l'obtention du permis, malgré la concurrence pragmatique - mais excessivement chère - des alternatives de 300 à 400 cc (Z400, MT-03 et autres Duke 390 à presque 6000 €).
Leur succès est justement lié à la formation puisque celle-ci se réalise à leur guidon : les candidats au permis A2 - obligatoire quel que soit l'âge depuis 2016 et remanié au printemps - vivent leurs premiers émois sur ces motos facilement bridables à 47,5 ch (voire nativement limitées à 35 kW), comme l'exige la législation pendant deux ans.
Cibles logiques des jeunes motards, ces machines sont aussi idéales pour se remettre à la moto lorsque enfants et crédit(s) relâchent enfin la pression ! D'autant qu'elles sont devenues ludiques - finie l'époque des motos-écoles moches et tristes - et ramènent par ailleurs à l'essence même de la moto : deux roues, un guidon et un moteur (majoritairement bicylindre, plus léger et coupleux qu'un "4-pattes").
Le roadster, c'est le plaisir à l'état brut... en contrepartie d'une exposition directe aux éléments faute de protection. A moins d'y greffer un saut de vent optionnel (rarement inclus de série), au détriment du look. Quant aux mains et au bas du corps, point de salut : gants épais, pantalon de pluie et bottes étanches sont obligatoires lorsque la météo est chagrine.
Leur format compact limite aussi duo et capacités d'emport : seuls les passager et bloc disque peu volumineux y trouvent place ! Au fil du temps, l'espace a été "rogné" pour raccourcir leur partie arrière (au détriment du coffre, de l'arrimage et des poignées), tout en abaissant la hauteur de selle au profit de l'accessibilité. Tablez sur environ 800 mm, voire moins avec option selle basse et/ou réduction de la course de l'amortisseur.
Pouvoir transporter un antivol digne de ce nom serait pourtant utile au regard de leur popularité : gravage et alarme peuvent à ce titre être négociés à l'achat. Mais sachez que leur "prix plancher" bloque les leviers de remises, faute de marges dégagées par les concessionnaires : certains best-sellers ne sont tout bonnement pas négociables.
Gardez enfin à l'esprit que l'assise et l'amortissement sont rarement satisfaisants sur ces roadsters d'entrée de gamme, pour des motifs économiques parfois discutables... Une instrumentation sexy - en couleurs et connectée, si possible - est désormais préférée à une selle décemment rembourrée et des suspensions efficaces !
La MT-07 est la poule aux oeufs d'or de Yamaha : c'est la moto la plus vendue en France depuis sa sortie 2014 ! Son succès s'appuie essentiellement sur son moteur, un bicylindre parallèle de 689 cc qui réalise d'exploit d'offrir du caractère sans être caractériel.
Diablement efficace dès 2500 tr/mn, ce twin de 73 ch tracte joyeusement ce roadster de seulement 184 kg - roue avant levée à la demande ! - sans négliger les bonnes manières : souplesse à très bas régimes, accélérateur et embrayage faciles à doser sont au rendez-vous. Le tout sans vibrations désagréables, ni consommation excessive : au contraire puisque MNC est déjà descendu à 4,28 l/100 km.
La maniabilité hors pair de la MT-07 se vérifie sur les "parcours-lents" des motos-écoles, alors que sa compacité générale - notamment entre les cuisses - rassure les plus court(e)s sur pattes. La MT-07 peut se vanter d'avoir dépoussiéré la catégorie en lui insufflant une réjouissante dose de fun.
Ses défauts ? Une finition ingrate sur les premières versions et une plastique "dérangeante"... qui ne s'adoucit - pas au contraire - en 2021. Son amortissement manque également de rigueur en conduite dynamique, sans toutefois perdre le cap. La MT-07 est une moto "vivante"... à l'image de son fabuleux moteur !
Les points forts MT-07
Les points faibles MT-07
Kawasaki lance sa Z650 en 2017 pour succéder à l'appréciée ER-6n et avec l'ambition de récupérer la première place cédée à la Yamaha. La "Verte" y met les formes : bicylindre en ligne de 649 cc totalement remanié, cadre tubulaire allégé et design anguleux calqué sur les célèbres "Zed". Ajoutez-y un écran TFT couleurs depuis l'an passé pour faire bonne mesure !
Ses lignes sont moins tarabiscotées que sa rivale - encore que ?! -, tandis que sa selle à seulement 790 mm permet à une collaboratrice de MNC de 1,59 m de poser l'avant de chaque pied au sol, plus solidement que sur la MT-07. Autre atout appréciable : son poids de 187 kg, en forte baisse par rapport à l'ancienne Er6, fait presque jeu égal avec la svelte Yamaha (+ 3 kg).
Facile à prendre en mains, la Z650 reçoit une partie-cycle de premier plan : son train avant est remarquable de franchise, en plus d'être rassurant à faible allure et puissamment freiné par ses jolis disques à pétales. Contrepartie de ses qualités sportives, son amortissement se révèle assez sec. Idem pour sa selle.
Son twin réunit souplesse et sobriété, avec des reprises en 6ème à 2000 tr/mn sans cahot et une consommation autour des 5 l/100 km. Seuls bémols : ses vibrations et son allonge sans panache. Certes mieux rempli à mi-régimes, son moteur a perdu son excitante explosivité d'autrefois... et son duel MNC face à la référence du marché.
Les points forts Z650
Les points faibles Z650
Avec son trois-cylindres de 660 cc, la nouvelle Trident 660 souffle un inédit vent de fraîcheur "mécanique" dans cette catégorie trustée par les bicylindres - en ligne ou en V - et quelques rares quatre-cylindres. Et avec ses 81 ch, la Triumph enfonce le clou face aux rivales ci-dessus.
L'ambitieuse anglaise poursuit l'offensive avec son cadre alu (gage d'un poids contenu à 189 kg), sa fourche inversée Showa, son instrumentation mi-LCD mi-TFT, ses modes de conduites, son anti-patinage et son embrayage anti-dribble. Chez Triumph, entrée de gamme ne rime certainement pas avec bas de gamme !
Son guide relevé et sa selle à 805 mm confirment pourtant ses ambitions "tout-public", qui appréciera ses révisions espacées (16 000 km). En théorie, la Trident 660 est en mesure de porter un rude coup aux MT-07 et Z650 avec cette partie-cycle sérieuse, son moteur performant et sa ligne distinguée...
En pratique toutefois, la nouveauté principale de Triumph devra prouver la correcte valorisation de ses atouts pour justifier son prix supérieur de 9% face à ses expérimentées rivales japonaises. Seul un match à suivre sur MNC sera en mesure de répondre à cette question !
Les points forts Trident 660
Les points faibles Trident 660
Relancée en 2016 pour effacer l'inévitable échec de la Gladius, la SV650 conserve de beaux restes : son bicyclindre de 645 cc concilie souplesse et vigueur (76 ch), sa partie cycle est saine et efficace, tandis que de discrètes évolutions la bonifient en 2019 (finition et freinage améliorés).
Cette moto homogène et accessible - selle à seulement 785 mm - se montre par ailleurs raisonnablement confortable, tout en offrant une prise en main ludique et une jolie sonorité grâce à son architecture en V désormais unique dans la catégorie. Son pneu arrière de 160 mm participe en outre à faire oublier son relatif embonpoint (+ 13 kg Vs MT-07).
Autre atout : son prix extrêmement attractif de 6599 euros, qui la place à 700 euros de ses compatriotes et à presque 1200 euros de la Trident ci-dessus. La Suzuki est à peine plus chère que certaines motos de 400/500 cc alors qu'elle leur colle 20 ch ! Et pourtant ses ventes déçoivent avec six fois moins d'immatriculations que la MT-07 en 2019...
Plusieurs facteurs expliquent ce désintérêt, à commencer par ses origines veillottes qui remontent tout de même à 1999 ! Etouffé par les normes successives, son moteur - à l'origine avec carburateurs - n'a plus sa joyeuse vitalité d'autrefois, malgré toute sa bonne volonté et sa fiabilité reconnue.
Son design daté renvoie également à une époque que les moins de 20 ans ne peuvent et ne veulent pas connaître. C'est comme si Peugeot relançait son emblématique "205" dans son jus d'origine !
Les points forts SV650
Les points faibles SV650
Le constructeur italien Benelli - sous capitaux chinois depuis 2005 - s'est enfin décidé à concrétiser son roadster de moyenne cylindrée maintes fois exhibé sous forme de concept : la 752 S. L'attente valait la peine pour cette moto de 754 cc joliment dessinée et sacrément équipée au regard de son prix calqué sur les best-sellers.
Fourche inversée Marzocchi entièrement réglable, étriers radiaux Brembo, cadre treillis façon "Monster", écran TFT : la 752 S ne se refuse rien, en plus d'afficher une allure râblée du plus bel effet. Son phare oblong renforce son identité, tout comme son splendide silencieux digne du MotoGP. Benelli et le groupe Qianjiang tordent le coup aux idées reçues sur les motos en provenance d'Asie !
Son bicylindre parallèle délivre des performances conformes au genre (76,2 ch) en plus d'être assez enjoué dans les tours, selon des confrères qui ont déjà pu la découvrir. MNC relève toutefois un poids excessivement élevé (+ 42 kg Vs M-07 !), ainsi qu'un rayon de braquage "mécaniquement" limité par le diamètre démesuré de sa fourche (50 mm !).
Les points forts 752 S
Les points faibles 752 S
Aussi étonnant que cela puisse paraître, Honda est l'un des grands absents de ce guide MNC pour la bonne et simple raison qu'aucune de ses motos ne satisfait pleinement aux canons de la catégorie : la CB650R à 8249 euros est bien trop chère et la CB500F pas assez costaude face aux vedettes du marché.
Quelque 218 cc séparent ainsi la CB500F de la MT-07 (471 cc Vs 689 cc), soit presque un quart de litre : difficile, donc, de les considérer comme rivales naturelles. La preuve en matière de performances avec plus de 25 ch en faveur de la Yamaha : la CB500F entre davantage en concurrence avec les 390 Duke, Z300 et autres MT-03.
Pour autant, l'inclure parmi ses choix n'est pas délirant tant ce roadster réapparu en 2013 présente des qualités essentielles. Légère et hyper accessible, la petite Honda profite notamment de son format "intermédiaire" pour faire état d'une maniabilité confondante : ce n'est pas un hasard si de nombreuses moto-écoles en sont dotées !
Son twin parallèle présente toute la souplesse nécessaire pour mettre à l'aise, ainsi qu'une sobriété remarquable qui trouve matière à s'exprimer grâce à son "gros" réservoir de 17,1 litres (entre 2 et 3 litres de plus que ses rivales de plus forte cylindrée). Son judicieux accord de suspension lui garantit enfin une efficacité élogieuse.
Ses défauts ? Un moteur linéaire et peu joueur, en plus d'être limité en performances car volontairement circonscrit à la puissance légale pour les permis A2. La CB500F souffre par ailleurs d'un prix élevé au regard de sa mécanique frustrante quand s'achèvent les deux ans de la période probatoire.
Les points forts CB500F
Les points faibles CB500F
D'autres motos présentent les qualités requises pour entrer dans ce guide, mais s'en trouvent écartées en raison de leur prix trop élevé : à ce titre, la Triumph Trident représente l'extrême limite haute. Espérons au passage que tous les constructeurs ne s'en inspirent pas à l'avenir pour calibrer leur roadster d'entrée de gamme...
Parmi les prétendantes possibles, citons la Suzuki GSX-S750 et son rageur 4-cylindres de 749 cc. Sa forte puissance (114 ch) et son prix (8999 euros) ne la prédestinent pas aux motards débutants, et pourtant l'équilibre de sa partie cycle et l'onctuosité de son "4-pattes" la rendent plutôt évidente. Au pire, l'anti-patinage veille au grain !
Ce roadster de 213 kg réunit des étriers radiaux et une fourche inversée pour matérialiser ses accointances sportives, qui font honneur à ses racines de "Gex". Bien que compatible aux exigences du permis A2 (à 8799 €), la Suzuki reste toutefois autrement plus sélective et exigeante qu'une MT-07 et autre Z650.
La CB650R compte également parmi les motos compatibles avec les références de ce guide avec sa cylindrée de 649 cc et son éligibilité A2. Mais la jolie Honda de 202 kg "snobe" le clan des entrées de gamme avec son look et son accastillage raffinés - fourche inversée, étriers radiaux, anti-patinage -, qui font flamber son prix (8249 euros)...
Intuitive, cette lointaine descendante de la Hornet exige néanmoins d'être savamment cravachée pour profiter de ses 95 ch : notre duel MNC face à la MT-07 avait justement consacré la Yamaha, bien plus expressive à bas et mi-régimes en plus d'être plus abordable.
Ducati possède aussi sur le papier un roadster tout indiqué pour débuter ou se remettre à la moto : le Scrambler 800. "Ce n'est pas un roadster, mais un Scrambler", rétorqueront certains... en passant sous silence ses nombreuses entorses au genre comme ses jantes à bâtons, son silencieux en position basse ou encore ses débattements limités !
La Ducati est en fait un Monster habilement transformé pour s'inscrire dans la lucrative tendance néo-rétro. Et à 8990 euros, l'Icon Dark recycle avantageusement son "bon vieux" twin refroidi par air de 73 ch et 66,2 Nm ! Son prix élevé l'écarte de ce guide, alors que sa selle basse (798 mm), son moteur docile et son poids plume (189 kg) en font pourtant une alternative avisée.
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