Plusieurs concessionnaires moto et magasins d'équipements du motard implantés avenue de la Grande-Armée à Paris ont fait l'objet d'inqualifiables actes de violences et de pillages en marge de la troisième vague de manifestations des Gilets jaunes samedi 1er décembre. Bilan.
Vitrines brisées, portes fracturées, équipements moto éparpillés, présentoirs saccagés, objets volés : l'avenue de la Grande-Armée, où se concentrent plusieurs concessionnaires et magasins de vêtements et d'accessoires moto, panse ses plaies ce matin au lendemain du troisième week-end de mobilisation des Gilets jaunes, qui a viré à l'émeute samedi place de l'Étoile et dans le quartier des Champs-Élysées.
Comme le week-end dernier, si les manifestations dans les régions se sont déroulées dans un calme relatif - voire parfois dans une ambiance presque festive -, la situation a dégénéré dans Paris, au grand désarroi des commerçants sur les avenues adjacentes comme la Grande-Armée, à qui la préfecture avait demandé de fermer samedi 1er décembre par précaution.
"En raison des mouvements protestataires actuels et des récents incidents survenus dans le quartier de l’Etoile, la Préfecture de Police de Paris a mis en demeure les commerçants de l’avenue de la Grande Armée de fermer leurs magasins le 1er décembre 2018", explique notamment la concession BMW Motorrad de Paris sise au 49 de l'avenue, ajoutant que pour se "conformer à cette injonction, nous ne pourrons donc vous accueillir ce samedi".
Même contrainte de fermeture pour les autres concessions de la Grande-Armée comme Yamaha Patrick Pons (au n°43-47) ou Triumph Elysée Motor (au n°40), qui subissent un sérieux revers sur le plan économique alors qu'approchent Noël et ses perspectives de cadeaux moto à offrir...
Même pour les magasins de moto qui ont échappé aux saccages de la Grande Armée samedi, la situation reste tendue. C'est le cas notamment de la boutique d'équipement Vintage Motors au n°60, qui a eu "la chance de ne pas avoir été touché parla casse, mais cela fait déjà deux week-ends que nous devons fermer la boutique en pleine période des fêtes. Cette situation est très difficile pour l'ensemble de l'équipe".
Bruno Le Maire, ministre de l'économie et des finances, estime entre "15 et 70%" (sacrée fourchette !) le recul de chiffres d'affaires des entreprises concernées par les différents blocages depuis le 17 novembre.
Ce week-end à Paris, la violence d'un petit groupe de personnes a nettement pris le dessus, noyant dans les médias les revendications pacifiques de la plupart des Gilets jaunes sous les canons à eau, les voitures incendiées et les commerces pillés...
Une interview réalisée dans le magasin Team Axe (66 avenue de la Grande-Armée) et diffusées sur BFM TV fait ainsi état d'une "bonne soixantaine" de personnes entrées dans cette boutique d'équipements moto. "Ils sont entrés pour tout péter", témoigne le commerçant en ajoutant que toute l'avenue de la Grande-Armée a "été dévastée, particulièrement chez nous" alors qu'on distingue en arrière-plan les stigmates de ces actes indignes...
"Ce qui est sûr, c'est que ce n'était pas des Gilets jaunes : ce sont des gens qui n'avaient pas de revendications, qui sont juste venus faire ce qu'ils avaient à faire", poursuit-il en faisant référence aux nombreux casseurs "professionnels" qui profitent du mouvement des Gilets jaunes pour venir se "défouler". Samedi, le ministre de l'intérieur évoquait "1500 casseurs" repérés parmi les manifestants.
Aux numéros 7 et 10 Bis de l'avenue, le magasin Paradise Motorcycles (distributeur notamment de motos de caractère comme Bimota, Borille, Brough Superior, CR&S, Headbanger, NCR, MV Agusta ou Norton, des casques Ruby ou des vêtements Helston's) a également été pris pour cible par des personnes déterminées à nuire.
L'enseigne est désormais contrainte de passer une annonce pour protéger ses boutiques : "nous recherchons un poseur de stores métalliques rapide, sérieux et pas trop cher pour protéger nos trois magasins. Urgent", indique Paradise Motorcycles dont le gérant déplore que les casseurs soient "sous haute protection" alors que "les entrepreneurs, les TPE, les commerçants et les artisans sont sous haute répression".
Car déjà se profile la possibilité d'un quatrième week-end de mobilisation des Gilets jaunes, par nature peu équipés pour se protéger et se différencier de cette frange de casseurs, contrairement aux organisations dotées d'un service d'ordre comme les syndicats ou certaines associations.
Selon le dernier bilan du ministère de l'intérieur, "136 000 manifestants" étaient dans les rues de l'Hexagone samedi pour protester contre la hausse des taxes sur les carburants, et de manière plus générale contre la politique fiscale du gouvernement. Ce total est moins élevé que la semaine précédente, qui avait atteint "166 000" personnes selon le bilan (revu à la hausse) du même ministère.
Suite à des actes de vandalisme et de violences dont le niveau n'aurait "jamais été atteint dans les dernières décennies", selon le préfet de police Michel Delpuech, pas moins de "412 personnes" ont été interpellées. Au total, le ministère de l'intérieur déplore "110 blessés" dont "un en état d'urgence absolu".
Pour autant, le soutien des Français aux Gilets jaunes (qui disposeraient désormais d'un site dit "officiel" ?!) ne faiblit pas, puisque "72%" continueraient "à soutenir le mouvement" selon un sondage Harris Interactive réalisé pour RTL et M6 révélé ce lundi. "85%" des sondés désapprouvent toutefois le recours à la violence.
Loin de ces débordements parisiens, les Gilets jaunes ont poursuivi leur mobilisation en province comme à Lons-le-Saunier (39), où la FFMC du Jura se réjouit d'avoir dénombré "300 motos réunies ce samedi 1er décembre pour une manifestation de soutien aux Gilets jaunes".
"La grogne contre la hausse des prix des carburants, mais également contre les toutes les injustices sociales et fiscales, a été portée haut et fort par les motards jurassiens", explique la FFMC 39 qui, "respectant la demande des organisateurs et la décision de ses adhérents, n’était pas présente en tant que telle mais comptait pas mal de ses membres, tant parmi les Gilets "jaunes" que parmi les gilets "oranges" affectés à la sécurité du rassemblement".
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