Attention à ne pas confondre la voiture électrique Model 3 de Tesla (Silicon Valley, USA) qui sort en ce moment et le trois-roues - électrique aussi - Model 3 d'Eccity Motocycles (Grasse, France) qui devrait arriver en juin... Moto-Net.Com fait le point avec le président du comité stratégique de la jeune marque française, Frédéric de Maneville.
Moto-Net.Com : Vous avez dévoilé votre trois-roues sous forme de prototype à Eicma 2017. Combien de précommandes avez-vous reçu depuis ?
Frédéric de Maneville, président du comité stratégique d'Eccity Motocycles : Nous avons eu plusieurs précommandes avec chacune un acompte de 1000 euros.
MNC : Vous indiquez avoir enregistré 200 prospects au Mondial de Paris. Ont-ils passé des commandes fermes ?
F. d. M : Nous avons environ 250 prospects qui attendent la commercialisation du véhicule eccity model 3 pour passer commande ferme.
MNC : De quand date la toute première précommande de trois-roues ?
F. d. M : Début 2018.
MNC : À l'origine, la livraison était estimée à l'été 2018. Quand est-elle prévue désormais ?
F. d. M : Nous visons juin 2019.
MNC : Les premiers clients doivent se montrer patients... Ce sont des personnes qui roulent déjà sur des Eccity deux-roues ?
F. d. M : L'immense majorité sont des nouveaux clients, mais certains clients du deux-roues envisagent de le revendre à la sortie du trois-roues.
MNC : Les clients du futur trois-roues sont plutôt des collectivités, des entreprises ou des particuliers ?
F. d. M : C'est trop tôt pour répondre à cette question. Nos 250 prospects sont pour le moment des particuliers.
MNC : Les précommandes doivent vous assurer de la trésorerie. Mais ce n'est pas suffisant ?
F. d. M : Non, en effet, nous ne sommes pas Tesla...
MNC : D'où la campagne de financement participatif sur WiSEED ?
F. d. M : Exactement !
MNC : Pourquoi ce site précis ?
F. d. M : C'est le meilleur site d'equity crowdfunding en France.
MNC : Pourquoi ce type de financement ? Avez-vous des exemples (ou expériences) de sociétés qui ont démarré ou se sont développés de la sorte en France ?
F. d. M : Les petits investisseurs comprennent ce que l'on fait. Nos produits leur parlent. Les vélos à hydrogène Pragma ont levé 800 k€ sur WiSEED.
MNC : Vous souhaitez développer la location longue durée (LLD). Est-ce que les clients rechignent à acheter un véhicule électrique ? Est-ce la peur de devoir remplacer les batteries ?
F. d. M : La LLD se prête très bien au véhicule électrique pour deux raisons. D'une part, l'approche TCO (coût global d'achat, NDLR) n'étant pas répandue chez les consommateurs, c'est en visualisant un loyer tout compris qu'ils réalisent que l'électrique, ce n'est pas si cher du tout. D'autre part, le risque batterie et la rapide évolution technologique inquiètent certains consommateurs, qui sont ainsi rassurés par une LLD 36 mois avec extension de garantie.
MNC : Donc pas de location avec option d'achat (LOA) prévue ?
F. d. M : La LOA est possible à travers les partenaires habituels comme Viaxel.
MNC : Le partage de scooters, voire de trottinettes électriques, se développe aussi beaucoup, notamment à Paris. Travaillez-vous sur une offre de ce type ?
F. d. M : J'aimerais qu'une offre de scootpartage avec des eccity125 voie le jour !
MNC : Un de vos clients a dépassé les 50 000 km sur son Eccity 125. A-t-il remplacé ses batteries ? Selon vos propres chiffres, il va devoir le faire ! Quel est le coût de remplacement de la batterie ?
F. d. M : Le client qui nous a envoyé la photo de son tableau de bord avec 50 000 km n'a pas changé sa batterie et ne sent pas de dégradation significative de la performance de son scooter. C'est là toute la force de notre technologie avec un BMS (Battery Management System) "made in France". Une batterie de rechange 4,8 kWh neuve coûte aux environs de 3000 €.
MNC : Que deviennent les batteries usagées ?
F. d. M : Elles seront recyclées dans des applications stationnaires, moins exigeantes, comme par exemple le stockage d'électricité issue des parcs éoliens.
MNC : Il y a deux semaines, le comité d'engagement de la Caisse des dépôts et consignations a donné son feu vert pour un investissement de 1 million d'euros dans Eccity Ease. Mais il vous faut réussir votre levée de fonds ?
F. d. M : Tout à fait. Les deux sont liés.
MNC : Fin janvier, vous indiquiez avoir reçu le soutien de 300 souscripteurs pour quasiment 200 000 euros. Vous avez bon espoir d'atteindre le minimum de 300 000 euros à la fin du mois ?
F. d. M : Nous sommes à 237 300 € le 5 février et confiants pour atteindre les 300 000 € fin février ou début mars.
MNC : Et votre Eccity Model3, est-il prêt à entrer en production ?
F. d. M : L'eccity model 3 est techniquement prêt. Reste l'homologation par type à terminer pour pouvoir immatriculer les véhicules.
MNC : Le kit châssis-carrosserie provient d'un fournisseur grec qui produit en Chine. Est-ce impossible de réaliser un produit 100% français ?
F. d. M : Ce n'est pas économiquement viable, en effet. En outre, certains composants sont introuvables en France.
MNC : Le groupe propulseur Eccity est-il entièrement conçu et fabriqué à Grasse (06) ?
F. d. M : Oui, notre bureau d'études maîtrise l'eccity powertrain avec au coeur du powertrain le BMS made in France, ainsi que la cinématique de gîte du train arrière, qui est brevetée. Certains composants du powertrain sont importés.
MNC : Combien de personnes travaillent actuellement chez Eccity ? Comptez-vous embaucher prochainement ?
F. d. M : Nous sommes une dizaine de collaborateurs et prévoyons de monter à une vingtaine en 2020.
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