Nouvelle douche froide pour les fans de Suzuki et de sport moto : le constructeur japonais annonce son retrait de l'Endurance World Championship (EWC) à la fin de cette saison 2022, alors que son départ du MotoGP est officiellement acté. Une page se tourne pour le Suzuki Endurance Racing Team (SERT)... Explications.
La nouvelle est tombée sans crier gare dans un communiqué du 13 juillet : Suzuki fait savoir qu'un accord a été trouvé pour valider son abandon du MotoGP… mais annonce dès la ligne suivante, comme si ne rien n'était, sa décision de quitter aussi le championnat du monde d'endurance moto !
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"Suzuki Motor Corporation et Dorna sont parvenus à un accord pour mettre fin à la participation de Suzuki au MotoGP à la fin de la saison 2022. Suzuki mettra également fin à sa participation usine au Championnat du Monde d'Endurance (EWC) à l'issue de la saison 2022", indique le constructeur d'Hamamatsu.
Ce désengagement sonne le glas du Suzuki Endurance Racing Team (SERT) dans sa forme actuelle : Suzuki ne soutiendra plus officiellement cette emblématique formation sarthoise créée au début des années 80 par Dominique Méliand, qui est la plus capée de la discipline avec ses 17 titres.
Le SERT - repris par Damien Saulnier suite au départ en retraite du "Chef" Méliand - s'était associé à Yoshimura fin 2020 pour combiner sa maîtrise de la discipline au savoir-faire du fabricant d'échappements japonais, qui prépare de longue date des GSX-R de compétition notamment pour les célèbres 8 Heures de Suzuka (Japon).
L'équipe - toujours basée près du circuit du Mans (72) - avait été rebaptisée à cette occasion "Sarthe Endurance Racing Team" : doit-on y voir un signe prémonitoire de ce regrettable retrait de Suzuki un an et demi plus tard ?
Toujours est-il que cette association Yoshimura-SERT - sacrée l'an dernier - occupe la première place du classement provisoire de l'EWC avec ses pilotes Gregg Black, Sylvain Guintoli et Xavier Simeon. Loin de se laisser abattre, l'équipe affirme au contraire déjà se préparer pour 2023…
"Yoshimura Japon et le SERT souhaitent poursuivre l'activité de Yoshimura SERT Motul en compétition, et notre motivation reste inchangée depuis le début de notre collaboration, il y a 18 mois", réagit la structure franco-japonaise sur son Facebook.
"(...) Les pilotes et l'ensemble de l'équipe continuent de tout mettre en oeuvre pour conserver le titre en 2022, et préparer au mieux la saison 2023", assure le SERT qui se prépare pour Suzuka début août. Notez "l'ironie du sport" : Suzuki annonce son retrait avant sa course à domicile, longtemps considérée comme la plus importante pour les quatre japonais…
Deux solutions sont envisageables pour le SERT : poursuivre l'aventure par ses propres moyens, comme un team privé avec des GSX-R1000 intégralement préparées - et payées - en interne. Ou changer de moto, à la faveur d'un rapprochement avec une autre marque : une hypothèse moins crédible au regard des liens historiques entre Yoshimura et Suzuki, ainsi que des précieuses connaissances communes sur la "Gex".
Suzuki affirme par ailleurs de son côté vouloir "poursuivre notre soutien aux activités de course de nos clients grâce à notre réseau mondial de distributeurs". Dit autrement : le constructeur cesse son engagement d'usine, mais continuera à soutenir les initiatives privées de ses concessionnaires.
Discovery Sports Events, promoteur du championnat du monde d’endurance, chante par ailleurs les louanges du format privé des teams dans une réaction qui minimise le retrait de Suzuki : "si une participation officielle est bienvenue, la réussite de l’EWC depuis plus de 40 ans doit beaucoup à l’implication des écuries privées", estime son directeur François Ribeiro.
"Leur soutien et leur investissement continu tient une grande part dans le succès et la longévité du championnat, et c’est pourquoi nous attendons déjà l’EWC 2023 avec beaucoup d’impatience et d’excitation", assure le patron de Discovery Sports Events.
Pour justifier son désengagement de la compétition moto, le président de Suzuki Motor Corporation évoque "la nécessité de réaffecter des ressources à d'autres initiatives liées au développement durable". En clair : des modes de propulsion plus vertueux comme l'hydrogène et surtout l'électrique, domaines non exploités à ce jour sur les deux-roues Suzuki.
Selon Toshihiro Suzuki, "les courses de motos ont toujours favorisé l'innovation technologique, y compris pour le développement durable et les ressources humaines : cette décision signifie que nous relevons le défi de réorienter les capacités technologiques et les ressources humaines que nous avons cultivées à travers les activités de course de motos pour explorer d'autres voies pour une société durable".
Le décrochage des ventes de motos Suzuki en Europe jouent aussi certainement un rôle dans cette décision, dans la mesure où le rayonnement du sport moto est davantage concentré sur le Vieux-continent : l'Asie - énorme marché pour les constructeurs - est également friande de MotoGP, mais ne profite pas d'autant de visibilité.
Rappelons que sur vingt Grands Prix prévus en 2022, le MotoGP fait halte à quatre reprises en Espagne - Aragon, Catalogne, Jerez et Valence - et deux fois en Italie (Mugello et San Marin). Soit presque un tiers des courses !
Idem pour le championnat du monde d'endurance et son calendrier de - seulement - quatre épreuves : la seule incursion hors Europe est les 8 Heures de Suzuka, les trois autres se déroulant en France (24H du Mans et Bol d'Or) et en Belgique avec les 24H de Spa.
Loin d'être le format le plus "vendeur" pour un constructeur généraliste, qui produit bien plus de petites cylindrées pour l'Asie que de Superbike ou de roadsters pour l'Europe. Pour Suzuki, en tout cas, les investissements de la course moto ne se justifient plus : "A quoi ça SERT de courir ?", suggère cette décision qui jette un froid...
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