Champion de Moto3 en Espagne, Fabio Quartararo devait plier ses adversaires en arrivant en Grand Prix... Finalement, "El Diablo" a dû faire profil bas et travailler très dur pour accéder à la catégorie reine. Ce dimanche à Jerez, le talentueux pilote français a été récompensé : il maîtrise le MotoGP !
Fabio Quartararo, Yamaha Petronas SRT (1er en qualifs et 1er en course) : "Ça parait incroyable. Je ne pense pas avoir réalisé ce qui vient de se passer encore, je crois que ça viendra en regardant la course. C'est dommage que ma famille, mes amis et mes fans ne soient pas là pour y assister, mais ça fait tellement de bien d'être enfin sur la plus haute marche du podium".
"C'était une course incroyable, nous étions si constants malgré la piste vraiment mauvaise. Il y avait très peu de grip et les pneus se sont usés tellement vite. Je me sentais bien sur la moto, donc merci à mon équipe, à mes partenaires et à Yamaha".
"J'ai vécu l'un des moments les plus effrayants de la course au même endroit où j'ai eu le problème l'année dernière (un bête mais désastreux souci de sélecteur, NDLR), j'ai eu peur que cela se reproduise ! Tout allait bien, mais les dix derniers tours m'ont semblé si longs à boucler. À chaque tour terminé, je me sentais de mieux en mieux, je m'amusais un peu".
"Cette victoire est pour ma famille, mon frère en particulier, mon meilleur ami, mon manager, tous les fans qui ne peuvent pas être là, mon équipe et aussi pour ces gens qui ont beaucoup souffert ces quatre derniers mois (du coronavirus, NDLR). Je souhaite également un prompt rétablissement à Alex [Rins], Cal [Crutchlow] et Marc [Marquez]".
L'analyse MNC : Dès le départ, ce premier Grand Prix de l'année n'était pas gagné pour Fabio. Or le Journal moto du Net ne fait pas uniquement référence à son entame de course dimanche ! Pour mémoire en effet, le n°20 du team Yamaha SRT a été confiné un peu plus longtemps que ses camarades...
Pour s'être entrainé deux jours au circuit Paul Ricard sur une R1 préparée - un peu trop vraisemblablement -, le poleman du GP d'Espagne 2019 n'a pas eu le droit de sortir sa M1 des stands durant les 20 premières minutes de la séance libre du vendredi matin (FP1).
Malgré ce précieux temps de roulage perdu, le jeune homme est progressivement remonté dans les feuilles de temps. Samedi après-midi, son nom figurait même en tête de la Q2 : Fabio s'offrait sa septième pole position en catégorie reine, un record pour un pilote français !
Le plus jeune champion d'Espagne Moto3 (en 2013... et de nouveau sacré en 2014 car pas assez âgé pour rejoindre les GP) semble d'ailleurs prendre un malin plaisir à dominer chez eux ses adversaires hispaniques : l'an dernier déjà en qualification, il avait tourné plus vite que Marquez, Vinales, Rins (etc.) à Jerez, Barcelone et Valence.
En course hélas, l'immense espoir de la vitesse moto française n'était pas encore parvenu à s'imposer. Par deux fois l'an dernier pourtant, à Misano (Italie) et Buriram (Thaïlande), Fabio paraissait en mesure de débloquer son compteur de victoire. Mais le champion Marc Marquez l'avait privé de cette satisfaction, à quelques tours de roues de l'arrivée !
On imagine mal la tension sous le casque de notre sympathique "Diablo" juste avant l'extinction des feux à 14h dimanche dernier... Pour ne rien arranger, Marquez et Vinales surgissent devant lui au premier freinage et quelques virages plus loin, Miller puis Bagnaia l'éloignent de la tête de la course. On craint alors que le "jour de gloire" ne soit encore remis à plus tard...
Heureusement, il en faut davantage pour déstabiliser le "meilleur rookie 2019" et principal rival de Marquez en fin de saison dernière. "Notre" pilote Yamaha s'applique et dépasse ses concurrents... tandis que le n°93 Honda se surexcite et dépasse les limites de ses Michelin !
"Quartararo était en super forme tout le week-end, battant le record du tour samedi matin avant de l'améliorer une nouvelle fois en qualification avec un 1' 36,705 synonyme de pole position", note justement le manufacturier français dans son compte rendu du GP d'Espagne 2020. Une "super forme" qui a réussi à déstabiliser Marc Marquez... et sa RCV surtout !
"Ce tour a été bouclé avec un slick hard avant et un soft arrière, une association choisie par la plupart des pilotes pour la course longue de 25 tours (seuls Vinales et Rossi ont opté pour un tendre à l'avant, NDLR), dont Quartararo lui-même qui a ainsi pu démontrer que ses pneumatiques ultra rapides sur un tour ont aussi fait preuve de consistance et de performance tout au long de cette course très intense se félicite au passage Michelin.
Le Bidendum souligne par ailleurs que Fabio Quartararo "était à peine né quand son compatriote Régis Laconi remportait son premier Grand Prix en catégorie-reine, à Valence en 1999, sur une Yamaha équipée de pneus Michelin". Une Yamaha satellite, comme Fabio ! La dernière victoire d'une machine "privée" marquée des trois diapasons remonte à 2000 : Garry McCoy s'était imposé sur le tourniquet de Valence lui aussi.
Le directeur du team Yamaha Petronas SRT sont donc incroyablement satisfaits : "nous sommes terminons meilleure équipe aujourd'hui et Franky (Morbidelli, cinquième, NLDR) nous a aidés", signale Johan Stigefelt, fier de son "deuxième" pilote qui "s'est battu très fort en de course face à des motos beaucoup plus rapides que la sienne".
Le succès de cette toute jeune équipe montée en 2014 par le Razlan Razali (directeur du circuit de Sepang en Malaisie) évoque le brillant partenariat entre Yamaha et Tech3. Couronnée en l'an 2000 avec Olivier Jacque en GP250, l'équipe d'Hervé Poncharal a bien failli gagner des courses en catégorie reine, principalement avec Johann Zarco !
Durant leurs saisons 2017 et 2018, le team varois et son n°5 ont signé quatre pole positions et sont montés sur six podiums (quatre 2èmes places et deux 3èmes places). Zarco a remporté les "titres" de meilleure rookie et de meilleur pilote indépendant en MotoGP, mais n'a jamais terminé premier d'une course...
Durant la conférence de presse d'après-course d'ailleurs, Johann a tenu à féliciter chaleureusement son compatriote et adversaire. Le double champion du monde de Moto2 tentait ainsi de compenser la fantomatique ambiance de ce Grand Prix disputé à huis clos.
La conférence de presse du jeudi aussi a retenu l'attention de Moto-Net.Com. Avec ses petits camarades présents autour de lui - mais pas trop non plus, hein ! -, notre "bon 20" français était invité à prédire le Top 5 final de cette saison MotoGP 2020. Or il ne s'est pas pronostiqué champion du monde ?!
À l'instar du bon - mais vieux - Valentino Rossi qu'il remplacera au sein du team d'usine Yamaha en 2021, de Jack Miller et de Pol Espargaro, Fabio Quartararo imagine que "pour changer, Marc" sera sacré à la fin de cette courte et intense année.
"Pour ma deuxième année, je me place deuxième, puis Maverick Vinales, Jack Miller et Alex Rins", parie le cinquième pilote du championnat 2019 avec un grand sourire. Le Fabio est-il confondant d'humilité, touchant de naïveté, décevant de timidité... ou fabuleux de fausseté ? Les paris sont également ouvert à ce sujet !
Peut-être est-ce par simple superstition que l'un des tout meilleurs pilotes du plateau MotoGP a préféré inscrire le nom du sextuple champion de MotoGP en haut de sa liste. Ou pour porter la poisse sur le "Numero Uno" de la discipline qui ne se sépare jamais de son numéro "quatre-vingt... treize" porte-bonheur ?
"Le plus important sera d'aborder les courses les unes après les autres et de les terminer", déclarait Fabio en début en amont du premier GP de l'année. "Il faudra faire preuve de prudence, éviter les accrochages, les chutes, tout en suivant méticuleusement les protocoles d'hygiène, car la moindre blessure pourrait faire rater pas mal de manches".
En cherchant à tout prix à remonter sur le podium après son miraculeux sauvetage dans le virage n°4 et son laborieux passage dans le bac à graviers, voire à ramarrer le leader Quartararo, Marquez a confondu vitesse, gros plaisir perso et grand spectacle pour les fans (!) avec précipitation, intense douleur et zéro point pour le championnat.
"Je me sens prêt pour demain", signalait Fabio à la fin des qualifications. L'outsider reconnaissait volontiers que "Marc a un rythme un peu meilleur comparé au nôtre (pour la course, NDLR), mais on compte bien se battre jusqu'au bout". Finalement, c'est Marc qui a été mené à bout.
Si l'on peut regretter que le duel tant attendu "carénage contre carénage" entre Marquez et Quartararo n'ait pas eu lieu ce dimanche, on peut se réjouir de la première victoire du français sur l'espagnol, qui en appelle d'autres. Comment se serait défendu Fabio face à Marc si ce dernier n'était pas tombé ?
Moto-Net.Com laisse à ceux qui le souhaitent le soin d'élaborer une fastidieuse étude des chronos. N'oubliez pas pour ce faire que Fabio gérait seul en tête, que Marquez luttait dans le trafic, que sa RCV avait avalé quantité de graviers après sa longue glissade... Bon casse-tête !
Pour le Journal moto du Net en fait, la question ne se pose tout simplement pas : "la meilleure défense, c'est l'attaque", disait le célèbre Anonyme. Il faut donc se réjouir de la chute - et du spectaculaire sauvetage - de Marquez, et même de sa seconde chute : elles sont la preuve que le champion était poussé dans ses derniers retranchements par Vinales et Quartararo !
On ne peut en revanche se féliciter des douloureuses conséquences du high-side du champion et de son absence prévisible sur la piste le week-end prochain, voire au mois d'août. Le championnat est suffisamment chamboulé par le Covid-19, il ne faudrait pas que le titre 2020 perde de sa valeur, quelque soit le pilote sacré au final.
Toujours extrêmement "fair-play", Fabio a d'ailleurs adressé tous ses encouragements aux trois blessés de ce GP d'Espagne : Alex Rins, Cal Crutchlow et Marc Marquez dont on ne sait, à ce jour, quand et où nous les verrons réintégrer le "Continental et confiné Circus"...
En tant qu'amateurs de bon "20 français", savourons cette excellente première cuvée de Jerez : la saison "Double-Vingt" débute parfaitement pour notre Quartararo. Or la "petite soeur" va nous être servie à la fin de cette semaine, sur le même circuit et dans les mêmes conditions. Même résultat donc ? Course à suivre sur MNC : restez connectés et #RestezPrudents !
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Plateau : Les pilotes et leurs motos 2024
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24 mars : GP du Portugal
07 avril : GP d'Argentine (annulé)
14 avril : GP des Amériques
28 avril : GP d'Espagne
12 mai : GP de France
26 mai : GP de Catalogne
02 juin : GP d'Italie
16 juin : GP du Kazakhstan (reporté)
30 juin : GP des Pays-Bas
07 juillet : GP d'Allemagne
04 août : GP de Grande-Bretagne
18 août : GP d'Autriche
01 septembre : GP d'Aragon
08 septembre : GP de San-Marin
22 septembre : GP d'Inde (annulé)
22 septembre : GP Kazakhstan (annulé !)
22 septembre : GP d'Emilie-Romagne
29 septembre : GP d'Indonésie
06 octobre : GP du Japon
20 octobre : GP d'Australie
27 octobre : GP de Thaïlande
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