Fabio Quartararo, premier pilote français sacré en catégorie reine des sports moto, ne portera pas la plaque de n°1 sur sa Yamaha l'an prochain : le jeune niçois préfère conserver son numéro 20, à l'image de son idole Valentino Rossi qui ne s'est jamais séparé de son n°46. Explications.
Afficher le n°1… Consécration ultime réservée au champion du monde, qui peut s'offrir le privilège de matérialiser sa domination à travers cette "plaque" conviée par tous ses rivaux. Et pourtant, en MotoGP, cette tradition tend à se perdre : Fabio Quartararo décline cet honneur en 2022, comme Joan Mir et Marc Marquez avant lui.
"Le numéro 20, c'est celui avec lequel j'ai commencé et avec lequel je terminerai ma carrière", a annoncé le nouveau patron de la catégorie reine lors de son passage dans l'émission Daily Sport sur Canal+. "Je veux rester simple", ajoute-t-il pour justifier son choix.
"Je suis loin d'être le numéro un aujourd'hui : il y a énormément de personnes", estime-t-il avec bien trop de modestie : Fabio a largement dominé cette saison avec ses dix podiums dont cinq victoires en 16 courses ! Auteur de cinq pole positions et du plus grand nombre de tours en tête, le français est par ailleurs le seul à avoir marqué des points à chaque Grand Prix.
Cette enviable régularité aux avant-postes lui vaut d'être consacré en MotoGP à seulement 22 ans et pour sa première saison comme pilote officiel Yamaha, le tout avec suffisamment d'avance sur Francesco Bagnaia pour sécuriser le titre dès le GP d'Emilie Romagne, à trois courses de la fin de saison !
Notre champion niçois @FabioQ20 mis à l’honneur sur les tramways de #Nice06 !
Issa Nissa !!!#ILoveNice pic.twitter.com/Kapf8e1TJJ
— Ville de Nice (@VilledeNice) October 28, 2021
Autant de performances qui légitiment sans équivoque son statut de n°1, y compris auprès de ses adversaires : "Fabio a été le meilleur et n'a commis aucune erreur : il mérite vraiment ce titre", résume sportivement Marc Marquez alors que la mairie de Nice - sa ville natale - lui rend hommage sur ses tramways.
Pourquoi alors refuser de porter le n°1, alors même que les fans de moto français, la Fédération française de motocyclisme (FFM) et même le président de la République Emmanuel Macron ci-dessous savourent cet événement espéré depuis la création du championnat en 1949 ? Plusieurs raisons, dont sa fidélité au numéro de ses débuts qu'il tient de son idole Valentino Rossi...
Merci Monsieur le Président https://t.co/JOLafxrudD
— Fabio Quartararo (@FabioQ20) October 24, 2021
Fabio, né le 20 avril 1999 (sept semaines après Moto-Net.Com !), porte le n°20 de son jour de naissance depuis ses débuts en championnat espagnol CEV : il ne s'en jamais séparé, à la brève exception de sa première saison en Moto2 en 2017 quand le sponsor HP40 de son équipe Sito Pons lui impose le n°40.
"L'exemple, c'est Valentino Rossi : il a gagné neuf fois et n'a jamais choisi de porter le 1", souligne Fabio Quartararo alors que le Docteur est toujours resté fidèle à son célèbre n°46 mais en affichant toutefois le n°1 sur son épaule. "Je pense que c'est cool pour le public, parce que ça fait des années que personne n'a eu ce numéro".
Cette dernière précision du détenteur de la couronne traduit autant un intérêt marketing qu'une forme de superstition : Fabio, en digne héritier de Rossi qu'il remplace chez Yamaha, est conscient de la valeur de son numéro 20 que tous ses fans portent fièrement sur la myriade de produits dérivés à ses couleurs.
T-shirts, casquettes et autres drapeaux constituent une manne non négligeable pour un pilote, au point d'en avoir fait une marque - voire un empire ! - pour Valentino Rossi. Sans parler de la forte probabilité de découvrir prochainement une YZF-R1 ornée du n°20 en son honneur chez Yamaha : MNC parierait même sur une série limitée à 20 exemplaires, au hasard !
Autre explication à cette réticence à porter le n°1 : la "malédiction" qui l'entoure dans l'ère moderne du MotoGP. Tous les pilotes qui l'ont porté depuis l'intronisation des 4-temps en 2002 ont perdu leur couronne la saison suivante ! Un "détail" qui n'a pas échappé à Fabio, pas plus qu'à Marc Marquez et Joan Mir qui ont décliné le n°1 avant lui.
Nicky Hayden en 2007, Casey Stoner en 2008 puis en 2012, Jorge Lorenzo en 2011 : l'américain, l'australien et le majorquin ont tous les trois été dans l'incapacité de conserver la couronne avec le n°1 sur leur Honda, Ducati et Yamaha respectives. Pire : leur saison avec le "Number one" s'est montrée compliquée, voire traumatisante.
Le regretté Nicky Hayden n'est par exemple parvenu qu'à monter trois fois sur le podium avec la RVC du n°1 en 2007, alors que sa relation avec Honda prendra fin l'année suivante pour le voir rebondir - sans véritable succès - chez Ducati. Triste revers pour le premier pilote à avoir détrôné Rossi en catégorie reine...
Casey Stoner s'est pour sa part heurté à une casse moteur et à des chutes dans sa quête du maintien du titre en 2008, après avoir offert le premier - le seul jusqu'ici - couronnement à Ducati. En 2012, après avoir reproduit la performance chez Honda, Stoner vit une saison en dents de scie durant laquelle il annonce par ailleurs sa retraite à seulement 26 ans lors du GP de France.
Lassé de la compétition, l'australien continue aussi à souffrir de fatigue chronique initialement imputée à son allergie au lactose. Comble de malchance : il se blesse à la jambe au GP d'Indianapolis et doit manquer trois courses. Le titre lui échappe malgré plusieurs victoires en début de saison et un ultime succès chez lui à Phillip Island, le dernier à ce jour pour un pilote avec le n°1.
Jorge Lorenzo est le troisième champion du monde MotoGP de l'ère moderne victime de cette "malédiction" : le majorquin, titré en 2010 avec Yamaha, arbore la saison suivante un numéro 1 habilement constitué de ses initiales "JL". Ce subterfuge ne suffit pas : Lorenzo chute en Australie et se blesse grièvement la main gauche (annulaire sectionné).
Cette blessure signe douloureusement sa destitution du titre, alors même que "Loren-show" luttait jusque-là face à Casey Stoner. Le n°1 ne s'est ensuite plus jamais affiché sur la moto de Jorge Lorenzo, malgré ses deux couronnes supplémentaires coiffées en 2012 et 2015. Depuis ces trois tentatives, plus aucun pilote MotoGP ne le porte !
Fabio Quartararo, comme tous les pilotes en général et Rossi en particulier, est superstitieux et redoute autant les changements d'habitudes que les malédictions, avérées ou non... Le jeune niçois l'avait justement reconnu à Misano, alors que son équipe avait préparé la célébration pour son titre.
"Je savais bien qu'un casque et une célébration étaient en préparation mais, vu que que je suis assez superstitieux, j'ai préféré ne m'occuper de rien", a-t-il dévoilé après son émouvante cérémonie, durant laquelle le tricolore - en larmes - a enfilé un casque doré avant qu'un numéro de même couleur ne soit installé sur sa moto. Temporairement, donc !
MNC ne va cependant pas se plaindre du choix du "Bon 20 français" : notre jeu de mots d'inspiration viticole restera valable pour les prochaines saisons ! Et n°1 sur la moto ou pas, le Journal moto du Net savoure pleinement cette "cuvée Quartararo" historique, voire héroïque… n'en déplaise à NRJ qui le confond avec son rival.
Autre question à laquelle le nouveau champion du monde se retrouve fréquemment exposé : qu'en est-il de ses projets d'avenir en MotoGP alors que son contrat avec Yamaha expire fin 2022 ? Fabio va-t-il poursuivre sa carrière sur la M1 ou prendre le risque de changer d'écurie pour tenter de réaliser un doublé avec deux motos différentes ?
A life-long dream achieved #ELD1ABLO pic.twitter.com/MyiijEQya6
— MotoGP (@MotoGP) October 24, 2021
"Pour l'instant, tout est ouvert", a-t-il répondu avec franchise à nos confrères de Canal+. "Je me sens bien en ce moment (chez Yamaha, NDLR) : on vient de gagner un championnat donc il faut vraiment en profiter, mais pour l'instant tout est ouvert et il faut écouter tout le monde".
Si "El Diablo" ne ferme aucune porte envers les concurrents de Yamaha, le jeune niçois ajoute toutefois qu'il "est encore tôt pour parler du futur" et insiste sur son souhait - bien compréhensible - de "profiter de ce moment unique".
"J'ai de très bonnes personnes qui gèrent ça : mon manager (Eric Mahé, NDLR), en qui j'ai une confiance énorme", conclut le nouveau champion du monde MotoGP qui a déjà envoyé un signal clair à son employeur : "avec plus de puissance, la Yamaha serait la meilleure moto du paddock".
Honnête, le toujours n°20 admet néanmoins ne "faire qu'un" avec sa monture actuelle et rappelle une évidence : "pour moi, ça fonctionne très bien : nous sommes champions du monde donc nous pouvons être très satisfaits".
Classement provisoire MotoGP 2021 avant le GP d'Algarve
.
.
.
Plateau : Les pilotes et leurs motos 2024
10 mars : GP du Qatar
24 mars : GP du Portugal
07 avril : GP d'Argentine (annulé)
14 avril : GP des Amériques
28 avril : GP d'Espagne
12 mai : GP de France
26 mai : GP de Catalogne
02 juin : GP d'Italie
16 juin : GP du Kazakhstan (reporté)
30 juin : GP des Pays-Bas
07 juillet : GP d'Allemagne
04 août : GP de Grande-Bretagne
18 août : GP d'Autriche
01 septembre : GP d'Aragon
08 septembre : GP de San-Marin
22 septembre : GP d'Inde (annulé)
22 septembre : GP Kazakhstan (annulé !)
22 septembre : GP d'Emilie-Romagne
29 septembre : GP d'Indonésie
06 octobre : GP du Japon
20 octobre : GP d'Australie
27 octobre : GP de Thaïlande
03 novembre : GP de Malaisie
17 novembre : GP de la "Solidarité"