Le conseil des ministres de l'Union Européenne valide - après d'âpres discussions - l'interdiction des moteurs thermiques à partir de 2035. Sous la pression de certains pays membres, l'Europe reconsidère toutefois la piste des moteurs hybrides rechargeables et des carburants de synthèse.
Les ministres de l'environnement des 27 pays membres de l'Union Européenne ont longuement débattu mardi dernier autour du "Pacte vert", paquet de mesures consacrées à l'environnement, en particulier sa mesure phare : l'obligation d'ici 2035 de réduire de "100%" les émissions de CO2 des véhicules neufs par rapport à leur niveau de 2021.
Mesure qui revient purement et simplement à interdire la vente de véhicules thermiques en l'état actuel de la technologie : le Parlement européen avait validé cette mise à mort du moteur à explosions mi-juin, en annonçant alors que seules les propulsions électriques ou à hydrogène seraient autorisées à partir de cette courte échéance.
Les 27 ministres réunis au Luxembourg se sont rangés à l'avis du Parlement pour entériner cette mesure qui, rappelons-le, ne concerne que l'Europe : l'Asie, les États-Unis et toutes les puissances étrangères à l'UE n'ont aucune obligation d'y souscrire, ni de s'aligner sur ce calendrier…
Plusieurs pays se sont cependant élevés contre la radicalité de ce projet et ses impacts négatifs, notamment en termes d'emplois. Certains expriment aussi de sérieux doutes quant à la maturité de l'électrique : la commission européenne préconise l'installation de points de recharge "tous les 60 km" pour réussir sa mutation forcée vers la propulsion "à piles", mais le compte n'y est pas.
Loin s'en faut même dans certains pays comme l'Italie, l'Espagne ou la République tchèque qui s'inquiètent de leurs capacités à développer aussi rapidement leur réseau de recharges. Sans parler de la production de ladite énergie, alors même que l'Europe traverse une crise énergétique majeure en réaction notamment à sa dépendance au gaz russe…
Dire que ces divergences de points de vue ont provoqué des tensions durant ce conseil des ministres est dans ces conditions un doux euphémisme : les discussions pour parvenir à un accord se sont poursuivies jusque tard dans la nuit, parfois de manière houleuse ! Car certains pays sont formels : appliquer cette réglementation à horizon 2035 relève de l'utopie si la situation n'évolue pas rapidement.
Raisons pour lesquelles des alternatives jusqu'ici fermement écartées ont été reconsidérées pour opérer "une transition économique viable et socialement équitable", notamment les moteurs hybrides rechargeables et les carburants de synthèse. L'Allemagne est en grande partie derrière cette percée en faveur des carburants synthétiques.
Et pour cause : son constructeur national Porsche (groupe Volkswagen) investit massivement dans ces carburants fabriqués à partir d'hydrogène et de CO2 captés dans la nature ou issus d'activités industrielles. Solution sur laquelle louche par ailleurs Ducati - qui appartient aussi à VW - pour faire perdurer les V2 et V4 thermiques de ses motos !
"Nous sommes neutres technologiquement", assure Frans Timmermans, vice-président de la commission en charge du Pacte Vert, pour justifier ce volte-face sur les carburants de synthèse. "Ces carburants semblent exorbitants (au moins 10 euros le litre, selon des estimations, NDLR !), mais si les constructeurs nous apportent la preuve du contraire, tant mieux. Nous évaluerons cette possibilité comme nous nous y sommes engagés, en 2026", prévoit-il.
Si les ministres sont parvenus à un accord grâce à ce type de compromis, le parcours du texte pour en finir avec le thermique en 2035 n'est pas tout à fait terminé : l'intégralité doit d'abord repasser devant le Parlement pour valider les changements soutenus par le conseil des ministres.
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