Kawasaki a immatriculé 12 751 motocycles (+29,9%) en France en 2023. Pour Moto-Net.Com, le responsable marketing de la marque japonaise analyse le succès des gros cubes en France, les tops et flops de leur gamme, l’occasion, les futurs motards, la moto électrique, les biocarburants, la vitesse moto, etc. Interview MNC de Benjamin Kapkowski.
Moto-Net.com : Tracté par les gros cubes (porté par le leader en particulier...), le marché français du motocycle a progressé de +8,3 % sur l’année 2023... Vous attendiez-vous à une telle hausse ?
Benjamin Kapkowski (responsable marketing Kawasaki France) : Nous pensions que le marché serait stable sachant que son niveau 2022 était déjà élevé. Mais grâce au dynamisme commercial des marques "historiques" et aux nombreux lancements produits, nous arrivons à +8,3%. Nous sommes d'ailleurs l'un des principaux acteurs de cette progression.
MNC : La crise "sanito-industrielle" avait encore fortement impacté l’exercice 2022. Y a-t-il eu un effet ricochet sur 2023 ?
B. K. : Nos ventes sont en forte progression car nous avons eu une bien meilleure disponibilité (et donc délivrabilité) de presque tous nos produits. De plus notre politique commerciale a plu à nos clients ce qui nous a permis de performer sur l'année.
MNC : Dans votre gamme, quels modèles ont particulièrement bien marché en 2023 ?
B. K. : Comparé à 2022, presque toute la gamme a bien marché.
MNC : Lesquels ont davantage peiné et pourquoi selon vous ?
B. K. : La Versys 650 que nous n'avons pas reçu en quantité suffisante.
MNC : Comment se porte le marché de l’occasion dans votre réseau ?
B. K. : Le marché reste dynamique avec des prix plus cohérents, les A2 gardent une cote élevée.
MNC : Les cyclomoteurs n’attirent plus - beaucoup - les jeunes. Comment comptez-vous convertir les utilisateurs de trottinettes et vélos électriques, en des passionnés de moto ?
B. K. : Nous comptons dans un premier temps les convertir en motards électriques avec notre nouveauté équivalente 125 cc, la Z e-1. Cette machine, typiquement urbaine peut se conduire avec le permis B additionné de la formation 7h ou avec le permis 125. Ses caractéristiques intrinsèques en font une machine idéale pour ces jeunes en besoin de mobilité avec des préoccupations écologiques qui rejettent les solutions de mobilité avec des moteurs thermiques. Plus tard, si ces amateurs de nouvelles mobilités le souhaitent, nous avons toute une gamme de véhicules thermiques compatibles permis A2 pour découvrir les joies de la moto plus traditionnelle.
MNC : Quel est pour vous le plus gros frein à l’essor de la moto électrique : tarif élevé, autonomie faiblarde (Vs thermique), infrastructures manquantes, motards réfractaires...
B. K. : Pour nous, chaque situation nécessite un moyen de locomotion adapté pour en tirer le meilleur. Pour les urbains, nous avons nos électriques. Pour les péri-urbains qui ont des besoins d'accéder à des ZFE ou des centres villes, nous avons notre moto hybride. Il faut souligner que nous sommes les seuls à avoir une moto hybride dans notre gamme. Pour les amoureux de grands espaces et de grands trajets, toute notre gamme de moto thermique est présente. L'électrique est forcément une question de compromis. Si on veut une moto légère, il faut des batteries légères donc une autonomie réduite. Nous avons constaté que les urbains n'effectuaient en fait que peu de kilomètres par jour. Donc avoir plus de 100 km d'autonomie, donc des grosses et lourdes batteries, n'était pas nécessaire. C'est dans cette idée que nous avons conçu notre Z e-1 et sa déclinaison carénée. L'essor de la moto électrique est surtout freiné par un manque de propositions fiables et de qualité. Notre machine répond à cette problématique avec un sérieux typique de Kawasaki dans la fabrication et une dynamique au roulage comme nous savons le faire.
MNC : Dans quelle(s) mesure(s) les biocarburants et l’essence synthétique peuvent contribuer à sauvegarder les "bons-récents" moteurs techniques ?
B. K. : Cela va surtout être une question de législation. Même si les biocarburants sont efficaces et participent à l'efficience des moteurs thermiques modernes ainsi qu'à leur dépollution dans le sens large et que tout cela est appuyé par des études scientifiques, si le législateur européen continue sur la voie qui a été prise, les moteurs thermiques garderont leur durée de vie limitée vis-à-vis de la réglementation européenne. De notre côté, afin de continuer à travailler avec des moteurs thermiques, nous concentrons nos efforts de R&D sur la technologie Hydrogène en envisageant l'hydrogène comme combustible et non comme une pile à combustible. Ce qui veut dire que nos moteurs thermiques pourraient ne rejeter que de la vapeur d'eau. En fonction du développement des infrastructures de diffusion d'hydrogène en Europe et dans le monde, nous sommes convaincus de pouvoir persévérer dans l'utilisation des moteurs thermiques. Un moteur est d'ailleurs en test en ce moment même sur la Futura 1000 avec l'équipe liée au collectif HySE.
MNC : Qu’illustre selon vous, le succès des marques européennes dans les championnats majeurs de vitesse (MotoGP surtout, WSBK et WSSP) et la perte de vitesse des japonais, voire leur désengagement pour certains ?
B. K. : En compétition, tout est une question de cycle. Un "couple" pilote/moto va fonctionner très fort à un moment donné et plus tard, un pilote concurrent talentueux va émerger et des machines concurrentes vont être mises à jour ou repensées et ce nouveau "couple" va venir détrôner le champion en titre. On le voit en MotoGP mais aussi en WSBK, discipline dans laquelle nous sommes très engagés. Nous avons complètement repensé notre KX450 pour le MXGP et les premiers résultats avec Romain Febvre sont très prometteurs pour la saison à venir. Nous espérons revenir aussi sur le podium en WSBK.
MNC : Quelles sont vos bonnes résolutions pour 2024 ?
B. K. : Partager notre passion avec nos clients, leur faire tester notre gamme et prendre du plaisir à rouler ensemble lors de nos évènements Kawa Tour, journées K, grande Balade et d'autres surprises...
MNC : Serez-vous au Salon de Lyon (du 7 au 10 mars), qui lance traditionnellement la saison ?
B. K. : Oui, même emplacement que l'année dernière. Et nous aurons toutes nos nouveautés 2024 sur le stand.
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