L’atelier Workhorse Speed Shop s’est taillé une grande réputation dans le petit monde du custom moto ! Son chef Brice Hennebert confirme en livrant deux projets basés sur l’Indian FTR1200 : une FTR AMA qui fleure bon les "racing 80ies" aux USA et une Black Swan qui se la joue brute épaisse mais légère. Découverte en détails et vidéos.
Basé à Wavre en Belgique, le préparateur Workhorse Speed Shop s’était fait remarquer en 2018 grâce à sa "Sakura", une XSR700 copieusement retravaillée (160 ch avec le kit NOS !) afin de briller dans le championnat "Sultans of Sprint" aux gants de Niccolo Canepa à Monza, Jens Kuck à Leonberg et... un certain Tom Pagès, vainqueur de l’ultime épreuve à St-Raphaël !
En 2022, l’atelier wallon fait de nouveau la Une de Moto-Net.Com - quel honneur ! - en dévoilant deux nouvelles machines créées de toutes pièces ou presque, à partir d’un même modèle que l’on peine à identifier : la FTR1200 d’Indian. Vous savez, la nouvelle bécane de Sébastien Loeb !
Pour la première préparation limpidement baptisée FTR AMA, "le brief était assez ouvert, quelque chose de coloré et d'aussi tranchant qu'un char d’assaut", se remémore le chef d’atelier Brice Hennebert dont l’unique consigne à respecter "était la peinture (qui) devait s'inspirer de Martini Racing". Dont acte : "l'incroyable peinture conçue par Axecent au Japon a été appliquée par mon ami Fabian qui habite près de mon atelier".
Conçues intégralement par ordinateur grâce à un scan 3D du châssis de la FTR1200 d’origine, les pièces d’habillage ont été imprimées puis renforcées au carbone. La simple plaque avant évoque les courses moto américaines du début des années 80, tandis que le carénage arrière abrite la batterie "en guise de clin d'œil aux motos d'endurance" plus frenchies...
L’installation de filtres à air DNA performance pour mieux gaver le V-Twin a contraint le préparateur à dessiner une nouvelle boite à air et scinder le réservoir en deux : une partie reste entre les genoux du pilote, l’autre migre sous ses fesses. Au total, la FTR AMA embarque 14 litres, comme la machine d’origine ! L’échappement fabriqué à partir de plaques d'inox impeccablement soudées, se termine par une paire de silencieux modifiés S&S Cycle Grand National.
"Vinco Racing a passé beaucoup de temps sur l'usinage (cadre, platines, étriers, etc, NDLR), ce qui m'a permis de me concentrer sur d'autres domaines", précise le préparateur belge qui s’est personnellement chargé de confectionner un bras oscillant à partir de simples tubes d’alu.
Plus long de 4 cm que l’original, le bras oscillant reçoit une paire d’amortisseurs Öhlins "piggyback" tandis que la fourche de la même marque doit donner à cette super production des airs de Bol d’Or 750. Plus percutant, le look des jantes est signé Fabio Quartararo de JoNich Wheels en Italie...
Les roues de la FTR AMA sont "basées sur ses roues Rush, usinées à partir de billette en aluminium, mais sans les brides en carbone", informe le boss de Workhorse. "Le design me fait penser aux ailettes du turbo utilisé sur les Lancia de course"... sponsorisées par Martini, tiens, tiens !
Pour le freinage, Brice a tout naturellement "appelé Étienne (Brocard, directeur de Beringer, NDLR) pour obtenir leur système de freinage 4D" et "joué avec différentes couleurs sur les composants pour travailler sur l'ambiance AMA. Et puis, comme j'ai retiré le module ABS, j'ai dû trouver un autre moyen d'obtenir le signal de vitesse sur la moto et la solution a été un Moto Scope Mini de Motogadget".
Enfin, si l’instrumentation reste d’origine, Workhorse a complété sa machine à voyager dans le temps (fin 70ies, début 80ies) et l’espace (direction les États-Unis et leur championnat de "musclebikes"), de "toutes les options d'une machine moderne, comme la connexion et le chargement du téléphone".
La deuxième moto livrée au frangin du premier client - souhaitons à Workhorse que la fratrie soit très, très nombreuse ! - partage le style barraqué de la première mais sa tonalité est bien plus sombre, sa plastique (hum, carbone) plus enveloppante. Le préparateur a pu véritablement se lâcher : il avait carte blanche... et carte bleue illimitée ?
"Le propriétaire de la moto m'a donné une totale liberté pour réaliser le projet. J'ai donc poussé tous les curseurs au maximum", relate Brice Hennebert qui s’est un peu piégé tout seul : "c'est la préparation la plus compliquée que j'ai réalisée à ce jour", estime-t-il.
À l’instar de la FTR AMA, le design de cette Black Swan (littéralement "cygne noir" en anglais, mais "perle rare" au sens figuré) "provient de plusieurs inspirations et époques, des Superbike des années 90, des voitures de Grand Prix modernes et même des Porsche réglées par Rauh-Welt".
Pour concevoir le carénage de cet engin, Brice n’a pas eu recours à l’informatique. Enfin, pas uniquement ! Il a préféré modeler un patron en argile autour d’une structure en grillage métallique. À l’ancienne, quoi ! "Cette étape a été plus facile que je ne le pensais car je n'ai pas eu besoin de créer un carénage complet, une moitié a suffisait comme modèle".
Une fois terminée, cette "demi-pièce" a été scannée en 3D pour être transmise à Formae Design qui a aidé le préparateur à "affiner le modèle virtuel, créer le cadre complet par symétrie et intégrer tous les accessoires et raccords. Christophe, chez Formae, m'a beaucoup aidé avec tous les différents composants du cadre", salue Brice au passage.
Imprimée en 3D, la pièce - d’un seul bloc ! - a été envoyée à "Robert Colyns de 13.8 Composites, un maître de la fabrication en fibre de carbone". La matière devant rester apparente, "j'ai donné à Robert la liberté de choisir le type de carbone qui serait le plus beau tout en respectant le dessin que je lui avais donné". Bob a bien bossé...
Quelques semaines plus tard, Workhorse réceptionnait son bébé : ravissant et ne pesant pas beaucoup plus d’1,8 kilogramme ! Par précaution, l’heureux papa avait prévu une couche coque en aluminium afin de protéger son bambin - et son client - de la chaleur de l’échappement conçu en Slovénie, en collaboration avec l’usine Akrapovic.
Clou du spectacle, un original dispositif cache le phare ! "Cela peut sembler simple et facile pour certaines personnes, mais pour moi, c'était un sacré pari", nous prie de croire Brice Hennebert qui a eu recours à une paire de servomoteurs Arduino pour mouvoir les "paupières" de la Black Swan.
Bien plus à l’aise une torche TIG à la main, le boss de Workhorse a façonné un nouveau réservoir et un autre bras oscillant en alu fixé au cadre via un "monoamortisseur Öhlins Racing "piggyback" spécial de couleur noire pour s'accorder au thème général, complété par une fourche avant"... noire, "what did you expect ?"
Le préparateur belge a de nouveau fait appel à son ami Tim de Vinco Racing Engineering afin de fabriquer de nombreux composants usinés CNC à partir des plans de Brice, "tels que le raccord du bras oscillant, les plaques de châssis, le réservoir, etc.". Le fidèle partenaire Beringer a également été contacté...
"Ils m’ont proposé d’utiliser un prototype, un de leurs systèmes les plus légers : celui de la roue avant pèse environ 1 kg", s’extasie le chef d’atelier. "L’ensemble est monté sur des jantes en carbone Rotobox chaussées de pneus GP Racer fournis par Dunlop pour un grip parfait. La moto est vraiment dynamique en ville". MNC veut bien le croire !
La brute épaisse mais légère a également bénéficié des bons soins de Jeroen alias "Silver Machine Seats" : comme la selle, le tableau de bord est tapissé d'Alcantara, un peu à l’image des tableaux de bord des hypercars : "cette décision n'a pas vraiment de sens, mais c'est super cool", reconnaît le futur fournisseur de "Batmobile" ? Allo, Mister Wayne, Bruce Wayne ?
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