Le Yamaha Tmax 560 évolue à la marge pour entretenir son boulevard d'avance sur la concurrence maxi-scooters, avec notamment un nouvel écran couleurs connecté et quelques améliorations utiles. Pas de quoi révolutionner le concept, mais à quoi bon au regard de son maxi-succès depuis 21 ans ? Essai.
La vingtaine lui va à ravir, au Tmax… Le "Twin Max" lancé en 2001 est toujours au sommet de sa forme - et des ventes - avec 4053 immatriculations en 2021, presque deux fois plus que son premier poursuivant : avec 2212 unités, le X-ADV 750 mène avec style l'opposition Honda, comme l'avait prédit MNC lors de la sortie de la nouvelle plateforme Forza/X-ADV 750.
Le Forza 750 s'est pour sa part écoulé à 1921 unités l'an dernier, ce qui porte le cumul du duo Honda à 4133 immatriculations : une centaine de mieux que le Tmax seul. La bataille est certes inégale car au format "deux contre un", mais à la guerre comme à la guerre : l'important pour Honda est de concurrencer le leader historique. Mission accomplie !
Le Tmax n'est toutefois pas du genre à encaisser les coups sans réagir : la meilleure défense, c'est l'attaque ! Pour autant, le roi des centre-villes n'en fait pas des caisses pour rester au sommet : ses changements les plus importants concernent ses nouvelles jantes forgées - comme sur les MT-09 et Tracer 9 - et son nouvel écran couleur connecté. Une mise à jour, pas une remise à plat.
Cette dalle de 7 pouces avec guidage Garmin remplace avantageusement son ancien tableau de bord monochrome, en plus d'inclure un support dans le vide-poche pour fixer le téléphone. Yamaha se met - enfin - au niveau de la concurrence, Honda en premier lieu, mais également Kymco avec l'AK 550 et Sym avec le MaxSym TL.
Ce nouveau Tmax 2022 adopte également des lignes plus tendues, notamment au niveau de sa partie avant qui intègre une double optique avec clignotants intégrés au-dessus d'entrées d'air façon motos sportives. Le nouveau feu arrière très stylé, à LED en forme de "T" comme Tmax, accueille également les clignotants. Sans oublier son coloris jaune pimpant - sur le standard uniquement - , clin d'oeil au premier millésime !
Ces évolutions cosmétiques et ce nouveau tableau de bord renforcent sa prestance, tout comme son bouchon de réservoir aviation dont l'ouverture est conditionnée à la possession de la clé sans contact. La qualité perçue est excellente, mais ce n'est pas du luxe - littéralement - au regard de son prix lui aussi "au Max" : le Tech Max ici testé s'approche dangereusement des 15 000 euros !
Cette refonte esthétique touche également la bulle, redessinée pour davantage d'efficacité. Rappelons que ce pare-brise est réglable avec des outils sur la version standard ou électriquement sur la déclinaison haut de gamme Tmax Tech Max (ci-dessus à gauche), qui reçoit de série une selle et des poignées chauffantes, un régulateur et une précharge réglable.
La déflexion est suffisante pour un pilote d'1,80 m en position haute, tandis qu'une pression sur la commande électrique entraîne une descente rapide et silencieuse de l'écran. Le tablier assure de son côté une protection tout aussi correcte des parties basses du corps.
Quelques kilomètres dans Valence (Espagne) avec le nouveau Tmax 2022 suffisent à MNC pour valider sa première impression générale : Yamaha l'a amélioré par petites touches, sans se risquer à bouleverser ses acquis. A quoi bon finalement au regard de son équilibre réussi entre capacités sportives, confort et maniabilité dans les bouchons ?
Le travail sur l'ergonomie illustre bien cette stratégie de peaufinage : le placement en selle est identique, à la notable exception près que l'assise (toujours située à 800 mm) est légèrement plus étroite. Résultat : les cuisses sont moins écartées au profit d'une meilleure accessibilité. De quoi aussi mieux faire corps avec le Tmax, qui s'était "empâté" sur les flancs au fil des années.
La selle du Tmax 2022 - moelleuse et garante d'un bon maintien - est par ailleurs rallongée, tout comme ses marchepieds : MNC a logé sans encombre ses baskets en 44, y compris jambes tendues et pieds calés à l'oblique dans les évidements en bas du tablier. Un dosseret réglable sur 30 mm apporte un agréable soutien lombaire.
Le passager peut quant à lui davantage étendre ses jambes : ses repose-pieds sont abaissés de 5 mm, tandis que sa selle grimpe de 15 mm. De quoi améliorer au passage son champ de vision au-dessus du conducteur. En revanche, l'invité(e) est désormais condamné(e) à transporter son casque faute d'une capacité d'emport revue à la baisse…
Yamaha ne s'en vante pas, mais le rognage des "bourrelets" du Tmax 2022 n'est pas sans conséquence sur sa soute : l'accessibilité en sort gagnante, pas les possibilités d'emport. Dans le détail "le volume du coffre ne change pas, mais sa forme est différente", nous répond le constructeur lorsque MNC constate l'impossibilité d'y faire entrer deux casques.
Un seul casque intégral et quelques affaires entrent donc dans son espace moquetté et éclairé - avec ouverture électrique assistée par vérin -, là où le précédent acceptait un intégral et un jet. Frustrant qu'un maxi-scooter aussi volumineux - 2195 mm de long et 780 mm de large - soit aussi limité sur cet aspect : dire que le "petit" Xmax 125 loge deux casques…
Autre évolution notable sur ce Tmax 2022 : son nouveau guidon en aluminium forgé adopte un cintre différent pour légèrement basculer la position sur l'avant. La différence n'est pas extrême par rapport au millésime précédent, mais tout de même suffisamment sensible pour accentuer la posture "sportive" du maxi-scooter Yamaha.
Cette tonalité dynamique - véritable marque de fabrique de la saga Tmax - se perçoit dès les premières évolutions à basse vitesse : le Tmax est un modèle de maniabilité, plus encore que certains scooters de cylindrée inférieure ! Sa réactivité est sans équivalent chez les maxi-scooters, bien aidée aussi par l'allégement obtenu par ses nouvelles jantes.
Ces jantes "Spin Forged" en 15 pources sont fabriquées en interne au Japon et réduisent les masses non suspendues "d'environ 10% à l'avant et 6% à l'arrière", calcule Yamaha : impossible de quantifier le progrès de façon aussi précise faute du modèle précédent sous le gant, mais MNC peut témoigner que le Tmax Tech Max 2022 virevolte avec une grâce insolente malgré ses 220 kg (218 kg pour Tmax standard) !
Sa maniabilité diabolique le rend joueur, voire pousse-au-crime, tandis que sa conception particulière est à l'origine d'un comportement dynamique de premier plan : son bicylindre est solidaire de son cadre en aluminium - comme sur une moto - et non pas fixé sur le bras-oscillant comme sur la plupart des autres scooters.
Résultats : ses réactions sont hyper-saines avec des inclinaisons "d'un bloc", d'une précision et d'une stabilité redoutables. Le Yamaha est également royal en matière de transferts de masses, y compris à l'accélération où sa fixation du moteur évite tous phénomènes d'oscillation à l'accélération.
Yamaha a par ailleurs revu avec pertinence les tarages de sa fourche inversée de 41 mm et de son mono-amortisseur réglable en précharge (uniquement sur Tech Max) : le compromis sport-confort déjà apprécié par MNC depuis 2020 est toujours aussi convaincant. Malgré ses faibles débattements (120 et 117 mm), le Tmax est conciliant sur les pavés urbains et rigoureux en courbes.
Bien maintenu en ressort, ses suspensions sont par ailleurs finement gérées en hydraulique : loin des réactions désordonnées et cassantes de certains concurrents. La liaison au sol bénéficie aussi de pneus Bridgestone Battlax "SC" de deuxième génération, au grip irréprochable sur le sol sec pendant cet essai : l'antipatinage n'a guère le loisir de montrer son efficacité, pourtant réelle !
Le freinage est identique à 2020, soit là aussi très bon : le dosage des étriers radiaux 4-pistons ne souffre d'aucune critique, tout comme sa puissance et sa constance. Idem à l'arrière : tout est sous contrôle, de même que la transmission par courroie silencieuse et vierge d'à-coups.
Le moteur est effectivement "aux diapasons" (hé, hé !) de toutes ses qualités : le bicylindre de 562 cc - identique en tous points au précédent - n'est pas le puissant de sa catégorie, mais offre des accélérations percutantes et sportives. A l'image du Tmax en somme !
Avantage de sa puissance maintenue à 47,6 ch : le scooter Yamaha est nativement compatible avec les exigences du permis A2, sans bridage. Son couple de 55,7 Nm lui garantit par ailleurs des relances solides et efficaces, y compris sur voies rapides à 110 km/h : Yamaha avait à cet effet modifié sa transmission finale en 2020.
Le maxi-scooter Yamaha démarre en trombe au feu rouge, fort d'un répondant instantané et d'une connexion cristalline avec la poignée de gaz. Son répondant est toujours aussi enthousiasmant entre 2500 et 5000 tr/mn où le Tmax "avionne" sévère : ses reprises entre 30 et 90 km/h ont la fulgurance nécessaire pour s'extirper en un éclair du trafic.
Certains rivaux lui tiennent toutefois la dragée haute : les Forza/X-ADV 750, notamment, profitent de leur puissance supérieure et de leur boîte automatique double embrayage pour décoller encore plus vite et mieux relancer à mi-régimes. Plus efficaces, les Honda sont cependant un peu moins sensationnels : question de goût. A noter que le BMW CE-04 met tout ce beau monde à l'amende... tant que sa batterie alimente son puissant moteur électrique (soit au mieux pendant 130 km) !
Reste que le Tmax est très suffisamment pourvu sur le plan mécanique : une bonne ligne droite lui permet d'accrocher la dernière graduation du compteur (180 km/h à 7400 tr/mn), quelle que soit la cartographie engagée : Sport ou Standard, MNC n'ayant à vrai dire pas ressenti beaucoup de différences entre les deux.
Ses performances sont toujours valorisées par sa sonorité caractéristique : ce sourd "Broaaap" qui tend à décupler les sensations… et à exaspérer les voisins quand un pot adaptable "Full barouf" est installé par un propriétaire un peu trop porté sur les décibels inutiles.
Bref, le Tmax 2022 se montre impérial en ville et dans ses alentours : pas vraiment une surprise au regard de ses évolutions somme toute mesurées. Son point fort ? Procurer un réel agrément de pilotage sans renier sa vocation première : le best-seller Yamaha joint l'utile(litaire) à l'agréable, et ce n'est pas donné à beaucoup de scooters.
Problème : Yamaha abuse de sa position dominante avec une politique tarifaire elle-aussi "aux diapasons" de ce succès… Le Tmax Tech Max 2022 est à 14 799 euros, en hausse de 1000 euros par rapport à 2020 ! Exorbitant : c'est le prix de la nouvelle MT-10 de 160 ch ! Le Tmax standard s'échange quant à lui contre un - gros - billet de 12 699 euros (+ 700 euros) : le Honda Forza 750 à 11 699 euros en paraît presque bon marché…
Des prix qui laissent pantois pour un scooter de 560 cc, d'autant que ses changements sont bienvenus mais pas spectaculaires : la modification la plus visible et palpable est son nouvel écran couleurs et connecté, qui replace Yamaha au niveau de la concurrence... sans toutefois la dépasser.
La lisibilité de l'intrumentation n'est pas exceptionnelle car sensible aux reflets et placé un peu bas. Par ailleurs, certains rivaux font mieux en termes de dimensions et de présentation de l'interface (BMW, notamment)... MNC apprécie en revanche l'intuitivité de la navigation depuis le joystick et le bouton "Accueil" sur le commodo gauche, qui s'offre le luxe d'être agréablement rétro-éclairé sur le Tech Max.
Yamaha s'est en outre associé avec Garmin pour afficher la navigation GPS sur l'écran, fonctionnalité certes bien pratique mais pas aussi aboutie qu'espérée... MNC trouve dommage que son utilisation soit conditionnée par le téléchargement de deux applications distinctes sur son téléphone portable (Yamaha My Ride et Garmin Motorize), sachant qu'une remise en route est parfois nécessaire après un arrêt pour reprendre l'itinéraire.
L'absence de compatibilité avec les géants de la navigation via smartphone - Apple avec Apple CarPlay et Google via Android Auto - fait également tiquer, surtout au regard du prix extrêmement élevé du Tmax. A scooter "haut de gamme" fonctionnalités "haut de gamme", non ?!
MNC termine cette prise de contact avec une dernière interrogation qui lui trotte dans le casque : à quand une version électrique du Tmax pour aller concurrencer BMW, qui électrise seul ce secteur avec son original CE-04 ? Une offre double remporterait un certain succès : le Tmax à propulsion thermique pour perpétrer la saga et un Tmax "à piles" tourné vers l'avenir et la demande de véhicules sans émission. Peut-être pour le prochain millésime ? Restez connectés !
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CONDITIONS ET PARCOURS | ||
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POINTS FORTS TMAX 2022 | ||
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POINTS FAIBLES TMAX 2022 | ||
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